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Revirement bourguignon

lundi 26 novembre 2012

Vieux village du 14-15ème siècle-Arcy (photo lj 1994)

Revirement bourguignon

En 1430, le petit roi anglais Henry VI s’est installé à Rouen, sa nouvelle capitale et après la mort de Jeanne d’Arc ira à Paris le16 décembre1431 pour légitimer ses droits à la couronne de France, et se fait couronner roi. Mais Charles VII, parce qu’il avait été sacré à Reims le 17 juillet précédent, est seul reconnu pour roi légitime.

Entre-temps le roi Charles VII était retombé sous l’influence du duc de Bourgogne et signa avec lui le 13 décembre 1431 une trêve de 2 ans. C’est le 5 mars 1432 qu’a lieu le ralliement du duc de Bretagne à Charles VII. Bedford et Charles VII ne pouvaient continuer la guerre, faute de moyens et aucun ne semblait pouvoir l’emporter. Philippe le Bon se posa en médiateur, sans succès. Enfin, il accepta la paix avec Charles VII, passant l’éponge sur le meurtre de Jean sans Peur. Cela coûta très cher territorialement au roi, et la Bourgogne gagnait une quasi-indépendance par le traité d’Arras le 21 septembre 1435. Charles cède les comtés de Mâcon et d’Auxerre, la châtellenie de Bar-sur-Seine et les villes de la Somme au duc, qu’il dispense de tout hommage qu’un vassal doit à son suzerain pour toute la durée de sa vie. Le 28 octobre 1435 le roi et ses troupes prennent Dieppe et en février 1436 Charles VII prend Pontoise et Meulan.

Les Bourguignons étaient puissants à Paris, qui tomba facilement en 1436. Le sort des Anglais était scellé. Le 13 avril 1436 Les troupes du connétable de Richemont entrent dans Paris. Les Anglais n’abandonnent la ville que deux jours plus tard. Ce n’est que le 12 novembre 1437 que le roi lui-même pourra enfin faire une entrée solennelle dans sa capitale.

Fin de la guerre de cent ans

Le roi Charles VII poursuit la contre-offensive contre les Anglais et le 10 octobre 1437 il prend Montereau. Il est bien servi par le " Grand Argentier " Jacques Cœur, qui restaure ses finances, et par les frères Jean et Gaspard Bureau, qui réorganisent son armée et constituent pour la première fois une artillerie puissante et relativement efficace.

En mai 1439, le dauphin est nommé gouverneur général du Languedoc et le 2 novembre 1439 à lieu la réunion des État Généraux à Orléans. C’est aussi à cette date que l’ordonnance sur l’armée est prise et désormais sous monopole royal. En février 1440 le dauphin et une partie de la noblesse se rebelle contre Charles VII. En mars 1440 Charles VII élimine cette rébellion en Poitou et Auvergne. Le 24 juillet 1440 Les princes arrêtent leur rébellion et c’est le 27 octobre 1440 qu’est exécuter le maréchal de France Gilles de Rais fidèle compagnon d’armes de Jeanne d’Arc. C’est pour apostasie, hérésie, crime contre nature qu’il fut condamné ; en fait son procès semble avoir été aussi politique que l’avait été celui de Jeanne d’Arc.

En septembre 1441 Charles VII est le maître en Île de France après le départ des Anglais de Creil. Le 8 juin 1442 Charles VII entre dans la ville de Toulouse et le 28 mai 1444 Charles VII et Henry VI d’Angleterre signent une trêve à Tours. Le 28 février 1445 Charles VII fait la paix avec Metz. Le 25 mars 1449, François de Surienne, dit l’Aragonais, capitaine de Verneuil, écorcheur (pillard), chevalier de la Jarretière, prend Fougères.

Charles VII défend la cause du duc François de Bretagne, son vassal. Edmond de Somerset, gouverneur de Rouen, répond « je désavoue ceux qui l’ont prise, je suis heureux de la prise et je n’essaierai pas de la faire rendre. » La trêve est rompue.

