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Placidina

jeudi 25 septembre 2025, par lucien jallamion

Placidina (vers 475-vers 537)

Aristocrate de l’Auvergne wisigothique

Blason de l'Auvergne par par Peter Potrowl. Source : wiki/Histoire de l'AuvergneEpouse du comte Apollinaire de Clermont. Elle est selon Michel Rouche apparentée à la dynastie de Théodose avant d’être mariée à un membre de la famille arverne [1] des Aviti en 485.


Elle est l’épouse d’Apollinaire, comte d’Auvergne [2] et à l’instar de son mari est une fervente soutien du royaume wisigoth [3] face à l’avancée des Francs de Clovis. Après la bataille de Vouillé [4] entre Wisigoths et Francs, son mari Apollinaire qui menait une partie de l’armée d’Alaric II, mène la retraite des troupes auvergnates face à la défaite essuyée contre les Francs. L’éviction du pouvoir wisigoth s’accompagne de l’annexion des terres de ce dernier mettant fin au royaume de Toulouse [5]. Apollinaire et Placidina sont chassés du pouvoir comtal et sont remplacés par un comte franc, Hortensius .

Malgré leur éviction du siège comtal la maison des Aviti dont ils sont les représentants ont le droit de conserver leurs terres et privilèges familiaux. En 515, Placidina ainsi que Papianilla, la mère d’Apollinaire, mènent un complot qui vise à déposer Euphraise, évêque de Clermont [6] d’origine africaine ayant été installé par les Francs. Ce dernier est renversé et Placidina installe à sa place son mari Apollinaire et espère un retour des Wisigoths qui ont récemment repris le Rouergue [7]. L’ancien comte se retrouve de nouveau maître de la ville de Clermont ainsi que de l’Auvergne par son statut diocésain.

À la suite de la reprise du pouvoir par la famille des Avit, Placidina et Alchima la sœur d’Apollinaire, font édifier aux portes de Clermont une basilique dédiée à saint Antolian dont elles auraient retrouvé les reliques.

Placidina et Apollinaire ont eu pour fils Arcade de Bourges , sénateur à Clermont dont le pouvoir est influent. En 537, ce dernier pensant que le roi franc Thierry 1er est mort en Thuringe [8], mène avec l’appui de sa famille et plus particulièrement Placidina une révolte en Auvergne. Il appelle à son secours Childebert 1er lorsqu’il se rend compte que Thierry est non seulement vivant mais qu’il dirige son armée vers l’Auvergne.

Arrivé le roi franc met à feu et à sang la région en prenant soin néanmoins de laisser une sauveté de 8 milles autour de la cité de Clermont. Cette défaite amène à des conséquences immédiates de la part du pouvoir mérovingien. Arcade fuit et trouve refuge à Bourges [9] où il deviendra évêque tandis que Placidina et Alchima sont arrêtées dans leur fuite à Cahors [10] alors qu’elles tentaient de rejoindre leur parent Desiderius.

Ces dernières sont exilées par le pouvoir franc et leurs propriétés sont confisquées

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de A. H. M. Jones, J. R. Martindale et J. Morris, Placidina in Prosopography of the Later Roman Empire, volume 2, p. 889-890, Cambridge University Press, 1971-1992.

Notes

[1] Peuple gaulois du Massif central. Ils furent un des peuples les plus puissants de la Gaule centrale, s’opposant à plusieurs reprises à la puissance romaine. Les Arvernes ont légué leur nom à l’Auvergne. Leur capitale, lors de la guerre des Gaules, Gergovie, se trouvait sur un plateau qui domine l’actuelle ville de Clermont-Ferrand.

[2] L’Auvergne est une région culturelle et historique de France située au cœur du Massif central. Après la chute du royaume wisigoth de Toulouse, l’Auvergne passe sous la domination de Clovis, le roi des Francs. L’aristocratie pro-wisigothe d’Auvergne résiste à cette nouvelle domination comme en témoigne la révolte de Placidina et Arcade. Conquise militairement par Thierry en 536, l’Auvergne est rattachée à l’Austrasie pendant un siècle. Des aristocrates gallo-romains locaux sont nommés comtes et dirigent la province avec les évêques d’Auvergne. À la fin du 7ème siècle ou au début du 8ème siècle, l’Auvergne passe sous l’influence du duché d’Aquitaine. Gouvernée par les ducs d’Aquitaine qui portent également le titre de comte d’Auvergne, elle fait l’objet de convoitises entre francs et aquitains. Durant cette période, ce sont les évêques d’Auvergne qui exercent concrètement le pouvoir.

