Jon Ingesson Kuvlung (mort en 1188)
Prétendant à la couronne du royaume de Norvège pendant la période des guerres civiles et un rival du souverain régnant Sverre de Norvège.
Depuis 1130 le royaume de Norvège est le théâtre des guerres civiles d’intensité et d’importance variées. L’origine de ses conflits est liée à l’imprécision de la loi de dévolution au trône, à des mouvements sociaux et au conflit entre l’église et la monarchie. Le point de ralliement des partis est régulièrement un fils de roi qui devient le chef de fille du parti et qui s’oppose au roi régnant.
En 1184 le roi Sverre de Norvège et ses partisans les Birkebeiners [1] défont le roi Magnus V de Norvège et les Heklungs lors de la Bataille de Fimreite [2]. Dans le combat le roi Magnus est tué et Sverre devient pour plusieurs années le souverain incontesté de Norvège.
Jon Ingesson est proclamé, fils d’un précédent roi, Inge 1er, bien que la Sverris saga [3], principale source d’information pour cette période de l’histoire de la Norvège le présente comme un imposteur. Jon Ingesson n’est qu’un jeune clerc lorsqu’il accepte de devenir la figure de proue d’une insurrection il est moine à l’abbaye de Hovedøya [4] située dans l’Hovedøya [5] au large d’Oslo [6]. Jon Kuvlung règne sur le Viken [7] comme anti-roi jusqu’à ce qu’il soit tué par les Birkebeiner à Bergen [8] en 1188.
Pendant l’automne 1185, les anciens partisan du roi Magnus V de Norvège dans le Viken rencontre Jon Kuvlung qui est ensuite proclamé roi à l’Haugathing [9] de Tønsberg [10].
Leur chef est Símon Kárason dont l’épouse, Margrete Arnesdotter, est la demi-sœur du roi Inge 1er de Norvège et la petite fille de la reine Ingrid Rögnvaldsdotter . Margrét Arnadóttir est également la sœur de Nicolas Arnesson, l’évêque d’Oslo et un des principaux opposant au roi Sverre. Símon Kárason et Margrét Arnadóttir sont les parents de Philippe Simonsson, le futur prétendant au trône de Norvège.
Ce parti est dans les faits la continuation directe de la faction des Heklunger qui avait précédemment contesté le pouvoir du roi Sverre. Les Heklungers, comme leur nom le laisse entendre, étaient très liés à l’église. Bien que le clergé ne soutienne pas ouvertement les Kuvlungs, il adopte une attitude de neutralité bienveillante. L’église ne reproche jamais à Jon d’avoir quitté son monastère, alors que le roi Sverre est sévèrement attaquer par le clergé pour être un ancien religieux qui a abandonné sa fonction de prêtre aux Îles Féroé [11]. Les Kuvlungs prennent rapidement le contrôle de la partie est et ouest de la Norvège celles qui avait été précédemment les bastions des Heklunger.
Durant l’automne de 1186, les Kuvlungs attaquent Nidaros [12]. Cette offensive prend le roi Sverre par surprise. Il se réfugie dans son château fort récemment édifié le Sverresborg [13]. Incapable de s’emparer de la forteresse, les Kuvlungs sont obligés de se retirer.
En 1188, Sverre se dirige vers le sud avec un flotte puissante. La première rencontre a lieu à Tønsberg [14], mais aucun des deux partis n’acceptent le combat. Les Kuvlungs se réfugient à Bergen. Sverre les attaque devant Bergen juste avant Noël.
Le bateau de Jon s’échoue sur un rocher lorsqu’il tente de regagner le port pour faire face à l’ennemi et Jon Kuvlung est tué, mettant fin à l’insurrection des Kuvlungs.
Notes
[1] Le régime autoritaire imposé à partir de 1161 par le régent Erling Skakke, père du jeune roi Magnus V Erlingsson et sa tentative d’exterminer toute la descendance du roi Harald IV ,qu’il considérait comme un usurpateur, engendrent une opposition très forte à son pouvoir et dressent contre lui de nouvelles forces qui rallument la guerre civile. Beaucoup d’opposants convaincus qu’Erling recherchait à les éliminer estiment que la lutte armée était leur seul moyen de survivre. Avec leurs suivants ils se retirent dans les forêts et les montagnes où comme des brigands ils vécurent une vie de dangers constants. Ce parti de mécontents populaires s’était rassemblé dans les régions peu peuplées des confins orientaux d’où ils se jetaient alternativement sur le Vestfold ou Viken et Oslo ou le Trondelag et Trondheim. Ils pouvaient ainsi aisément chercher refuge en Suède. Dans le souci de légitimer leur combat, ils apportèrent leur soutien à tous les prétendants, rejetons vrais ou supposés de la famille royale. On les appela « Birkebeiner » parce qu’ils étaient parfois obligés de recouvrir leurs pieds d’écorce de bouleau à la place de chaussures.
[2] La bataille de Fimreite est une bataille navale livrée le 15 juin 1184, à Fimreite en Norvège. Elle opposa le roi de Norvège Magnus V à son compétiteur, Sverre Sigurdsson. Ce dernier remporta la bataille, lors de laquelle périt Magnus.
