Bienvenue sur mon site historique. Bon surf

L’histoire pour le plaisir

Accueil du site > Histoire du 19ème siècle > Le 19ème siècle en France > Bataille de Pozzolo le 25 décembre 1800

Bataille de Pozzolo le 25 décembre 1800

lundi 7 novembre 2022, par ljallamion

Bataille de Pozzolo le 25 décembre 1800


Avant-propos : Après les victoires françaises de Montebello [1] et deMarengo, Bonaparte s’est emparé d’une bonne partie de l’Italie, mais la guerre n’est pas finie, les autrichiens possèdent encore 2 armées, celle d’Allemagne commandée par Kray , et celle du Tyrol commandée par Bellegarde .

Bonaparte a laissé le commandement de l’armée d’Italie au général Brune , celui-ci a pour mission d’enfoncer les lignes autrichiennes et de passer le Mincio [2], mais Bellegarde possède un forte armée de 60 000 soldats et défendaient les 2 points de Valleggio [3] et de Salionzo [4], situés aux deux coudes du Mincio, et formant avec le point de passage un triangle équilatéral de 3000 toises de côté. La partie s’annonce difficile.


Brune devait être obligé, pour attaquer le centre de la ligne ennemie, d’être en butte à tous ses feux convergents. Mais ce point de passage avait pour les français l’avantage d’être plus près de Vérone [5]. De plus, en le forçant, il était facile d’établir sur les hauteurs qui se lient au camp retranché de Castel-Novo, point central des plus avantageux entre le Mincio et l’Adige [6], et d’où il n’y avait qu’un pas à faire pour intercepter la route du Tyrol [7].

Le passage du Mincio à Molino-della-Volta était moins avantageux, en ce que la retraite devenait plus difficile, si l’on échouait ; car Pozzolo domine la rive droite . L’ennemi était d’ailleurs près de cet endroit maître de places fortes, comme Peschiera [8] et Mantoue [9], d’où il pouvait aisément faire avancer en ligne plusieurs milliers de combattants.

Il fut résolu cependant que l’aile droite passerait à la Volta et le reste de l’armée à Monzembano [10], sous la protection de 40 pièces d’artillerie. L’avant-garde, la gauche, le centre et la réserve, furent porté sur ce point.

Le premier passage était d’abord considéré comme une simple diversion propre à favoriser celui de Monzembano. Ce projet, conforme aux instructions de Bonaparte, devait lier Brune et Macdonald et isoler Bellegarde de sa droite.

Par suite d’une erreur dans la calcul des mouvements des troupes, la gauche n’arriva pas à temps au lieu indiqué, ce qui décida Brune à remettre au lendemain le passage de Monzembano, sans contre-mander pourtant l’ordre d’établir un pont à la Volta.

Il crut que la diversion sur ce point n’en serait pas moins efficace, quoique opérée 24 heures avant la véritable attaque, calcul contraire à tous les principes, et d’après lequel Pierre Dupont de l’Étang pouvait être écrasé isolément par toute l’armée impériale autrichienne.

Ce malheur n’arriva point, un épais brouillard cacha les mouvements de la droite à l’ennemi, concentré sur les hauteurs de Valleggio, clef de toute la ligne. Dupont, établi le 24 au soir, près de la Volta, n’avait que 2 milles à franchir pour gagner les bords du Mincio, vis-à-vis de Pozzolo, où il se trouva, le 25 à la pointe du jour.

Le chef de brigade Macon, ayant avec des tirailleurs passé la rivière sous la protection de 2 batteries et de la mousqueterie de la division Watrin , débusqua quelques faibles postes ennemies qui se trouvaient sur la rive gauche, et on travailla activement à la construction du pont.

Ce pont, malgré le feu des batteries autrichiennes et les efforts de 1200 hommes qui tentèrent de s’opposer à sa construction, fut terminée en moins de 2 heures. Les autrichiens furent rejetés sur Pozzolo par le général Musnier qui passa le Mincio avec une demi-brigade pour soutenir Macon.

