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Martin de Tours dit Saint Martin

samedi 26 novembre 2022, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 16 août 2011).

Martin de Tours dit Saint Martin (316-8 nov. 397)

Évêque de Tours de 370 à 397

Saint Martin Évêque de Tours de 370 à 397

Né en Pannonie [1] il est le fils d’un officier païen, obligé de servir comme lui dans l’armée romaine, d’abord en Italie puis en Gaule.

C’est dans ce dernier pays, alors qu’il est en garnison à Amiens [2] dans la cavalerie impériale, que se produit l’épisode le plus fameux de sa vie.

Près d’une porte de la ville, un jour de l’hiver 337, il rencontre un mendiant nu et grelottant de froid , il coupe alors son manteau d’un coup d’épée et en donne une moitié au pauvre qui l’implore.

Pendant la nuit qui suit, le Christ lui apparaît en songe, portant la moitié du manteau offert au miséreux et le remerciant pour ce geste de charité.

Martin décida alors de quitter l’armée et de se convertir au christianisme. L’empereur lui refusa son congé, mais, comme il ne voulait plus porter les armes et se battre, il fut d’abord emprisonné, puis finalement relâché. De retour en Pannonie, il convertit sa mère et les gens de son entourage et commença une vie de prêches marquée d’errances et d’exils.

Enfin, après avoir vécu quelque temps en reclus sur une petite île des côtes de Ligurie [3], il trouva une aide spirituelle et un réconfort auprès de Hilaire, évêque de Poitiers [4], qui le baptisa et l’ordonna prêtre.

Vers 360, il obtint des terres à Ligugé [5], en Poitou [6], et y établit un ermitage, dans un dénuement total, il veut être seul pour prier Dieu et se repentir de ses fautes passées.

Solitude de courte durée , il est bientôt rejoint par des disciples, attirés par l’exemple de son ascétisme et de sa piété. Le groupe se développa rapidement en communauté religieuse et Ligugé devint le premier monastère fondé en Gaule. La renommée de Martin atteignit un tel rayonnement que le clergé et le peuple du diocèse de Tours l’élisent comme évêque en 370. Il refusa cette élection, se cacha, puis accepta par devoir.

Bien que remplissant scrupuleusement sa charge épiscopale pendant 27 ans, il continua à vivre en moine, d’abord dans une cellule près de sa cathédrale, ensuite au monastère de Marmoutier [7] qu’il fonda sur la rive droite de la Loire et qui devint rapidement une des plus grandes communautés monastiques d’Occident.

Jusqu’à sa mort, en 397, il fit œuvre de missionnaire non seulement dans son diocèse, mais dans toute la France de l’Ouest, évangélisant et convertissant les populations rurales de la Saintonge [8], du Berry [9] et de l’Auvergne [10]. Sous son impulsion, les temples païens, les idoles et arbres sacrés furent détruits, remplacés par des chapelles et des églises administrées par un prêtre. Lors d’une tournée pastorale, il tomba malade. Le 8 novembre 397, il est à l’agonie.

Tourangeaux et Poitevins se précipitèrent à son chevet. L’évêque était déjà considéré comme un saint, différents miracles, dont la résurrection d’un mort, lui sont attribués. Aussi, le corps de Martin fut-il objet de convoitise, le détenir assurera à la communauté une protection éternelle.

Par ruse, les Tourangeaux réussissent à s’en emparer. Le culte de celui que l’on surnomma “l’apôtre des Gaules” se répandit rapidement dans toute la Chrétienté et son tombeau devint un important centre de pèlerinage. En France, aujourd’hui encore, plus de 450 communes et près de 5.000 églises sont dédiées à saint Martin. Dans les localités qui comptent plusieurs églises dont une église Saint-Martin, celle-ci est presque toujours la plus ancienne. Une étude réalisée en Belgique montre que la concentration des églises Saint-Martin est plus importante à proximité immédiate des anciennes voies dites "romaines" et qu’elle décroît rapidement au fur et à mesure que l’on s’éloigne de ces voies. Ceci confirme que le christianisme nous a bien été imposé par les légions romaines et que la christianisation ne touchait, dans un premier temps, que les villes. A la campagne, les survivances païennes étaient beaucoup plus tenaces.

