Fils de la reine celte Awrilia de Domnonée fille de saint Miliau , roi légendaire celte de Cornouailles [1] et de Bretagne.
Sa vie est racontée dans“ la Vita Saint Melori”, écrite probablement par Omnès, évêque du Léon [2] dans la seconde moitié du 11ème siècle, découverte par Dom Plaine ou François Plaine et provenant de l’abbaye Notre-Dame de Chaage, à Meaux [3].
En 531, alors que Meloir est âgé de 7 ans, son père est tué par son oncle Rivod . Une tentative d’empoisonnement par certains de ses gouverneurs, alliés à Rivod, fut un échec ; en effet Méloir, très pieux, fit le signe de la Croix sur les mets servis, ce qui aurait neutralisé le poison. Sur ce fait, les conspirateurs avouèrent, à genoux, et furent pardonnés par le prince.
Plus tard, Rivod fit envoyer une troupe pour tuer Méloir. Voyant la reine Awrilia prête à tout pour la survie de son fils, l’envoyé de Rivod amputa de la main droite et du pied gauche le jeune prince, pour le rendre inapte à tenir l’épée et à monter à cheval et, de ce fait, à régner, cette mutilation faisant de Rivod le roi légitime du royaume. Par cet acte, Rivod fut décrit comme étant un ignoble tyran, mais il réussit à se faire reconnaître en faisant exécuter les soldats impliqués.
Rivod demanda la garde de son neveu, mais l’action fut rejetée par l’assemblée nationale de Cornouaille ; Méloir fut alors confié à l’évêque Corisopitum et emmené dans un monastère fondé par saint Corentin . Le Gouverneur Kerialtant dit Kyoltant-Kioltanus, devint son précepteur. Après sa cicatrisation, un miracle lui donna une main d’argent et un pied d’airain, lesquels se seraient mus comme s’ils étaient des membres à part entière, ce qui lui valut une certaine habileté.
Rivod, sachant cela, fit un pacte avec Kérialtant : la mort du jeune prince contre des terres. Rarisis, la femme de Kerialtant, approuvant le fait, fut prise de remords et emmena l’enfant en Domnomée [4], chez son oncle le prince Conomor. Mécontent de cette trahison, Kerialtant partit en Domnomée, suivi de son fils Justan, et se justifia d’avoir agi sous la contrainte de Rivod. Mélar, heureux de les revoir accepta de se promener avec eux. À Lanmeur [5] (Lan Meur-Melaer), ils prirent un repas dans une hôtellerie. Méloir y fut assassiné et décapité par Justan en 544, selon la tradition au lieu-dit D“ouvezou Sant Mélar” en Locquénolé [6].
La tradition rapporte qu’un jour, saint Méloir, qui cheminait sur la route allant de Carhaix [7] à Lanmeur (ancienne voie romaine) près de la ferme de Guerlavrec entre Botsorhel [8] et Plouigneau [9], non loin de la chapelle Saint-Éloy, aperçut deux cavaliers ennemis qui le poursuivaient. Le saint se recommanda aux soins de la Providence et se coucha par terre, au bord du chemin : miracle, la terre s’enfonça sous lui, formant une fosse proportionnelle à sa taille, les herbes et les fleurs se rejoignirent par-dessus de sorte que les assassins passèrent sans le voir. Cet endroit, appelé Guélé Sant-Mélar [10], est situé dans l’enceinte de la chapelle.
Curia Monialum [11], endroit où s’arrêta Rivod, l’assassin de saint Mélar, d’après la Vie de saint Mélar , récit hagiographique [12], et où une source jaillit à l’endroit où Rivod, fatigué, planta son bâton, est probablement à Lannéanou [13] la source du ruisseau de Tromorgant, dénommé dans un texte de 1485 Dour Melar [14].
Lors de leur fuite Justan fit une chute mortelle. Kerialtant apporta la tête de Méloir à Rivod, qui tint sa parole ; c’est alors que Kieraltant se rendit sur le mont Scoci* pour y voir son royaume, il ferma les yeux et, lorsqu’il les rouvrit, ne vit rien : il devint subitement aveugle puis mourut. Rivod épouvanté par les remords décéda peu de temps après.
Son oncle, le prince Conomor, fit alors embaumer le corps de saint Méloir et le conduisit près de ses ancêtres à Léxobie [15]. Malgré toutes les tentatives pour les faire aller au bon endroit les chevaux tirant le char funéraire se dirigèrent vers Lanmeur. Sur la grande place le chariot se brisa, dans l’impossibilité de déplacer le défunt, on dit que Dieu aurait décidé qu’il serait inhumé en ces lieux. Saint Samson, évêque de Dol [16], le fit donc inhumer à l’endroit même de l’incident.
Les moines de Saint Samson édifièrent un monument dédié à Méloir : la crypte de l’église Saint-Mélar de Lanmeur [17] ; c’est sur cette crypte que fut édifiée une église dédiée à saint Méloir et saint Samson. Par la suite il sera consacré Saint martyr. La crypte subsiste toujours ; jusqu’en 1902, les restes de l’ancienne église y étaient présents, puis en 1905 fut terminée la nouvelle église Saint-Méloir. Ses reliques ont été conservées à l’Abbaye de Redon [18].