Mais 4 armées françaises sont prêtes. Le 15 mai, Robert de Floques, bailli d’Évreux reprend Pont-de-l’Arche, et bientôt Conches. Puis c’est le tour de Verneuil, Pont-Audemer, Lisieux. Rouen tombe le 29 octobre. Le 10 novembre, Charles VII y fait son entrée solennelle à Rouen. La Normandie est reprise jusqu’à la Dives. Les troupes du Connétable libèrent le sud du Cotentin. Il ne reste aux Anglais que huit villes fortes : Caen, Falaise, Vire, Bayeux, Avranches, Bricquebec, Saint-Sauveur-le-Vicomte et Cherbourg.

Portant tous les espoirs de Somerset, le 15 mars 1450, Thomas Kyriel débarque à Cherbourg ses 3 ou 4.000 hommes. Avec le renfort des 1.800 ou 2.000 cavaliers venus avec Richard Vere, lieutenant de Somerset, lequel est réfugié à Caen depuis la prise de Rouen en 1449, Matthew Goth, gouverneur de Bayeux, et Henry Norbery, gouverneur de Vire. Valognes est investie le 27 mars. Elle succombe le 7 ou 12 avril. Le comte Jean de Clermont, gendre du roi arriva trop tard avec ses 3.000 hommes. Il vit les Anglais passer les gués des Veys le 14 avril, en direction de Bayeux et Caen. La marée l’empêcha de les gêner. Il envoya demander l’aide du Connétable de Richemont qui, de Coutances, venait d’arriver à Saint-Lô. Le 14, les Anglais établissent leur camp sur le plateau de Longueville. Ils espèraient renouveler les exploits des Grandes Chevauchées de 1346 et 1415. Le matin du 15 avril, les cavaliers partirent vers Bayeux, les fantassins prirent la même direction.

Mais les Français qui avait enfin passé le Petit Vey surgissèrent derrière eux ; Kyriel rappella la cavalerie. Il prit position sur la rive droite du ruisseau du Val de Formigny. Attente de 3 heures durant lesquelles les Godons creusèrent fossés et pièges. Clermont fit donner ses 2 couleuvrines, sous la supervision de Giribaut. À raison d’un coup chacune toutes les 8 minutes, elles désorganisent les lignes anglaises.

Kyriel envoie sa cavalerie s’emparer de l’artillerie. Avec ses cavaliers, Pierre de Brézé, comte de Maulévrier, nouveau gouverneur français de Rouen, la reprend. Vers 13 heures arrive par le sud une nouvelle armée. Les Anglais pensent : Somerset ! Erreur, c’est Richemont. Il vient de Saint-Lô par Trévières, avec environ 1.800 hommes.

L’avant-garde de La Trémoille fonce sur le pont gardé par Matthew Goth, tue une centaine d’Anglais et rejoint Clermont sur l’autre rive. Les Godons se replient sur la rive gauche et s’adossent au village de Formigny. Richemont et Clermont, réunis attaquent. De nouveau gardé par la troupe de Matthew Goth, le pont est pris, puis la ligne principale anglaise est attaquée par Richemont à gauche et Brézé à droite. Les Anglais se débandent, le village leur interdisant une retraite ordonnée. Richard Vere et Matthew Goth cavalent avec un millier d’hommes vers Bayeux.

Les paysans s’acharnèrent sur les fuyards, et, dit-on, massacrèrent 500 archers gallois acculés qui voulaient se rendre. Les Français ont perdu entre 500 et 600 hommes, les Anglais 3.774 des leurs, enterrés dans 14 fosses communes au sud du village, et 1.200 à 1.400 prisonniers, dont Kyriel. 20 ans après la mort de Jeanne d’Arc, Charles VII remporta la victoire de Formigny sur les Anglais.