[3] La Sverris saga est une des Sagas royales. Son sujet est le roi Sverre Sigurdsson de Norvège qui règne de 1177 à 1202 et elle est la principale source pour cette période de l’histoire du royaume de Norvège. Comme le dit l’avant-propos, la saga dans sa forme finale se compose de plusieurs parties. Sa rédaction commence en 1185 sous le supervision directe du roi. On ignore quand l’ouvrage a été terminé mais il était déjà bien connu quand Snorri Sturluson commence à écrire l’ Heimskringla dans la décennie 1220 car Snorri termine son récit au moment où la Sverris saga commence. Cette saga est contemporaine ou quasi contemporaine des événements qu’elle évoque. elle est bien évidemment composée par un auteur qui éprouve de la sympathie pour la cause du roi Sverre, mais les stricts principes de ce genre littéraire lui impose une certaine impartialité
[4] L’abbaye de Hovedøya est une ancienne abbaye cistercienne norvégienne, dont il ne reste que les fondations et quelques ruines dans le cadre charmant de l’île homonyme. Hovedøya est l’une des îles du fjord d’Oslo et la plus proche de la capitale norvégienne. Ce monastère est la deuxième implantation de l’ordre cistercien en Norvège, un an après celle de Lyse.
[5] Hovedøya ou Hovedøen est l’une des nombreuses petites îles au large de la côte d’Oslo en Norvège. L’île est petite, il n’y a jamais plus de 800 mètres vers n’importe quelle direction et sa superficie totale est de 0,4 kilomètre carré.
[6] Oslo est la capitale de la Norvège. La ville s’est appelée Christiania de 1624 à 1924. Le 1er janvier 1925, elle a officiellement repris le nom d’un modeste faubourg, site historique de la première ville, fondée au fond de l’Oslofjord par Harald III et promue capitale royale sous Håkon V. D’après les sagas nordiques, Oslo serait fondée aux alentours de l’an 1048 par le roi Harald III. Des fouilles archéologiques récentes ont mis au jour des tombes chrétiennes antérieures à l’an 1000, ce qui prouve qu’une communauté s’était déjà implantée précédemment sur le site. Cela tend à confirmer l’attribution traditionnelle de sa fondation à Olaf Tryggvason. Oslo a affirmé son rôle de capitale à partir du règne de Håkon V Magnusson, qui y établit sa résidence permanente et commence la construction de la citadelle d’Akershus. Un siècle plus tard, la Norvège passe sous domination danoise, et Oslo est réduite au rang de simple chef-lieu de province, tandis que le roi en titre réside à Copenhague.
[7] Viken (la baie) est une région historique de Norvège, situé autour du fjord d’Oslo, dans le sud-est du pays. La capitale historique de la région, bien que centrée autour d’Oslo, était Borre. Elle comprenait les provinces de Vestfold, Østfold, Ranrike, Vingulmark et Båhuslen.
[8] Bergen est une ville du Sud-ouest de la Norvège, capitale du comté de Hordaland. Bergen est la deuxième ville du pays. C’est également une ville portuaire, une ville universitaire, et un évêché.
[9] Le thing était l’assemblée des gens libres d’un pays, d’une province ou d’un herred (subdivision administrative). Il y avait donc une hiérarchie des things, de manière que chaque thing locale soit représentée au thing de province, et ainsi de suite. Le lieu du thing était souvent celui des rites religieux et celui du commerce. Les disputes étaient réglées à cette occasion, et les décisions politiques y étaient prises.
[10] Tønsberg est une ville située dans la partie méridionale de la Norvège. Elle est le chef-lieu du comté de Vestfold. Fondée au 9ème siècle, la ville est l’une des plus anciennes du royaume et fut une grande station baleinière.
[11] Les îles Féroé sont un archipel subarctique situé entre la mer de Norvège et l’océan Atlantique nord, à peu près à mi-chemin entre l’Écosse et l’Islande. Les îles Féroé forment un pays constitutif du royaume du Danemark, avec le Danemark et le Groenland.
[12] Trondheim autrefois Nidaros, est une ville norvégienne située dans le comté du Sør-Trøndelag, dont elle constitue le centre administratif. La ville est fondée par le roi viking Olaf Tryggvason en 997 et baptisée du nom Nidaros. Le site est choisi en raison de ses conditions favorables, tant pour l’installation d’un port que pour la défense du site. Renommée Trondheim à la fin du Moyen Âge, la ville est le siège de l’archevêché de Nidaros depuis 1152.
[13] Sverresborg est une forteresse de Norvège construite vers 1185 pour Sverre Sigurdsson. Elle surplombe la forteresse de Bergenhus et était à l’origine en pierre et en bois. Selon une saga, 600 hommes et 40 femmes nobles y vivaient en 1207. La forteresse fut détruite deux fois par les Baglers, ennemis des Birkebeiners, au début du 13ème siècle.
[14] Tønsberg est une ville située dans la partie méridionale de la Norvège. Elle est le chef-lieu du comté de Vestfold. Fondée au 9ème siècle, la ville est l’une des plus anciennes du royaume et fut une grande station baleinière.