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Bouchard d’Avesnes (1170-1244)

dimanche 4 juin 2023, par ljallamion

Bouchard d’Avesnes (1170-1244)

Seigneur d’Étrœungt et bailli de Hainaut-Sous-diacre à l’église de Laon

Fils de Jacques, seigneur d’Avesnes [1], de Leuze et de Condé et d’Adeline, dame de Guise [2]. Il est le frère de Gautier II d’Avesnes, futur comte de Blois [3] et de Chartres [4] du fait de son épouse Marguerite, fille de Thibaut V de Blois.

Noble hennuyer, il commence sa carrière comme chantre [5] et sous-diacre à l’église de Laon [6] et est nommé bailli [7] du comté de Hainaut [8] en 1212. À ce titre, il a la tutelle de Marguerite, sœur de Jeanne, comtesse de Flandre [9] et de Hainaut, laquelle avait envoyé Marguerite pour la soustraire aux ambitions des partisans du roi de France. Rapidement et avec l’arrangement du roi Philippe Auguste ils s’épousent, mais Marguerite n’a que 10 ans, et les comtes de Flandre Jeanne et son mari Ferrand n’ont pas donné leur consentement.

Bouchard s’enhardit et envahit les domaines de son frère Gautier, à qui il reproche d’avoir recueilli la majorité de l’héritage paternel. Il envahit ensuite le comté de Flandre, de sorte que Ferrant et Jeanne acceptent le mariage de leur sœur et la dotent. Il combat sous la bannière flamande à Bouvines [10] en juillet 1214.

À la suite de cette victoire du roi de France, le pape Innocent III, probablement sur le conseil du roi de France, déclare le mariage de Bouchard et de Marguerite illégal en 1215 et somme les époux de se séparer.

Devant leur insoumission, il les excommunie le 19 janvier 1216. Bouchard et Marguerite, qui ont déjà un fils, Baudouin, se réfugient dans le comté de Luxembourg [11] où naissent 2 autres fils.

En 1219, au cours d’un combat, Bouchard est capturé par les hommes de sa belle-sœur qui l’emprisonne à Gand [12] pendant 2 ans. Pour obtenir sa libération, Marguerite accepte la dissolution de son mariage.

Bouchard part alors en Italie où il combat pour le Saint-Siège [13]. Revenu en Flandre, selon certains, il aurait été décapité à Rupelmonde [14] par ordre de la comtesse Jeanne. Selon d’autres, il vécut jusqu’en 1244.

Marguerite s’étant remariée en 1223 avec Guillaume II de Dampierre, et pour régler les différends entre les enfants des deux lits, le roi de France, Louis IX, donne le comté de Flandre aux Dampierre [15] et le comté de Hainaut aux Avesnes.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Suzanne Martinet, Montloon, reflet fidèle de la montagne de Laon et des environs de 1100 à 1300, juin 1972.

Notes

[1] Avesnes-sur-Helpe est une commune française située dans le département du Nord

[2] Guise est une commune française située dans le département de l’Aisne

[3] Le comté de Blois était une juridiction féodale du Royaume de France née vers 900. Le premier vicomte est Garnegaud, décédé en 906. Son successeur était le chevalier bourguignon Thibaud l’Ancien qui reçut également la vicomté de Tours en 908 et en 940, il devint vicomte de Blois et de Tours. Il mourut en 943 et son fils Thibaut le Tricheur prend le titre de Comte de Blois et s’empare du comté de Chartres. Son fils Eudes 1er devient Comte de Blois et de Chartres, de Tours, de Châteaudun, de Provins et de Reims. Son fils Thibaut II lui succède de 996 à 1004 . Son frère Eudes II rajoute à son domaine le comté de Meaux et le comté de Troyes. Il meurt en 1019, date à laquelle les domaines sont divisés. La dynastie continua jusqu’à la mort de Thibaut VI, donnant le comté à sa fille Marguerite de Blois. Le comté passe alors dans la Maison d’Avesnes puis de Blois-Châtillon. En 1397, le comté est intégré au Duché d’Orléans par manque de descendance

[4] Terre à proximité de la Normandie, le Chartrain a été au cours des 9ème et 10ème siècles secoué par les invasions et guerres normandes, notamment en 858 et en 911. Pour fixer les populations normandes et mettre ainsi un terme au saccage des terres du royaume, Carloman fait le chef viking Hasting « comte de Chartres » en 882, après l’avoir battu en 879. Sitôt comte, Hasting vend sa possession en 886. Vassal du duc des Francs Hugues le Grand, un certain Thibaud de Blois profite de la jeunesse de l’héritier au titre ducal pour s’ériger en « comte de Blois » vers 960 alors que son père en était le vicomte. Bientôt, les terres personnelles du comte sont augmentées du comté de Chartres ainsi que la vicomté de Châteaudun. Le titre reste dans les mains de la famille de Thibault jusqu’en 1286, date à laquelle le comté est de nouveau fondu dans le domaine royal.

