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Ambrogio Spínola Doria

samedi 17 janvier 2015

Ambrogio Spínola Doria (1569-1630

1er marquis de los Balbases

Ambrogio Spinola par Michiel Jansz. van Mierevelt. (Rijksmuseum Amsterdam)Né à Gênes, militaire génois de la fin du 16ème siècle et du début du 17ème. Il servit dans les armées espagnoles pendant la Guerre de Quatre-Vingts AnsLa guerre de Quatre-Vingts Ans, également appelée révolte des Pays-Bas ou encore révolte des gueux, est le soulèvement armé mené de 1568 à la bataille de Heiligerlee à 1648 au traité de Westphalie, sauf pendant une trêve de 12 ans de 1609 à 1621, contre la monarchie espagnole par les provinces s’étendant aujourd’hui sur les Pays-Bas, la Belgique, le Luxembourg et le nord de la France., puis pendant la Guerre de Trente Ans [1].

Fils aîné de Filippo Spinola, marquis de Sesto et Benafro, et de son épouse Polissena, fille du prince de Salerne, il appartenait à l’une des plus anciennes et puissantes familles de Gênes.

Au 16ème siècle la République de Gênes [2] est pratiquement un protectorat espagnol, puissance dominante en Méditerranée occidentale et en Italie du nord, en affaires avec les banquiers génois. Plusieurs des jeunes frères d’Ambrogio Spinola cherchent fortune en Espagne. En 1592 il se marie à Giovanna Baciadonna, fille du comte de Galerrata.

Les maisons de Spinola et de Doria sont rivales pour le gouvernement de la République. Après avoir perdu un procès intenté pour faire valoir un droit de préemption sur un palais appartenant à la famille de Salerne, que les Doria souhaitent acheter, Ambrogio Spinola décide de quitter la ville pour faire des affaires au service de la monarchie espagnole en Flandre.

En 1602 avec son frère Federico, il contracte une condotta [3] avec le gouvernement espagnol. Risquant la totalité de la fortune familiale, il s’engage à lever une armée de 1 000 fantassins, et Federico à rassembler une escadre de navires.

Plusieurs des navires de cette flotte sont détruits dans la Manche par la flotte Anglaise et Federico lui-même est tué dans une action contre les Hollandais le 24 mai 1603. Cependant, Ambrogio Spinola marche sur la Flandre avec les hommes qu’il a enrôlés à ses propres frais.

Pendant les premiers mois le gouvernement espagnol tente de préparer une invasion de l’Angleterre. À l’issue de l’année il est de retour en Italie pour rassembler plus d’hommes. À l’âge de 34 ans, il engage le siège d’Ostende [4] le 29 septembre 1603. La ville, en ruines, tombe entre ses mains le 22 septembre 1604.

Les archiducs Albert et Isabelle Claire Eugénie , fille et petit-neveu de Philippe II, qui gouvernent la Flandre pour le compte de la monarchie espagnole et ont mis leurs espoirs dans la prise d’Ostende, sont enchantés de son succès.

Sur la fin de la campagne il se rend en Espagne pour trouver les fonds nécessaires à la poursuite de la guerre. Il insiste pour avoir le haut commandement en Flandre. En avril 1604 Spinola est de retour à Bruxelles. Il se fait une réputation par le nombre de places qu’il assiège, malgré les efforts de Maurice de Nassau pour les sauver.

En 1606 il retourne en Espagne. Il est reçu avec beaucoup d’honneurs, et se voit confier une mission des plus secrètes pour assurer le gouvernement de la Flandre en cas de mort de l’archiduc ou de son épouse. Mais il est obligé d’engager la totalité de sa fortune pour ses dépenses de guerre, en attendant que les banques avancent des fonds au gouvernement espagnol.

En 1611, la ruine financière de Spinola est totale, cependant il est élevé à la dignité de Grand d’Espagne. Lorsque éclate la guerre de Trente Ans, il fait une campagne victorieuse dans le Palatinat rhénan [5], l’Espagne voulant s’assurer la maîtrise de la vallée du Rhin pour pouvoir y faire circuler ses armées entre les Pays-Bas et le Milanais. Il est récompensé par le grade de capitaine général [6].

