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Amaury de Sévérac

mardi 19 août 2025, par lucien jallamion

Amaury de Sévérac

Seigneur de Sévérac-le-Château, de Beaucaire et de Chaudes-Aigues-Maréchal de France

Issu d’un rameau cadet de la première lignée des barons de Sévérac [1], la plus puissante famille du Rouergue [2], dont il sera le dernier représentant. Chevalier dès 1385, à moins de 20 ans, il commença une carrière militaire en Flandres [3] sous le commandement de son suzerain le comte Jean III d’Armagnac .

En 1389 il suivit ce dernier qui prétendait au titre de roi de Majorque [4] en Aragon [5] où il fut fait prisonnier à la bataille de Navata [6].

Après avoir payé sa rançon, libéré, il livre hommage à Jean III l’année suivante pour ses châteaux de Bertholène et de Saint-Rome-de-Dolan en Gévaudan, aux confins de la baronnie de Sévérac.

Il reprit en 1390 sa place auprès de Jean III d’Armagnac qui le chargea de conduire des colonnes de routiers [7] des Grandes Compagnies [8] de France en Lombardie [9] en compagnie de François d’Albret.

Le comte d’Armagnac défendait son beau-frère époux de Béatrix d’Armagnac Carlo Visconti, comte de Parme [10] contre les visées hégémonistes de son cousin le duc de Milan [11] Gian Galeazzo Visconti. De plus, cette campagne permettait opportunément d’expédier à l’Etranger les compagnies de routiers infestant le sud de la France.

Après la mort de Jean III en juillet 1391 à la bataille de Castellazzo d’Alessandria [12], Amaury rentre rapidement en France pour prêter allégeance au nouveau comte d’Armagnac Bernard VII, avant de revenir en Italie où il resta à guerroyer pour le compte des Parmesans et des Florentins [13] jusqu’en 1395 quand le duc de Milan décida de les payer pour s’en aller.

À son retour en France, il défit en traversant le Dauphiné [14] à Mazène [15] l’armée rassemblée par le comte du Valentinois [16], l’évêque de Valence [17] et le prince d’Orange [18] pour exterminer les routiers survivants, faisant prisonnier au passage le comte du Valentinois Louis II.

Amaury devient sénéchal royal du Quercy [19] en 1406 puis également du Rouergue en 1415. Bernard VII lui a par ailleurs attribué l’héritage de la baronnie de Sévérac au décès du baron Gui X de Sévérac en 1416.

Cependant, la baronnie de Sévérac lui ayant été octroyée au détriment d’un autre baron rouergat, Hugues d’Arpajon, sire de Brousse sur le Tarn. Epoux de Jeanne de Sévérac, fille de Gui X, celui-ci proteste au nom des droits de sa femme. Mais, Hugues d’Arpajon n’était pas parmi les plus chauds partisans de Bernard VII.

Il avait attendu la fin des démêlés de celui-ci avec ses cousins de Fézensaguet* en 1401 pour enfin délivrer hommage en raison de ceux de ses fiefs qui étaient rattachés à la mouvance comtale. En 1417, considérant comme félon ce séditieux feudataire, le comte d’Armagnac saisit sa seigneurie de Calmont-de-Plancage*. Refusant la confiscation, Hugues d’Arpajon va se révolter.

Or, à la mort de Bernard VII en 1418, son successeur et fils aîné, Jean IV, ne paraît pas accorder les mêmes grâces que son père à Amaury de Sévérac qui ne lui rend qu’une allégeance partielle, peut-être parce que le nouveau comte d’Armagnac n’entérine pas la décision successorale de Bernard VII quant à la baronnie de Sévérac.

De fait, Amaury côtoie plutôt la cour delphinale où va l’aider son ami, le breton Tanguy du Châtel, ancien prévôt royal de Paris [20] et assassin présumé du duc de Bourgogne Jean sans Peur à Montereau [21]. Le baron de Sévérac va recevoir le titre de chambellan du Dauphin Charles en 1419. Celui-ci, une fois devenu roi en 1422, le mettra d’abord à la tête de l’armée royale, qu’il commandera à la bataille de Cravant [22] en 1423, où il fut battu par les Anglo-Bourguignons, sans subir de disgrâce, puisqu’il devient maréchal de France [23] en 1424 avant d’entrer au Conseil royal en 1427.

Le différend s’envenime entre d’Arpajon et Amaury qui soutient bientôt le frère cadet de Jean IV, Bernard comte de Pardiac, vicomte de Carlat et de Murat, qui s’oppose à son aîné, plutôt poussé en cela par leur mère Bonne de Berry .

