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Béla III de Hongrie ou Béla III Árpád

samedi 3 septembre 2022, par ljallamion

Béla III de Hongrie ou Béla III Árpád (1148/1149-1196)

Roi de Hongrie du 1er mars 1172 au 24 avril 1196

Fils de Géza II et d’une princesse russe, Euphrosine de Kiev , belle-sœur de Éric II de Danemark, et de Knud Lavard , Roi des Obodrites [1]. À la suite d’un accord conclu entre son frère Étienne III de Hongrie et Manuel 1er Comnène il est envoyé à la cour byzantine où il est fiancé en 1163 avec la fille de l’Empereur byzantin et de sa première épouse Berthe de Sulzbach  ; Marie Comnène .

Rebaptisé Alexis, il est même un temps héritier du trône byzantin et reçoit la qualité de César [2]. Les fiançailles sont rompues en 1169 lors de la naissance de Alexis II Comnène le fils de Manuel 1er et de sa seconde épouse qui est déclaré héritier du trône en 1171.

Après la mort de son frère le 4 mars 1172 il revient en Hongrie avec l’accord de Manuel 1er mais il doit faire face à un parti favorable à son frères cadet le prince Géza qui revendiquait le trône.

Béla afin d’obtenir l’appui du Saint-Siège abandonne l’antipape Victor IV soutenu par Frédéric Barberousse. Du fait des réticences de l’intransigeant Lucas d’Esztergom [3], Alexandre III doit demander à l’archevêque de Kalocsa [4] de le couronner le 13 janvier 1173.

Le nouveau roi doit toutefois combattre des partisans de Géza qu’il fait emprisonner. Son frère s’évade et se réfugie en Autriche sous la protection de Henri II d’Autriche .

Béla III attaque l’Autriche en 1175 et après la mort d’Henri II, Géza cherche à rejoindre Frédéric Barberousse, mais le prince Sobeslav II de Bohême le livre à son frère qui l’emprisonne ainsi que leur mère qui s’était sans doute impliquée dans le complot.

Béla III mène une politique favorable au pape tout en conservant de bonnes relations avec Byzance [5] à qui il fournit des troupes auxiliaires pour combattre les turcs en 1176. Après la mort de Manuel 1er Comnène en 1180, le roi réoriente sa politique et prend le contrôle en 1180/1181 de la Dalmatie [6] et de la Sirmie [7]. Zara [8] se soumet également à la Hongrie. Il intervient ensuite dans la politique de l’empire byzantin et après s’être allié aux Serbes il prend le contrôle de Niš [9] et Sofia [10] vers 1185. Il donne sa fille Marguerite comme épouse au nouvel empereur Isaac II Ange. La reine Agnès d’Antioche étant morte vers 1184 après lui avoir donné plusieurs enfants il se remarie en 1186 avec Marguerite de France , fille de roi Louis VII

À l’intérieur de son royaume, il imite les monarchies occidentales pour améliorer l’administration de la Hongrie et crée une chancellerie et de nouveaux impôts [11]. Un inventaire des revenus ecclésiastiques et royaux de l’époque de Béla III indique que celui-ci aurait disposé annuellement de l’équivalent de 23 000 kg d’argent. Philippe-Auguste dispose à la même époque de 17 000 kg d’argent fin.

Le roi Béla III fait couronner dès 1182 son fils aîné Emeric ou Imre de Hongrie mais il ne lui attribue un domaine qu’en 1194 en lui inféodant la région côtière de Dalmatie et de Croatie [12]. Béla III meurt le 23 avril 1196 et il est inhumé à Székesfehérvár [13]

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Gyula Kristo Histoire de la Hongrie Médiévale Tome I le Temps des Arpads Presses Universitaires de Rennes (2000) (ISBN 2-86847-533-7).

Notes

[1] Les Abodrites ou Obodrites, Obotrites sont une confédération tribale slave établie au 6ème siècle dans les régions connues aujourd’hui sous le nom de Holstein et de Mecklembourg, au Nord-Est de l’Allemagne. Sa capitale est Luibice, l’actuelle Lübeck. À partir de 1147, les Abodrites deviennent la cible de croisades avant d’être intégrés au Saint Empire romain germanique en 1164. La confédération abodrite est composée de trois tribus principales : les Wagriens, les Polabes et les Abodrites à proprement parler. Elle est gouvernée par un roi, mais les familles nobles ont un pouvoir très important.

[2] « César » était l’un des titres des empereurs romains, les situant dans la continuité du dictateur romain Jules César. Le changement du cognomen en titre impérial romain remonte aux années 68-69 dite l’« Année des quatre empereurs ». Le titre perdure sous l’Empire byzantin.

[3] Esztergom, anciennement Strigonie, est une localité hongroise au rang de Ville de droit comital, située dans le comitat de Komárom-Esztergom, à la frontière entre la Slovaquie et la Hongrie. Capitale de la Hongrie du 10ème au 13ème siècle, la ville a joué un rôle très important dans l’histoire du pays. La cathédrale Saint-Adalbert, qui domine le Danube, est la plus grande basilique d’Europe centrale.