Les troupes de la division Watrin continuaient à filer, et à mesure qu’elles arrivaient de l’autre coté de la rivière, s’engageaient pour contenir l’ennemi qui se renforçait sans cesse. Ce fut alors que Dupont reçut du général en chef l’ordre “de n’engager aucune action importante sur la rive gauche, et de se borner à protéger par le feu de ses batteries le pont jeté à Molino’’.

Dupont jugea peu convenable de retirer les troupes de Watrin qui avaient déjà gagné du terrain, et résolut de suivre ses succès.

Suchet, instruit que Dupont courait un risque de succomber dans une lutte aussi inégale, résolut de la secourir avec la division de Honoré Théodore Maxime Gazan  ; et, ordonnant à la division Loison de relever les troupes du centre qui masquaient Borghetto [11].

Cette résolution rendit Brune indécis. Il savait que l’ennemi avait sous Villa-Franca, point central entre le lac de Garde [12], Mantoue et Vérone, un corps de 45 bataillons, 12 régiments de cavalerie, une partie de la garnison de Mantoue et une réserve de grenadiers hongrois.

Il espéra le tromper en faisant soutenir Dupont, qui semblait alors effectuer l’attaque principale à Pozzolo, et décider ainsi le général autrichien à négliger la position de Monzembano, qui devait être assaillie le lendemai.

Avec cette indécision, néanmoins, qui domine certains esprits, il ne sut pas s’arrêter à la seule des 2 mesures qui lui restaient à prendre, c’est-à-dire porter sur-le-champ Louis-Gabriel Suchet au secours de Dupont, et le suivre lui-même avec le gros de l’armée, ou persister dans le projet de passage à gauche, laissant sa droite aux prises avec l’ennemi.

Tandis qu’il balançait au lieu d’agir, Suchet avait déjà marché sur Pozzolo, Brune prescrivit alors à Jean Boudet de le remplacer à Borghetto, mais il persista à garder sa gauche et ses réserves à Monzembano, pour y passer le lendemain.

Pendant ce temps, Watrin, soutenu par les batteries de la rive droite du Mincio, avait enlevé Pozzolo . Dupont plaça aussitôt ses troupes le long de la digue, depuis le village jusqu’aux moulins de la Volta, et s’y tint comme dans une tête de pont.

Bellegarde, dont le camp n’était qu’à deux heures de marche de Pozzolo, informé de la vigueur de l’attaque sur ce point, crut le projet de Brune pleinement démasqué, et y dirigea aussitôt tout ce qu’il avait de forces disponibles . Klaim et Vogellang s’y portèrent.

Le premier devait attaquer Pozzolo de front, et l’autre, par la gauche à midi. Leurs troupes étaient déjà engagées quand Mounier, débouchant après une marche pénible, occupa le village et permit ainsi à Watrin de resserrer sa ligne à hauteur de Molino, en face de Pasini. Pendant ce temps, Suchet, qui s’était porté au secours de Dupont avec la division Gazan, arrivait aux environs de Volta.

Il comprit qu’il était nécessaire de s’engager aussitôt pour assurer le succès de Dupont. Sans attendre les nouveaux ordres de Brune, il fit aussitôt établir son artillerie sur le plateau qui commande la rive gauche dans cet endroit, et il produisit ainsi une heureuse diversion en faveur de Watrin, dont en ce moment la division, assaillie avec fureur par les colonnes autrichiennes, ne se défendait qu’avec peine dans les retranchements naturels que forme la digue de Pozzolo jusqu’au moulin.

L’ennemi, impatient de déloger Watrin de cette position, le chargea en flanc, mais la ferme contenance du 11ème hussard et le feu de la droite du Mincio déjouèrent cette tentative, dans laquelle Watrin enleva près de 1000 prisonniers, un drapeau autrichien et 5 pièces de canon.

Les autrichiens, écrasés, rétrogradèrent et réunirent leurs efforts pour rompre, à Pozzolo, la droite des français, que Kaim attaquait avec non moins de fureur.

Ce poste, défendu avec une extrême opiniâtreté, mais assailli avec acharnement et pas des masses énormes que renfonçaient sans cesse des troupes fraîches, fut emporté de vive force.