De son côté, Hugues d’Arpajon appuie Jean IV, dont il a obtenu un arrangement judiciaire au sujet de sa seigneurie de Calmont-de-Plancage. En 1427, au cours d’un séjour en Rouergue, au château de Gages*, résidence du comte d’Armagnac, le sexagénaire maréchal de Sévérac est retrouvé pendu à une des fenêtres des appartements de Bonne de Berry, sans que l’on sache exactement quel clan est à l’origine du meurtre. Les rancunes accumulées ont eu raison du vieux maréchal.

La famille d’Arpajon mit 92 ans de procédures diverses pour récupérer définitivement la baronnie de Sévérac après arrêt du Parlement de Paris [24] en 1508.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia Amaury de Sévérac/ Portail de l’Aveyron et du Rouergue/ Catégories : Maréchal de France

Notes

[1] Sévérac-le-Château, ou Severac lo Castèl en occitan, est une ancienne commune française située dans le département de l’Aveyron, devenue, le 1er janvier 2016, une commune déléguée de la commune nouvelle Sévérac d’Aveyron. Elle est sise autour d’un piton rocheux, site favorable pour la construction d’un château au Moyen Âge.

[2] Le Rouergue est une ancienne province du Midi de la France correspondant approximativement à l’actuel département de l’Aveyron. Après avoir fait partie du comté de Toulouse, il fut rattaché à la Guyenne avant d’en être détaché lors de la formation de la province de Haute-Guyenne en 1779.

[3] Le comté de Flandre a été un pagus carolingien, puis l’une des principautés du royaume de France, particulièrement impliquée dans les conflits franco-anglais, aux frontières et à l’influence durement disputées depuis sa création au 9ème siècle jusqu’en 1384, date de la mort du comte Louis de Male. Le comté, possédé par la Maison de Flandre de 863 jusqu’à la mort de la dernière comtesse, Marguerite de Constantinople, en 1280, puis par la Maison de Dampierre-Flandre, puis devenu l’une des possessions de la Maison capétienne de Bourgogne en 1385, devint alors l’un des principaux centres des États bourguignons. Après la Guerre de succession de Bourgogne il fut ensuite progressivement intégré aux Pays-Bas bourguignons et fut finalement détaché du royaume de France par le Traité de Madrid en 1526 en faveur des Habsbourg d’Espagne. Louis XIV en reconquit une partie sur les Espagnols. Le comté cessa d’exister en 1795 après la conquête des Pays-Bas autrichiens par les Français. Le territoire de ce comté correspond approximativement aux provinces belges actuelles de Flandre-Occidentale et de Flandre-Orientale, à l’ouest de la province de Hainaut (arrondissements de Tournai et Mouscron), plus la partie de la province d’Anvers située à l’ouest de l’Escaut, la Flandre zélandaise et la région historique de Flandre française (région de Lille, Dunkerque, Hazebrouck, Douai,…).

[4] Le royaume de Majorque désigne d’abord de façon provisoire un gouvernement assez longtemps précaire créée lors de la conquête par le roi Jacques 1er d’Aragon de l’île de Majorque en 1229 dans le cadre de la Reconquista. Mais c’est le testament du souverain conquérant en 1262 qui lui donne un véritable sens politique dans la succession monarchique, en l’accordant au cadet de sa lignée l’infant Jacques ou Jaume alors que l’aîné Jacques obtient la couronne d’Aragon. À la mort de Jacques 1er d’Aragon en 1276 naît le royaume de Majorque. Les années 1343 et 1344, dates de reconquête militaire et d’annexion aragonaise ou le traité de 1347, voire les acquisitions par le roi de France de Carlat et Montpellier en 1348-1349 atteste la réunion définitive à la couronne d’Aragon qui clôt la page de l’indépendance, souvent précaire et houleuse.

[5] Le royaume d’Aragon est une entité politique du nord-est de la péninsule Ibérique, née en 1035 de l’union des comtés d’Aragon, du Sobrarbe et de la Ribagorce et disparue en 1707 avec son intégration au sein du royaume d’Espagne par les décrets de Nueva Planta.

[6] Navata est une commune d’Espagne dans la communauté autonome de Catalogne, province de Gérone, de la comarque d’Alt Empordà

[7] Les compagnies de mercenaires recrutées du 12ème siècle au 14ème siècle, privées d’employeurs pendant les périodes de paix, se regroupaient en bandes appelées grandes compagnies, et vivaient au détriment des populations. Ces mercenaires étaient alors désignés comme « routiers » car appartenant à une route (troupe en français de l’époque).

