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L’histoire pour le plaisir

Pei Songzhi

mardi 23 septembre 2025, par lucien jallamion

Pei Songzhi (372-451)

Historien chinois

Il vécu entre la fin de la dynastie des Jin orientaux [1] et le début de la dynastie des Song du Sud [2] dite période des dynasties du Nord et du Sud. Sa famille est originaire de Wenxi [3], dans le Hedong, ce qui correspond actuellement au Xian de Wenxi, dans la sous-préfecture de Yuncheng [4], de la province de Shanxi [5]. Il s’était ensuite établi à Jiangnan [6] dans l’actuel Jiangsu [7], participant aux importantes migrations en direction du Sud chinois qui avaient lieu à cette période en raison des troubles militaires endémiques dans le Nord à la suite de l’implantation des Seize Royaumes [8].

Pei est surtout connu pour son édition commentée des Chroniques des trois royaumes [9], ou Sānguó Zhì. Le texte original avait été écrit par l’historien chinois Chen Shou au 3ème siècle de notre ère. Au travail de Chen, Pei Songzhi rajoute une multitude de détails, de faits et livre en 429 un manuscrit, 3 fois plus épais que l’original, qui devient l’histoire officielle de la période des trois royaumes.

Par la suite, deux de ses descendants, Pei Yin et Pei Ziye, devinrent aussi des historiens réputés.


Pei est né dans une famille de politiciens au service des Jin de l’est. Son grand-père, Pei Mei, occupa le poste de guanglu dafu [10]. Son père, Pei Gui, fut un zheng yuanwailang [11]. Pei lisait depuis son enfance et, à l’âge de 8 ans, maîtrisait déjà les grands classiques de la littérature chinoise, comme les entretiens de Confucius [12] ou le Classique des vers [13].

En 391, durant le règne de l’empereur Xiaowudi ou Sima Yao , Pei reçoit à l’âge de 20 ans sa première charge administrative. En 398, durant le règne de l’empereur Andi ou Sima Dezong , Yu Kai, qui était à la fois l’oncle de Pei et le gouverneur de la province de Yu, s’allia avec Wang Gong, le gouverneur des provinces de Yan [14] et de Qing, pour attaquer la capitale impériale, Jiankang [15]. Après sa défaite face aux armées impériales, Yu Kai s’enfuit et rejoint les forces du seigneur de guerre Huan Xuan, et nomme Pei administrateur de la province de Xinye. Par cette nomination, Yu Kai demandait clairement à son neveu de trahir l’empereur et de le rejoindre. Mais Pei, bien trop conscient des dangers liés a une telle offre, refuse ce poste. Peu après, un conflit éclate entre Yu et Huan, qui se termine par la mort de Yu, prouvant ainsi que Pei avait pris la bonne décision.

Au début du 5ème siècle, Pei est promu, puis devient le préfet du xian [16] de Guzhang [17]. Après quelque temps à ce poste, il est rappelé à la cour, où il devient shangshu ci bu lang [18]. En 416, Song Wudi , duc de Song, reçoit l’ordre de diriger une campagne militaire contre le royaume des Qin postérieurs [19]. Pei prend part à cette campagne et impressionne tellement Liu Yu, que ce dernier lui donne un rang élevé au sein de son armée et parle de Pei de manière très flatteuse. Après la prise de la ville de Luoyang [20], Liu Yu garde Pei auprès de lui, afin qu’il l’assiste dans la gestion de son duché.

Liu Yu s’empare du pouvoir en 420 et met fin à la dynastie des Jin de l’est. Il fonde ainsi la Dynastie Song du sud et devient l’empereur Song Wudi. Grâce à ses liens avec le nouvel empereur et à ses divers talents, Pei Songzhi occupe divers postes officiels de haut rang au service de l’empereur Wudi. En 426, l’empereur Wendi, un des successeurs de Wudi, organise une inspection détaillée des diverses provinces de son empire. Pei est chargé de l’inspection de Xiangzhou. Une fois revenu de son voyage, il rédige un rapport en 24 points basés sur ses observations. Il est promu administrateur des provinces de Si et Ji, et devient le "Marquis de Xi".

À la fin de sa carrière, Pei devient l’administrateur de Yongjia et du district de Langya [21]. Il prend sa retraite en 437, à l’âge de 65 ans, mais est très rapidement rappelé à la cour impériale, où il occupe des postes haut placés. Il meurt de vieillesse à l’âge de 80 ans, en 451.


