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Achôris

mardi 27 décembre 2016, par lucien jallamion

Achôris

Roi d’Égypte vers 393 av. jc

Partie haute d'une statue d'Achôris par William Matthew Flinders Petrie. Source : wiki/Achôris/ domaine publicSon règne est un renouveau national qui se manifeste par la reprise de grands travaux dans les temples : à Memphis [1], Louxor [2], Karnak [3], Médinet Habou [4], Tôd [5], Médamoud [6], El Kab [7] et Éléphantine [8].

Un certain nombre de statues et d’objets au nom d’Achôris confirment cette impression. Le fait que l’on en ait retrouvé jusqu’en Phénicie [9] indique également une reprise sur le plan international.

Dès le début de son règne Achôris prend l’initiative devant la menace permanente que représente l’Empire perse qui cherche à reprendre le contrôle de l’Égypte et de ses richesses. En 390, il passe une alliance avec Evagoras de Salamine, roi de Chypre [10] en exil, et Athènes ce qui repousse un temps le front, obligeant les perses à concentrer leurs efforts sur l’Asie mineure [11] et la Grèce.

L’alliance est payante. Evagoras reprend l’île de Chypre et les perses sont contenus par les efforts soutenus des égyptiens et des grecs au Moyen-Orient. Mais les perses jouent sur les dissensions entre les cités grecques en pariant sur la puissance spartiate pour affaiblir les positions athéniennes, ce qui finit par isoler Chypre et l’Égypte.

La paix d’Antalcidas [12] conclue en 387 entre les belligérants grecs et Artaxerxès II change la donne. Chypre et les cités grecques d’Asie mineure tombent entre les mains du grand roi tandis que la Grèce est épargnée, gardant un semblant de liberté au profit de Sparte. Le grand roi des perses a les mains libres pour reprendre le siège de la turbulente forteresse d’Égypte.

Achôris repoussa les armées perses qui tentèrent pendant trois ans, de 385 à 383, de vaincre une Égypte beaucoup mieux organisée qu’elle n’était avant son règne. Au lieu d’être divisées, ses forces sont regroupées sous une seule autorité.

La flotte égyptienne est l’une des plus puissantes de son temps, et l’armée bénéficie de l’appui de troupes d’élite grecques, encouragées par le parti antiperse et commandées par le général athénien Chabrias qui fortifie durablement les abords de la branche pélusiaque [13] du Nil. Non seulement les tentatives perses se soldent par un échec, mais les égyptiens parviennent à reprendre pied au Proche-Orient.

Achôris prétend être le petit-fils de Néphéritès 1er , et légitime ainsi son accession au trône après avoir chassé Psammouthis , lui-même usurpateur de la lignée officielle. L’ascendance d’Achôris n’est pas reconnue par les historiens et égyptologues, mais son règne ne marque pas de rupture dynastique s’inscrivant dans la dynamique initiée par le fondateur de la XXIXème dynastie. Son fils lui succédera sur le trône d’Égypte

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Claude Traunecker, « Essai sur l’histoire de la XXIXe dynastie », BIFAO, no 79,‎ 1979.

Notes

[1] Memphis est à l’origine le nom de Memphis, princesse de la mythologie grecque, qui aurait fondé une ville en Égypte à laquelle elle aurait donné son nom. Memphis était la capitale du premier nome de Basse Égypte, le nome de la Muraille blanche. Ses vestiges se situent près des villes de Mit-Rahineh et d’Helwan, au sud du Caire.

[2] Thèbes aujourd’hui Louxor est le nom grec de la ville d’Égypte antique Ouaset, appartenant au quatrième nome de Haute Égypte. Obscure capitale de province, elle prend une importance nationale à partir de la 11ème dynastie

[3] Le complexe religieux de Karnak abusivement appelé temple de Karnak ou tout simplement Karnak comprend un vaste ensemble de ruines de temples, chapelles, pylônes, et d’autres bâtiments situés au nord de Thèbes, aujourd’hui la ville de Louxor, en Égypte, sur la rive droite du Nil. Le complexe de Karnak, reconstruit et développé pendant plus de 2 000 ans par les pharaons successifs, de Sésostris 1er au Moyen Empire à l’époque ptolémaïque, s’étend sur plus de deux km², et est composé de trois enceintes. Il est le plus grand complexe religieux de toute l’Antiquité. Temple le plus important de la XVIIIème dynastie, il était consacré à la triade thébaine avec à sa tête le dieu Amon-Rê. Le complexe était relié au temple de Louxor par une allée de sphinx de près de trois kilomètres de long.