[3] Les Wisigoths entrent en Gaule, ruinée par les invasions des années 407/409. En 416 les Wisigoths et leur roi Wallia continuent leur invasion en Espagne, où ils sont envoyés à la solde de Rome pour combattre d’autres Barbares. Lorsque la paix avec les Romains fut conclue par le fœdus de 418, Honorius accorda aux Wisigoths des terres dans la province Aquitaine seconde. La sédentarisation en Aquitaine a lieu après la mort de Wallia. Les Wisigoths pénétrèrent en Espagne dès 414, comme fédérés de l’Empire romain. Le royaume des Wisigoths eut d’abord Toulouse comme capitale. Lorsque Clovis battit les Wisigoths à la bataille de Vouillé en 507, ces derniers ne conservent que la Septimanie, correspondant au Languedoc et une partie de la Provence avec l’aide des Ostrogoths. Les Wisigoths installèrent alors leur capitale à Tolède pour toute la suite. En 575 ils conquièrent le royaume des Suèves situé dans le nord du Portugal et la Galice. En 711 le royaume est conquis par les musulmans.

[4] La bataille de Vouillé, qui s’est déroulée au printemps 507, est une bataille qui opposa les Wisigoths, au sud, aux Francs, au nord. Cette bataille vit la victoire des Francs, les Wisigoths perdant leur roi Alaric II au combat, et étant contraint de laisser un vaste territoire (midi de la France) aux vainqueurs.

[5] En 413, les Wisigoths envahissent la ville et choisissent Toulouse comme capitale de leur royaume. Les vestiges du palais Wisigoth de Toulouse, qui se situait sous l’actuelle place de Bologne, ont été redécouverts en 1988-1989. Sidoine Apollinaire a relaté en détail les fastes de la cour toulousaine de Théodoric II. Ayant une culture et une religion différentes, les Gallo-Romains et les Wisigoths se côtoient à Toulouse sans se mélanger jusqu’en 508 lorsque Clovis prend la ville, après avoir vaincu les Wisigoths à la bataille de Vouillé en 507.

[6] Le diocèse d’Auvergne est établi à Arvernis, l’ancien chef-lieu de la cité des Arvernes. Ses évêques ne sont appelés évêques de Clairmont ou Clermont (aujourd’hui Clermont-Ferrand) qu’en 1160. À partir de 1317, le diocèse est démembré et un diocèse particulier est créé pour la Haute Auvergne : le diocèse de Saint-Flour.

[7] Le Rouergue est une ancienne province du Midi de la France correspondant approximativement à l’actuel département de l’Aveyron. Après avoir fait partie du comté de Toulouse, il fut rattaché à la Guyenne avant d’en être détaché lors de la formation de la province de Haute-Guyenne en 1779.

[8] La Thuringe, officiellement appelée État libre de Thuringe, est l’un des länder d’Allemagne. Situé au centre du pays, il a une superficie de 16 200 km2 pour 2,3 millions d’habitants. Sa capitale est Erfurt. La Thuringe porte le nom des Thuringes qui occupaient son territoire vers le 2ème siècle. Passé sous domination franque au 6ème siècle, elle forma à partir de 1130 un landgraviat du Saint Empire romain germanique.

[9] Bourges est une commune française, préfecture du département du Cher. Elle est aussi la capitale historique du Berry, province de l’Ancien Régime correspondant approximativement aux départements actuels de l’Indre et du Cher.

[10] Cahors est une commune du Midi de la France, située dans le quart sud-ouest du pays. Préfecture du Lot. Elle fut longtemps disputée, et assiégée de Jules César ou du Franc Thibert au roi de Navarre Henri IV en passant par les prétentions anglaises de Richard Cœur de Lion puis, plus tard, du Prince Noir. Au 14ème siècle, Cahors bénéficie des largesses du pape Jean XXII, né Jacques Duèze en 1244, à Cahors, élu pape en 1316. La famille Duèze est bien établie dans la ville et liée aux notables. À l’époque médiévale, Cahors est une place financière de première importance dans l’Europe d’alors, où affluent les banquiers lombards. Le prêt sur gages et l’usure y sont pratiqués par des chrétiens à partir du 12ème siècle, et au 14ème siècle cette franchise est officiellement reconnue. Pendant la guerre de Cent Ans, la ville passe pour un temps sous domination anglaise. Le 8 janvier 1362, elle doit se rendre au lieutenant du roi d’Angleterre, Chandos, en présence du maréchal français Boucicaut. Le 5 février 1369, les consuls de Cahors jurent de porter secours au roi de France Charles V