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Meloir ou Meloir de Cornouailles

jeudi 17 avril 2025, par lucien jallamion

Meloir ou Meloir de Cornouailles (524-544)

Saint breton

Fils de la reine celte Awrilia de Domnonée fille de saint Miliau , roi légendaire celte de Cornouailles [1] et de Bretagne.


Sa vie est racontée dans“ la Vita Saint Melori”, écrite probablement par Omnès, évêque du Léon [2] dans la seconde moitié du 11ème siècle, découverte par Dom Plaine ou François Plaine et provenant de l’abbaye Notre-Dame de Chaage, à Meaux [3].

En 531, alors que Meloir est âgé de 7 ans, son père est tué par son oncle Rivod . Une tentative d’empoisonnement par certains de ses gouverneurs, alliés à Rivod, fut un échec ; en effet Méloir, très pieux, fit le signe de la Croix sur les mets servis, ce qui aurait neutralisé le poison. Sur ce fait, les conspirateurs avouèrent, à genoux, et furent pardonnés par le prince.


Plus tard, Rivod fit envoyer une troupe pour tuer Méloir. Voyant la reine Awrilia prête à tout pour la survie de son fils, l’envoyé de Rivod amputa de la main droite et du pied gauche le jeune prince, pour le rendre inapte à tenir l’épée et à monter à cheval et, de ce fait, à régner, cette mutilation faisant de Rivod le roi légitime du royaume. Par cet acte, Rivod fut décrit comme étant un ignoble tyran, mais il réussit à se faire reconnaître en faisant exécuter les soldats impliqués.

Rivod demanda la garde de son neveu, mais l’action fut rejetée par l’assemblée nationale de Cornouaille ; Méloir fut alors confié à l’évêque Corisopitum et emmené dans un monastère fondé par saint Corentin . Le Gouverneur Kerialtant dit Kyoltant-Kioltanus, devint son précepteur. Après sa cicatrisation, un miracle lui donna une main d’argent et un pied d’airain, lesquels se seraient mus comme s’ils étaient des membres à part entière, ce qui lui valut une certaine habileté.

Rivod, sachant cela, fit un pacte avec Kérialtant : la mort du jeune prince contre des terres. Rarisis, la femme de Kerialtant, approuvant le fait, fut prise de remords et emmena l’enfant en Domnomée [4], chez son oncle le prince Conomor. Mécontent de cette trahison, Kerialtant partit en Domnomée, suivi de son fils Justan, et se justifia d’avoir agi sous la contrainte de Rivod. Mélar, heureux de les revoir accepta de se promener avec eux. À Lanmeur [5] (Lan Meur-Melaer), ils prirent un repas dans une hôtellerie. Méloir y fut assassiné et décapité par Justan en 544, selon la tradition au lieu-dit D“ouvezou Sant Mélar” en Locquénolé [6].

La tradition rapporte qu’un jour, saint Méloir, qui cheminait sur la route allant de Carhaix [7] à Lanmeur (ancienne voie romaine) près de la ferme de Guerlavrec entre Botsorhel [8] et Plouigneau [9], non loin de la chapelle Saint-Éloy, aperçut deux cavaliers ennemis qui le poursuivaient. Le saint se recommanda aux soins de la Providence et se coucha par terre, au bord du chemin : miracle, la terre s’enfonça sous lui, formant une fosse proportionnelle à sa taille, les herbes et les fleurs se rejoignirent par-dessus de sorte que les assassins passèrent sans le voir. Cet endroit, appelé Guélé Sant-Mélar [10], est situé dans l’enceinte de la chapelle.


Curia Monialum [11], endroit où s’arrêta Rivod, l’assassin de saint Mélar, d’après la Vie de saint Mélar , récit hagiographique [12], et où une source jaillit à l’endroit où Rivod, fatigué, planta son bâton, est probablement à Lannéanou [13] la source du ruisseau de Tromorgant, dénommé dans un texte de 1485 Dour Melar [14].

