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Guillaume II de Narbonne

dimanche 27 novembre 2016, par lucien jallamion

Guillaume II de Narbonne (mort en 1424)

Vicomte de Narbonne de 1397 à 1424-Juge d’Arborée de 1407 à 1420-Capitaine français du parti armagnac

Carte des différentes parties du Judicat d'ArboréeConseiller du dauphin, le futur Charles VII, au cours de la guerre des Armagnacs et des Bourguignons.

Il est le fils de Guillaume 1er vicomte de Narbonne de 1388 à 1397 et de son épouse Guérine, fille de Marquis de Beaufort [1], seigneur de Canillac [2] et de Catherine d’Auvergne.

Par son testament du 17 août 1397, rédigé peu avant sa mort, son père lui lègue la vicomté de Narbonne. Comme son fils est encore mineur, il lui donne comme tuteurs Pierre de Fenouillet, vicomte d’Ille et de Canet [3], son cousin germain, Jean de Son, seigneur de Fitou [4], son oncle et Raymond de Cascastel [5], son écuyer.

Devenue veuve, sa mère Guérine se remarie rapidement avec Guillaume de Tinières, seigneur de Mardogne en Auvergne.

En 1407, à la mort de son cousin Mariano V , juge d’Arborée [6], en Sardaigne, Guillaume revendique le judicat, en tant que petit-fils de Béatrice d’Arborée , fille du juge Mariano IV et épouse du vicomte Aymeri VI de Narbonne . Le vicomte entre ainsi en compétition avec Martin 1er de Sicile, héritier d’Aragon.

Le 6 octobre 1408, Martin de Sicile débarque à Cagliari [7] avec une forte armée, et ouvre les négociations avec Léonardo Capello, le représentant de Guillaume.

Le 8 décembre, Guillaume arrive à son tour en Sardaigne et rompt les négociations. Il est couronné à Oristano [8] le 13 janvier 1409.

À la recherche d’appuis militaires pour faire face aux forces aragonaises, le vicomte obtient le soutien du maréchal Boucicaut, gouverneur de Gênes [9] pour le roi de France.

En mai 1409, le roi Martin 1er d’Aragon envoie un ambassadeur à Charles VI pour se plaindre des agissements de Boucicaut, qui fait armer des galères et lever des troupes pour venir en aide aux Sardes révoltés contre les Aragonais et soutenir le vicomte de Narbonne.

En juillet suivant, Charles VI rappelle à l’ordre Boucicaut, lui rappelant l’alliance existant entre la France et l’Aragon et lui ordonnant de décommander les préparatifs militaires faits pour soutenir les Sardes.

L’infant Martin est victorieux à la bataille de Sanluri [10] le 30 juin, mais est victime de la malaria le 25 juillet. Son père Martin l’Ancien, roi d’Aragon, meurt quelques mois plus tard le 31 mai 1410.

Guillaume rentre en France pour chercher du secours, laissant à Leonardo Capello le gouvernement du judicat. Celui-ci capitule le 30 mars 1410. Guillaume retourne en Sardaigne cette même année et réorganise ses possessions autour de Sassari [11].

Les menées de Guillaume II en Sardaigne sont cependant toujours vues d’un mauvais œil à la cour de France, car elles compromettent les excellentes relations entretenues avec le royaume aragonais depuis plusieurs décennies.

Le 7 juillet 1410, le duc de Berry, lieutenant du roi en Languedoc, écrit aux sénéchaux de Toulouse [12], Carcassonne [13] et Beaucaire [14] pour les aviser qu’il interdit de s’armer en faveur de l’expédition sarde du vicomte de Narbonne.

Le 17 août 1420, le vicomte vend le Judicat d’Arborée à Alphonse V d’Aragon pour 100 000 florins d’or.

Lors de la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons [15], il adhère au parti des Armagnacs dès la constitution de la Ligue de Gien [16], le 15 avril 1410. Le 13 décembre 1415, il reçoit l’empereur Sigismond et les ambassadeurs de Castille, de Navarre, d’Aragon, des comtes de Foix et d’Armagnac qui signent les capitulations de Narbonne [17].

En juillet 1419, il est parmi les conseillers du dauphin qui négocie avec le camp bourguignon l’accord qui se conclut par le Traité de Pouilly-le-Fort [18], le 11 juillet.

Le 10 septembre 1419, il participe, dans la suite du futur Charles VII, à l’entrevue de Montereau [19] qui se termine par l’assassinat de Jean sans Peur.

