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L’histoire pour le plaisir

Raymond Lulle

mardi 13 octobre 2020 (Date de rédaction antérieure : 28 mai 2012).

Raymond Lulle (1235-1315)

Raymond Lulle

Pour l’Inquisition, Raymond Lulle fut un hérétique, pour l’école franciscaine [1], il fut un saint, de son propre aveu il fut un "procureur des infidèles ". Aujourd’hui, il apparaît comme un philosophe et un penseur mystique à l’intersection de trois cultures : arabe, juive, chrétienne.

Né à Majorque [2] d’une famille noble, Raymond Lulle vit à la Cour dès l’âge de 12 ans. Ardent et plein d’imagination, il se livre jusqu’à 30 ans aux plus vives passions amoureuses et littéraires.

Bouleversé par une vision, il décide d’expier ses fautes en ranimant la religion chrétienne en Occident et en la portant chez les musulmans. Son projet est triple : · écrire des livres stigmatisant les erreurs des infidèles, · fonder des collèges de langues orientales, · évangéliser les musulmans.

En 1266, il vend ses biens, entre dans l’ordre de saint François et se bâtit à Randa, dans le royaume de Majorque [3], une cabane où il se consacre pendant 9 ans à la pénitence et à l’étude philosophique. Il obtient la fondation d’un couvent de Frères mineurs, qui y apprennent l’arabe pour aller prêcher l’Évangile aux musulmans. Lui-même apprend l’arabe et l’hébreu, tout en prônant le latin comme langue universelle. Il propose d’organiser une croisade décisive et part lui-même en guerre contre Averroès.

Après d’innombrables péripéties et naufrages sur les rives orientales et méridionales de la Méditerranée, il vient à Paris où il passionne la jeunesse par son enseignement.

En 1311, il obtient du concile de Vienne la création de collèges enseignant l’hébreu, l’arabe et le chaldéen. Il veut susciter entre savants musulmans, orthodoxes et catholiques des rencontres qu’il espère profitables à l’unification du monde dont il rêve.

De retour dans son pays il rédige son œuvre principale, “l’Arbor scientiae” avec ces 16 arbres, on peut connaître toutes les sciences , reprise pédagogique de son premier "Ars magna ".

À 80 ans il part, seul, pour sa dernière croisade intellectuelle. De Jérusalem, il se rend en Égypte, en Tunisie, en Algérie, pour prêcher contre Mahomet. La légende en a fait un martyr, lapidé sur ordre du roi par les habitants de Bougie [4]. Il s’est probablement éteint plus paisiblement dans son île natale.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Michel Mourre Dictionnaire encyclopédique d’Histoire, Paris, Bordas, 1986 (ISBN 2-04-015383-7)

Notes

[1] Moines de l’ordre mineur de frères laïcs mendiants fondé par saint François d’Assise en 1209, sur les principes rigoureux de l’humilité totale et de la pauvreté extrême. Les franciscains ont une mission de prédication itinérante. Au 13ème siècle, l’ordre se divise, malgré les tentatives de conciliation de saint Bonaventure, entre les adeptes de la règle de pauvreté originelle et les spirituels, qui jugent la mission d’enseignement incompatible avec la misère matérielle. Malgré ces dissensions, et les diverses branches qui en découlent, les franciscains poursuivent une lutte active contre les hérésies et se répandent rapidement au travers de la chrétienté. Les franciscains portent une robe brune avec une corde pour ceinture (ce qui leur a valu le nom de cordeliers), habit des pauvres de leur temps. A la fin du 13ème siècle, il existe déjà 1500 maisons de franciscains. L’ordre franciscain s’est diversifié en trois courants : les frères mineurs, les frères mineurs conventuels et les frères mineurs capucins. Il existe aussi un tiers ordre de laïcs. Les franciscains sont partis en mission dans le monde entier.

[2] Majorque est la plus grande des îles Baléares. Elle se situe en mer Méditerranée, au large de Valence.

[3] Le royaume de Majorque désigne d’abord de façon provisoire un gouvernement assez longtemps précaire créée lors de la conquête par le roi Jacques 1er d’Aragon de l’île de Majorque en 1229 dans le cadre de la Reconquista. Mais c’est le testament du souverain conquérant en 1262 qui lui donne un véritable sens politique dans la succession monarchique, en l’accordant au cadet de sa lignée l’infant Jacques ou Jaume alors que l’aîné Jacques obtient la couronne d’Aragon. À la mort de Jacques 1er d’Aragon en 1276 naît le royaume de Majorque. Les années 1343 et 1344, dates de reconquête militaire et d’annexion aragonaise ou le traité de 1347, voire les acquisitions par le roi de France de Carlat et Montpellier en 1348-1349 atteste la réunion définitive à la couronne d’Aragon qui clôt la page de l’indépendance, souvent précaire et houleuse.

[4] Béjaïa (anc. Bougie), est une commune algérienne située en bordure de la mer Méditerranée, à 220 km à l’est d’Alger. Elle est le chef-lieu de la wilaya de Béjaïa et de la daïra de Béjaïa, en Petite Kabylie. Connue à l’époque romaine sous le nom de Saldae, elle est promue capitale du royaume vandale avant d’être islamisée au 8ème siècle. Cité berbère modeste, elle devient une prestigieuse capitale sous les Hammadides au 9ème siècle et un foyer religieux, commercial et savant de la Méditerranée. Après un intermède almohade, elle redevient la capitale d’une branche des Hafsides.