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L’histoire pour le plaisir

Assarhaddon

vendredi 5 septembre 2025, par lucien jallamion

Assarhaddon

Roi d’Assyrie de 680 à 669 av. jc

Fils du roi Sennacherib, et de son épouse Zakutu . C’est sans doute cette dernière qui arrive à le faire désigner comme son successeur par son père en 683 av. jc, alors que celui-ci avait déjà d’autres fils plus âgés.

Probablement en butte à l’hostilité de ses frères, il est envoyé en résidence dans l’ouest du royaume. Arda-Mulissu , l’ancien héritier présomptif, se révolte peu après contre son père Sennacherib, qu’il assassine avec l’aide de ses autres frères. Assarhaddon doit donc les vaincre pour monter sur le trône. C’est ce qu’il fait assez rapidement, une grande partie du royaume ayant visiblement refusé de suivre ses frères rebelles, qui s’exilent dans le petit royaume de Shubria.


Assarhaddon est une personne à la santé fragile, fréquemment victime de crises qui le plongent dans un état dépressif. Sans doute très craintif quant à son avenir, il se montre très inquiet de connaître son avenir et les risques qui planent sur lui et son royaume. De ce fait, il accorde une très grande place à ses devins et astrologues. Il a notamment souvent recours à la mesure exceptionnelle du substitut royal, craignant pour sa vie.

Il n’en demeure pas moins un souverain intelligent et connaît de grands succès politiques et militaires, dignes de ceux de ses aînés. Il réussit à apaiser la situation à Babylone [1] saccagée par son père en restaurant la cité et en lui rendant la statue de son dieu Mardouk, déportée par Sennacherib en Assyrie [2].

S’il doit encore mener quelques combats dans la région, il réussit à faire d’ Urtaki , le roi d’Élam [3], un allié fidèle. En Phénicie, il envahit Sidon [4], et soumet Tyr [5]. Il mène plusieurs expéditions vers le nord et le nord-est de son pays, et une de ses campagnes en Iran atteint le Patusharri [6].

Mais, sous la menace des Cimmériens [7] et des Scythes [8], il doit reculer dans cette région, tout en tentant un rapprochement avec les seconds en mariant une de ses filles à leur roi Bartatua. La plus grande campagne de son règne reste cependant celle menée en Égypte, en représailles au soutien apporté par Taharqa à des révoltes en Palestine [9].

En 671 av. jc, ses troupes prennent Memphis [10] et la pillent. Aussitôt qu’il quitte ce pays, Taharqa reprend le pouvoir, ce qui nécessite une nouvelle intervention en 669 av. jc. Mais celle-ci n’aura pas lieu, Assarhaddon mourant sur le chemin de l’Égypte.

Pour éviter à ses fils les ennuis qu’il a connus au début de son règne, Assarhaddon a réfléchi à sa succession, sans doute avec l’aide de sa mère Zakutu, qui joua un grand rôle tout le long de son règne.

Son premier choix, Sin-nadin-apli mourut avant son père, qui dut désigner un autre de ses fils comme successeur. Il désigna Assurbanipal comme futur roi d’Assyrie, et fit le choix de placer un autre de ses fils, Shamash-shum-ukin , aîné d’Assurbanipal, sur le trône de Babylone [11], tout en précisant qu’il devrait allégeance à son cadet. Ce choix avait sans doute pour but de maintenir le calme en Babylonie.

Assarhaddon fit jurer à ses sujets de respecter son choix, et après sa mort sa mère fit renouveler ce serment, la succession se passa sans heurts mais Shamash-shum-ukin se révolta contre son frère de nombreuses années plus tard.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Pierre Villard, « Assarhaddon », dans Francis Joannès (dir.), Dictionnaire de la civilisation mésopotamienne, Paris, 2001

Notes

[1] Babylone était une ville antique de Mésopotamie. C’est aujourd’hui un site archéologique majeur qui prend la forme d’un champ de ruines incluant des reconstructions partielles dans un but politique ou touristique. Elle est située sur l’Euphrate dans ce qui est aujourd’hui l’Irak, à environ 100 km au sud de l’actuelle Bagdad, près de la ville moderne de Hilla. À partir du début du 2ème millénaire av. jc, cette cité jusqu’alors d’importance mineure devient la capitale d’un royaume qui étend progressivement sa domination à toute la Basse Mésopotamie et même au-delà, sous le règne de Hammurabi dans la première moitié du 18ème siècle av. jc.

[2] L’Assyrie est une ancienne région du Nord de la Mésopotamie, qui tire son nom de la ville d’Assur, qui est aussi celui de sa divinité tutélaire, le dieu Assur. À partir de cette région s’est formé au 2ème millénaire av. jc un royaume puissant qui est devenu par la suite un empire. Aux 8ème et 7ème siècles av. jc, l’Assyrie contrôle des territoires s’étendant sur la totalité ou sur une partie de plusieurs pays actuels tels l’Irak, la Syrie, le Liban, la Turquie ou encore l’Iran.

[3] L’Élam est un ancien pays occupant la partie sud-ouest du plateau Iranien, autour des actuelles provinces du Khuzistan et du Fars, qui correspondent à ses deux principales régions, celle de Suse et celle d’Anshan/Anzan. L’histoire de l’Élam est difficilement dissociable de celle de la Mésopotamie voisine, qui exerça une forte influence sur cette région. C’est au plus tard en 539av.jc que l’on doit considérer que les dernières principautés élamites sont elles aussi intégrées dans l’empire perse.