[5] Le chantre ou conducteur de louange assure un ministère de chanteur principal, et généralement instructeur, dans une église, avec des responsabilités pour la chorale ou l’équipe de louange dans la messe ou le culte, ainsi que les répétitions. Dans un lieu de culte catholique, le rôle des chantres a longtemps été considéré comme nécessaire pour faire entendre la parole divine, texte et musique étant liés, selon une tradition qui remonte à l’Antiquité. Leur statut peut être celui de clercs mais aussi de laïcs. Ils sont devenus beaucoup moins fréquents dans l’Église catholique. Les chantres sont toujours présents dans les Églises anglicane et luthérienne. Dans les églises chrétiennes évangéliques, le chantre est appelé conducteur de louange.

[6] Laon est une commune française, préfecture du département de l’Aisne. Ville fortifiée sur une colline, Laon possède de nombreux monuments médiévaux, des hôtels particuliers et des maisons des 16ème , 17 et 18ème siècles en grand nombre, notamment dans les rues Sérurier, Saint-Jean, Saint-Cyr ou Vinchon, véritables musées urbains.

[7] Le bailli était, dans l’Ancien Régime français, un officier de judicature représentant de l’autorité du roi ou du prince dans le bailliage, chargé de faire appliquer la justice et de contrôler l’administration en son nom. Il s’agissait de l’équivalent de nos actuels préfets. La juridiction dont est responsable un bailli s’appelle un bailliage. En France méridionale, le terme généralement utilisé était sénéchal et la circonscription la sénéchaussée. En Provence, les couples de mots « bayle », « baillie » et « viguier », « viguerie » étaient répandus. Les bailliages ont été établis au 12ème siècle sur le domaine royal, notamment par Philippe Auguste. Il était à l’origine porté par des commissaires royaux qui rendaient la justice, percevaient les impôts et recevaient, au nom de la couronne, les plaintes du peuple contre les seigneurs. Leur juridiction, régularisée avec les Capétiens fut d’abord très étendue ; mais l’abus qu’ils firent de leur puissance obligea les rois à la réduire. Vers le 16ème siècle, le rôle du « bailli » était devenu simplement honorifique, le lieutenant général du bailliage et d’autres officiers se répartissant son pouvoir. Néanmoins, leur office était noble et d’épée ; Charles IX, en 1560, les déclara officiers de robe courte.

[8] Le comté de Hainaut ou Hainau est un ancien comté qui relevait du Saint Empire romain germanique, qui se trouvait en bordure du royaume de France. Le traité de Meerssen en 870 attribue le comté de Hainaut à Charles le Chauve, qui en fait en 877 un fief héréditaire de la couronne de France. Il en confia probablement le gouvernement à un certain Enguerrand, probablement originaire de Flandre. La prise de possession de la Lotharingie par Louis le Jeune en 880 dut mettre fin à cet interim.

[9] Le comté de Flandre a été un pagus carolingien, puis l’une des principautés du royaume de France, particulièrement impliquée dans les conflits franco-anglais, aux frontières et à l’influence durement disputées depuis sa création au 9ème siècle jusqu’en 1384, date de la mort du comte Louis de Male. Le comté, possédé par la Maison de Flandre de 863 jusqu’à la mort de la dernière comtesse, Marguerite de Constantinople, en 1280, puis par la Maison de Dampierre-Flandre, puis devenu l’une des possessions de la Maison capétienne de Bourgogne en 1385, devint alors l’un des principaux centres des États bourguignons. Après la Guerre de succession de Bourgogne il fut ensuite progressivement intégré aux Pays-Bas bourguignons et fut finalement détaché du royaume de France par le Traité de Madrid en 1526 en faveur des Habsbourg d’Espagne. Louis XIV en reconquit une partie sur les Espagnols. Le comté cessa d’exister en 1795 après la conquête des Pays-Bas autrichiens par les Français. Le territoire de ce comté correspond approximativement aux provinces belges actuelles de Flandre-Occidentale et de Flandre-Orientale, à l’ouest de la province de Hainaut (arrondissements de Tournai et Mouscron), plus la partie de la province d’Anvers située à l’ouest de l’Escaut, la Flandre zélandaise et la région historique de Flandre française (région de Lille, Dunkerque, Hazebrouck, Douai,…).

[10] La bataille de Bouvines est une bataille qui se déroula le dimanche 27 juillet 1214 près de Bouvines, dans le comté de Flandre (aujourd’hui dans le département du Nord), en France, et opposant les troupes royales françaises de Philippe Auguste, renforcées par quelques milices communales et soutenues par Frédéric II de Hohenstaufen, à une coalition constituée de princes et seigneurs français, menée par Jean sans Terre, duc d’Aquitaine, de Normandie et roi d’Angleterre, et soutenue par l’empereur du Saint Empire Otton IV. La victoire est emportée par le roi de France et marque le début du déclin de la prédominance seigneuriale.