C’e fut un désastre pour l’Angleterre. Les règlements de compte y redoublent. Les garnisons de Normandie ne doivent plus espérer de secours. Clermont et Dunois se rejoignent pour entrer dans Bayeux. Caen se rend à Dunois le 1er juillet. Charles VII y entrera le 6 août et remettra aux Caennais « tous cas, fautes et délits par eulx commis et perpétrés tant en général comme au particulier à l’encontre de Nous (...) auparavant la reddicion des ville et chastel. » Même les marchands de Bernay, qui avaient ravitaillé les Anglais, seront amnistiés. Somerset s’embarquera pour Calais. Falaise se rendi le 21 ou 27 juillet.

La dernière place anglaise en Normandie était Cherbourg. Pour l’assiéger, on installa en juillet de grosses bombardes sur la plage, un côté de la ville prétendu inattaquable. Il faut les emballer à chaque marée dans du cuir graissé. Les Anglais en sont fort ébahis. Tous les grands militaires du royaume sont là. Après des tractations, la ville se rend le 12 août. Les Godons partent le 14. Richemont est nommé Gouverneur de Normandie, Brézé Grand Sénéchal.

Les armées du roi de France vont pouvoir se tourner vers la Guyenne. Il ne restera bientôt plus aux Anglais que Calais. La Guerre de Cent Ans pourrait s’arrêter là.

Mais à Bordeaux et dans l’Aquitaine, les sujets de Charles VII regrettent très vite les Anglais qui ménageaient leurs droits communaux et leur autonomie. Ils rappellent les Anglais mais leur corps expéditionnaire est bientôt battu à Castillon, sur les bords de la Dordogne, le 17 juillet 1453. Survenant quelques semaines après la chute de Constantinople aux mains des Turcs, la bataille de Castillon passa presque inaperçue des contemporains. Elle n’en marqua pas moins l’Histoire militaire par le triomphe de l’artillerie. Le 19 octobre 1453 la capitulation de Bordeaux marquera la fin de la guerre de Cent Ans et le retour de la Guyenne sous domination française. C’est Jean Poton de Xantrailles, ancien compagnon de Jeanne d’Arc qui fit prisonnier à Patay le comte anglais John Talbot en 1429 qui conquiert la Guyenne et met définitivement fin à la guerre de cent ans. Il sera nommé Maréchal de France.

Les Anglais sont obligés de rembarquer. Empêtrés dans un conflit dynastique, la guerre des Deux Roses, ils renonceront à jamais à l’Aquitaine et aux possessions continentales de l’ancienne dynastie des Plantagenêt. La guerre aura duré de 1338 à 1436 .

La France en sort ruinée. Les batailles ont fait relativement peu de morts à côté des ravages des chevauchées, villages brûlés, villes pillées, des famines et de la Peste. La terre est retournée en friches en de nombreux endroits, des villes entières sont ruinées. Le commerce est presque au point mort, les marchands italiens ne s’aventurant plus dans les ports ou les zones de combats. Bordeaux, coupée de l’Angleterre, commence à péricliter.

Les régions moins touchées, Bretagne, Centre, Est, Midi, en profitent, les circuits commerciaux se sont un peu restructurés vers ces régions. Une catégorie de grands commerçants émerge, qui a su en tirer parti et remplacer les Italiens. La bourgeoisie reprend toute l’influence perdue pendant la Guerre de Cent Ans.

Politiquement, le roi est encore faible ; les grands seigneurs ont repris leurs habitudes d’indépendance, en particulier le plus puissant, le duc de Bourgogne. C’est le travail de Charles VII et de Louis XI de rétablir la puissance royale.

Le vainqueur ultime de la guerre de Cent Ans, le roi Charles VII, surnommé à juste titre le Bien Servi, mourra 8 ans plus tard, le 22 juillet 1461, à 58 ans, avec l’amertume de devoir affronter l’insoumission de son fils, le dauphin Louis.

