Orontès 1er ou Ervand 1er (mort en 344 av. jc)
Satrape d’Arménie avant 401 puis de Mysie vers 382 av. jc
Fils d’un certain Artasyras ou Artasouras, satrape [1] de Bactriane [2] sous le règne du roi Darius II.
Il fait partie des familiers de Artaxerxès II qu’il a sans doute soutenu contre son frère Cyrus le Jeune. C’est à ce titre qu’il épouse Rhodogune, fille du Grand-roi et de Stateira, une fille d’ Hydarnès III , satrape d’Arménie, et de ce fait la nièce de Teritouchmès , lui aussi satrape d’Arménie, qui avait épousé Amestris, une sœur de ce même Artaxerxès II.
Selon Xénophon, dès 401 av. jc, Orontès contrôle l’Arménie où il disposait d’une résidence comme satrape avec comme collègue Tiribaze, hipparque [3] en Arménie occidentale.
En 387/386-383/381, il est à cette époque que, chargé des forces terrestres, il accuse le satrape Tiribaze, commandant de la marine achéménide, d’avoir mené des négociations personnelles lors du siège de Salamine [4], et que le Grand-roi, soutenant Tiribaze, exclut Orontès du nombre de ses amis. C’est sans doute après cet épisode qu’il est transféré en Mysie [5].
Orontès est ensuite impliqué dans la grande révolte des satrapes d’Asie Mineure de 366/361 avec Mausole de Carie, Datamès de Cappadoce et Ariobarzanès, ancien satrape de Phrygie [6]. Alors qu’il contrôlait certaines parties de l’Anatolie occidentale autour de Pergame [7], il semble qu’il se rebelle ouvertement contre l’Empire achéménide [8]]] lorsqu’il mène un combat contre le satrape de Dascylion [9] et frappe des monnaies à son nom en Ionie [10].
Il n’aurait ensuite pas hésité à trahir ses alliés pour rentrer en grâce auprès du nouveau Grand-roi Artaxerxès III. Après avoir rassemblé de l’argent pour lever une armée de mercenaires et pris des contacts avec le Pharaon Tachôs, Orontès se saisit de ses mercenaires et les livre aux officiers d’Artaxerxès III afin d’obtenir son pardon.
Orontès est alors chargé par le Grand-roi d’une expédition en Égypte qui se termine par la reddition de Tachôs. Orontès 1er meurt vers 344 av. jc.
Notes
[1] Un satrape est le gouverneur d’une satrapie, c’est-à-dire une division administrative de l’Empire perse.
[2] La Bactriane ou Bactrie est une région à cheval sur les États actuels d’Afghanistan, du Tadjikistan, et de l’Ouzbékistan, située entre les montagnes de l’Hindū-Kūsh et la rivière Amou-Daria. C’est un État fondé autour de la cité de Bactres (l’actuel Balkh, ville du nord de l’actuel Afghanistan) qui a été sa capitale administrative et centre du pouvoir, d’où elle tire aussi son appellation de la "Bactriane". Elle était beaucoup plus grande autrefois. Elle avait pour bornes : au sud les Paropamisades et l’Inde ; au nord, la Sogdiane ; à l’est, la Scythie extra Imaum ; à l’ouest, l’Hyrcanie, et contenait, entre autres contrées, la Margiane, la Guriane, la Bubacène, le pays des Tochares et des Marucéens.
[3] Hipparque est le nom donné au général commandant une hipparchie (division de cavalerie grecque).
[4] Salamine est une île grecque de l’Attique, fermant la baie d’Éleusis dans le golfe Saronique, dont elle est la plus grande île.
[5] La Mysie est une région historique d’Asie Mineure, sur la côte ouest, au nord de la Lydie, à l’ouest de la Phrygie et de la Bithynie, bordée par la Propontide (aujourd’hui mer de Marmara) au nord et par la mer Égée à l’ouest, englobant la Troade, l’Éolide et l’Abrettène. Elle fut successivement dominée par les Phrygiens, les Grecs qui les hellénisèrent, les Perses, le royaume de Pergame et Rome qui l’intégra dans sa province d’Asie mineure.
[6] La Phrygie est un ancien pays d’Asie Mineure, situé entre la Lydie et la Cappadoce, sur la partie occidentale du plateau anatolien. Selon Hérodote, les Phrygiens avaient au début le nom de Briges (ou Bryges) et auraient séjourné en Macédoine et en Albanie, puis ils seraient passés en Thrace, avant de migrer, via l’Hellespont, un peu avant la guerre de Troie dans cette ville en Asie Mineure.
[7] Pergame est une ancienne ville d’Asie Mineure, en Éolide située au nord de Smyrne, au confluent du Caïque et du Cétios, à environ 25 km de la mer Égée. À l’heure actuelle, son nom est Bergama (Turquie, province d’Izmir).
[8] [[L’empire achéménide est le premier des Empires perses à régner sur une grande partie du Moyen-Orient. Il s’étend alors au nord et à l’ouest en Asie Mineure, en Thrace et sur la plupart des régions côtières du Pont Euxin ; à l’est jusqu’en Afghanistan et sur une partie du Pakistan actuels, et au sud et au sud-ouest sur l’actuel Irak, sur la Syrie, l’Égypte, le nord de l’Arabie saoudite, la Jordanie, Israël et la Palestine, le Liban et jusqu’au nord de la Libye.
[9] Dascylion est une cité fondée en 659 av. jc sur les rives de la Propontide (l’actuelle mer de Marmara), à l’embouchure du fleuve Rhyndacos, par le roi de Lydie Gygès. Son objectif est de contrebalancer l’influence de la cité ionienne de Milet laquelle avait fondé en 756 av. jc sur les mêmes rives la colonie de Cyzique. Dascylion connaît une importante croissance sous la domination perse à partir de 546 av. J.-C., car elle est la capitale de divers satrapes de Phrygie tels Pharnabaze ou Arsitès. La cité est prise par Parménion en 334 av. J.-C. Son importance diminue fortement sous la période hellénistique et romaine.
[10] L’Ionie est une région historique du monde grec antique située à l’ouest de l’Asie mineure, entre Phocée et Milet. Elle correspond à la région située dans un rayon de 170 km autour de la ville actuelle d’Izmir. Elle emprunte son nom à Ion, ancêtre légendaire des peuples de cette région. C’est en Ionie que se sont développées les premières formes de science de la philosophie en Occident, chez les penseurs appelés Présocratiques, dont une école particulière, celle des Physiciens, est aussi appelée l’École Ionienne.