En 1422, Guillaume de Narbonne bat les Anglais à Bernay [20], conjointement avec le comte d’Aumale qu’il fait chevalier avant l’action. Charles VII, pour le récompenser de ses services, lui offre la châtellenie de Cessenon [21].

Il contribue, en 1424, à la prise de la Charité-sur-Loire [22] et de Cosne [23].

Guillaume est tué à la bataille de Verneuil [24], le 17 août 1424.

Sa dépouille est par la suite inhumée à l’abbaye de Fontfroide [25], lieu traditionnel de sépulture de la famille vicomtale narbonnaise.

Dernier vicomte de Narbonne de la famille de Lara, il meurt sans postérité et lègue sa vicomté à son demi-frère utérin Pierre de Tinières, né du remariage de sa mère avec le seigneur de Mardoigne, à condition qu’il relève les armes de Narbonne et le nom de Guillaume. Celui-ci vend la vicomté de Narbonne en 1447 à Gaston IV comte de Foix et vicomte de Béarn.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « William III of Narbonne »

Notes

[1] La seigneurie de Beaufort fut achetée en 1270 par Blanche d’Artois, épouse du comte Henri III de Champagne. Elle se remaria en 1276 avec Edmond d’Angleterre, comte de Lancastre, et lui apporta la seigneurie en dot. Devenu possession des comtes de Lancastre, Beaufort va constituer pendant toute la guerre de Cent Ans, un verrou anglais au cœur de la Champagne. Jean de Gand, duc de Lancastre donna le nom de Beaufort aux quatre bâtards qu’il eut de Catherine Swinford, fondant ainsi la Maison de Beaufort, qui joua un rôle important durant la guerre des Deux-Roses. Son château fort, puissamment fortifié, dominait la plaine de Brienne et était réputé imprenable, et c’est par trahison que Charles V réussit à s’emparer du château en 1369. Donnée à Philippe II le Hardi, duc de Bourgogne, la seigneurie passa aux Armagnac, mais revint à la couronne de France lorsque Jacques d’Armagnac fut condamné à mort par Louis XI en 1477.

[2] Canilhac est une ancienne commune française, située dans le département de la Lozère. Haut lieu du Gévaudan féodal, la baronnie de Canilhac était le siège de la puissante famille du nom qui s’illustra dans toute la région.

[3] Canet ou Canet-d’Aude est une commune française située dans le département de l’Aude. Les seigneurs de Canet furent les archevêques de Narbonne jusqu’à la fin du 18ème siècle. Dès l’année 1183, un acte de vente a lieu au bénéfice de l’Archevêque.

[4] Fitou est une commune française située dans le département de l’Aude. En raison de sa position près de la frontière entre l’Espagne et la France, le village fut exposé plusieurs fois aux invasions.

[5] Cascastel-des-Corbières est une commune française située dans le département de l’Aude. Au 13ème siècle, les droits seigneuriaux sur Cascastel se partageaient entre les abbés de Lagrasse et deux co-seigneurs laïcs, Raymond de Castel et Sicart de Cascastel.

[6] Le Judicat d’Arborée est un des quatre judicats qui naquirent en Sardaigne au 8ème siècle pour remplacer un Empire romain devenu trop lointain (celui de Byzance) et pour se protéger notamment des razzias arabes. L’Arborée se développa dans la partie centre-occidentale de l’île, riche en terres agricoles et pastorales (les autres judicats sont ceux de Logudoro ou de Torres, de Gallura, de Cagliari ou Pluminos). Le Judicat d’Arborée, comme du reste les trois autres judicats était un royaume souverain selon le principe juridique Superiorem non recognoscens, avec un territoire subdivisé en Curatorie, des districts dirigés par un curateur et comprenant des centres habités appelés « ville » (différent du mot français homonyme, du latin villa). Le judicat avait son propre Parlement, la Corona de Logu, composé des représentants des Curatorie. Il possédait son propre domaine public, le Rennu, votait les lois, avait des frontières et frappait monnaie. Son chef était le Judex ius dicens (celui qui dit la loi). Le juge tirait son autorité non seulement de l’hérédité mais également par la reconnaissance de son Imperium par la Corona de Logu.

[7] Cagliari ou Caglier est une ville italienne, capitale de l’île de Sardaigne, région autonome d’Italie. Le nom sarde de Cagliari, Casteddu, signifie « château ». De 1324 à 1848, Cagliari fut la capitale du royaume de Sardaigne, devenu royaume d’Italie en 1861, quand Turin fut érigée en capitale officielle.