Lors de leur fuite Justan fit une chute mortelle. Kerialtant apporta la tête de Méloir à Rivod, qui tint sa parole ; c’est alors que Kieraltant se rendit sur le mont Scoci* pour y voir son royaume, il ferma les yeux et, lorsqu’il les rouvrit, ne vit rien : il devint subitement aveugle puis mourut. Rivod épouvanté par les remords décéda peu de temps après.


Son oncle, le prince Conomor, fit alors embaumer le corps de saint Méloir et le conduisit près de ses ancêtres à Léxobie [15]. Malgré toutes les tentatives pour les faire aller au bon endroit les chevaux tirant le char funéraire se dirigèrent vers Lanmeur. Sur la grande place le chariot se brisa, dans l’impossibilité de déplacer le défunt, on dit que Dieu aurait décidé qu’il serait inhumé en ces lieux. Saint Samson, évêque de Dol [16], le fit donc inhumer à l’endroit même de l’incident.

Les moines de Saint Samson édifièrent un monument dédié à Méloir : la crypte de l’église Saint-Mélar de Lanmeur [17] ; c’est sur cette crypte que fut édifiée une église dédiée à saint Méloir et saint Samson. Par la suite il sera consacré Saint martyr. La crypte subsiste toujours ; jusqu’en 1902, les restes de l’ancienne église y étaient présents, puis en 1905 fut terminée la nouvelle église Saint-Méloir. Ses reliques ont été conservées à l’Abbaye de Redon [18].

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Bernard Tanguy (1990) : "Vicus Maioci, XIIè s. (Vie de St Méloir)"

Notes

[1] La ou les Cornouailles est un comté du Royaume-Uni situé à l’extrémité sud-ouest de l’île de Grande-Bretagne. Sa capitale est Truro. Limité à l’est par le fleuve Tamar, il a une superficie de 3 563 km² et une population de 536 000 habitants. Le duché possède une identité culturelle marquée : il forme l’une des six nations celtiques, avec sa propre langue, le cornique. Le titre de duc de Cornouailles est traditionnellement porté par le fils aîné du souverain britannique.

[2] Le diocèse de Léon a existé du 6ème siècle jusqu’en 1790 et couvrait le territoire de l’actuel Finistère. Le diocèse de Léon ou évêché de Léon est un ancien diocèse de l’Église catholique en France. Il est un des neuf évêchés de la Bretagne historique. Il a fusionné en 1790 avec l’évêché de Cornouaille pour former le diocèse de Quimper et Léon. Le siège épiscopal se trouvait à Saint-Pol-de-Léon. La majeure partie de l’évêché de Léon a formé dans la première moitié du Moyen Âge la vicomté de Léon qui, en 1176, est scindée en deux au profit d’une branche cadette qui forme la seigneurie de Léon. La vicomté de Léon disparaît à la fin du 13ème siècle, absorbée par le duché de Bretagne, la seigneurie de Léon subsiste jusqu’à la Révolution française, même si elle est passée aux mains de la famille de Rohan à partir de 1363.

[3] Meaux fut dès le 10ème siècle la possession des comtes de Champagne qui s’appelaient aussi comtes de Meaux ; elle revint à la couronne sous Louis X. En 1235, le capitulaire de Thibaut IV de Champagne (conservé à la médiathèque de Meaux) mentionne l’existence du canal Cornillon, qui sert à la fois de défense du marché de Meaux qui se tient sur la presqu’île formée par la boucle de la Marne, et aussi de passage pour les bateaux, leur évitant de passer sous le pont encombré par des moulins.

[4] La Domnonée (lat. Dumnonia) désigne au 6ème siècle un royaume brittonique centré sur le Sud-Ouest de l’Angleterre. Le terme est ensuite employé à partir du 8ème siècle dans l’hagiographie bretonne pour désigner une partie de la péninsule armoricaine

[5] Lanmeurest une commune du département du Finistère

[6] Locquénolé est une commune du département du Finistère. Après Île-de-Sein et Île-Molène, c’est la troisième plus petite commune du département.

