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L’histoire pour le plaisir

Lambert II de Nantes

lundi 1er décembre 2014, par lucien jallamion

Lambert II de Nantes (mort en 852)

Comte de Nantes

Carte de Bretagne des marches de Bretagne au temps de charlemagneIssu de la famille franque des Widonides qui contrôlait depuis un demi-siècle les Marches de Bretagne et le comté de Nantes qui en était le centre.

Il est sans doute le second fils de l’ancien comte Lambert 1er de Nantes et de son épouse Rotrude .

En 831, son père, qui a soutenu Lothaire 1er contre son père Louis le Pieux, est déchu par ce dernier de ses charges de comte de Nantes et de préfet de la marche de Bretagne. Il se réfugie avec Lothaire en Italie.

En 839, Lambert semble regagner le cœur de l’empire avec Lothaire, revenu en grâce auprès de son père. Lambert s’empresse alors de chasser Aldric de son siège d’évêque du Mans.

Après avoir dans un premier temps soutenu Lothaire, Lambert passe à Charles le Chauve en 841. À la suite de la mort du comte Ricuin lors la bataille de Fontenoy-en-Puisaye le 25 juin 841 [1], Lambert aurait demandé au roi Charles le Chauve de recouvrer le comté de Nantes qu’il aurait considéré comme son légitime héritage. Le comté est confié par le roi à Renaud, comte d’Herbauge. Lambert abandonne alors le parti du roi et rejoint celui de Nominoë

Renaud bat en 843 Lambert allié aux Bretons de Nominoë et aux Vikings d’Hasting à la bataille de Messac [2] mais peu après, il est battu et tué à la Bataille de Blain [3] le 24 mai 843. Les Nantais refusent de reconnaître Lambert comme comte. Ce dernier est en effet soupçonné d’avoir guidé les Normands qui le 24 juin mettent la ville à sac et tuent l’évêque Gohard dans sa cathédrale. Après le départ de ses redoutables alliés, Lambert se rend enfin maître de Nantes.

Lambert tue avant l’été 844 dans un combat au sud de Nantes, le comte Bernard II de Poitiers et le fils et successeur de Renaud, Hervé, comte d’Herbauges.

Fin octobre début novembre 845, Lambert abandonne le parti de Nominoë et fait à Tours pour Noël sa soumission au roi qui lui laisse le comté de Nantes. Au mois d’août 846 Lambert est écarté du Nantais et pourvu par le roi Charles de l’abbatiat laïc de Saint Colombe de Sens. Charles le Chauve tente d’imposer un certain Amaury comme comte de Nantes.

Charles le Chauve rappelle Lambert et lui confie en 849 le Nantais, le Rennais et le territoire au sud de la Loire. Après le 15 août 850, Nominoë et son allié Lambert qui avait fait une nouvelle fois défection au roi, occupent Rennes et Nantes et démantèlent les murs des deux cités pour éviter un retour des forces royales.

Lambert accompagne Nominoë en 851 dans son offensive en Neustrie [4]. Après la mort subite du chef breton à Vendôme le 7 mars 851, Lambert prend le commandement de l’armée bretonne en retraite. Il participe ensuite aux côtés d’ Erispoë , fils de Nominoë et nouveau chef des Bretons, à la bataille de Jengland [5] près du Grand-Fougeray [6], où les troupes de Charles le Chauve sont écrasées le 22 août. Avant la fin de l’année, un accord est conclu entre Charles le Chauve et Erispoë ; ce dernier obtient le titre royal et la cession définitive des anciennes Marches de Bretagne avec Rennes et Nantes. Lambert perd tout espoir de s’implanter dans la région.

Lambert, dont la sœur Dova était abbesse de Saint Clément à Craon [7], tente de se tailler un domaine entre le bas Maine et l’Anjou mais il est tué le 1er mai 852 dans une embuscade tendue par Gausbert dit le Jeunet , qui s’inquiétait de ses progrès dans le patrimoine de sa famille

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de André Chédeville et Hubert Guillotel, La Bretagne des saints et des rois : Ve-Xe siècle, Rennes, éditions Ouest-France, coll. « université »,‎ 1984

Notes

[1] La bataille de Fontenoy-en-Puisaye eut lieu le 25 juin 841 sur le territoire de l’actuelle commune de Fontenoy (Yonne), "au cœur" de la Puisaye. Elle opposa Lothaire Ier, le fils aîné de Louis Ierle Pieux, à ses deux frères, Louis le Germanique et Charles le Chauve. Leur neveu, le roi Pépin II d’Aquitaine, fils de feu Pépin Ier, se rangea du côté de Lothaire.

[2] En 843, la bataille de Messac voit s’affronter, à Messac (Ille-et-Vilaine), les troupes franques de Renaud de Nantes contre les troupes bretonnes de Nominoë et de son allié Lambert II de Nantes, rallié aux Bretons de Nominoë et aux Vikings d’Hasting.

[3] La bataille de Blain eut lieu le 24 mai 843 et vit la victoire des troupes bretonnes sur les troupes nantaises aussitôt après leur défaite à la bataille de Messac. Ce renversement de situation est dû à un effet de surprise évident.

[4] Royaume franc qui couvrait le nord-ouest de la France actuelle, et avait pour capitale Soissons. Néanmoins, il semble que le terme de Neustrie ne soit apparu qu’un siècle après la création du royaume. La Neustrie avait été créée lors du partage qui suivit la mort de Clovis 1er, en 511, et revint à Clotaire 1er, qui, au terme de son long règne de 50 ans, avait réussi à reconstituer le royaume de son père. Elle fut le 2ème grand royaume franc né lors des partages successoraux mérovingiens à partir des territoires conquis sur Syagrius. Son aire géographique était limitée par la Loire au sud, l’océan Atlantique et la Basse-Bretagne à l’ouest, et la Champagne à l’est. Elle s’étendait jusqu’en Flandre au nord.

[5] La bataille de Jengland oppose, le 22 août 8511, les troupes franques de Charles le Chauve aux Bretons d’Erispoë, qui négocie en vainqueur le traité d’Angers en septembre 851, obtenant même un titre de « roi ». Le lieu de la bataille est sujet à controverse : elle est localisée soit, en général, à Beslé (« Jengland »), lieudit de la commune de Guémené-Penfao en Loire-Atlantique, soit au Grand-Fougeray (Ille-et-Vilaine) à quelques kilomètres, soit encore à Juvardeil (Maine-et-Loire), 120 km à l’est.

[6] Grand-Fougeray est une commune française située dans le département d’Ille-et-Vilaine, en région Bretagne.

[7] Craon est une commune française, située dans le département de la Mayenne