Né à Rome, d’origine romaine, il fit toute sa carrière dans le palais pontifical dont le pape Sergius 1er lui avait confié la bibliothèque. Comme diacre, il accompagna le pape Constantin lors de son voyage à Byzance ou il participa aux discussions du concile de Constantinople en 692 qui marquèrent déjà les dissensions entre l’Église de Rome et Byzance. Il eut à cette occasion plusieurs conversations avec l’empereur Justinien II sur les divergences entre théologies romaine et byzantine et sur les articles du concile Quinisexte [1], que n’acceptait pas l’Église romaine.
Après la mort du pape Constantin, le 9 avril 715, il fut élu le 19 mai suivant. Dès le début de son pontificat, il fit restaurer les murs de la Ville, puis entreprit des travaux dans les basiliques Saint-Paul-hors-les-Murs et Saint Etienne hors les Murs. Il confia à des moines l’administration de l’hospice des vieillards de l’église Sainte-Marie-Majeure.
Son pontificat fut surtout marqué par ses rapports avec les Lombards, les Byzantins et l’Occident. Lorsque l’empereur byzantin Léon l’Isaurien ordonna la destruction de toutes les images, statues, mosaïques, peintures représentant Dieu, le Christ et les saints en 726, il condamna la doctrine iconoclaste [2]et répondit aux menaces de l’empereur par une lettre restée célèbre. Grégoire y opposa la barbarie de l’Orient qui se dit civilisé à la civilisation chrétienne qui se développe dans l’Occident barbare. En 718, il reçut l’Anglo-saxon Wynfrith à qui il imposa le nom de Boniface avec la mission d’évangéliser les païens de la Thuringe, de la Hesse et de la Bavière, et à qui, en 722, il conféra la consécration épiscopale pour la Germanie.
Cultivé et éloquent, il fit promulguer des Constitutions en 721 et fut, selon le Liber pontificalis un « défenseur intrépide des règles de l’Église et opposa une résistance héroïque à toutes les entreprises contraires. » Avec lui la véritable puissance temporelle du pape commence. Il est mort à Rome en 731