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Tacfarinas

samedi 21 décembre 2019, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 2 août 2011).

Tacfarinas

Chef de guerre numide de la première moitié du 1er siècle

Carte de la Mauritanie et de la Numidie Vers l’an 17, il soulève toutes les tribus Gétules [1].

Il avait servi dans les troupes romaines avant de déserter pour prendre la tête de tribus révoltées qu’il disciplina et organisa en armée régulière. Face au mécontentement des tribus indigènes semi-nomades administrées par les Romains, il fédéra les tribus Berbères [2] et leurs voisins maures [3] qui avaient pour chef Mazippa, ainsi que les Cinithiens [4], contre l’armée romaine.

L’insurrection s’étendit de la petite Syrte [5] à l’est jusqu’en Maurétanie [6] à l’Ouest. Ces peuples voyaient d’un très mauvais œil la tentative de maîtrise des populations nomades par les Romains. Ces derniers essayaient d’une part de les contrôler et, d’autre part, d’implanter des sédentaires sur le parcours des nomades et semi-nomades, ce qui avait pour conséquence le refoulement de ces populations vers le Sahara.

La guerre, fondée sur la tactique du harcèlement, dura 7 ans et illustre les nombreuses révoltes berbères qui eurent lieu durant l’époque romaine.

Impuissants à y mettre fin et à se saisir du général berbère, les Romains usèrent, comme de coutume, d’artifices afin de créer des dissensions parmi les tribus révoltées en promettant des concessions de terres.

C’est finalement le proconsul Cornelius Dolabella qui terminera la guerre en assiégeant le fortin de Tacfarinas, situé à Auzia à l’Est de Sour El-Ghozlane [7] vraisemblablement en l’an 24. Il meurt à Pomaria [8] dans la région de Tlemcen [9].

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Jean-Marie Lassère, Africa, quasi Roma : 256 av. jc - 711 apr. jc., CNRS Editions, 9 avril 2015, 786 p. (ISBN 9782271076892)

Notes

[1] Gétules désigne en français un ou plusieurs peuples berbères du sud de l’Afrique du Nord. Les Gétules sont mentionnés sous ce nom en Afrique du Nord dans l’Antiquité, sur un large territoire au sud des provinces romaines d’Africa et de Maurétanie. Ils étaient selon l’historien grec Strabon le peuple le plus nombreux d’Afrique du Nord, mais également le moins connu

[2] Les Berbères sont les membres d’un groupe ethnique autochtone d’Afrique du Nord. Connus dans l’Antiquité sous le nom de Libyens, les Berbères ont porté différents noms durant l’histoire, tels que Mazices, Maures, Numides, Gétules, Garamantes et autres. Ils sont répartis dans une zone s’étendant de l’océan Atlantique à l’oasis de Siwa en Égypte, et de la mer Méditerranée au fleuve Niger en Afrique de l’Ouest. Aujourd’hui, la majeure partie des Berbères vit en Afrique du Nord : on les retrouve au Maroc, en Algérie, en Tunisie, en Libye, au Niger, au Mali, en Mauritanie, au Burkina Faso, en Égypte, mais aussi aux Îles Canaries. De grandes diasporas vivent en France, en Belgique, aux Pays-Bas, en Allemagne, en Italie, au Canada et dans d’autres pays d’Europe

[3] Les Maures, ou anciennement Mores, sont originellement des populations berbères peuplant le Maghreb. Ce terme a changé de signification durant plusieurs périodes de l’histoire médiévale et contemporaine. À partir des conquêtes arabo-musulmanes du 7ème siècle, l’Empire arabe omeyyade, à l’aide du général berbère Tariq Ibn Zyad, conquiert l’Espagne, sous le nom d’Al Andalus. C’est le début de l’Espagne musulmane. À partir de cette époque, le terme « maure » va devenir un synonyme de « musulman », plus particulièrement de n’importe quel musulman vivant en Andalousie, qu’il soit d’origine berbère, arabe ou ibérique. Une population qui s’installera par la suite essentiellement au Maroc après la reconquête de l’Andalousie par l’armée espagnole

[4] Les Cinithiens étaient un peuple libyque berbère installé près de la petite Syrte. Ils se sont soulevés contre les Romains, notamment lors de la révolte de Tacfarinas, entre 17 et 24 ap. jc, quand cet ancien membre des troupes auxiliaires romaines rassemble autour de lui une confédération tribale, les Musulames, qui rassemble des Gétules du sud de la Proconsulaire et des tribus maures révoltées contre Ptolémée de Maurétanie.

[5] Le golfe de Gabès, appelé auparavant Syrte mineure (Minor Syrtis) ou Petite Syrte, est un golfe situé sur la côte est de la Tunisie. D’un diamètre d’environ 90 kilomètres, il s’étend entre la localité de Chaffar (gouvernorat de Sfax) et l’est-nord-est de l’île de Djerba (Ras Tourgueness).

[6] La Maurétanie désigne le territoire des Maures dans l’Antiquité. Il s’étendait sur une partie du nord marocain et sur le nord-ouest et le centre de l’actuelle Algérie. Sous Rome, le territoire fut divisé en provinces.

[7] Sour El-Ghozlane est une commune de la Wilaya de Bouira en Algérie. Sa construction date de l’an 33 av. jc sous le règne de l’empereur Auguste. Auzia devint vite une cité puissante, capitale des régions des hauts plateaux, ce qui relègue à un rôle secondaire l’importance stratégique de la cité romaine de Djemila, l’antique Cuicui, dans la wilaya de Sétif en raison de son éloignement des centres de pouvoir romain. Au temps de la présence romaine en Afrique, la ville portait le nom d´Auzia.

[8] Pomaria est l’ancienne cité romaine sur laquelle a été bâtie Tlemcen. Actuellement Pomaria fait référence à un site romain à Tlemcen. Siège d’un évêché antique disparu, son nom est utilisé comme siège titulaire d’un évêque catholique sans diocèse.

[9] Tlemcen est une commune de la wilaya de Tlemcen, dont elle est le chef-lieu. Elle est située au nord-ouest de l’Algérie, à 520 km à l’ouest d’Alger, à 140 km au sud-ouest d’Oran et, proche de la frontière du Maroc, à 76 km à l’est de la ville marocaine d’Oujda. La ville est érigée dans l’arrière-pays, est distante de 40 km de la mer Méditerranée. Ancienne capitale du Maghreb central, la ville mêle influences berbère, arabe, hispano-mauresque, ottomane et occidentales. De cette mosaïque d’influences, la ville tire le titre de capitale de l’art andalou en Algérie