Le père de Colomb, issu d’une famille de tisserand, tenait à Gênes [1] un commerce de vins et de fromages dans lequel il avait embauché son fils Christophe pour l’aider dans ses affaires. Hélas celles-ci n’eurent pas les bénéfices qu’on en attendait et le malheureux père fut jeté en prison pour n’avoir pu régler ses dettes lors de son dépôt de bilan.
Le jeune Christophe venait juste d’avoir 25 ans lorsqu’il décida d’aller au Portugal en 1476 pour y étudier la géographie et y contracter un mariage en 1477 avec Felipa Moniz Perestrello , fille d’un capitaine qui le laissera veuf au bout de 5 ans. Christophe Colomb étudia les cartes. Pour lui il y avait une route vers l’ouest pour atteindre le Japon. Ses motivations sont scientifiques (il croit en la rotondité de la Terre), d’intérêt pratique (il veut trouver une nouvelle route des épices vers l’ouest) et personnelles (il souhaite faire fortune).
Colomb essaya en vain d’obtenir le patronage de Jean II de Portugal pour obtenir de lui le financement d’une mission d’exploration au-delà du grand Océan Atlantique qui lui est refusé. A ce moment là, il se retourne vers les espagnols.
En avril 1486, après une longue attente, Christophe Colomb obtient enfin une audience de son altesse royale Isabelle pour lui demander son soutien dans son projet concernant la découverte d’une nouvelle route maritime devant relier par l’Océan, notre vieux continent aux Indes, à la Chine et au Japon. Bien entendu toutes les îles que l’on découvrirait au passage appartiendraient à la couronne espagnole, ainsi que l’or qui y abonde, cette découverte permettrait de renflouer le trésor royal très diminué par la guerre contre les maures [2] de Grenade [3]. Après un avis défavorable émis par une commission de savants, Colomb essuya un premier refus de la souveraine, mais grâce à l’intervention d’un ancien confesseur de la reine, le franciscain Fray Juan Perez il obtint une seconde audience auprès d’Isabelle.
En janvier 1492, malgré un second avis défavorable du Conseil de savants et de nobles consulté, le projet est accordé grâce à l’intervention de Louis de Santangel , un converti, qui en sa qualité de trésorier du roi d’Aragon [4] démontra à la reine que pour une petite dépense les finances royales risquaient d’être bien renflouées. Colomb obtint d’Isabelle le titre d’Amiral et de gouverneur de toutes les terres fermes et îles à découvrir. Il fut anobli et reçut une forte participation du trésor royal et de son protecteur le duc de Medina Caeli.
Restait à trouver les marins nécessaires au maniement des voiliers. Ce fut chose quasiment impossible, car personne ne voulut risquer sa vie dans une entreprise vouée à l’échec par tous les spécialistes. Il fallut donc recruter 87 forçats et un juif, Juan de Torrez qui parlait sept langues et qui devait servir d’interprète avec le roi des Indes pour engager de bonnes relations.
Le 3 Août 1492 les trois bateaux la Santa Maria, la Pinta et la Niña, prirent le large à Palos de la Frontera [5] pour leur long voyage.
Une escale aux Canaries [6] permet de réparer un gouvernail. Ensuite les navires commencent la traversée de l’océan. Mais ce dernier s’avère plus large que prévu et la terre se fait désirer. L’équipage est prêt à la mutinerie. Ce n’est que le 12 Octobre 1492 qu’il toucha terre sur une île des Bahamas, nommée Guanahani [7] par les indigènes. Après avoir découvert les Grandes Antilles [8]. C’est sur cette dernière île que la Santa Maria s’échoua un soir de Noël. Il décida d’y faire construire un fortin avec le bois récupéré sur le navire échoué, afin d’y abriter les marins qu’il ne pouvait plus transporter sur ses deux bateaux restants, sur la route d’Espagne.
Le 16 Janvier 1493, Colomb reprit la mer. A son retour il reçut un accueil triomphal malgré qu’il n’avait ramené que quelques anneaux d’or, quarante perroquets, quelques pièces de coton et six indiens à demi nus, païens à l’air sauvage et surtout très méfiants. Il fut confirmé dans ses fonctions de vice-roi des colonies et il repartit le 25 septembre 1493 pour un deuxième voyage au Nouveau Monde à la tête de 17 caravelles, 500 marins, 700 passagers et les 6 indigènes tous baptisés et convenablement habillés. Il découvre le 2 Octobre 1493 la grande île des Canaries, puis la Dominique [9] et la Guadeloupe [10].
Hélas le 22 Novembre 1493 à son retour sur Haïti il eut la désagréable surprise de voir que tous ses marins laissés dans le fortin qu’ils avaient construits ensemble étaient morts assassinés et atrocement mutilés par les indigènes.
Puis à la tête de 12 caravelles le commandant de Torrès ramena en Espagne outre l’équivalent de 30.000 pièces d’or en pépites et plus de trois cent indiens enfermés dans les cales des navires pour les vendre comme esclaves en Europe, mais faute de soins et de nourriture la majorité d’entre eux mourut sur le chemin du retour.