Le mot "païen" vient d’ailleurs du latin paganus, paysan. C’est à saint Martin que nous devons, en grande partie, la destruction de la culture celtique et gauloise.

Ce n’est que plus tard, lorsque le repli des légions romaines permettra l’arrivée de missionnaires venus d’Irlande, que les survivances druidiques resurgiront.

L’un de ces missionnaires sera Saint Colomban. On lui doit le mariage harmonieux entre traditions druidiques et traditions chrétiennes que l’on retrouve dans la Règle bénédictine et chez Saint Bernard.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Jacques Fontaine, Sulpice-Sévère, Vie de Saint-Martin, introduction, texte et traduction, commentaire et index, Édition du Cerf, 1967.

Notes

[1] La Pannonie est une ancienne région de l’Europe centrale, limitée au Nord par le Danube et située à l’emplacement de l’actuelle Hongrie, et partiellement de la Croatie et de la Serbie. Les habitants originaux sont les Pannoniens, qui sont envahis par les Celtes et les Boïens au 4ème siècle av. jc.

[2] Amiens est une commune française, préfecture du département de la Somme. Capitale historique de la Picardie, elle est la principale ville du département, la deuxième de la région après Lille et la vingt-septième de France. Surnommée la petite Venise du Nord en raison des nombreux canaux qui la traversent et des hortillonnages (ensemble de jardins flottants couvrant 300 hectares), Amiens offre un riche patrimoine et des quartiers pittoresques, témoins d’une histoire bimillénaire. Durant le Bas-Empire, la cité fortifiée constitue l’une des principales bases arrière du dispositif romain face aux Grandes Invasions. L’enceinte protège une superficie de 20 ha. À la charnière des 3ème et 4ème siècles, Samarobriva prend le nom d’Ambianorum. Ville éminente entre toutes, selon Ammien Marcellin, elle renforce son rôle militaire et devient une ville de garnison. Vers décembre 334, Martin, un légionnaire romain, partage son manteau avec un pauvre aux portes de la ville avant de se convertir au christianisme. La région est évangélisée à cette période et la tradition chrétienne fait de Firmin, Fuscien, Victoric et Gentien les premiers propagateurs de la foi nouvelle. En 350, Magnence, un général romain né à Amiens en 303, fait assassiner l’Empereur Constant 1er. Le 18 janvier 350, il se fait proclamer Empereur d’Occident. À Rome, ce païen convaincu fait restaurer les croyances anciennes tout en ménageant les autorités de la nouvelle Église chrétienne. Pendant son règne, il fait rebâtir les temples et célèbre avec faste de grands sacrifices nocturnes. Il crée un atelier monétaire dans sa ville natale. Le grand Empire romain vit ses dernières décennies et le pouvoir attise les convoitises ; Magnence est menacé par Constance II qui le fait battre en retraite.

[3] Région d’Italie située dans le nord-ouest de la péninsule. Son nom vient du peuple antique des Ligures, même si ceux-ci occupaient un territoire beaucoup plus étendu que celui de la Ligurie actuelle. La capitale régionale est Gênes. La Ligurie forme un arc de cercle autour du golfe de Gênes. Elle est entourée par les Alpes et l’Apennin. C’est une région très ouverte sur la mer et largement montagneuse.

[4] L’archidiocèse de Poitiers est un archidiocèse métropolitain de l’Église catholique en France. Érigé au 3ème siècle, il s’étend depuis le Concordat de 1801 sur deux départements, les Deux-Sèvres et la Vienne.

