Il s’attachera à son retour de Terre sainte, où il avait accompagné son père Geoffroy IV, à réparer les injustices commises par ses ancêtres et à confirmer les dernières volonté de son père, qui, avant de mourir en Palestine [1], avait renoncé à ses prétentions sur la vallée de la Blaise [2], pour rendre les terres et biens usurpés à l’abbaye de Montier-en-Der [3]. Il entendait mettre fin au conflit séculaire qui remontait à l’origine de sa maison.
Il quitta la troisième croisade [4] vers 1190, avant la fin du siège d’Acre [5] en y laissant son suzerain le comte de Champagne Henri II de Champagne .
Sa présence en son fief de Joinville [6], ses frères et sœurs étant encore bien jeunes est attesté par nombre d’actes authentifiés par le chef de famille.
Dès son retour sur son fief de Joinville, il s’empressa de restituer aux religieux les nombreux biens et contributions dont ses aïeux s’étaient emparés par la force.
Il fut sénéchal de Champagne [7]. C’est auprès de la comtesse Marie de France fille de Henri II de Champagne qu’il exerça principalement ses fonctions. La situation diplomatique était tendue car la politique des suzerains champenois s’exerçait en fonction des besoins locaux : ceux-ci soutenaient Richard Cœur de Lion en Orient plus que Philippe Auguste, mais ils étaient vassaux du roi de France en Champagne.
L’origine de cette querelle venait d’une simple histoire de prêt, le roi d’Angleterre ayant été plus libéral que le roi de France. S’y ajoute une question politique d’importance : la succession au trône de Jérusalem [8], les 2 rois ayant des candidats différents. Les croisés étaient divisés.
On accuse même le comte Henri II de Champagne d’être entré dans un complot pour faire périr Philippe Auguste.
Liens de suzeraineté obligent, nombre des vassaux du comte de Champagne se prononcèrent en faveur de Richard, contre Philippe.
Si Geoffroy V avait pris le parti d’Henri II de Champagne, la comtesse Marie suivait une politique toute différente de celle de son fils. Par sa mère, Aliénor d’Aquitaine, elle était sœur de Richard, mais elle n’oubliait pas qu’elle était fille de Louis VII, donc également sœur de Philippe Auguste.
Le comte de Champagne Thibaut III , encore jeune après le décès de sa mère, se ravisa et rendit l’hommage à Philippe Auguste. Geoffroy V, en vassal loyal, suivi le parti de son suzerain. En 1201, après le décès prématuré de son suzerain, il fut témoin à l’hommage rendu par l’épouse de Thibaut III, la comtesse Blanche de Navarre (1177-1229) à Philippe Auguste, et désigné comme un des barons qui se portèrent garants de la fidèle observation de cet hommage.
La même année, en 1201, les libéralités de Geoffroy envers les établissements religieux ne se ralentirent pas. Elles prirent un nouveau caractère, celui des aumônes que l’on faisait avant de partir pour la croisade : Geoffroy V s’est de nouveau croisé en 1199 et est en route vers la Terre Sainte lors de la quatrième croisade [9], à la fin de 1201 avec ses frères Robert et Simon. Il se signala par sa bravoure en Palestine.
Il paya de sa vie sa fidélité à ses devoirs de croisé : il mourut en combattant au krak des Hospitaliers [10], fin 1203 ou début 1204.
Il n’était pas marié. Sans postérité, la seigneurie de Joinville passa à son frère Simon.
C’est en raison de son courage lors de sa première campagne en Palestine, et aussi de son soutien politique, que le roi d’Angleterre Richard Cœur de Lion autorisera Geoffroy V à porter ses armes, en témoignage de reconnaissance.