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La canonnade de Valmy

samedi 7 septembre 2013, par lucien jallamion

La canonnade de Valmy

Kellermann à Valmy, gravure de Couché, musée Carnavalet, photo Edimédia

Face à face les armées austro prussiennes, commandées par le duc de Brunswick, qui a menacé en juillet dernier de livrer Paris à “une exécution militaire, s’il est fait la moindre violence, le moindre outrage à Leurs Majestés le roi et la reine”, et les armées de la Révolution, à la tête desquelles se trouvent les généraux Dumouriez et Kellermann. Les canons qui tonnent sur le champ de bataille ont une portée de cinq cents mètres et chaque boulet de douze livres peut tuer dix hommes d’un coup ou percer un mur de quarante centimètres d’épaisseur. La canonnade dure encore et encore. Lorsque, enfin, l’infanterie prussienne, épuisée par des jours de marche, se lance à l’attaque de la butte occupée par les Français, elle entend ce cri : “Vive la Nation !” Les Prussiens s’arrêtent net. Constat du duc de Brunswick : “ Ici, nous ne les battrons pas. ” Les Prussiens commencent à battre en retraite. La victoire est double : la Révolution vient de gagner contre une armée réputée invincible, et elle vient de prouver qu’elle pouvait tenir tête aux émigrés. Goethe, présent à Valmy, écrira : “De ce lieu, de ce jour, date une nouvelle époque de l’histoire du monde.” Le 20 septembre 1792, à Valmy, la Révolution française est sauvée in extremis de l’invasion étrangère.

Après la journée du 10 août et l’emprisonnement du roi Louis XVI, les Prussiens avaient envahi sans difficulté l’est de la France.

Le 23 août, la garnison de Longwy capitule sous la pression de la population effrayée par les bombardements du colonel Tempelhof, un célèbre artilleur prussien. Le 2 septembre, Verdun capitule à son tour presque sans résistance.

À Paris, dans les clubs révolutionnaires et à l’assemblée législative, où l’on a proclamé “la patrie en danger”, beaucoup crient à la trahison. En Champagne, les généraux Dumouriez et Kellermann, fraîchement nommés, doivent tout faire, compléter les unités, garnir les magasins, habiller et armer les volontaires. Ils harcèlent Servan, le ministre de la Guerre, pour que les forces françaises puissent faire face.

Dumouriez choisit une défense frontale appuyée sur la barrière de l’Argonne. Mais les Autrichiens forcent le passage de la Croix-aux-bois et l’ennemi se précipite en Champagne.

En conséquence, Dumouriez regroupe ses troupes autour de Sainte-Menehould, appelle à lui Kellermann et se prépare à livrer une bataille à front renversé.

Les deux généraux regroupent leurs armées composées de soldats professionnels et de volontaires sur le plateau de Valmy dans l’attente des Prussiens.

47.000 Français adossés à un moulin font bientôt face à 34.000 Prussiens sous le commandement du duc de Brunswick. Vers une heure de l’après-midi, le brouillard se dissipe. Le général Kellerman lève son épée, surmontée de son chapeau au panache tricolore, et lance le cri de « Vive la Nation ». Ses soldats l’imitent et entonnent La Marseillaise.

L’infanterie prussienne monte à l’assaut du moulin mais doit presque aussitôt reculer sous le feu de 36 canons. Pour la première fois depuis le début des hostilités, les Français encaissent l’attaque sans broncher. Le duc de Brunswick paraît décontenancé par cette résistance et poursuit la bataille avec mollesse. 20.000 boulets sont échangés au total. La canonnade fait en tout et pour tout moins de 500 victimes, 300 chez les Français, 184 chez les Prussiens.

Le lendemain de Valmy, à Paris, une nouvelle assemblée, la Convention, succède fort opportunément à la Législative. Avec elle débute la première République de l’Histoire de France.

Au même moment, les envahisseurs commencent à battre en retraite. Le feld-maréchal autrichien Clerfayt se retire en bon ordre en Belgique tandis que le duc de Brunswick repasse la frontière un mois plus tard. Verdun est évacuée le 14 octobre, Longwy le 22 et le dernier grenadier quitte la France le 23.

Cette modeste bataille va avoir un retentissement démesuré dans toute l’Europe en témoignant d’une vigueur inattendue des révolutionnaires. À Paris, le lendemain même de la victoire inattendue de Valmy, la nouvelle assemblée de la Convention se réunit pour donner une nouvelle Constitution à la France, après la chute de la royauté.

Les députés proclament l’abolition de la monarchie. Le surlendemain, le 22 septembre 1792, ils décident sur une proposition de Jacques Danton, que désormais, les actes publics seront datés de « l’An 1 de la République ». 21 septembre 1792 “La royauté est abolie en France.” Ce bref texte vient d’être voté à l’unanimité de 749 voix par la Convention. Il est signé par Pétion, Brissot, Lasource, Danton et Monge. La France devient une république ainsi que le propose Billaud-Varenne. A la tribune, l’abbé Grégoire a proclamé : “Les rois sont dans l’ordre moral ce que les monstres sont dans l’ordre physique.”

Le 22 septembre 1792 à lieu la Proclamation de l’An I de la République. La Convention décide que tous les actes publics doivent désormais être datés de l’An I de la République, qui commence en ce jour. Mais, parce que le calendrier révolutionnaire n’existe pas, les premiers textes datés en fonction de cette décision porteront la date du 5 octobre 1793, ou plutôt de ce qui est devenu ce jour-là le 14 vendémiaire de l’An II.

Le 25 septembre 1792 La République est proclamée “une et indivisible”. A la demande de Couthon, la Convention déclare la République française “une et indivisible”. Le 14 septembre 1791, c’était le royaume qui était déjà “ un et indivisible ”…

P.-S.

Source : Monique Hermite Historia mensuel - 01/01/2006 - N° 709, Hérodote, Dictionnaire le Petit mourre, encyclopédie Imago Mundi, Wikipédia, Louis XV de François Bluche, La révolution française tome 1 à 5 de Michel Vovelle Edition Messidor/livre club Diderot. H. Léonardon...