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Judith de Franconie ou Judith de Souabe

mercredi 11 décembre 2024, par lucien jallamion

Judith de Franconie ou Judith de Souabe (1054-après 1118)

Fille d’Henri III dit Henri III le Noir, empereur germanique, et de sa deuxième épouse, Agnès d’Aquitaine, fut successivement reine de Hongrie [1] (1063–1074) et duchesse de Pologne [2] (1089–1102) suite à ses 2 mariages.

Probablement née au palais impérial de Goslar [3], Judith était la plus jeune des 6 enfants nées du mariage de l’empereur Henry III avec Agnès, fille du duc Guillaume V d’Aquitaine .Ses sœurs sont Adélaïde, future abbesse de Quedlinburg [4] et Gundersheim [5], Gisèle, décédée jeune, avant la naissance de Judith et Mathilde, future épouse du duc de Souabe [6] Rodolphe de Rheinfelden. Elle a également 2 frères, Henri IV, qui succèdera à son père à la tête du saint Empire romain en 1056, et Conrad II, décédé dans l’enfance. Du premier mariage de son père avec Gunhild de Danemark .

Peu de temps après sa naissance, le 9 avril 1054, Judith fut fiancée au prince capétien Philippe de France, fils aîné et héritier du roi Henri 1er. Toutefois, après la mort de l’empereur Henri III le 5 octobre 1056, pendant la régence de l’impératrice Agnès au nom de son fils mineur Henri IV, les fiançailles furent rompues en septembre 1058 à l’occasion de la conclusion d’un traité de paix avec le roi André 1er de Hongrie.

Le défunt empereur Henri III s’était lancé dans 2 campagnes contre la Hongrie, qui s’étaient toutes deux soldées par un échec, en 1051 et 1052. Le pape Léon IX avait alors ménagé un accord incluant les fiançailles entre Judith et le fils et héritier du roi de Hongrie, le jeune prince Salomon , à la cour de Bavière installée à Ratisbonne [7]. Grâce à son puissant beau-frère, Salomon parvint à récupérer le trône de Hongrie après la mort de son oncle, Bela 1er, en 1063, épousant Judith dans la foulée à Székesfehérvár [8].

Ce mariage fut un échec et il semble que tant le roi que la reine multiplièrent les aventures extra-conjugales. Il ressort de certaines sources que le couple eut néanmoins une fille, Sophie, qui épousa par la suite le comte Popon de Berg-Schelklingen. Si cette parenté est prouvée, elle fait de Judith l’arrière-grand-mère de Salomé de Berg, seconde épouse de Bolesłas III Bouche-Torse, son futur beau-fils.

Dans les années 1070, le roi Salomon entra en conflit avec les fils de feu Béla 1er. Le 14 mars 1074, à la bataille de Mogyoród [9], l’armée royale fut défaite par celle de ses cousins et leurs alliés, les ducs de Pologne et de Bohême.

Judith s’enfuit en Allemagne tandis que Salomon continuait son combat pour le trône de Hongrie. En 1077, réfugié à Moson [10], il abdiqua en faveur de son cousin Ladislas 1er en échange de vastes territoires en 1081. En dépit de cela, Salomon ne renonça jamais à ses prétentions et commença à comploter contre Ladislas. Ses plans furent découverts et il fut emprisonné par le roi dans la tour de Visegrád [11] jusqu’au 15 août 1083, date de sa libération à la faveur de la canonisation d’Etienne 1er, premier roi de Hongrie.

Judith resta en Allemagne pendant cette période, plus précisément à Ratisbonne, où elle séjourna de 1074 à 1088. A sa libération, Salomon tenta de rejoindre sa femme mais celle-ci refusa de le recevoir.

Après une longue errance, il finit par établir une alliance avec Kuteshk, le chef d’une tribu de Petchénègues [12] installée dans ce qui allait devenir la principauté de Moldavie [13]. Il en épousa la fille aux alentours de 1084-1085, devenant ainsi bigame. Salomon promit une partie de son royaume de Hongrie en échange de l’assistance militaire de son nouveau beau-père et en 1085, Salomon mena ses troupes au combat contre la Hongrie. Battu par le roi Ladislas, il trouva la mort 2 ans plus tard, en 1087, lors d’une campagne petchénègue contre l’empire byzantin [14], près d’Hadrianopolis [15].

