Né dans une famille aisée, il semble qu’il ait suivi l’enseignement du philosophe et savant Théophraste, successeur d’Aristote au Lycée [1] et auteur “des Caractères”. Il fut aussi l’ami d’Épicure qu’il fréquenta dès l’enfance. Au contact de ce personnage éminent, Ménandre acquit probablement un sens psychologique aigu qui lui permit de peindre les personnages de ses pièces avec une aisance et une justesse qui ont fait sa gloire jusqu’à la fin de l’Antiquité.
Comme Aristophane, il commença sa carrière théâtrale très jeune. Sa première pièce, “La Colère”, serait datée de 321 av. jc. Il aurait écrit cent huit comédies dont huit auraient remporté les Grandes Dionysies [2]. Les ressorts de ses comédies sont l’argent et la galanterie. Fondées sur des intrigues compliquées, elles tournent souvent à la farce. Elles valent surtout par la qualité de l’observation et la souplesse expressive de la langue.
Homme aimable, cultivé, aimant se frotter le corps d’essences rares, soignant son maintien et souscrivant probablement aux théories de son ami Épicure, il entretint des relations parfois orageuses avec de nombreuses maîtresses, parmi lesquelles Thaïs , Nannion et surtout Glycéra, qui fut peut-être courtisane et dont le nom fut donné à plusieurs des héroïnes de ses pièces.
D’un point de vue politique, il eut maille à partir avec Démétrios 1er Poliorcète quand celui-ci prit le pouvoir à Athènes, après avoir renversé Démétrios de Phalère que Ménandre avait eu l’imprudence de soutenir.
Mais il ne fut pas trop inquiété et put demeurer à Athènes, bien que Ptolémée d’Égypte se proposât de le secourir en lui accordant l’hospitalité de sa cour.
De son vivant, il semble que l’art de Ménandre ne fut pas apprécié à sa juste mesure. Les Athéniens lui préférèrent plutôt Philémon et ne couronnèrent que huit de ses pièces durant les concours théâtraux.
Dans l’Antiquité, Ménandre est un véritable modèle culturel. Des documents archéologiques montrent un bon nombre d’affiches de ses comédies. Il est étudié dans les écoles, spécialement pour sa rhétorique.
Il devient un modèle de la comédie latine en influençant Plaute et Térence qui, en grande partie, imitent et adaptent les intrigues de Ménandre. Lors de son voyage en Grèce, Térence traduit cent huit de ses comédies, semble-t-il.
Aristophane de Byzance, qui dirige la Bibliothèque d’Alexandrie, classe Ménandre à la suite d’Homère alors qu’à l’époque, le classement des bibliothèques se faisait par ordre hiérarchique.