L’empereur Wendi trouvait que le texte des Chroniques des trois royaumes était trop court et incomplet. Il demanda à Pei d’annoter et de compléter le texte écrit au 3ème siècle par Chen Shou. Pei réunit le plus de sources possibles, y compris celles rejetées par Chen Shou, et rajouta leur contenu au Sanguozhi, ainsi que des commentaires personnels. Cette édition commentée, qu’il achève en 429, devient la nouvelle version intégrale et officielle du Sanguozhi. L’empereur loua son travail, qu’il qualifiât d’"immortel" et son manuscrit fut dès lors indispensable pour la bonne connaissance de cette période aux côtés de l’œuvre qu’il devait commenter.

En dehors de son édition commentée du Sanguozhi, Pei a aussi écrit d’autres livres, comme le Jin Ji [22], le Pei Shi Jiazhuan et le Ji Zhu Sang Fu Jing Zhuan, entre autres.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Pei Songzhi »

Notes

[1] La dynastie Jin de l’Est ou Jin orientaux est une dynastie chinoise qui domina la Chine du Sud entre 317 et 420. Elle constitue avec la dynastie Jin de l’Ouest (265-317) qui la précéda une séquence de deux dynasties successives portant le nom de Jin, que l’historiographie traditionnelle chinoise reconnaît parfois comme une seule dynastie Jin, fondées par des membres de la famille militaire des Sima. Cette dynastie fut fondée à la suite de l’effondrement de la dynastie Jin de l’Ouest (265-317) qui dominait toute la Chine, dont le centre de l’empire, situé en Chine du Nord à Luoyang, tomba aux mains de peuples non-Chinois qui se partagèrent le Nord durant la période des Seize Royaumes (317-439). Un prince issu du clan impérial de la dynastie Jin, les Sima, réussit à prendre le pouvoir dans le Sud, et avec l’aide d’aristocrates qui s’étaient réfugiés auprès de lui il parvint à maintenir son indépendance, inaugurant ainsi une longue période de séparation entre la Chine du Nord et la Chine du Sud, qui devait durer jusqu’à la réunification par la dynastie Sui en 589.

[2] La dynastie Song du Sud ou en chinois, plutôt dynastie Liu-Song, régna en Chine du Sud de 420 à 479 lors de la période des dynasties du Sud et du Nord, durant laquelle la Chine fut divisée entre une succession d’États dominant sa partie méridionale et d’autres dominant sa partie septentrionale. Dans le Sud, elle fut précédée par la dynastie des Jin orientaux et suivie par la dynastie Qi du Sud. Cette dynastie fut fondée par le général Liu Yu, qui était devenu dans les années 400 le dirigeant de fait de l’empire des Jin orientaux, avant de renverser la dynastie régnante en 420 pour en fonder une nouvelle. Du point de vue de la politique intérieure, les empereurs suivant réussirent à écarter la menace que faisaient peser sur eux les grands lignages aristocratiques, au prix de mesures brutales. La cour impériale fut surtout ensanglantée par les intrigues qui déchirèrent le clan impérial. Du point de vue de la politique extérieure, si les campagnes militaires de Liu Yu avaient assuré des bases solides à l’empire des Liu-Song, elles furent mises en péril à partir des années 450 par les entreprises de l’empire des Wei du Nord, qui avaient réunifié la Chine septentrionale et s’étendirent sur le territoire des Liu-Song. Dans les années 470, la dynastie sortait considérablement affaiblie de ses querelles intestines et de ses défaites militaires, et fut renversée par un de ses généraux, Xiao Daosheng, qui fonda en 479 la dynastie des Qi du Sud.

[3] Le xian de Wenxi est un district administratif de la province du Shanxi en Chine. Il est placé sous la juridiction de la ville-préfecture de Yuncheng.

[4] Yuncheng est une ville du sud de la province du Shanxi en Chine. Cette ville fut autrefois appelée Bi et fut la capitale de la Chine sous les Shang du roi Zu Yi jusqu’au roi Nan Geng.

[5] La province du Shaanxi est considérée comme l’un des berceaux de la civilisation chinoise. Pendant plus de 1 100 ans, 13 dynasties y établirent leur capitale, et elle resta ainsi le centre politique de la Chine depuis la dynastie Zhou jusqu’à la chute de la dynastie Tang au tout début du 10ème siècle. Le Shaanxi est située au centre-nord de la Chine à environ 750 km de la côte est de ce pays. Sa superficie est de 205 600 km2 et il s’étend sur 878 km du nord au sud et sur 517 km de l’est à l’ouest. C’est la province la plus à l’est de la Chine du nord-ouest (le Xibei). Le Shaanxi est entouré par les provinces du Shanxi à l’est et au nord-est, du Henan à l’est, du Hubei au sud-est, du Chongqing au sud, du Sichuan au sud-ouest, du Gansu à l’ouest, du Níngxià au nord-ouest et de la Mongolie intérieure au nord

[6] Le Jiangnan est une région géographique proche de Shanghai en Chine. Elle est notamment connue pour ses villages anciens, traversés de petits canaux, tels que le centre historique de Suzhou, ou encore, Wuzhen, Xitang, Zhujiajiao… Le Jiangnan se trouve au sud du fleuve Changjiang.

