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Khosro 1er ou Khosrow 1er dit Anushiravan le Juste

mercredi 28 avril 2021, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 10 septembre 2011).

Khosro 1er ou Khosrow 1er dit Anushiravan le Juste

Roi de Perse de 531 à 579

Fils favori et successeur de Kavadh 1er et d’une paysanne. Il avait une très grande influence sur son père et l’aida dans les pires situations de son règne. Il était aussi à l’origine de beaucoup des décisions prises par son père.

Au début de son règne, il conclut une paix éternelle avec l’empereur byzantin Justinien, qui voulait avoir les mains libres pour la conquête de l’Afrique et de la Sicile [1]. Mais ses succès contre les Vandales [2] et les Goths [3] causèrent la reprise de la guerre par Khosro en 540.

Il envahit la Syrie et ramena les habitants d’Antioche jusqu’à sa résidence et leur construit une ville à côté de Ctésiphon sous le nom de Khosrau-Antioche ou Chosro-Antioche. Pendant les années suivantes, il combat successivement en Lazique ou Lazistan [4] durant la guerre lazique, sur la mer Noire et en Mésopotamie.

Les Byzantins [5], bien que menés par Bélisaire, ne purent pas grand chose contre lui. En 545, un armistice fut conclu, mais la guerre Lazique [6] continua jusqu’en 557. À la fin, en 562, une paix fut conclue pour 50 ans, dans laquelle les Perses laissaient la Lazique [7] aux Romains, et promettaient de ne pas persécuter les chrétiens, à condition que ceux-ci n’essaient pas de faire du prosélytisme auprès des zoroastriens [8] ; à l’inverse, les Romains devaient encore payer des tributs à la Perse.

Vers 570, les dynastes du Yémen [9], qui avaient été soumis par les Éthiopiens [10] d’Aksoum [11], s’adressèrent à Khosro 1er pour lui demander de l’aide. Le roi envoya une flotte avec une petite armée sous les ordres de Vahriz, qui expulsa les éthiopiens. Depuis cette époque jusqu’aux conquêtes de Mahomet, le Yémen était vassal de la Perse, et un gouverneur persan y résidait. En 571, une nouvelle guerre avec Rome éclata en Arménie, dans laquelle il conquit la forteresse Dara [12] en haute Mésopotamie, envahit la Syrie [13] et la Cappadoce [14] et revient avec un large butin. Durant les négociations avec l’empereur Tibère II, il meurt et est remplacé par son fils Hormizd IV.

Il posa les fondations de nombreuses villes nouvelles et de palais, les routes commerciales furent réparées et de nouveaux ponts et barrages furent construits sous on règne. Pendant son règne, les arts et les sciences furent florissants en Perse, et l’Empire sassanide [15] était à l’apogée de sa gloire et de sa prospérité. Son règne ainsi que celui de son père et celui de son successeur Khosro II sont considérés comme un second âge d’or dans l’histoire de l’Empire sassanide.

A son initiative de nombreux livres furent amenés d’Inde et traduits en Pehlevi [16]. Certains de ceux-ci trouvèrent leur voie dans la littérature du Monde islamique. Son célèbre ministre Burzoe traduisit le Pañchatantra [17] indien du sanscrit en pehlevi et l’appela“ Kalîleh va Demneh” qui fut ensuite transmis depuis la version perse en Arabie et en Europe.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Michael Axworthy, A History of Iran : Empire of the Mind, Basic Books, 2008 (ISBN 978-0-465-00888-9)

Notes

[1] La Sicile est la plus grande île méditerranéenne. Avec une superficie de 25 708 km², c’est la région la plus étendue de l’Italie et son territoire est constitué de neuf anciennes provinces à leur tour partagées en 390 municipalités. Elle est également la seule région italienne à compter 2 des 10 villes les plus peuplées du pays : Palerme et Catane. Son chef-lieu est Palerme.

[2] Les Vandales sont un peuple germanique oriental. Ils conquirent successivement la Gaule, la Galice et la Bétique (sud de l’Espagne), l’Afrique du Nord et les îles de la Méditerranée occidentale lors des Grandes invasions, au 5ème siècle. Ils fondèrent également le « royaume vandale d’Afrique » (439–534) dont la capitale fut Carthage.

[3] Les Goths faisaient partie des peuples germaniques. Selon leurs propres traditions, ils seraient originaires de la Scandinavie. Ils provenaient peut-être de l’île de Gotland. Mais ils pourraient également être issus du Götaland en Suède méridionale ou bien du Nord de la Pologne actuelle. Au début de notre ère, ils s’installèrent dans la région de l’estuaire de la Vistule. Dans la seconde partie du 2ème siècle, une partie des Goths migrèrent vers le sud-est en direction de la mer Noire. Dès le 3ème siècle les Goths étaient fixés dans la région de l’Ukraine moderne et de la Biélorussie où ils furent probablement rejoints par d’autres groupes qui ont été plus ou moins intégrés dans la tribu. Les Goths formaient un seul peuple jusqu’à la fin du 3ème siècle. Après un premier affrontement avec l’Empire romain dans le sud-est de l’Europe au début du siècle, ils se séparèrent en deux groupes : les Greuthunges à l’Est et les Tervinges à l’Ouest qui deviendront par la suite les Ostrogoths ou « Goths brillants », à l’Est, et les Wisigoths ou « Goths sages » à l’Ouest.