[4] Médinet Habou, est une cité proche de Thèbes en Égypte, sur la rive ouest du Nil, en face de la cité moderne de Louxor et de son ancien temple dédié à Amon-Min. Aujourd’hui, on la connaît surtout pour le temple des millions d’années de Ramsès III qui fut bâti à proximité d’un temple d’Amon de Djemé, connu aujourd’hui sous le nom de petit temple. C’est ce temple qui donna son nom au site.

[5] Tôd est le nom moderne de l’antique Djerty, siège d’un sanctuaire dédié à Montou qui faisait partie de cette chaîne « prophylactique » de sanctuaires qui ceinturaient la région de Thèbes.

[6] Médamoud est une ville d’Égypte antique à 8 km de Louxor. Elle possède un temple de Montou. Il y avait plusieurs temples construits par les rois du Moyen Empire, de la deuxième période intermédiaire et du Nouvel Empire, mais il ne reste que des inscriptions. Il subsiste des ruines du temple de Montou, d’Harpocrate et de Raït-Taoui de l’époque grecque et romaine.

[7] El Kab est le nom arabe de la ville antique de Nekheb. Les Grecs, qui avaient identifié Nekhbet à leur déesse des accouchements Eileithyia, donnèrent à cette ville le nom de Eileithyias polis ou Eileithyiapolis. Elle se situait entre le Nil et le désert, à l’embouchure du ouâdi Hilal ou wadi Hellal, à 90 km au sud de Thèbes, sur la rive droite du fleuve en face de Hiérakonpolis. Capitale du 3ème nome de Haute Égypte, le nome « de la Forteresse » ou « le Rural » ou « les deux plumes » elle resta une ville importante jusqu’à l’invasion arabe au 8ème siècle de notre ère. À cette occasion, elle fut presque totalement détruite.

[8] L’île Éléphantine est une île d’Égypte située sur le Nil, en face du centre-ville d’Assouan dont elle fait partie. Elle constitue une des nombreuses îles et rochers qui forment la première cataracte du Nil. Dans l’Égypte antique, l’île était une ville, capitale du premier nome de Haute Égypte, celui « du Pays de l’arc » ou « du Pays de Nubie » (tA-sty).

[9] Le territoire de la Phénicie correspond au Liban actuel auquel il faudrait ajouter certaines portions de la Syrie et de la Palestine. Les Phéniciens étaient un peuple antique d’habiles navigateurs et commerçants. Partis de leurs cités États en Phénicie, ils fondèrent dès 3000 av jc de nombreux comptoirs en bordure de la Méditerranée orientale, notamment Carthage en 814. Rivaux des Mycéniens pour la navigation en Méditerranée au 2ème millénaire av jc, ils furent d’après ce qu’on en sait les meilleurs navigateurs de l’Antiquité. L’invasion des Peuples de la Mer va ravager les cités phéniciennes, de même que Mycènes et les autres territoires qu’ils traversent, mais c’est ce qui va permettre aux Phéniciens de trouver leur indépendance vis-à-vis des puissances voisines qui les avaient assujettis puisque celles-ci seront elles aussi détruites par ces invasions. La chute de Mycènes en particulier va leur permettre de dominer les mers. Après avoir supporté les assauts des Athéniens, des Assyriens, de Nabuchodonosor puis de Darius III, la Phénicie disparut finalement avec la conquête par Alexandre le Grand en 332 av jc.

[10] Léguée à Rome par les souverains lagides, Chypre fut officiellement annexée en 58 av.jc. Marcus Caton fut envoyé en mission par le Sénat pour liquider le trésor lagide conservé à Chypre. Vers 34 avant notre ère, Marc Antoine restitua l’île à la reine Cléopâtre. Après la défaite de Cléopâtre et de Marc Antoine à Actium en 31 av. jc, l’île fut ré-annexée à l’empire romain.

[11] L’Anatolie ou Asie Mineure est la péninsule située à l’extrémité occidentale de l’Asie. Dans le sens géographique strict, elle regroupe les terres situées à l’ouest d’une ligne Çoruh-Oronte, entre la Méditerranée, la mer de Marmara et la mer Noire, mais aujourd’hui elle désigne couramment toute la partie asiatique de la Turquie

[12] La Paix d’Antalcidas est signée en 386 av. jc entre le roi de Perse Artaxerxès II et la cité de Sparte représenté par le général Antalcidas. Ce traité marque la fin de la Guerre de Corinthe. Elle est ensuite acceptée par Athènes, Thèbes, Corinthe et l’ensemble des cités grecques qui proclamèrent leur autonomie. Sparte devient la cité garante de la paix.

[13] Branche la plus orientale du delta du Nil passant près de la ville de Péluse.