Bienvenue sur mon site historique. Bon surf

L’histoire pour le plaisir

Accueil du site > Histoire du 17ème siècle > Jan Stampioen ou Jean Stampion

Jan Stampioen ou Jean Stampion

lundi 27 mars 2023, par lucien jallamion

Jan Stampioen ou Jean Stampion (1610-1653)

Mathématicien néerlandais

Fils et père d’arpenteur et de cartographe, il fut célèbre en son temps et devint précepteur du prince Guillaume d’Orange puis de Christiaan Huygens.

Ayant fait imprimer en 1639 une nouvelle algèbre en langue flamande démarqué de la Géométrie deDescartes, il s’attira les foudres du philosophe qui eut raison de lui au travers de l’arpenteur Jacob A. Waessenaer.

Son père, prénommé également Jan Jansz Stampioen, était lui-même arpenteur et facteur d’instruments astronomiques. Ce dernier fonde une société savante avec Isaac Beeckman, le Collegium mechanicum [1]. Il enseigne lui-même les mathématiques à son fils. En 1632, Jan qui reste en correspondance avec Beeckman, et qui professe les mathématiques à Rotterdam [2], donne un premier traité de trigonométrie sphérique démarqué d’Albert Girard. Ce traité est annexé aux“ Tabulae sinuum tangentium secantium” de Frans van Schooten le vieux le père de l’éditeur de Descartes.

En 1633, il propose un problème à la sagacité de ses contemporains. Descartes lui répond mais Jan conteste sa victoire car Descartes s’est contenté d’une mise en équation, sans la résoudre, ce qui paraît une trivialité au philosophe mais provoque entre eux une réelle inimitié. Pour en ajouter, un peu, le philosophe pose en retour à Stampioen une question infaisable contenant un énoncé tronqué.

En 1636, le 19 mars, le conseil de Rotterdam emploie Stampioen pour donner des leçons de mathématiques publiques. Il se marie l’année suivante avec Annetje Pieters Bock. En 1638, il déménage à La Haye [3]. Il y est nommé par le stadhouter Frederic Henri d’Orange-Nassau précepteur du prince Guillaume.

Il ouvre alors avec son beau-frère, Barthout Pietersz Bock, un atelier d’imprimerie du nom de In sphaera mundi, où il publie ses propres livres de mathématiques, qu’il revend le 7 septembre 1640 à Francq van der Spruyt.

En 1639, Stampioen imprime une Algèbre selon de nouvelles règles de 366 pages, où il donne parmi de nombreuses propositions de géométrie et d’algèbre des recettes pour réduire les équations cubiques dans un corps quadratique pour certains cas particuliers. Ce livre, dédié au prince Frédéric-Henri, a le même format que la "Géométrie", et la même disposition des formules, il contient de luxueuses épures et de nombreuses figures. Enfin, il est publié chez l’éditeur-même de Descartes, Jean Maire de Deydel. Est-ce de la provocation ? Aussitôt, Jacob A. Waessenaer aidé par Descartes, se fend d’une critique de ce livre.

Pour répondre à ces attaques, Stampioen publie trois pamphlets : Dagh-vaerd-brief, en octobre 1639, Tweeden dagh-vaerd-brief, en novembre et Derde dagh-vaerd-brief 10 jours plus tard. L’année suivante, leur dispute arrive devant un jury. La somme de 600 florins (gulden) mise en jeu doit revenir aux nécessiteux de la ville par l’entremise du recteur Nicolaus Dedel de l’université de Leyde [4].

Descartes appuie de tout son poids son prête-nom. Waessaenaer publie de nouvelles critiques et Jan voit ses propositions condamnées le 24 mai 1640.