[5] Ligugé est une commune du Centre-Ouest de la France, située au sud de Poitiers, dans le département de la Vienne. La ville est surtout connue pour son abbaye Saint-Martin, plus ancien établissement monastique d’Occident encore en activité.

[6] Le Poitou était une province française, comprenant les actuels départements de la Vendée (Bas-Poitou), Deux-Sèvres et de la Vienne (Haut-Poitou) ainsi que le nord de la Charente et une partie de l’ouest de la Haute-Vienne, dont la capitale était Poitiers. Il a donné son nom au Marais poitevin, marais situé dans l’ancien golfe des Pictons, sur la côte occidentale de la France, deuxième plus grande zone humide de France en superficie après la Camargue ; le marais s’étend de l’Atlantique aux portes de Niort et du sud de la Vendée au nord de La Rochelle.

[7] L’abbaye de Marmoutier est une ancienne abbaye bénédictine située sur la rive droite de la Loire, un peu en amont de Tours. Fondée par Martin de Tours, peut-être dès 372, l’abbaye connut son apogée au Moyen Âge et ses dépendances s’étendaient dans une bonne partie de la France médiévale et jusqu’en Angleterre. Elle fut démembrée sous le Révolution française.

[8] La Saintonge est une ancienne province française dont les limites ont plusieurs fois varié avec le temps. Apparaissant comme une marche frontalière entre les domaines capétien et plantagenêt durant le bas Moyen Âge, elle est secouée par des luttes incessantes entre 1152 et 1451, ses seigneurs hésitant souvent entre l’attachement anglo-aquitain et le lien avec Paris. Tout montre que l’attachement anglo-aquitain y a été prédominant jusque vers la moitié du 14ème siècle. Néanmoins, les erreurs de conduite de Henry de Grosmont, comte de Derby puis du Prince Noir contribuent progressivement à affaiblir le pouvoir anglo-aquitain, et la province passe définitivement sous le contrôle du roi de France en 1451.

[9] Le Berry est une province historique de la France de l’Ancien Régime, ayant pour capitale Bourges, mais dont toute structure administrative disparaît définitivement avec la Révolution française. Le Berry est érigé en duché en 1360, que le roi de France Jean II le Bon confie en apanage à son fils Jean 1er de Berry (1340-1416). Le duché de Berry revient dans le domaine royal à la mort du Duc Jean, en 1416, avant de passer entre les mains de deux fils du roi Charles VI : d’abord à Jean puis à Charles, le futur Charles VII. Le duché de Berry est de nouveau concédé à Jeanne de France, fille de Louis XI en 1498. Le titre de duc de Berry sera ensuite épisodiquement donné à plusieurs princes de la famille royale, dont les plus célèbres sont Charles de France (1686-1714), cadet des petit-fils de Louis XIV, le futur Louis XVI et le second fils du roi Charles X. Le 31 décembre 1661, Philippe de Clérembault, comte de Palluau fut nommé gouverneur du Berry.

[10] L’Auvergne est une région culturelle et historique de France située au cœur du Massif central. Après la chute du royaume wisigoth de Toulouse, l’Auvergne passe sous la domination de Clovis, le roi des Francs. L’aristocratie pro-wisigothe d’Auvergne résiste à cette nouvelle domination comme en témoigne la révolte de Placidina et Arcade. Conquise militairement par Thierry en 536, l’Auvergne est rattachée à l’Austrasie pendant un siècle. Des aristocrates gallo-romains locaux sont nommés comtes et dirigent la province avec les évêques d’Auvergne. À la fin du 7ème siècle ou au début du 8ème siècle, l’Auvergne passe sous l’influence du duché d’Aquitaine. Gouvernée par les ducs d’Aquitaine qui portent également le titre de comte d’Auvergne, elle fait l’objet de convoitises entre francs et aquitains. Durant cette période, ce sont les évêques d’Auvergne qui exercent concrètement le pouvoir.