[8] Les compagnies de mercenaires recrutées du 12 au 14ème siècle, privées d’employeurs pendant les périodes de paix, se regroupaient en bandes appelées grandes compagnies, et vivaient au détriment des populations. Ces mercenaires étaient désignés comme « routiers », car appartenant à une « route » (une « troupe armée » en ancien et moyen français), et aussi « ribauds », « cottereaux » ou « brabançons »

[9] La Lombardie est une région d’Italie septentrionale, située au sud de la Suisse, à l’est du Piémont, à l’ouest de la Vénétie et du Trentin-Haut-Adige et au nord de l’Émilie-Romagne. La ville de Milan en est le chef-lieu. La superficie est de 23 857 km2. Pendant et après la chute de l’Empire romain, l’Italie fut ravagée par des séries d’invasions tribales. La dernière et la plus marquante fut celle des Lombards, qui vinrent vers 570. Leur long règne donna à la région, dont Pavie était la capitale, son nom actuel, la Lombardie. Les noblesses franque, bavaroise et lombarde entretinrent des relations étroites pendant plusieurs siècles. Après des querelles initiales et la conversion des Lombards au christianisme, les relations entre les Lombards et les populations locales s’améliorèrent. Finalement, la langue et la culture des Lombards s’assimilèrent avec la culture latine, laissant des traces dans de nombreux mots de la langue italienne, des noms (notamment des toponymes), le code civil, des lois, etc. Le règne lombard prend fin en 774 lorsque le roi franc Charlemagne conquit Pavie et annexa le royaume d’Italie (principalement l’Italie du nord et centrale) à son empire

[10] Parme est une ville italienne de la province de Parme, dans la région d’Émilie-Romagne. Située entre la chaîne des Apennins et la plaine du Pô, la ville est divisée en deux par la rivière Parma, affluent du Pô

[11] Le duché de Milan était un État dans le nord de la péninsule italienne de 1395 à 1796. En principe fief du Saint Empire romain germanique, il était initialement de facto indépendant. Il passe cependant sous domination française au début du 16ème siècle puis fait partie des possessions des Habsbourg d’Espagne (1535-1706) puis d’Autriche (1706-1796). Les frontières du duché ont varié au cours des siècles, il couvrait surtout la Lombardie incluant Milan et Pavie, les centres traditionnels du vieux royaume d’Italie. Il se situait au centre de l’Italie du Nord, de chaque côté de la partie médiane de la vallée du Pô, bordé, au nord, par les massifs méridionaux des Alpes, les Alpes lépontines, et, au sud, par les hauteurs occidentales des Apennins, les Alpes apuanes.

[12] Alexandrie du Piémont

[13] Florence est la huitième ville d’Italie par sa population, capitale de la région de Toscane et siège de la ville métropolitaine de Florence. Berceau de la Renaissance en Italie, capitale du royaume d’Italie entre 1865 et 1870

[14] Le Dauphiné est une entité historique et culturelle. Elle occupe l’ancienne province Viennoise située dans le quart sud-est de la France actuelle. Le Dauphiné de Viennois fut un État, sous l’autorité des comtes d’Albon, qui prirent le titre de dauphins, ce dernier terme ayant donné au Dauphiné son nom. Cette entité apparaît dans l’ancienne Provence, et était une subdivision du Saint Empire romain germanique, de ses origines admises au 11ème siècle, jusqu’à son rattachement en 1349 au royaume de France. Le Dauphiné de Viennois devient alors la province du Dauphiné, et conserve une certaine autonomie jusqu’en 1457.

[15] Drôme

[16] En 950-960, le comté de Die fut un temps rattaché à celui de Valentinois. Le Valentinois dépendait du marquisat de Provence, puis de la province du Dauphiné. Au décès de Louis, qui en fut le dernier comte, le Valentinois est vendu en 1419 par ses héritiers, sa fille Louise de Poitiers (veuve de Humbert de Villars) ou ses proches parents, à Charles, dauphin, puis roi de France (Charles VII). Il est rattaché à la couronne de France en 1424. Le Valentinois fut érigé en duché-pairie en 1498 pour César Borgia par le roi Louis XII de France. Le duché de Valentinois fut donné en 1548 à Diane de Poitiers par le roi Henri II de France. Le Valentinois fut donnée en 1642 au prince de Monaco Honoré II par le roi Louis XIII de France. Les princes de Monaco en portèrent régulièrement le titre jusqu’en 1949, date du décès du prince Louis II de Monaco. S’agissant d’un titre de droit français il ne peut se transmettre par les femmes et il n’y a plus aujourd’hui d’autorité en France ayant le pouvoir d’en effectuer le report en cas d’extinction des mâles.

[17] Le diocèse de Valence a été fondé au 4ème siècle. L’actuel diocèse de Valence correspond au territoire du département de la Drôme, mais est constitué de la réunion des diocèses d’Ancien Régime de Valence (hors rive droite du Rhône), de Die (hors Trièves), de Saint-Paul-Trois-Châteaux, de la partie sud du diocèse de Vienne et de fragments des diocèses de Vaison, de Gap et de Sisteron. La plus ancienne création d’évêché, dans ces territoires, est sur le territoire voconce, dans le tiers sud-est du département : d’abord Vaison, dont un évêque est présent au Concile d’Arles en 314, puis Die qui envoie un évêque au Concile de Nicée en 325.