[4] Sidon ou Saïda en arabe est une ville du Liban. Elle fut dans l’antiquité la capitale incontestée de la Phénicie. La ville était construite sur un promontoire s’avançant dans la mer. Ce fut le plus grand port de la Phénicie sous son roi Zimrida, au 18ème siècle.

[5] Tyr se situe dans la Phénicie méridionale, à un peu plus de 70 km au sud de Beyrouth et à 35 km au sud de Sidon, presque à mi-chemin entre Sidon au nord et Acre au sud, et à quelques kilomètres au sud du Litani.

[6] que l’on situe autour du mont Bikni

[7] Les Cimmériens sont un peuple de l’Antiquité, d’origine indo-européenne, apparentés aux Thraces ou aux peuples iraniens, installé en Tauride et sur le pourtour de la mer d’Azov avant de déferler aux 8ème et 7ème siècles av. jc sur l’Asie Mineure.

[8] Les Scythes sont un ensemble de peuples nomades, d’origine indo-européenne, ayant vécu entre le 7ème siècle et le 3ème siècle av. jc dans les steppes eurasiennes, une vaste zone allant de l’Ukraine à l’Altaï, en passant par le Kazakhstan. Les Perses désignaient ces peuples par le nom de Saka, francisé en Saces. Les sources assyriennes mentionnent les Saces dès 640 avant l’ère chrétienne.

[9] Le nom Palestine désigne la région historique et géographique du Proche-Orient située entre la mer Méditerranée et le désert à l’est du Jourdain et au nord du Sinaï. Si le terme « Palestine » est attesté depuis le 5ème siècle av. jc par Hérodote, il est officiellement donné à la région par l’empereur Hadrien au 2ème siècle, désireux de punir les Juifs de leur révolte en 132-135. Elle est centrée sur les régions de la Galilée, de la Samarie et de la Judée. Ses limites sont au nord la Phénicie et le mont Liban et au sud la Philistie et l’Idumée. À l’époque des croisades, le Pérée au nord-est de la mer Morte, la Batanée et la Décapole au-delà du Jourdain y étaient attachés. La Palestine peut désigner le territoire situé uniquement à l’ouest du Jourdain. Historiquement, elle correspond à Canaan, à la Terre d’Israël et fait partie de la région de Syrie (Syrie-Palestine). Les Arabes, qui ont conquis la Palestine sur les Byzantins dans les années 630, divisent la province d’al-Sham en cinq districts (jund), dont l’un garde le nom de « Palestine » et s’étend du Sinaï jusqu’à Akko (connue par les Chrétiens sous le nom de Saint-Jean-d’Acre) ; son chef-lieu est d’abord Ludd (Lod) puis, dès 717, ar-Ramlah (Ramla) et plus tard Jérusalem. Les autres villes les plus importantes sont Rafah, Gaza, Jaffa, Césarée, Naplouse et Jéricho. Ce district de « Palestine » était bordé au nord et à l’est par celui de « Jordanie », al-Urdunn, qui avait pour capitale Tibériade et incluait Akko et Tyr. Les frontières entre ces deux districts ont plusieurs fois varié au cours de l’histoire. À partir du 10ème siècle, cette division a commencé à tomber en désuétude, pour faire place finalement au royaume chrétien de Jérusalem. Sous le gouvernement des Croisés, est fondé en 1099, le royaume latin de Jérusalem ; Jérusalem redevient capitale d’un État. Après la défaite et le départ des Croisés, aux 12ème et 13ème siècles, les jund (districts) arabo-musulmans sont réintroduits, mais leurs frontières sont sans cesse redéfinies.

[10] Memphis est à l’origine le nom de Memphis, princesse de la mythologie grecque, qui aurait fondé une ville en Égypte à laquelle elle aurait donné son nom. Memphis était la capitale du premier nome de Basse Égypte, le nome de la Muraille blanche. Ses vestiges se situent près des villes de Mit-Rahineh et d’Helwan, au sud du Caire.

[11] Le royaume de Babylone s’est épanoui en Mésopotamie du sud du début du 2ème millénaire avant jc jusqu’en 539 av. jc, date de la prise de sa capitale par le roi Cyrus II de Perse. Cet État s’affirme à partir de la cité de Babylone dans le courant du 18ème siècle av. jc, sous l’impulsion du plus grand roi de sa première dynastie, Hammurabi. Après son pillage par les Hittites en 1595 av jc, Babylone passe sous l’autorité d’une dynastie d’origine kassite qui stabilise ce royaume pendant plus de quatre siècles. Cette période marque le début de la rivalité avec le royaume voisin situé au nord, l’Assyrie, qui marque les siècles suivants. Après plusieurs siècles d’instabilité entre 1100 et 800 av. jc, la Babylonie passe sous la coupe de l’Assyrie pendant plus un siècle (728-626 av. jc), avant d’initier une réaction qui aboutit à la destruction de l’Assyrie et à la formation de l’empire néo-babylonien (626-539 av. jc) par Nabopolassar et Nabuchodonosor II. Cette dernière phase de l’histoire du royaume de Babylone est brève, s’achevant en 539 av. jc par sa conquête par le roi perse Cyrus II. Dès lors, Babylone n’est plus dominée par une dynastie d’origine autochtone : aux Perses Achéménides (539-331 av. jc) succèdent les Grecs Séleucides (311-141 av. jc), puis les Parthes Arsacides (141 av. jc-224 ap. jc). La Babylonie conserve néanmoins sa prospérité jusqu’aux débuts de notre ère, tandis que sa culture millénaire s’éteint lentement.