Dans ce combat les français, repoussèrent plusieurs assauts mais luttant à 1 contre 4, ils plièrent. Au lieu de fuir cette scène de combat, le capitaine Mathieu de la 8ème demi-brigade d’infanterie légère s’enferma dans une maison avec 30 chasseurs et s’y défendit obstinément.

Suchet, voyant l’état critique de la droite, mais n’osant pas la faire secourir par toutes ces forces, détacha une réserve d’une brigade sous les ordres du général Colli . A peine cette brigade était-elle déployée et portée en avant, qu’elle fut enfoncée par une charge impétueuse, et ramenée avec les bataillons de Monnier jusqu’au Mincio.

L’ennemi fut alors arrêté par la mitraille et le feu de la mousqueterie partant de la rive droite. Un mouvement d’hésitation se fit voir chez les autrichiens ; les français se rallièrent. Watrin, sorti des retranchements avec ses 3 demi-brigades, attaqua les impériaux par le flanc droit. Dupont le seconda par une attaque de front.

Les impériaux sont repoussés à la baïonnette, forcés de plier, ils perdirent en un instant ce qu’ils avaient gagné au prix de tant de sang. Pozzolo fut repris, et le brave capitaine Mathieu délivré.

Les français, emportés par leur ardeur, avaient laissé les ponts sans défenseurs. Suchet se hâta d’y envoyer le reste de la division Gazan, mais cette division était à peine sur la gauche du Mincio, que Bellegarde, qui assistait en personne à la bataille, dirigea sur Pozzolo une nouvelle colonne d’attaque, particulièrement composée de troupes fraîches.

Le village fut repris aux français épuisés de fatigue. Wattrin, qui se trouvait alors à une lieue au-delà, au milieu de la plaine, se replia en bon ordre sous la protection des batteries du centre. Monnier, soutenu par un bataillon de la division Gazan, parvint à repousser les autrichiens hors de Pozzolo.

Ce poste, attaqué de nouveau, fut, durant plus de 6 heures, le théâtre d’un lutte acharnée, et pris et repris plusieurs fois par les 2 partis. 2 nouvelles brigades du centre, suivies d’une partie de la réserve de cavalerie sous Davout , passèrent encore le Mincio.

L’ennemi se renforçait aussi à chaque instants, et l’arrivée des troupes fraîches était pour chaque parti l’occasion et le moyen d’un retour de fortune.

A la nuit, les français restèrent maître du champ de bataille, sans que le combat fut terminé pour autant.

Watrin était rentré dans ses retranchements de crainte d’une surprise ; il croyait l’ennemi en pleine retraite, quand il fut tout d’un coup assailli d’une grêle de balles, de boulets et de mitraille. C’était une nouvelle attaque de Bellegarde.

La lune, s’étant montré, tout à coup laissa voir deux masses de grenadiers qui s’avançaient intrépidement contre la digue, dont elles n’étaient plus qu’à 25 pas. Des feux de bataillons les obligèrent à la retraite avec grande perte. A 8 heures du soir, les autrichiens firent encore une tentative aussi vaine sur Pozzolo.

Le feu ne cessa entièrement qu’à 9 heures. Cette grande bataille se termina par une victoire française à l’arraché, Brune avait rempli son contrat qui était de faire passer le Mincio à son armée, malgré les critiques sévères des militaires, il avait tout de même réussi son pari. Bellegarde qui voulait absolument empêcher les français de passer le Mincio échoue donc dans son contrat.

Mais il est tout de même intéressant de préciser que Brune doit sa victoire à la ténacité de ses généraux : Suchet, Dupont, Gazan et Watrin .Après la bataille de Pozzolo, les autrichiens effectuent une retraite dans laquelle Brune leur infligent une série de défaites, les français s‘emparent ensuite de Vérone. Moreau va terminer le travail.

Les pertes françaises à Pozzolo sont de 1200 tués, celles des allemands : 4000 hommes hors de combat et 2000 prisonniers avec 9 pièces de canons, le général Kaim fut grièvement blessé.

Pendant toute la bataille, les français luttèrent avec 25 000 soldats contre 45 000, ce qui fait de Pozzolo, un exploit pour nos armes. La 6ème légère, le 28ème et le 40ème de ligne s’y distinguèrent fortement.