En effet, les rapports entre le roi Charles VII et son fils, le futur Louis XI, sont très tendus, ce dernier s’opposant à son père. Pour arrêter les agissements de son fils Charles VII le fait revenir à la Cour. Cependant, Louis XI, peu versé dans les mondanités, y fait piètre figure. Un évènement va déclencher le courroux de Charles VII. En effet, Louis XI a insulté publiquement la favorite de son père, Agnès Sorel. Cela se déroule en novembre 1446. Charles VII décide d’exiler son fils dès janvier 1447, lui attribuant les terres Dauphinoise. Parti pour une mission de 4 mois, il ne reverra jamais son père jusqu’à la mort de ce dernier.

Le Dauphiné est un état indépendant. Louis XI y fait ses armes de gouvernant. Il modernise les lois féodales. Il met en place un parlement, un conseil et le premier service postal. Il contribue à l’essor de l’agriculture et de l’artisanat. Il interdit les conflits privés entre seigneurs. Il reçoit les hommages du clergé. Le Dauphiné devient une région prospère et dynamique, se voyant doté d’une université en 1452. Ainsi Louis XI coule une vie heureuse dans ces terres. A distance, les rapports entre le père et le fils s’améliorent un peu. Cependant cette embellie va se gâter quand Louis XI veut se marier avec Charlotte, fille du duc de Savoie. Charles VII refuse ce mariage, désapprouve les façons de gouverner de son fils et lui ordonne de revenir à la Cour. Louis XI désobéit et se marie à Chambéry le 9 mars 1451. Charles VII, en colère, menace d’envahir la Savoie. Des pourparlers s’engagent, mais chacun reste campé sur ses positions. Le 29 mai 1453 Charles VII est particulièrement ingrat à l’égard de Jacques Cœur. Il a pourtant restauré et administré sagement les finances du royaume. Il n’a pas hésité à contribuer par ses propres deniers au redressement de la monarchie et du pays. Le roi le sacrifie à ses ennemis. Le jugement le condamne à la confiscation de ses biens et à l’exil.

Jacques Cœur, contre qui ne sont retenues que des charges dues à des délits financier et non au possible empoisonnement d’Agnès Sorel, n’avoue rien, même sous la torture. Banni du royaume, il est emprisonné tant qu’il ne verse pas une caution. En 1454 Jacques Cœur s’évade et cherche protection chez le pape et c’est le 25 novembre 1456 qu’il meurt dans une expédition contre les turcs. C’est le 15 avril 1454 qu’est signé l’ordonnance de Montil-les-Tours sur la rédaction des usages coutumiers.

En 1456, l’armée de Charles VII part en direction de la Savoie. Louis XI s’enfuit, le 30 août, laissant Louis de Laval diriger le Dauphiné. Il s’arrête dans le Franche Comté où il se sent en sécurité chez Philippe le Bon, prenant pour prétexte de cet exil le fait qu’il veuille organiser une croisade.

Ainsi garde-t-il la tête haute sans offenser son père. Il part ensuite pour Bruxelles. Il est rejoint par Philippe le Bon le 15 octobre 1456. Louis XI lui demande d’organiser une réconciliation entre Charles VII et lui-même.

Philippe le Bon lui attribue le château de Génappe où Louis XI apprend que son père est entré dans le Dauphiné. Le roi s’impatiente de voir le séjour de son fils chez Philippe le Bon durer. Il accuse ce dernier d’utiliser son fils. Le Dauphiné est annexé au domaine royal en août 1457. En décembre 1457 Charles VII est très malade et souffre d’une tumeur à la jambe. Puis souffrant d’une importante fluxion dentaire, Charles VII ne pouvait pratiquement plus se nourrir et il mourut le 22 juillet 1461 à l’âge de 58 ans à Mehun-sur-Yèvre. Ce même jour Louis XI fait ordonner une messe pour son père et part aussitôt après pour la chasse.

Charles VII sera inhumé à Saint Denis le 7 août 1461. Louis XI, pressé d’être roi, quitte la Bourgogne. Ayant peur du cadet Charles, il veut hâter son sacre à Reims.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de histoire du 15ème siècle/ Revirement bourguignon (archives Ljallamion, petit mourre, encyclopédie imago mundi, l’histoire, ect....)