En 1640, il fait publier par Francq van der Spruyt son Pentalogos, un pamphlet dirigé contre le philosophe, qu’il signe sous le nom de Mercurius Cosmopolita. C’est un essai à 5 voix où l’auteur critique le Discours de la Méthode et son auteur. En 1648 un second pamphlet, Notæ in programma quoddam, contre Descartes verra le jour avec pour auteur "Theophilus Cosmopolita". L’auteur y critique essentiellement les "Météores" selon un point de vue "hermétique" hérité de Paracelse. En 1641, il perd sa mère, Annetje Willemsdr.

En 1644, il est nommé précepteur de Christiaan Huygens. Malgré l’amitié qui le lie à Descartes, Constantin Huygens n’hésite pas à choisir Jan Stampioen comme précepteur pour son fils. Cet élève célèbre suit les leçons de Jan avec son frère cadet. Le maître dresse alors la liste des 16 livres mathématiques qu’il faut d’après lui avoir lu.

En 1645, Jan perd sa femme, Annetje Pieters Bock. Il se remarie avec Cornelia Dathelaer ; puis, après le décès de cette dernière, avec Anna Maria de Wolf.

Chargé de concours, Jan se montre alors d’une grande sévérité pour les étudiants de l’université de Leyde et Frans Van Schooten, excédé, demande son renvoi sans solde. Rejeté par ses pairs, il s’exile dans les Pays-Bas espagnols [5].

En 1651, il travaille à Bruxelles auprès de l’Archiduc Léopold-Guillaume de Habsbourg . Il meurt dans l’explosion d’une poudrière à Atrecht [6] en 1653.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Pierre Costabel Descartes et la racine cubique des nombres binômes. Propos sur un document retrouvé concernant le dernier acte de la controverse Stampioen-Waessenaer (1969)

Notes

[1] un groupe d’échange sur des sujets techniques

[2] Rotterdam est une commune néerlandaise, située dans la province de Hollande-Méridionale. Fondée au 12ème siècle, Rotterdam s’est organisée autour de la digue de la rivière Rotte (qui donne son nom à la ville) et les premiers ports de pêcheurs : le vieux port, Oude Haven et les quais de Haringvliet. Elle reçoit son statut de ville en 1340. Le commerce y fleurit pendant plusieurs siècles, tandis que le port s’étend et que le commerce avec les Indes occidentales et orientales s’accroît.

[3] La Haye a été fondée en 1248 par Guillaume II, comte de Hollande et roi d’Allemagne, puis du Saint Empire romain germanique. À cette date il a ordonné la construction d’un château dans une forêt près de la mer en Hollande, dans lequel il avait l’intention de s’installer après son couronnement. Guillaume II mourut dans une bataille avant celui-ci, stoppant ainsi la construction avant la fin. Aujourd’hui le château est appelé le « Ridderzaal » (littéralement : « salle des Chevaliers ») et est encore utilisé pour des événements politiques. Par la suite, La Haye a été le centre administratif des comtes de Hollande. De puissantes villes hollandaises comme Leyde, Delft et Dordrecht s’accordèrent pour choisir la petite et peu importante ville de La Haye comme leur centre administratif. Cette situation n’a jamais été remise en cause, ce qui fait aujourd’hui de La Haye le siège du gouvernement, mais pas la capitale officielle des Pays-Bas qui est Amsterdam.

[4] L’université de Leyde est la plus ancienne des universités néerlandaises. Située à Leyde, elle est très réputée et a été fréquentée par plusieurs membres de la famille royale des Pays-Bas. Pour remercier les habitants de Leyde de leur résistance héroïque contre les Espagnols, le prince Guillaume d’Orange leur offrit une université en 1575. L’université de Leyde fut la première université néerlandaise et ouvrit officiellement le 8 février 1575

[5] Les Pays-Bas espagnols étaient les États du Saint Empire romain rattachés par union personnelle à la couronne espagnole sous le règne des Habsbourgs, entre 1556 et 1714. Cette région comprenait les actuels Pays-Bas, Belgique, Luxembourg, ainsi que des territoires situés en France et en Allemagne. La capitale était Bruxelles.

[6] (Arras)