En 1089, Judith se remaria avec Ladislas 1er Herman , duc de Pologne [16]. Cette union fut d’un grand bénéfice pour les relations germano-polonaises : à cette occasion, l’empereur Henri IV commanda à l’abbaye de St Emmeran à Ratisbonne les livres de l’Evangile à destination de la cour polonaise, aujourd’hui conservés dans la bibliothèque du chapitre de la cathédrale de Wawel [17], à Cracovie [18].

Après son mariage, Judith prit le nom de Sophia, peut-être pour se distinguer de Judith de Bohême , la première femme de Ladislas, à qui elle donna 4 filles.

Son influence sur la politique polonaise est avérée. On rapporte qu’elle fut la maîtresse du comte palatin Sieciech, qu’elle aida largement à prendre le contrôle du pays. Elle et son amant furent probablement à l’origine de la mort dans des circonstances mystérieuses de Mieszko Bolesławowic .

Avec l’aide de Sieciech, Judith parvint à convaincre son mari d’envoyer le fils aîné de ce dernier, Zbigniew à l’abbaye de Quedlinburg, auprès de l’abbesse Adélaïde. Ils tentèrent également d’établir une alliance avec le seul fils légitime de Ladislas, Bolesłas, issu de son mariage avec la princesse bohème.

Mais Bolesłas et Zbigniew découvrirent les plans de Judith et Sieciech et s’allièrent pour les contrer : ils exigèrent que les rênes du pays leur soient donnés et Sieciech fut bientôt battu, déposé et exilé en 1100. Le 4 juin 1102, Ladislas mourut, laissant le duché partagé à moitié entre Bolesłas III et Zbigniew.

La date de la mort de Judith fut très discutée chez les historiens

Elle est enterrée à l’abbaye d’Admont [19], en Autriche.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia Judith de Franconie/ Portail de la Hongrie/ Portail de la Pologne/ Catégories : Maison de Franconie/ Duchesse de Pologne/ Reine consort de Hongrie

Notes

[1] Le royaume de Hongrie est le terme historiographique donné à différentes entités politiques de la Hongrie au Moyen Âge (à partir de 1001), à l’époque moderne et jusqu’à l’époque contemporaine (1946). La date de création du royaume remonte à l’an 1001, lorsque Étienne (István) transforme l’ancienne grande-principauté en royaume chrétien. L’unité du royaume est mise à mal lors de l’occupation ottomane d’une partie du pays en 1526, durant laquelle deux territoires se disputent la continuité royale (la Hongrie royale dominée par l’empire d’Autriche et la Hongrie orientale, prémisse de la principauté de Transylvanie). Le royaume de Hongrie recouvre l’essentiel de son territoire médiéval d’abord en 1848-1849, puis dans le cadre du compromis austro-hongrois signé en 1867 et conserve son régime après le démantèlement du pays en 1920 jusqu’à 1946, sous la forme d’une régence. Entre l’an 1001 et 1946, le royaume de Hongrie a cessé d’exister à trois reprises : en 1849, lors de la Révolution hongroise de 1848, de la République démocratique hongroise de 1918 et de la République des conseils de Hongrie de 1919. Depuis 1946, la Hongrie est une république.

[2] Les conjointes des souverains polonais recevaient le titre de leur époux, ducs puis rois. Le titre de reine, en particulier, fut porté indifféremment par les épouses des rois de Pologne, mais également par les deux monarques féminins que connut la Pologne. Leurs maris étaient jure uxoris monarques en titre.

[3] Goslar est une ville de Basse-Saxe en Allemagne. Elle est la capitale de l’arrondissement de Goslar et se trouve au nord-ouest du Harz. La ville fut fondée au 10ème siècle après la découverte d’argent dans les mines proches du Rammelsberg. La ville en devint particulièrement prospère, ce qui attira l’attention des empereurs germaniques. Le Kaiserpfalz (palais impérial) de Goslar fut construit au 11ème siècle et devint une résidence pour les empereurs, en particulier Henri III qui se rendit dans son palais favori près de vingt fois.

[4] Quedlinbourg ou Quedlimbourg, en allemand Quedlinburg, est une ville de Saxe-Anhalt en Allemagne. Elle était le chef-lieu de l’arrondissement de Quedlinbourg inclus en 2007 dans le nouvel arrondissement de Harz et se trouve au nord-est du massif du Harz.