[8] Oristano est une ville, chef-lieu de la province de même nom en Sardaigne (Italie). C’était la capitale du judicat d’Arborée jusqu’en 1410, après l’abandon de la première capitale, Tharros. En 1637, dans le cadre de la guerre de Trente Ans, la flotte française commandée par le comte d’Harcourt débarquait et prenait possession de la ville en détruisant les fortifications.

[9] Gênes est une ville italienne, capitale de la Ligurie, premier port italien et deuxième port de la mer Méditerranée. Au Moyen Âge, Gênes est l’une des quatre Républiques maritimes italiennes avec Venise, Amalfi et Pise dont elle devint la plus puissante pendant plusieurs siècles à la suite des Croisades. Elle connaît en particulier deux apogées, tout d’abord de 1284 à 1381, militairement et politiquement, puis de 1550 à 1630 environ, financièrement cette fois. On appelle cette période « le siècle des Génois ». La République de Gênes comprend la Ligurie actuelle, la Corse et des colonies au Moyen-Orient, en Grèce, autour des bouches du Danube, en Crimée et en Afrique du Nord. Du 13ème siècle à la fin du 15ème , la mer Noire est une mer génoise

[10] La bataille de Sanluri a eu lieu le 30 Juin, 1409 dans une vallée au sud du château et du village fortifié de Sanluri , en Sardaigne du Sud, entre les troupes du royaume de Arborée dirigé par Guillaume III de Narbonne et l’armée de Martin 1er de Sicile , héritier de la Couronne d’Aragon et le premier-né Martin d’Aragon dit l’Ancien cinquième roi de Sardaigne.

[11] Sassari est une ville de la province de Sassari en Italie. Pendant la seconde moitié du 13ème siècle, Sassari est une commune dirigée par un podestà, alliée d’abord avec Pise puis avec Gênes.

[12] En France, avant la Révolution française, la sénéchaussée de Toulouse était une circonscription administrative, financière et judiciaire. Elle était présidée par un sénéchal nommé par le roi, généralement choisi dans la sphère aristocratique, qui jugeait en première instance les affaires criminelles dans lesquelles des membres de la noblesse étaient en cause, et en appel les sentences des juridictions inférieures. Ses décisions pouvaient elles-mêmes faire l’objet d’un appel devant le Parlement de Toulouse.

[13] Carcassonne est une commune française, préfecture du département de l’Aude. En 1226, Carcassonne est rattachée officiellement au domaine royal et devient une sénéchaussée, qui est une circonscription administrative, financière et judiciaire. L’ancien palais des vicomtes est transformé en une véritable forteresse.

[14] La sénéchaussée de Beaucaire, de 1215 jusqu’à la Révolution française, fut une circonscription judiciaire qui étendit sa juridiction sur les actuels départements de l’Ardèche, du Gard, de l’Hérault et de la Lozère. Elle était placée sous la responsabilité des sénéchaux de Beaucaire, officiers au service du roi de France. Ils avaient leur résidence à Nîmes, ce qui les fait nommer quelquefois sénéchal de Beaucaire et de Nismes.

[15] La guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons est un conflit qui ravagea le royaume de France, déjà en lutte avec le royaume d’Angleterre pendant la guerre de Cent Ans. Les Bourguignons sont favorables au modèle anglais (d’autant plus que la Flandre appartient au duché de Bourgogne), tandis que les Armagnacs défendent le modèle français. De la même manière, le grand schisme d’occident a entraîné l’élection d’un antipape qui siège à Avignon (Clément VII) et est soutenu par les Armagnacs, alors que le pape de Rome (Urbain VI) est soutenu par les Anglais.

[16] La toute puissance de Jean Sans Peur suscite l’amertume et aiguise l’esprit de vengeance des nombreux partisans de Charles d’Orléans, neveu de Charles VI. Evincés du Conseil ou écartés de l’administration par la sévère épuration bourguignonne, les partisans des Orléans se regroupent le 15 avril 1410 au sein de la ligue de Gien, dirigée de fait par le duc Jean de Berry, frère de Charles VI.

[17] soustraction d’obédience au pape Benoît XIII

[18] Le traité de Pouilly-le-Fort, également nommé la « paix du Ponceau » est signé le 11 juillet 1419 par Jean sans Peur, duc de Bourgogne et le dauphin Charles (futur Charles VII). Le duc de Bourgogne espère beaucoup de son entrevue avec Henri V d’Angleterre. Mais ce dernier ayant refusé de l’écouter, Jean sans Peur se tourne alors vers le dauphin Charles. Tous deux se rencontrent à Pouilly-le-Fort le 11 juillet 1419 et signent un traité d’alliance. En se quittant le dauphin Charles et le duc de Bourgogne se donnent rendez-vous à Montereau afin de construire ensemble une stratégie qui leur permettra de lutter contre l’occupant anglais. Jean sans Peur se fait assassiner sur le pont de Montereau le 10 septembre 1419.