En mai 1494, la Jamaïque et la côte sud ouest de Cuba furent découvertes.
Christophe Colomb baptisa cette dernière : les jardins de la reine. Dans toutes ces îles on traquait les indiens dans l’intention de s’en servir comme esclave dans les mines ou à la revente sur les marchés européens.
Colomb soutenait ces méthodes tandis que déjà des voix s’élevaient contre ces meurtres et mauvais traitements qui touchaient également les femmes et les enfants des indigènes. Car à défaut d’avoir trouvé assez d’or, Colomb avait vanté à la reine les avantages que pouvaient rapporter le trafic des esclaves !
Isabelle ne l’entendait pas ainsi, dans son esprit la souveraine désirait que tous ces indiens soient évangélisés et baptisés. Un envoi ultérieur de 500 femmes des Caraïbes complètement nues, l’avaient fortement choquée. La reine demanda une enquête et donna à Juan Aguado les pleins pouvoirs pour ramener à l’ordre Christophe Colomb, vice-roi des nouvelles terres.
Le 11 juin 1496 les mains vides le vice-roi accostait dans le port de Cadix [11]. En l’absence d’or, Colomb avait revêtu en signe d’humilité la bure des franciscains. La population qui attendait des cargaisons d’or, fut déçue et manifesta son mécontentement. C’est dans cette tenue qu’il se présenta devant la reine.
Colomb lui fit de longs discours dont les images tenaient plutôt du fantastique que de la réalité. Il arriva à obtenir de la souveraine l’autorisation d’un nouveau départ sur ses propres deniers. Cette fois Colomb passa beaucoup de temps à réunir les fonds et ce n’est que le 30 mai 1498 qu’il repartait de San Lucar [12] avec seulement 6 caravelles.
Trois des bâtiments chargés de vivres mouillèrent à Haïti, tandis que les trois autres avec à leur tête Christophe Colomb poursuivirent les explorations. Ils découvrirent d’abord une île que Christophe Colomb nomma Trinidad et le 15 Août ils accostèrent sur la côte des Perles.
Le 31 Août 1498, il jeta l’ancre pour 14 mois à St Domingue s’occupant à réprimer les rebellions. Mais, les plaintes avaient afflué chez la reine qui avait donné tous pouvoirs au jurisconsulte : Francesco de Bobadilla qui débarqua à l’improviste à Haïti avec une armada de Caravelles. A peine descendu du navire, Don Bobadilla fut outré de voir des centaines de pendus se balancer aux arbres exotiques. Le nouveau gouverneur fit saisir Christophe Colomb et le jeta à fond de cale avec ses 2 frères. C’est donc prisonnier qu’il se rendit de Cadix à Séville pour attendre dans un couvent de Cisterciens [13] la décision de la reine. Isabelle attendit 6 semaines avant de lui faire ôter les fers.
Christophe Colomb, son fils aîné Diego et Fernando son autre fils comparurent tous trois le 17 octobre 1500 à l’Alhambra de Grenade [14] devant leurs majestés en suppliant leur indulgence.
Ce n’est que le 14 mars 1502 que par décret royal l’amiral fut réhabilité et confirmé dans ses charges. Comme on lui interdisait de les exercer, les rois nommèrent Nicolas de Ovando comme nouveau gouverneur adjoint. Toujours aussi perspicace Colomb obtint de la reine l’argent pour poursuivre ses découvertes.
Il partit de Séville le 3 Avril 1502 à la tête de 4 caravelles, mais avec l’interdiction d’aborder à Haïti et fut obligé d’accepter à son bord un contrôleur royal : Francesco Porras.
Le 3 Juillet 1502 une terrible tempête s’abattit sur les trente navires de Bobadilla, qui rentraient en Espagne chargés de lingots d’or détourné aux indiens, représentant la somme énorme de 200 000 ducats en or. Excepté une seule caravelle, les 29 autres navires sombrèrent avec leur équipage totalisant 500 hommes. Colomb qui avait essuyé la même tempête avait perdu un navire et les deux autres avaient les voiles arrachées et déchirées. C’est avec des voiles rapiécées qu’il découvrit le Costa Rica et Panama.
Le 25 Juin 1503 ses deux derniers navires s’échouèrent sur la côte de la Jamaïque. Colomb dut faire face à de nombreuses émeutes tant de ses hommes que celle du contrôleur royal et celle de son propre frère Bartolomeo qui après avoir essayé de le tuer partit à l’aventure avec la moitié des hommes. En Juin 1504, les explorateurs furent recueillis par une caravelle et ramenés en Espagne
Le 26 Novembre 1504 s’éteignait son altesse protectrice Isabelle la Catholique. Peu de temps après le 20 mai 1506 mourait dans une relative modestie à Valladolid [15] Christophe Colomb, âgé de 54 ans, qui avait rêvé de couvrir d’or Isabelle, la seule reine qui l’avait réellement écouté et inconditionnellement protégé. Son corps sera emmené à Saint-Domingue [16] en 1541.