[5] Gundersheim est une municipalité allemande située dans le land de Rhénanie-Palatinat et l’arrondissement d’Alzey-Worms.

[6] La Souabe est une région historique d’Allemagne. Au haut Moyen Âge, le royaume d’Alémanie regroupait de nombreux petits royaumes sur le territoire des Alamans. Ceux-ci sont soumis par les Francs sous Clovis 1er et Théodebert 1er. À partir du début du 6ème siècle, l’Alémanie est un duché sous le contrôle des Francs, jusqu’à ce qu’il soit dissous en 746 en raison du Massacre de Cannstatt. En 829, le royaume de la Souabe se forme sur le même territoire, qui est attribué à Louis II le Germanique et donc à la Francie orientale dans le traité de Verdun en 843. Après la réforme des comtés dans la Francie orientale, le Duché de Souabe est alors formé en 915 ; il s’étendait alors des Vosges dans l’ouest jusqu’au Lech dans l’est et à Chiavenna, aujourd’hui en Italie, dans le sud

[7] Ratisbonne, est une ville allemande, située dans le Land de Bavière et baignée par le Danube. Elle est située à 88 kilomètres de Nuremberg et à 103 kilomètres de Munich, proche de la République tchèque. La ville est le chef-lieu du district du Haut Palatinat et du Landkreis de Regensburg. Après des troubles intérieurs en 1500, le Roi des Romains et futur empereur Maximilien 1er intervint et appliqua une constitution (la Regimentsordnung) à la ville. Modifiée en 1514, elle reste formellement valable jusqu’en 1803. En 1519, lors d’un pogrom, la communauté juive, la plus grande d’Allemagne à l’époque, fut chassée de la ville. Les habitants profitèrent de la transition de pouvoir après la mort de Charles Quint pour détruire l’ancien quartier juif.

[8] Székesfehérvár appelée anciennement Albe Royale, est une ville de Hongrie, chef-lieu de la région de Transdanubie centrale et du comitat de Fejér, et chef-lieu du district de Székesfehérvár.

[9] Mogyoród est un village et une commune du comitat de Pest en Hongrie. Elle fait partie de l’agglomération de Budapest.

[10] Moson est une ancienne commune rattachée en 1939 à la ville de Magyaróvár, dans le département de Győr-Moson-Sopron en Hongrie.

[11] Visegrád est une ville du comitat de Pest, en Hongrie. Elle est située sur le Coude du Danube à une quarantaine de kilomètres au nord de Budapest. Visegrád est célèbre pour son château médiéval. La ville a donné son nom au groupe de Visegrád réunissant la Hongrie, la Pologne, la Tchéquie et la Slovaquie.

[12] Les Petchénègues ou Petchenègues sont un peuple nomade d’origine turque qui apparaissent à la frontière sud-est de l’empire khazar au 8ème siècle. Ils s’installent au 10ème siècle au nord de la mer Caspienne. Selon la légende, ils constituent la tribu Peçenek des Oghouzes, issue de Dağ Han (« prince montagne »).

[13] La Moldavie, est un pays d’Europe orientale, enclavé entre la Roumanie et l’Ukraine, englobant des parties des régions historiques de Bessarabie et de Podolie méridionale (dite Transnistrie). Sa capitale est Chișinău. La partie de l’actuel territoire moldave située sur la rive droite du Dniestr a fait partie de la principauté de Moldavie (tributaire de l’Empire ottoman à partir de 1538), du 14ème siècle à 1812, date à laquelle elle fut cédée à l’Empire russe.