[18] La principauté d’Orange est une ancienne principauté souveraine créée en 1181, date à laquelle Bertrand 1er des Baux fait reconnaître son titre de prince par l’empereur Frédéric 1er Barberousse. Elle était presque entièrement enclavée dans le Comtat Venaissin et avait sa capitale dans la ville d’Orange, dans l’actuel département de Vaucluse.

[19] Le Quercy, était une ancienne province française dont l’étendue correspondait à celle du diocèse primitif de Cahors ; elle perpétuait l’antique cité des Cadurques, Divona Cadurcorum. Le Quercy s’étendait sur les plateaux calcaires des causses et les vallées adjacentes situées dans l’actuel département du Lot, la moitié nord du département de Tarn-et-Garonne et quelques communes de la Dordogne, de la Corrèze et de l’Aveyron. En 1790, le Quercy forma le premier département du Lot.

[20] Le prévôt de Paris, qui était également appelé garde de la prévôté, établi au 12ème siècle et disparu en 1792, est un officier royal cumulant de nombreuses fonctions pouvant se résumer dans l’office de représenter le gouvernement. Il avait pour mission d’intervenir dans les actes où le Roi avait quelque intérêt à défendre et il le remplaçait aux audiences du Châtelet, à la juridiction duquel il était préposé. Il y était installé par un Président à mortier qui lui disait : Je vous installe dans la Charge de Prévôt de Paris, pour l’exercer dignement, et au consentement du Roi et du Public. Il veillait à la bonne administration de la justice et au maintien des coutumes du pays et il siégeait de droit aux Etats généraux, comme premier juge de Paris. Il confirmait les sentences d’interprétation du parloir aux bourgeois, régissait le commandement de la noblesse, l’intendance des armes et la surveillance du guet de la ville : la police et la sûreté de la ville étaient remises à ses soins. Le prévôt de Paris remplissait également les fonctions de bailli.

[21] Montereau-Fault-Yonne, est une commune française située dans le département de Seine-et-Marne. Jean sans Peur, duc de Bourgogne est tué sur le pont de Montereau le 10 septembre 1419

[22] La bataille de Cravant, dans l’Yonne, est un épisode de la guerre de Cent Ans, qui eut lieu le 31 juillet 1423. Elle s’est terminée sur une victoire écrasante de l’armée bourguignonne et de ses alliés anglais sur l’armée française.

[23] Depuis la création du titre, en 1185, il y a eu 342 maréchaux de France. L’office de maréchal n’est devenu militaire que depuis le début du 13ème siècle. À son origine, le maréchal de France n’a qu’un rôle d’intendance sur les chevaux du roi. Son office devient militaire au début du 13ème siècle, tout en étant subordonné au connétable. Le premier à porter le titre de maréchal du roi de France avec une fonction militaire était Albéric Clément, seigneur de Mez, désigné par Philippe Auguste, en 1185. Après l’abolition de l’office de connétable par Richelieu en 1624, les maréchaux deviennent les chefs suprêmes de l’armée. Parfois le roi crée une charge de maréchal général des camps et armées du roi, qu’il confie au plus prestigieux de ses maréchaux. Outre leurs fonctions militaires, les maréchaux ont aussi la responsabilité du maintien de l’ordre dans les campagnes, par l’intermédiaire des prévôts des maréchaux, d’où l’appellation de « maréchaussée » donnée à l’ancêtre de la gendarmerie. Jusqu’en 1793, date de l’abolition de cette charge, il y eut 263 maréchaux de France.

[24] Le parlement de Paris est une institution française de l’Ancien Régime. Il fait partie des cours souveraines, rebaptisées cours supérieures à partir de 1661 (début du règne personnel de Louis XIV). Issu de la Curia regis médiévale, le parlement apparaît au milieu du xiiie siècle et prend progressivement son autonomie pour juger le contentieux sous forme d’un organe spécialisé aux sessions régulières, la curia in parlamento, que saint Louis établit dans l’île de la Cité, à côté du palais de la Cité, et qui reçoit sa première réglementation générale avec une ordonnance de Philippe III le Hardi en 1278. À partir du 15ème siècle, treize autres parlements furent érigés à partir d’institutions locales parfois beaucoup plus prestigieuses, comme l’échiquier de Normandie, ou beaucoup plus anciennes, comme les États de Provence, ou mêmes créés ex nihilo ; néanmoins, celui de Paris, cour de justice du Roi, ultime suzerain, et donc d’ultime recours, devint ainsi prééminent. On le mentionnait souvent simplement comme « le Parlement ».