[4] l’ancienne Colchide

[5] L’Empire byzantin ou Empire romain d’Orient désigne l’État apparu vers le 4ème siècle dans la partie orientale de l’Empire romain, au moment où celui-ci se divise progressivement en deux. L’Empire byzantin se caractérise par sa longévité. Il puise ses origines dans la fondation même de Rome, et la datation de ses débuts change selon les critères choisis par chaque historien. La fondation de Constantinople, sa capitale, par Constantin 1er en 330, autant que la division d’un Empire romain de plus en plus difficile à gouverner et qui devient définitive en 395, sont parfois citées. Quoi qu’il en soit, plus dynamique qu’un monde romain occidental brisé par les invasions barbares, l’Empire d’Orient s’affirme progressivement comme une construction politique originale. Indubitablement romain, cet Empire est aussi chrétien et de langue principalement grecque. À la frontière entre l’Orient et l’Occident, mêlant des éléments provenant directement de l’Antiquité avec des aspects innovants dans un Moyen Âge parfois décrit comme grec, il devient le siège d’une culture originale qui déborde bien au-delà de ses frontières, lesquelles sont constamment assaillies par des peuples nouveaux. Tenant d’un universalisme romain, il parvient à s’étendre sous Justinien (empereur de 527 à 565), retrouvant une partie des antiques frontières impériales, avant de connaître une profonde rétractation. C’est à partir du 7ème siècle que de profonds bouleversements frappent l’Empire byzantin. Contraint de s’adapter à un monde nouveau dans lequel son autorité universelle est contestée, il rénove ses structures et parvient, au terme d’une crise iconoclaste, à connaître une nouvelle vague d’expansion qui atteint son apogée sous Basile II (qui règne de 976 à 1025). Les guerres civiles autant que l’apparition de nouvelles menaces forcent l’Empire à se transformer à nouveau sous l’impulsion des Comnènes avant d’être disloqué par la quatrième croisade lorsque les croisés s’emparent de Constantinople en 1204. S’il renaît en 1261, c’est sous une forme affaiblie qui ne peut résister aux envahisseurs ottomans et à la concurrence économique des républiques italiennes (Gênes et Venise). La chute de Constantinople en 1453 marque sa fin.

[6] La guerre lazique aussi appelée Grande Guerre d’Egris idi Omi ou Guerre colchique dans l’historiographie de la Géorgie), opposa les empires byzantin et sassanide pour le contrôle de la région de la Lazique (ou Egrisi) correspondant actuellement à l’ouest de la Géorgie. La guerre lazique dura une vingtaine d’années entre 541 et 562, ponctuées par des retournements de situation, pour finalement s’achever sur une victoire byzantine. La guerre lazique a été racontée en détail dans les ouvrages de Procope de Césarée et Agathias le Scolastique.

[7] Le royaume de Lazique, souvent simplifié en Lazique, ou encore Egrisi, est un ancien royaume situé dans l’ouest de la Géorgie entre le 1er siècle av. jc et le 7ème siècle. Il est situé sur une large partie de l’ancien royaume de Colchide, dont il est souvent désigné comme successeur après son intégration dans l’Empire romain. Durant une large partie de son existence, la Lazique était un protectorat de l’Empire byzantin.

[8] Le zoroastrisme est une religion (non-biblique) mais monothéiste où Ahura Mazdâ est seul responsable de l’ordonnancement du chaos initial, le créateur du ciel et de la Terre. Le zoroastrisme est une réforme du mazdéisme, réforme prophétisée par Zarathoustra, dont le nom a été transcrit en Zoroastre par les Grecs. Cette réforme est dite classiquement être intervenue au cours du 1er millénaire av. jc. mais les indices s’accumulent pour la faire remonter au millénaire précédent.

[9] Le Yémen est l’un des plus anciens centres de civilisation du Moyen-Orient, dans l’antiquité le pays était un territoire du Royaume de Saba. Le royaume de Saba est un royaume habituellement situé en Arabie du sud, actuel Érythrée, Yémen et nord de Éthiopie. Ce royaume, évoqué par la Bible et le Coran, a bel et bien existé, mais il est difficile de séparer le mythe de l’histoire. Ses habitants s’appellent les sabéens. Les sources suggèrent une existence bien postérieure à la période biblique du règne de Salomon.