Notes

[1] La bataille de Montebello a eu lieu le 20 prairial an VIII (9 juin 1800) près de Montebello en Lombardie. Elle opposa l’avant-garde de l’armée française, commandée par le lieutenant-général Lannes, aux troupes autrichiennes, dirigées par le feldmarschall adjoint Ott.

[2] Le Mincio est une rivière peu considérable dont les deux rives se dominent alternativement, mais la droite s’élève particulièrement plus haut que la gauche aux rentrans de Monzembano et du moulin de la Volta, près de Pozzolo, Bellegarde avait particulièrement surveillé le premier poste, de fortes redoutes, élevées

[3] Valeggio sul Mincio est une commune italienne de la province de Vérone dans la région Vénétie en Italie.

[4] Salionze est une partie de la commune italienne de Valeggio sul Mincio dans la province de Vérone en Italie.

[5] Vérone est une très ancienne ville italienne, dans la région de Vénétie (plaine du Pô), sur les rives de l’Adige, à proximité du lac de Garde.

[6] L’Adige est un fleuve d’Italie qui naît dans les Alpes, aux confins de la Suisse et de l’Autriche, et se jette dans la mer Adriatique. Avec ses 410 km, c’est le deuxième fleuve italien après le Pô, mais également le troisième pour la taille du bassin versant après le Pô et le Tibre et le quatrième pour le débit après le Pô, le Tessin et le Tibre, avec un débit annuel moyen de 235 m3 à son embouchure. Il traverse les villes de Trente, Vérone, Legnago, Cavarzere et longe Merano, Bolzane, Rovereto et Rovigo. Il traverse les régions du Trentin-Haut-Adige et de la Vénétie. La vallée dans laquelle il coule prend différents noms : val Venosta entre la source et Mérano, la vallée de l’Adige entre Mérano et Trente, Vallagarina entre Trente et Verone, puis la plaine du Pô entre Vérone et l’embouchure.

[7] Le comté de Tyrol était un comté du Saint Empire romain germanique, ayant pour capitale la ville de Merano puis à partir de 1420, Innsbruck. C’est en 1140 que naît le comté. Cet État a existé pendant plus de 750 ans, jusqu’à sa division en 1919 par le traité de Saint-Germain-en-Laye.

[8] Peschiera del Garda est une commune italienne de la province de Vérone dans la région Vénétie.

[9] Le duché de Mantoue était une principauté située en Lombardie, dans le nord de l’Italie actuelle, vassale du Saint Empire romain germanique. Créé en 1530 pour le marquis de Mantoue Frédéric II, le duché exista de 1530 à 1797. Le 2 avril 1707, les Autrichiens ont pris possession du duché, qui est passé ainsi de la Maison Gonzague, qui le gouvernait depuis sa création, aux Habsbourg, qui possédaient aussi le duché de Milan, et avec lequel il se trouvait en continuité territoriale.

[10] Monzambano est une commune italienne de la province de Mantoue dans la région Lombardie en Italie.

[11] Borghetto est un hameau de la commune de Valeggio sul Mincio, dans la province de Vérone, en Vénétie (Italie).

[12] Le lac de Garde est un lac des Alpes italiennes. Avec une superficie de 367 km2 et une profondeur maximale de 346 m, il est le plus grand lac d’Italie. Il est situé dans le nord de l’Italie, à mi-chemin entre Venise et Milan. Il se trouve dans une région alpine et a été formé par des glaciers à la fin du dernier âge glaciaire. Le lac est partagé entre les provinces de Vérone (au sud-est), Brescia (au sud-ouest) et Trente (au nord). La superficie du lac de Garde est de 367 km2, sa longueur maximale de 51,6 km et sa plus grande largeur de 17,2 km, pour un périmètre de 158,4 km. Sa profondeur maximale est de 346 m, la profondeur moyenne de 137 m et l’altitude du plan d’eau de 65 m au-dessus du niveau de la mer. La partie septentrionale du lac est longue et étroite, et entourée de montagnes, principalement celles appartenant au Monte Baldo.