[19] Le 10 septembre 1419, Jean Ier de Bourgogne, dit « Jean sans Peur », est assassiné lors d’une entrevue avec le dauphin, le futur Charles VII, sur le pont de Montereau. Cet acte fait suite à l’assassinat de son cousin, le duc Louis 1er d’Orléans, frère du roi Charles VI, dont Jean sans Peur s’était rendu coupable douze ans plus tôt. Si les chroniqueurs bourguignons désignent les auteurs de l’attentat, ni le lit de Justice du 23 décembre 1419, ni le traité d’Arras du 21 septembre 1435, ne désignent nommément, comme auteurs du crime, les conseillers du roi Charles VII ayant participé à la rencontre.

[20] Bernay est une commune française située dans le département de l’Eure. La ville a connu de nombreuses périodes troubles, notamment durant la guerre de Cent Ans. Bernay changea plusieurs fois de mains pendant le conflit. En 1354, à la suite du traité de Mantes, la ville fut cédée par le roi Jean II le Bon à son gendre le roi Charles II de Navarre, avec de nombreuses autres terres normandes. Mais les deux hommes entrèrent rapidement en conflit. En avril 1356, Bernay fut reprise aux Navarrais après l’arrestation de Charles II, avant de lui être restituée en 1358. Le 19 avril 1378, après un court siège, la forteresse fut prise par Bertrand Du Guesclin contre la promesse faite à son capitaine, Pierre du Tertre d’intercéder en sa faveur auprès du roi de France Charles V. Dans la tour de la forteresse de Bernay, les Français s’emparèrent d’archives secrètes du roi de Navarre qui n’avaient pas été brûlées et qui mirent au jour de nombreuses alliances et complots de Charles II, avec les Anglais notamment. La forteresse fut détruite peu après. Bernay fut un temps restituée au fils de Charles II de Navarre, avant d’être confisquée par le roi Charles VI en 1385. Par la suite, la ville passa aux mains des Anglais avant d’être reprise par les troupes royales

[21] Cessenon-sur-Orb est une commune française située dans le département de l’Hérault. La châtellenie dont Cessenon était le chef-lieu s’étendait jadis sur 29 805 hectares et était composé par 15 villages. On trouve des traces de cette organisation du 10ème siècle jusqu’à la Révolution.

[22] La Charité-sur-Loire est une commune française située dans le département de la Nièvre. En 1365, durant la guerre de Cent Ans, La Charité est assiégée par l’ordre du roi Charles V, et mené par Philippe le Hardi duc de Bourgogne, secondé par le connétable Moreau de Fiennes ainsi que des maréchaux Mouton sire de Blainville et Boucicaut et près de 20 000 hommes d’armes. La ville détenue par des Navarrais, alliés des Anglais à cette époque, dû capituler. La reddition fut totale. La ville rentrait sous l’obéissance du roi de France. Les Français investirent la place et les fortifications furent en partie rasées.

[23] Cosne-Cours-sur-Loire est une commune française située dans le département de la Nièvre. Le site de Cosne est devenu le carrefour de plusieurs affrontements à travers l’Histoire tels que la guerre de Cent Ans et les guerres de religion. Henri V de Lancastre, malade, tentera de rejoindre la garnison bourguignonne de Cosne, mais mourra de la dysenterie à Vincennes en 1422.

[24] La bataille de Verneuil fut une bataille de la guerre de Cent Ans, qui se déroula le 17 août 1424, à 3 km au nord de Verneuil, à proximité du Château de Charnelles, en Normandie. Elle se solda par une victoire de l’armée anglaise.

[25] L’abbaye de Fontfroide est une abbaye cistercienne située dans la commune de Narbonne dans le département de l’Aude. Initialement abbaye bénédictine en 1093, elle est intégrée à l’ordre cistercien entre 1144 et 1145. Dans la seconde moitié du 12ème siècle, elle reçoit d’importants dons en terres d’Ermengarde de Narbonne, puis au milieu du 13ème siècle, d’importants dons en terres et en nature d’Olivier de Termes qui lui permettent de réaliser de nouvelles constructions. Pendant la croisade des Albigeois, elle fut le fer de lance de l’orthodoxie catholique. Au 14ème siècle, l’un de ses abbés, Jacques Fournier, est élu pape sous le nom de Benoît XII.