[10] Considérée comme l’un des berceaux de l’humanité, l’Éthiopie est avec le Tchad, le Maroc et le Kenya, l’un des pays où l’on retrouve les plus anciens hominidés. On y a découvert Lucy en 1974 et, en 2003, les plus anciens spécimens d’Homo sapiens. Au sein de l’Afrique, l’Éthiopie se caractérise comme l’un des pays à avoir conservé sa souveraineté lors du partage de l’Afrique au 19ème siècle

[11] Aksoum ou Axoum est une ville septentrionale d’Éthiopie, dans la province du Tigré. C’est l’un des centres religieux de l’Église éthiopienne orthodoxe. Aksoum fut le centre de l’Empire aksoumite entre le 1er et le 6ème siècle de notre ère. Les Aksoumites ont adopté le christianisme comme religion d’État entre 330 et 360 sous le roi Ezana. On connaît, en effet deux séries monétaires en or, l’une portant le disque et le croissant, l’autre, la croix chrétienne. C’est ce qui permet de situer cet évènement dans cette fourchette. Le royaume d’Axoum a été le premier État à utiliser l’image de la croix sur ses monnaies. Cette religion aurait été importée par un prisonnier, Frumentius, qui avait obtenu la confiance du roi et qui devint, à sa mort, le conseiller de son épouse, veuve, entre 330 et 360. Il accorda des lieux de cultes aux marchands étrangers. Le chef de l’Église éthiopienne était nommé par le patriarche d’Alexandrie

[12] La bataille de Dara a eu lieu à la frontière des empires byzantin et sassanide au niveau de la ville fortifiée de Dara en 530. Elle débuta par les tirs des archers perses. Des lanciers et la cavalerie lourde chargèrent le flanc droit des forces byzantines, puis le gauche. Les cavaliers byzantins furent repoussés par ces charges. Cependant les archers montés Huns de Bélisaire avaient profité des charges ennemies pour les encercler. La cavalerie perse fut défaite et les fantassins au vu de cette perte s’enfuirent. Bélisaire refusa de les poursuivre.

[13] La Syrie fut occupée successivement par les Cananéens, les Phéniciens, les Hébreux, les Araméens, les Assyriens, les Babyloniens, les Perses, les Grecs, les Arméniens, les Romains, les Nabatéens, les Byzantins, les Arabes, et partiellement par les Croisés, par les Turcs Ottomans et enfin par les Français à qui la SDN confia un protectorat provisoire pour mettre en place, ainsi qu’au Liban, les conditions d’une future indépendance politique.

[14] La Cappadoce est une région historique d’Asie Mineure située dans l’actuelle Turquie. Elle se situe à l’est de la Turquie centrale, autour de la ville de Nevşehir. La notion de « Cappadoce » est à la fois historique et géographique. Les contours en sont donc flous et varient considérablement selon les époques et les points de vue.

[15] Les Sassanides règnent sur le Grand Iran de 224 jusqu’à l’invasion musulmane des Arabes en 651. Cette période constitue un âge d’or pour la région, tant sur le plan artistique que politique et religieux. Avec l’Empire romano byzantin, cet empire a été l’une des grandes puissances en Asie occidentale pendant plus de quatre cents ans. Fondée par Ardashir (Ardéchir), qui met en déroute Artaban V, le dernier roi parthe (arsacide), elle prend fin lors de la défaite du dernier roi des rois (empereur) Yazdgard III. Ce dernier, après quatorze ans de lutte, ne parvient pas à enrayer la progression du califat arabe, le premier des empires islamiques. Le territoire de l’Empire sassanide englobe alors la totalité de l’Iran actuel, l’Irak, l’Arménie d’aujourd’hui ainsi que le Caucase sud (Transcaucasie), y compris le Daghestan du sud, l’Asie centrale du sud-ouest, l’Afghanistan occidental, des fragments de la Turquie (Anatolie) et de la Syrie d’aujourd’hui, une partie de la côte de la péninsule arabe, la région du golfe persique et des fragments du Pakistan occidental. Les Sassanides appelaient leur empire Eranshahr, « l’Empire iranien », ou Empire des Aryens.

[16] Le moyen perse ou pehlevi, pèhlevî ou pahlavi, est une langue iranienne qui était parlée à l’époque sassanide. Elle descend du vieux perse. Le moyen perse était habituellement écrit en utilisant l’écriture pehlevi. La langue était aussi écrite à l’aide du script manichéen par les manichéens de Perse.

[17] Le Pañchatantra (Le Livre d’instruction en cinq parties) est un ancien recueil de contes et de fables (probablement le plus ancien qui nous soit parvenu). Ce livre écrit sous forme d’apologues racontant l’histoire des chacals Karataka et Damanaka.Sa compilation est traditionnellement attribuée à un brahmane du Cachemire nommé Vishnusharman, qui l’aurait produite au 3ème siècle avant notre ère, à la demande d’un râja, comme un guide de gouvernement à destination des princes. D’autres spécialistes placent la date de composition du noyau primitif vers le début de notre ère ou même plus tardivement. Le Pañchatantra a eu une riche postérité littéraire, notamment via le Kalîla wa Dimna arabo-persan.