[11] Le comté de Luxembourg, en tant que principauté territoriale, est une création des descendants de Sigefroi. Conrad 1er est le premier à porter explicitement le titre de comes de Luccelemburc. Le château fort Lucilinburhuc devient le point d’ancrage à partir duquel s’opère le rassemblement territorial au cours des 11, 12 et 13ème siècles. L’agrandissement du territoire se fait par les mariages, par l’achat de terres, par les liens de vassalité et surtout par la guerre. Les comtes de Luxembourg réussissent à soumettre leurs rivaux, même s’ils subissent parfois des revers comme à la bataille de Worringen en 1288, où le comte Henri VI et trois de ses frères tombent, mortellement blessés. À la fin 13ème siècle, le comté de Luxembourg occupe un vaste espace situé entre Meuse et Moselle. Il a la particularité d’être situé à cheval sur la frontière linguistique, une partie étant germanophone et une autre francophone.

[12] Gand est une ville belge néerlandophone, située en Région flamande au confluent de la Lys et de l’Escaut. C’est le chef-lieu de la province de Flandre-Orientale et depuis 1559 le siège de l’évêché de Gand. Capitale de l’ancien comté de Flandre, grande cité drapière et commerçante, puis ville natale de Charles Quint, elle connut à partir du 12ème siècle, et plus encore du 14ème au 16ème siècle, une période de floraison tant économique que culturelle. En 1500, Jeanne de Castille y donna naissance à Charles Quint, futur empereur romain germanique et roi d’Espagne. Quoique natif de Gand, celui-ci prit des mesures brutales pour réprimer la révolte de Gand en 1539, exigeant que les notables de la ville défilent pieds nus avec une corde autour du cou : depuis cette époque, les Gantois sont surnommés Stroppendragers (les « garrotés »). La congrégation de Saint-Bavon fut dissoute, son monastère rasé et remplacé par une caserne ducale. Seuls quelques édifices de l’ancienne abbaye échappèrent à la démolition. La fin du 16ème et le début du 17ème siècle se traduisirent par des bouleversements liés à la guerre de Quatre-Vingts Ans. Face à la menace des troupes espagnoles, des états généraux des Dix-Sept Provinces se tiennent à Gand en 1576. Il en résulte un acte de pacification qui affirme l’autonomie nationale contre les ministres et les troupes espagnoles. Don Juan d’Autriche est obligé d’accepter la pacification de Gand. Cependant, la minorité calviniste, organisée en un parti d’une grande efficacité, s’empare du pouvoir par la force. En 1577, les calvinistes s’appuient sur le programme du prince d’Orange qui promet la restauration des libertés communales. Les vieilles magistratures municipales retrouvèrent leurs prérogatives, les chartes confisquées réapparurent et les métiers siégèrent derechef à la Collace. Gand est pour un temps une république calviniste. Mais bientôt les Espagnols, conduits par Alexandre Farnèse, reprirent la ville, la convertissant définitivement au catholicisme. Les conflits de la guerre de Quatre-Vingts Ans mirent un terme au rayonnement international de Gand. La ville est prise en 1678 par Vauban

[13] Le Saint-Siège ou Siège apostolique est une personne morale représentant le pape et la curie romaine. C’est un sujet de droit international qui entretient des relations diplomatiques avec les États et qui est membre d’organisations internationales ou y est représenté. Son existence remonte à celle de la papauté ainsi qu’à la structuration, à partir du 11ème siècle, de la curie romaine et d’une diplomatie pontificale. Celle-ci a d’abord été faite de relations diplomatiques entre le pape et les souverains, rois et empereurs, puis avec les États modernes à mesure de leur constitution dans l’histoire. Sur le plan du droit international, le Saint-Siège existe aujourd’hui comme « sujet de droit primaire » à l’égal des États, c’est-à-dire qu’il est reconnu par les États mais ne doit pas son existence à cette reconnaissance. L’existence du Saint-Siège est liée à la personne du pape et non pas à un territoire. Ainsi, le Saint-Siège est resté un sujet de droit international entre 1870, date de la fin des États pontificaux, et 1929, date de l’instauration de l’État du Vatican par les accords du Latran. Le Saint-Siège et le Vatican sont deux entités distinctes bien qu’elles aient l’une et l’autre le pape à leur tête. Le Vatican se compose du Saint-Siège, entité spirituelle et de l’État de la cité du Vatican, entité temporelle. Le lien entre ces deux entités est le pape, chef du spirituel et du temporel, disposant du pouvoir absolu (exécutif, législatif et judiciaire). Les représentants du Saint-Siège auprès des États et des organismes internationaux sont les nonces ou des délégués apostoliques.

[14] Rupelmonde est une section de la commune belge de Kruibeke située en Région flamande dans la province de Flandre-Orientale. La localité est située sur la rive gauche de l’Escaut au confluent de la rivière Rupel

[15] La maison de Dampierre est une grande famille du Moyen-Âge, originaire de Dampierre (Aube). Ses différentes branches se sont développées à partir du 11ème siècle en Champagne, en Artois, et dans plusieurs provinces de la Belgique actuelle. Toutes les branches de cette famille se sont éteintes avant la fin du Moyen Âge.