[14] L’Empire byzantin ou Empire romain d’Orient désigne l’État apparu vers le 4ème siècle dans la partie orientale de l’Empire romain, au moment où celui-ci se divise progressivement en deux. L’Empire byzantin se caractérise par sa longévité. Il puise ses origines dans la fondation même de Rome, et la datation de ses débuts change selon les critères choisis par chaque historien. La fondation de Constantinople, sa capitale, par Constantin 1er en 330, autant que la division d’un Empire romain de plus en plus difficile à gouverner et qui devient définitive en 395, sont parfois citées. Quoi qu’il en soit, plus dynamique qu’un monde romain occidental brisé par les invasions barbares, l’Empire d’Orient s’affirme progressivement comme une construction politique originale. Indubitablement romain, cet Empire est aussi chrétien et de langue principalement grecque. À la frontière entre l’Orient et l’Occident, mêlant des éléments provenant directement de l’Antiquité avec des aspects innovants dans un Moyen Âge parfois décrit comme grec, il devient le siège d’une culture originale qui déborde bien au-delà de ses frontières, lesquelles sont constamment assaillies par des peuples nouveaux. Tenant d’un universalisme romain, il parvient à s’étendre sous Justinien (empereur de 527 à 565), retrouvant une partie des antiques frontières impériales, avant de connaître une profonde rétractation. C’est à partir du 7ème siècle que de profonds bouleversements frappent l’Empire byzantin. Contraint de s’adapter à un monde nouveau dans lequel son autorité universelle est contestée, il rénove ses structures et parvient, au terme d’une crise iconoclaste, à connaître une nouvelle vague d’expansion qui atteint son apogée sous Basile II (qui règne de 976 à 1025). Les guerres civiles autant que l’apparition de nouvelles menaces forcent l’Empire à se transformer à nouveau sous l’impulsion des Comnènes avant d’être disloqué par la quatrième croisade lorsque les croisés s’emparent de Constantinople en 1204. S’il renaît en 1261, c’est sous une forme affaiblie qui ne peut résister aux envahisseurs ottomans et à la concurrence économique des républiques italiennes (Gênes et Venise). La chute de Constantinople en 1453 marque sa fin.

[15] La ville de Niksar, autrefois nommée Néocésarée ou Neocaesarea, Cabeira ou Cabira, Diospolis, Adrianopolis ou Hadrianopolis, est l’une des villes principales de la province de Tokat, en Turquie.

[16] Le royaume de Pologne est dirigé alternativement par des ducs et des rois de 960 à 1320, puis uniquement par des rois jusqu’à sa disparition comme royaume indépendant en 1795. Les premières dynasties polonaises sont héréditaires : les Piast, qui règnent jusqu’en 1370, et les Jagellon, sous lesquels le pays connaît son apogée territorial. Avec l’extinction de la dynastie des Jagellon la monarchie parlementaire polonaise devient élective, et c’est l’assemblée de tous les nobles qui élit le roi. Le dernier roi de Pologne, Stanisław II August, abdique en 1795, à la suite des partages du royaume par les puissances voisines. L’État polonais cesse d’exister. En 1918 la Pologne renaît après 123 ans d’occupation, sous la forme d’une république, un président pour chef d’État.

[17] Le Wawel est une colline fortifiée qui surplombe la Vistule et la vielle ville de Cracovie, l’ancienne capitale de la Pologne. En plus d’être l’ancien siège des rois polonais, la colline du Wawel abrite également une cathédrale qui est à la fois un sanctuaire et une nécropole nationale, où des rois, des reines, des poètes et des héros nationaux de la Pologne sont enterrés. C’est un lieu privilégié pour les Polonais car il constitue un témoignage important de l’histoire de la nation.

[18] Chef-lieu de la voïvodie de Petite-Pologne, elle est située à 300 km au sud de Varsovie, sur la Vistule. Datant du 7ème siècle, c’est une des villes les plus anciennes et les plus importantes de Pologne, dont le patrimoine architectural est très bien conservé. La ville historique se situe au pied de la colline du Wawel. Cracovie était, avant Varsovie, la capitale de la Pologne et elle est souvent considérée comme le véritable centre du pays avec ses traditions et son passé vieux de plus de 1 000 ans. Elle est le centre culturel et scientifique du pays, avec l’Université jagellonne de Cracovie, la deuxième plus ancienne université d’Europe centrale (1364, après celle de Prague fondée en 1348 ; celle de Varsovie date de 1816).

[19] L’abbaye d’Admont est un monastère de moines bénédictins fondé en 1074 à Admont, situé près des Alpes d’Ennstal dans la région de Haute-Styrie au centre de l’Autriche, à l’entrée du parc national de Gesäuse. L’abbaye fait partie de la congrégation bénédictine d’Autriche. C’est le lieu où est hébergée la plus grande bibliothèque monastique du monde, commencée au milieu du 18ème siècle et terminée en 1776, ainsi qu’un musée moderne.