[7] Carhaix-Plouguer est une commune française du département du Finistère, en région Bretagne. C’est une ville bretonne du Poher. Dès l’époque romaine, Vorgium (Carhaix) a été un véritable carrefour, les Annales de Lausanne en 818 dénomment même Carhaix (où Louis Le Pieux et son ost (= armée) aurait séjourné à cette date) Corophesium (= carrefour) en raison de sa position centrale dans l’ouest de la péninsule armoricaine : huit voies romaines sortaient de Carhaix allant, en tenant compte des embranchements, dans 12 directions différentes

[8] Botsorhel est une commune du département du Finistère. Botsorhel se situe à une quinzaine de kilomètres à l’est-sud-est de Morlaix.

[9] Plouigneauest une commune du département du Finistère. La commune se situe dans le nord-est du Finistère, non loin des côtes de la Manche dans l’arrondissement de Morlaix, dans le canton de Plouigneau dont elle est le chef-lieu, dans le Trégor finistérien. Elle est limitrophe des Côtes-d’Armor en son nord-est.

[10] Le lit de saint Mélar

[11] la cour des moniales

[12] L’hagiographie est l’écriture de la vie et/ou de l’œuvre des saints. Pour un texte particulier, on ne parle que rarement d’« une hagiographie », mais plutôt d’un texte hagiographique ou tout simplement d’une vie de saint. Le texte hagiographique étant destiné à être lu, soit lors de l’office des moines soit en public dans le cadre de la prédication. Un texte hagiographique recouvre plusieurs genres littéraires ou artistiques parmi lesquels on compte en premier lieu la vita, c’est-à-dire le récit biographique de la vie du saint. Une fresque à épisode est également une hagiographie, de même qu’une simple notice résumant la vie du bienheureux. Par rapport à une biographie, l’hagiographie est un genre littéraire qui veut mettre en avant le caractère de sainteté du personnage dont on raconte la vie. L’écrivain, l’hagiographe n’a pas d’abord une démarche d’historien, surtout lorsque le genre hagiographique s’est déployé. Aussi les hagiographies anciennes sont parsemées de passages merveilleux à l’historicité douteuse. De plus, des typologies de saints existaient au Moyen Âge, ce qui a conduit les hagiographes à se conformer à ces modèles et à faire de nombreux emprunts à des récits antérieurs.

[13] Lannéanou est une commune du département du Finistère. Lannéanou se trouve à l’extrémité est-nord-est des monts d’Arrée et des Rochers du Cragou. La commune est de superficie modeste (16 km²)

[14] eau de saint Mélar

[15] non loin de Lannion

[16] Le diocèse de Dol est un ancien diocèse de l’Église catholique en France. Il était un des neuf diocèses ou évêchés historique de Bretagne. Le territoire du diocèse correspondait au Pays de Dol et le siège épiscopal se trouvait à Dol-de-Bretagne. Il est caractérisé par de nombreuses enclaves sur tout le territoire breton. Son existence est attestée comme tel dès le 6ème siècle, et la tradition lui donne pour fondateur saint Samson. Il tient sa fortune de la volonté des rois Nominoë et Salomon, qui voulaient assurer l’autonomie religieuse de la Bretagne, jusque-là rattachée à la province ecclésiastique de Tours, et favorisent l’érection de Dol en archevêché vers 848. La nouvelle province ecclésiastique comprenait les anciens diocèses de Vannes, Quimper, Léon et Alet, ainsi que les nouveaux diocèses de Dol, Saint-Brieuc et Tréguier. Un concile se tint à Dol en 1128

[17] L’église est dédiée à saint Mélar, selon la légende héritier légitime du trône de Cornouaille, assassiné et spolié par son oncle Rivod. Au dernier quart du 10ème siècle, Juhel Beranger, comte de Rennes, tient sa cour à Lanmeur (Lanmurmeler), présence attestée par une charte. On peut envisager qu’il finance la construction de la crypte et de l’église d’origine, mécénat de prestige face à l’essor de la dynastie cornouaillaise rivale.

[18] L’abbaye Saint-Sauveur de Redon, fondée en 832 par Conwoïon et reconnue le 18 juin 834 par Nominoë, est une ancienne abbaye bénédictine de Bretagne à Redon, dans le département d’Ille-et-Vilaine, dépendante de l’ancien diocèse de Vannes.