Après la reprise des hostilités avec la Hollande en 1621 au terme de la trêve de douze ans, il remporte le succès le plus éclatant de sa carrière, la prise de Breda [7] après un long siège du 28 août 1624 au 5 juin 1625, et ce, malgré tous les efforts de Frédéric Henri Prince d’Orange , pour sauver la ville.

L’aumônier de Spinola, le jésuite Herman Hugo , témoin direct des événements, en fait un récit détaillé qui fut immédiatement traduit en plusieurs langues : c’est “l’Obsidio Bredana”, publié à Anvers en 1626.

La Reddition de Breda immortalisée par un célèbre tableau du grand peintre espagnol Diego Vélasquez marque l’apogée de sa carrière. Mais le manque d’argent paralyse totalement le gouvernement espagnol.

En janvier 1628 il part pour l’Espagne, résolu à ne pas reprendre le commandement en Flandre sans que de sérieuses garanties lui soient données pour le financement de son armée. À Madrid il doit supporter l’insolence de Gaspar de Guzmán , comte d’Olivares, le nouveau favori, jaloux de son succès.

Le gouvernement espagnol a ajouté une guerre pour la succession du duché de Mantoue à ses autres charges militaires. Spinola est nommé plénipotentiaire et général. Il débarque à Gênes le 19 septembre 1629. En Italie il est poursuivi par l’hostilité d’Olivares, qui est la cause de la perte de ses pouvoirs de plénipotentiaire.

La santé de Spinola décline, et il meurt le 25 septembre 1630 pendant le siège de Casale. Le titre de marquis de Los Balbases, sera tout ce que sa famille recevra en compensation de la fortune qui aura été dépensée au service de Philippe III et Philippe IV.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de « Ambrogio Spinola », en anglais dans Encyclopædia Britannica/ Biographies célèbres/Encyclopédie de Biographies célèbres

Notes

[1] La guerre de Trente Ans est une série de conflits armés qui a déchiré l’Europe de 1618 à 1648. Les causes en sont multiples mais son déclencheur est la révolte des sujets tchèques protestants de la maison de Habsbourg, la répression qui suivit et le désir de ces derniers d’accroître leur hégémonie et celle de la religion catholique dans le Saint Empire. Ces conflits ont opposé le camp des Habsbourg d’Espagne et du Saint Empire germanique, soutenus par l’Église catholique romaine, aux États allemands protestants du Saint Empire, auxquels étaient alliées les puissances européennes voisines à majorité protestante, Provinces-Unies et pays scandinaves, ainsi que la France qui, bien que catholique et luttant contre les protestants chez elle, entendait réduire la puissance de la maison de Habsbourg sur le continent européen.

[2] La République de Gênes est l’une des grandes républiques maritimes italiennes (ou thalassocratie) qui a duré près de 8 siècles, du milieu du 11ème siècle à 1797, après l’abdication du dernier doge de Gênes, Giacomo Maria Brignole.

[3] contrat

[4] Le siège d’Ostende (1601-1604) par les Espagnols sous le commandement d’Ambrogio Spinola, constitua la pire épreuve que la ville ait connue : les Gueux furent contraints de rendre la ville complètement ruinée. Reconstruite, elle vécut de la guerre de course.

[5] Le Palatinat rhénan est une région dans l’Ouest de l’Allemagne, occupant plus d’un quart du land de Rhénanie-Palatinat.

[6] Le capitaine général est une dénomination militaire ancienne pour une sorte de commandant en chef, le plus souvent supérieur au grade moderne de général d’armée, qui rappelle surtout un usage en Espagne, également dans certains états de l’Italie, dans la milice piémontaise, en France, etc.

[7] Le siège de Bréda a eu lieu pendant la guerre de Quatre-Vingts Ans sous le règne de Philippe IV d’Espagne. Le siège débuta le 27 août 1624 et dura plus de 9 mois, la ville ne se rendant que le 5 juin 1625.