[7] Le Jiangsu est une province côtière chinoise. La partie sud de la province, le long du Chang Jiang forme depuis un millénaire l’une des régions les plus riches et les plus densément peuplées de Chine. Le chef-lieu de la province, Nankin, fut plusieurs fois capitale de la Chine.

[8] les Seize Royaumes, nommé par les Chinois seize pays/royaumes des Cinq barbares, étaient un ensemble de royaumes à la durée de vie très courte qui ont été fondés en Chine du Nord de 304 à 439, entre la retraite de la dynastie Jin vers le Sud et l’établissement de la dynastie des Wei du Nord, qui marque le passage dans la période des dynasties du Nord et du Sud (420-589). À l’origine, le terme vient de la compilation historique aujourd’hui perdue Shiliuguo Chunqiu (Annales des Printemps et des Automnes des Seize Royaumes), de Cui Hong, qui ne présentait que seize royaumes. Le terme a par la suite été élargi pour inclure l’ensemble des royaumes de Chine du Nord de l’époque 304-439, qui sont en fait une vingtaine. L’histoire de cette période est avant tout reconstituée par le Livre des Jin (Jin Shu), rédigée par les historiens officiels de la dynastie Tang au 7ème siècle, qui considèrent les royaumes de cette époque, vus comme « barbares », comme illégitimes, la seule dynastie légitime de l’époque à leurs yeux étant celle des Jin, alors représentée par les Jin de l’Est, qui dominent le Sud de la Chine. Pratiquement tous les dirigeants de ces royaumes, appelés tantôt « rois » tantôt « empereurs », appartenaient à des ethnies non-chinoises, « Barbares » (désignées globalement par le terme Wu Hu, « les cinq barbares ») par la tradition chinoise. Les Chinois han fondèrent les États du Liang occidental, du Liang postérieur et du Ran Wei. Les 2e et dernier empereurs du Yan septentrional étaient han. Cette période se situe à une époque où l’ancien empire Han s’étant fragmenté, on assiste à plus de 3 siècles de séparation entre la Chine du Nord et la Chine du Sud. Au cours de cette époque mouvementée, la période des Trois Royaumes (220-265 : 45 ans) est suivie de la dynastie des Jin occidentaux ou Jin antérieurs (265-316 : 51 ans, capitale Luoyang), de la dynastie des Jin orientaux en Chine du Sud (317-420 : 103 ans) et de l’époque des « Six Dynasties » (316-589) au Sud, tandis qu’au même moment en Chine du Nord la période des « Seize Royaumes » voit s’affronter ces seize royaumes de 304 à 439, soit 135 ans. Cette longue période de fragmentation se poursuit durant l’époque des « dynasties du Nord et du Sud » (420-589 : 169 ans). Elle s’achève avec la réunification entreprise sous les Sui et achevée sous les Tang. La période des Seize Royaumes est une ère très troublée, marquée par de nombreux conflits entre différents royaumes qui ne parviennent pas à subsister durablement : fondés par des généraux après une série de victoires, ils s’éteignent généralement après deux ou trois générations, quand un autre chef de guerre victorieux s’en empare. Les conséquences politiques et sociales de cet état de guerre continuel sont importantes : absence de structures administratives solides, importantes migrations de populations, notamment en direction du Sud, repli des communautés sur des habitats fortifiés, déclin des villes et de l’économie. La vie culturelle de la période est généralement considérée comme peu brillante en dehors de la présence de penseurs bouddhistes importants, mais elle est très mal connue car peu de textes de cette période sont parvenus jusqu’à nos jours. Les découvertes archéologiques et artistiques sont également limitées pour cette époque. Elle s’inscrit néanmoins dans une période cruciale de l’histoire de la Chine médiévale, durant laquelle s’amorce une hybridation entre Chinois et non-Chinois, qui triomphe surtout sous les Wei du Nord, unificateurs de la Chine du Nord durant la première moitié du 5ème siècle.