[4] Kalocsa est une ville du comitat de Bács-Kiskun, en Hongrie Elle est située sur la rive gauche du Danube, à 68 km au sud-ouest de Kecskemét et à 109 km au sud de Budapest. Siège de l’un des deux archevêchés créés au début du 11ème siècle par le roi Étienne 1er de Hongrie, la ville connut son apogée au 15ème siècle avant d’être totalement incendiée pendant l’occupation ottomane.

[5] Byzance est une ancienne cité grecque, capitale de la Thrace, située à l’entrée du Bosphore sous une partie de l’actuelle Istanbul. La cité a été reconstruite par Constantin 1er et, renommée Constantinople en 330, elle est devenue la capitale de l’Empire romain, puis de l’Empire romain d’Orient et enfin de l’Empire ottoman à partir de 1453 date de la prise de la ville par les Turcs. Elle fut rebaptisée Istanbul en 1930.

[6] La Dalmatie est une région littorale de la Croatie, le long de la mer Adriatique, qui va de l’île de Pag, au nord-ouest, à Dubrovnik et la baie de Kotor au Monténégro au sud-est.

[7] La Syrmie, Syrmia ou Sirmium en latin, est une ancienne province historique de Hongrie-Croatie, située entre le Danube et la Save, du confluent du Danube avec la Drave jusqu’à son confluent avec la Save en face de Belgrade. C’est en Syrmie que se trouve la Fruška gora, la seule montagne de Voïvodine, devenue aujourd’hui un parc national. On y trouve de nombreux monastères orthodoxes. Le nom de "Syrmie" vient du nom de la ville romaine Sirmium,.

[8] Zara est une ville et un district de la province de Sivas dans la région de l’Anatolie centrale en Turquie.

[9] Niš est une ville de Serbie située dans le district de Nišava. Niš, l’antique Naissos est l’une des plus anciennes villes des Balkans : les Thraces y habitaient à l’âge du fer ; les Triballes s’y installèrent suivis, après l’invasion celtique de 279 av. jc, par le peuple celte des Scordiques. En 75 av. jc, la ville fut conquise par les Romains sous le nom de Naissus. Trois empereurs y virent le jour : Constantin 1er, premier empereur chrétien, Constance III et Justin 1er. Les Huns d’Attila la prirent en 441, massacrant ou emmenant en esclavage sa population, mais elle fut reconstruite par l’autorité byzantine. En 1096, bien que chrétienne, elle est pillée par la première croisade de Godefroy de Bouillon. Au Moyen Âge serbe, Niš est alternativement serbe et bulgare avant d’être prise en 1396 par l’Empire ottoman qui la garda presque 5 siècles jusqu’en 1878 lorsqu’elle fut intégrée au royaume de Serbie.

[10] Sofia est la capitale de la Bulgarie, à 550 mètres d’altitude au pied du mont Vitocha, non loin du fleuve Iskar. Le principal établissement de la tribu thrace des Serdes se trouvait sur l’emplacement de l’actuelle Sofia. Cette tribu a donné son nom à la ville Serdica qu’ils ont bâtie au 7ème siècle av. jc. Par la suite, elle a été appelée Sredets par les Bulgares, et Triaditsa par les Byzantins. Le nom actuel de la ville lui fut donné en 1376 d’après la basilique Sainte-Sophie.

[11] douanes, péages, droits sur les foires et marchés

[12] La Croatie, est un pays d’Europe centrale et du Sud. Elle s’étend depuis les confins de l’extrémité orientale des Alpes au nord-ouest et depuis les plaines pannoniennes au nord-est, jusqu’au littoral de la mer Adriatique au sud-sud-ouest, en passant par le massif montagneux des Alpes dinariques au centre. Elle est entourée par la Slovénie, la Hongrie, la Serbie, la Bosnie-Herzégovine et le Monténégro. La Croatie fut, tout au long de son histoire, au carrefour de quatre grands espaces culturels, ce qui confère une richesse à son patrimoine, tant architectural qu’artistique. Outre le caractère slave de ses habitants qui remonte à la fin du 6ème siècle, la Croatie a subi les influences vénitiennes sur la côte dalmate d’une part, et les influences austro-hongroises dans les plaines du Nord de Slavonie et dans le bassin du Danube d’autre part.

[13] Székesfehérvár anciennement Albe Royale, est une ville de Hongrie, au Nord-Est du lac Balaton. Fondée en 972 par le Prince Géza, après son accession au pouvoir, le château de Székesfehérvár était destiné à défendre les marches de l’Europe contre l’Orient. À partir du premier roi chrétien de la Hongrie, Étienne 1er, les couronnements furent associés au nom de Fehérvár (le château blanc) jusqu’au 16ème siècle.