François Auguste de Thou (1604-1642)
Magistrat français-Conseiller d’État
Fils de Jacques-Auguste de Thou et de Gasparde de la Chastre, il hérite de la charge de maître de la Librairie. Mais il se lie à Gaston d’Orléans, et s’oppose ainsi à la politique de Richelieu. Il meurt décapité pour crime de lèse-majesté dans la conspiration du marquis de Cinq-Mars.
Il est conseiller au parlement de Paris [1] en 1626 et conseiller d’État [2] peu de temps après. En 1617, il hérite de son père de la charge de maître de la Librairie mais laissera Nicolas Rigault , garde de la Bibliothèque du roi, l’assumer.
Collectionneur, il possédait le Minuscule 601 [3], dont Colbert fit don à la Bibliothèque royale et qui est aujourd’hui à la Bibliothèque nationale de France.
De 1632 à 1635, il est intendant de Bourgogne [4] et intendant des armées auprès du cardinal Louis de Nogaret de La Valette.
Il commet l’imprudence de se lier avec Gaston d’Orléans, frère du roi, le marquis Louis d’Astarac de Fontrailles et d’autres ennemis du cardinal de Richelieu, qui de fait, lui retire toutes ses charges.
Son entremise coupable entre la reine Anne d’Autriche et Marie de Rohan , la duchesse de Chevreuse est pardonnée, mais il chute avec le marquis de Cinq-Mars, favori du roi Louis XIII, surnommé Monsieur le Grand.
Arrêté le 13 juin à Narbonne [5], il ne révèle pas les intelligences avec l’Espagne, et ce silence lui est compté pour crime de fait : un traité avec une puissance étrangère, sans l’accord du roi, relève du crime de lèse-majesté.
Richelieu et Louis XIII ordonnent alors leur transport à Lyon et leur emprisonnement au château de Pierre Scize [6], le 3 septembre 1642. Cinq-Mars et de Thou sont jugés et condamnés à mort.
Ils sont tous 2 exécutés à Lyon, place des Terreaux [7], le 12 septembre. Leur supplice devient un massacre, leur bourreau étant inexpérimenté.
Le corps de François-Auguste de Thou fut enseveli dans l’église des Carmélites de Lyon [8], son cœur à Paris, en l’église Saint-André-des-Arts [9].
Notes
[1] Le parlement de Paris est une institution française de l’Ancien Régime. Il fait partie des cours souveraines, rebaptisées cours supérieures à partir de 1661 (début du règne personnel de Louis XIV). Issu de la Curia regis médiévale, le parlement apparaît au milieu du xiiie siècle et prend progressivement son autonomie pour juger le contentieux sous forme d’un organe spécialisé aux sessions régulières, la curia in parlamento, que saint Louis établit dans l’île de la Cité, à côté du palais de la Cité, et qui reçoit sa première réglementation générale avec une ordonnance de Philippe III le Hardi en 1278. À partir du 15ème siècle, treize autres parlements furent érigés à partir d’institutions locales parfois beaucoup plus prestigieuses, comme l’échiquier de Normandie, ou beaucoup plus anciennes, comme les États de Provence, ou mêmes créés ex nihilo ; néanmoins, celui de Paris, cour de justice du Roi, ultime suzerain, et donc d’ultime recours, devint ainsi prééminent. On le mentionnait souvent simplement comme « le Parlement ».
[2] Le Conseil du roi était un ensemble d’organes collégiaux, institutionnalisés et permanents chargés de préparer les décisions du roi de France et de le guider de leurs avis. La formule « Car tel est notre plaisir » n’était pas appliquée arbitrairement, mais après consultation. Charles V devait poser le principe, respecté par tous ses successeurs, selon lequel le roi ne décide qu’après « bonne et mûre délibération ».
[3] un manuscrit d’une partie du Nouveau Testament rédigé en grec ancien datant du 13ème siècle
[4] L’histoire de la Bourgogne retrace le passé du territoire que l’ancienne région administrative française de Bourgogne a en majeure partie repris de l’ancien duché. Elle l’inscrit dans la suite des ensembles géopolitiques qui, dans cet espace et au-delà, ont partagé le même nom. Devenue royale sous Louis XI, la partie française de la Bourgogne garde ses États et son Parlement, préservant ainsi son individualité jusqu’à la Révolution française. Durant des siècles, son histoire se compose de l’écho des grands événements, des transformations économiques générales et du contrecoup des révolutions parisiennes. Elle épouse le destin de la France et connaît les jours sombres des occupations. De grands noms comme ceux de Bossuet, Rameau ou Buffon, pour ne citer que quelques-uns des plus illustres Bourguignons, continuent à l’illustrer dans le domaine des arts, des lettres et des sciences.
[5] Narbonne est une commune française située dans le département de l’Aude. Jusqu’à la fin du Moyen Âge, Narbonne fut gouvernée par deux seigneurs : l’archevêque et le vicomte. De 1515 à 1523, le cardinal Jules de Médicis fut archevêque de Narbonne. Il quitta l’archevêché lorsqu’il devint pape sous le nom de Clément VII (1523-1534).
[6] Le château de Pierre Scize, également appelé Château de Pierre Encise aujourd’hui disparu, était situé sur la commune de Lyon, dans le département du Rhône. Il occupait une place stratégique, face à la Saône, qui matérialisait la frontière entre le royaume de France et le Saint Empire romain germanique. Le rocher sur lequel a été édifié le château semble avoir été fendu en deux, d’où son nom, qui signifie pierre fendue. Les origines de la forteresse remontent au 10ème siècle. Elle domine la Saône d’une cinquantaine de mètres, à un endroit où la rivière s’engouffre entre la colline de Fourvière et celle de la Croix-Rousse. De cet ensemble assez massif, se détachait une haute tour ronde édifiée au sommet du rocher et tenant lieu de donjon. On accédait au château par une porte, appelée porte de Pierre Scize, située au bas de la colline, puis par un escalier de plus de 200 marches, taillé dans le roc.
[7] La place des Terreaux est une place située dans le 1er arrondissement de Lyon. Place centrale au nord de la Presqu’île entre le Rhône et la Saône au pied de la colline de la Croix-Rousse, elle est bordée par deux monuments emblématiques de la ville, l’hôtel de ville sur le flanc est et le musée des Beaux-Arts sur le flanc sud. Au centre nord de cet espace se trouve la fontaine Bartholdi.
[8] L’ordre du Carmel est un ordre religieux catholique contemplatif. Ses membres sont appelés carmesa (pour les hommes) et carmélites (pour les femmes). Leur père spirituel est le prophète Élie. Fondé par des ermites sur le mont Carmel en Palestine à la fin du 12ème siècle, les premiers Carmes quittent leurs ermitages au début du 13ème siècle pour se réfugier en Europe. Après bien des tribulations, l’ordre érémitique se transforme en ordre monastique. Il connaît de nombreuses réformes dont la plus marquante est la réforme instituée par Thérèse d’Avila au 16ème siècle.
[9] L’église Saint-André-des-Arts dite dans les premiers temps Saint-André-de-Laas, puis Saint-André-des-Arcs, était une église, située sur la place du même nom dans le 6ème arrondissement de Paris. Bâtie de 1210 à 1212, sur une partie du Clos de Laas, elle aurait été élevée sur l’emplacement d’une antique chapelle dont aucune trace archéologique n’est venue confirmer l’existence (Saint-Andéol à Paris). Entièrement refaite et agrandie en 1660. Elle était sous le patronage de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés jusqu’en 1345, date à laquelle les religieux la rétrocèdent à l’Université.