[9] Les Chroniques des Trois Royaumes, ou San guo Zhi est la chronique historique officielle couvrant la fin de la dynastie Han (184/220), et la période des Trois Royaumes de Chine (220-280). Elle fait partie des « Quatre Histoires », avec le Shi ji, le Han Shu et le Hou han shu. Elle est la compilation de textes la plus complète sur les événements qui eurent lieu en Chine durant cette période et a servi de base pour le roman épique Histoire des Trois royaumes, traditionnellement attribué à Luo Guanzhong. Initialement commencée par Chen Shou, elle fut complétée par Pei Songzhi.

[10] ce qui équivaut à conseiller d’état

[11] ce qui représente un poste ministériel de bas niveau

[12] Les Entretiens de Confucius aussi connus sous le nom d’Analectes, sont une compilation de discours de Confucius et de ses disciples ainsi que de discussions entre eux. Écrits durant la période des Printemps et des Automnes jusqu’à la période des Royaumes combattants (de 479 av. jc. environ jusqu’en 221 ap. jc), les Analectes sont l’œuvre représentative du confucianisme et continuent à avoir une grande influence sur le mode de pensée et les valeurs des Chinois et des peuples de l’Asie de l’Est.

[13] Le Classique des vers s’est d’abord appelé les Poèmes, ou les Trois Cents Poèmes puisqu’il compte trois cent cinq poèmes. Ce recueil est une anthologie rassemblant des textes qui vont du 11 au 5ème siècle av. jc, provenant de la Plaine centrale (les royaumes occupant le nord et le sud de la vallée du fleuve Jaune), et est l’un des rares textes de l’Antiquité chinoise à avoir survécu à la destruction des livres opérée par l’empereur Qin Shi Huangdi après son accession au pouvoir en 221 av. jc. On y trouve les plus anciens exemples de la poésie chinoise

[14] La province de Yan ou Yanzhou était l’une des neuf provinces de la Chine ancienne, une liste de régions compilée par Yu le Grand lorsqu’il visita le pays après avoir arrêté le Grand Déluge et succédé à l’empereur Yao. Pendant la dynastie Han (206 av. jc - 220 apr. jc), Yanzhou couvrait à peu près le sud-ouest actuel du Shandong, l’est du Henan et le coin nord-ouest du Jiangsu. Le nom se reflète dans la ville moderne de Yanzhou, Jining, Shandong.

[15] Nankin, immédiatement en amont du delta du Yangtze, le premier fleuve chinois. Nankin est la capitale de la province chinoise du Jiangsu.

[16] Le xian est une subdivision administrative de la république populaire de Chine. Le terme est couramment traduit en français par district ou par comté. Les xian existent depuis la période des royaumes combattants, mais ils ne se généralisent à l’échelle du pays qu’après l’unification de la Chine par la dynastie Qin. À partir de cette date, le nombre de xian en Chine continentale augmente un peu plus à chaque nouvelle dynastie. Lorsque Qin Shi Huang étend le système des xian à tous les royaumes qu’il a conquis, il y en a un peu moins de 1000 dans tout son empire. Sous la dynastie Han, le nombre de xian augmente une première fois et dépasse le millier. Il est difficile, voire impossible, de connaître le nombre exact durant les siècles de division de la Chine qui suivent la chute des Han, mais ce qui est sûr c’est qu’il en existe 1400 sous la dynastie Sui. Cette augmentation est en grande partie due au fait que les Sui abolissent les commanderies, qui correspondaient au niveau administratif immédiatement supérieur, et transforment certaines d’entre elles en xian. Depuis cette époque, leur nombre a peu varié

[17] Le xian de Guzhang est un district administratif de la province du Hunan en Chine. Il est placé sous la juridiction de la préfecture autonome tujia et miao de Xiangxi.

[18] ce qui correspond à un poste de ministre ou directeur au sein du département des affaires d’état

[19] Le Qin postérieur (384-417), aussi connu sous le nom de Yao Qin, était un état qiang de la période des Seize Royaumes (dynastie des Jin ; 265-420). Le Qin postérieur est complètement distinct de la dynastie Qin, du Qin antérieur et du Qin occidental. Sa capitale était Chang’an.

[20] Luoyang, ou Loyang est une ville-préfecture de la province du Henan en Chine. On y parle le dialecte de Luoyang du mandarin zhongyuan. Située sur le Fleuve Jaune, c’est l’une des quatre capitales historiques de la Chine.

[21] Le district de Langya est une subdivision administrative de la province de l’Anhui en Chine. Il est placé sous la juridiction de la ville-préfecture de Chuzhou.

[22] Histoire de la dynastie Jin