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Abbé Garin

samedi 20 août 2016

Abbé Garin (mort vers 998/999)

L'abbaye de Saint-Michel de Cuxa. Source : wiki/ Abbaye Saint-Michel de Cuxa/ licence : CC BY-SA 4.0L’abbé Garin fut désigné abbé de Saint-Michel de Cuxa [1] par Sunifred II, comte de Cerdagne [2], en 965.

Il fut d’abord responsable depuis 960 de l’abbaye Saint-Pierre de Lézat-sur-Lèze [3] d’origine clunisienne, située au sud de Toulouse. L’abbé Garin a probablement été formé à l’abbaye de Cluny

L’installation de Garin par l’abbé de Cluny à l’abbaye Saint-Pierre correspond à une période d’expansion de l’abbaye de Cluny menée par saint Mayeul à partir de 954 et poursuivie par saint Odilon menée avec la papauté pour réformer l’Église catholique, la réforme grégorienne [4]. L’abbaye de Cluny va participer à la mise en place du pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle [5].

En 965, le comte de Cerdagne Sunifred lui confie l’abbaye Saint-Michel de Cuxa pour la réformer. Cette même année le comte fait un don à l’abbaye de Cluny.

Les comtes de Cerdagne poursuivent la politique menée par les carolingiens en faveur de l’Église et des abbayes. La Catalogne, terre située de part et d’autre des Pyrénées orientales, était ouverte aux risques d’agression par la mer ou par la terre. L’affaiblissement des carolingiens, la fin de leur dynastie en France et leur remplacement par celle des capétiens en 987, va amener la disparition des liens de vassalité des comtes de Barcelone avec la monarchie franque et leur rapprochement du Saint-Siège. La prise et la destruction de Barcelone en 985 par Al-Mansur dit Almanzor va être l’illustration de l’incapacité des rois de Francie occidentale [6] d’aider leurs vassaux.

Il devient l’ami de Gerbert d’Aurillac qui est devenu le pape Sylvestre II. Gerbert d’Aurillac a visité la Catalogne à partir de 967 grâce au comte de Barcelone Borrell II qu’il avait rencontré à Aurillac [7]. Gerbert rencontre Hatton, évêque de Vich [8], auprès duquel il perfectionne sa connaissance du quadrivium [9]. Au cours d’un voyage à Rome avec l’évêque Hatton et Borrell II, en 970, Gerbert s’arrête à Cuxa où il rencontre de nouveau Garin.

En 968, il fait un premier voyage à Rome avec le comte de Cerdagne Oliba Cabreta.

L’abbé Garin va entreprendre de reconstruire l’église Saint-Michel qui est consacrée le 28 septembre 974 ou 975 en présence des évêques d’Elne [10], de Gérone [11], de Vic, d’Urgell [12], de Toulouse [13], de Couserans [14] et de Carcassonne [15].

L’abbé intervient ensuite à l’abbaye Saint-Hilaire en Carcassès [16].

En 977, il fait un pèlerinage à Rome puis à Venise sur le tombeau de saint Marc. Il réussit à persuader le doge Pietro Orseolo de le suivre à Cuxà pour faire pénitence du crime du doge Pierre IV . Dans la nuit du 1er septembre 978 le doge disparaît en emportant une bonne partie de ses trésors. Il est accompagné de deux ermites, Marin et Romuald. Après un passage à l’abbaye Saint-Michel-de-la -Cluse [17], Pietro Orseolo et ses accompagnateurs arrivent à Cuxa.

Pietro Orseolo resta à Cuxa jusqu’à la fin de sa vie, un 10 janvier, probablement 988. Il a été béatifié en 1027 et reconnu saint en 1731.

On confie à Garin deux autres abbayes, Saint-Pierre-de-Mas-Garnier [18], près de Toulouse, et Sainte-Marie d’Alet [19], dans le Razès [20]. Garin dirige alors 5 abbayes.

En 991, il quitte Cuxa pour faire un pèlerinage à Jérusalem. Après plusieurs mois en Terre sainte, il passe à Rome en juin 993 où le pape Jean XV rédige une bulle lui confirmant la direction des 5 abbayes.

Il meurt peu avant l’an mille. À la fin de sa vie, grâce à l’appui de Sylvestre II et de l’empereur Otton III, l’abbaye de Saint-Michel-de-la-Cluse fut affiliée à Cuxa.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Pierre Riché - Les Grandeurs de l’an mille - pp.116-118 - Bartillat - Paris - 2008

Notes

[1] L’abbaye de Saint-Michel de Cuxa est un monastère bénédictin situé au pied du Canigou, sur la commune de Codalet dans les Pyrénées-Orientales. Il fait partie de la province espagnole de la congrégation de Subiaco (confédération bénédictine).

[2] Le comté de Cerdagne est un ancien fief féodal situé dans la partie orientale des Pyrénées. Il fut constitué au début du 9ème siècle. À l’origine charge temporaire, la fonction de comte devint héréditaire à la fin du même siècle. Guifred le Velu fut le premier comte héréditaire de Cerdagne ; de lui sont issus les comtes de Barcelone, futurs rois d’Aragon. Le comte Bernat Guillem-Jorda 1er étant mort, en 1117, sans descendance, le comté passa à son cousin germain Raimond Bérenger III de Barcelone.

[3] L’abbaye, Saint Antoine et Saint Pierre, est une ancienne abbaye bénédictine de l’ordre de Cluny fondée vers 950 par Aton de Benoît, vicomte de Béziers située à Lézat-sur-Lèze, Ariège. L’abbatiale est devenue l’église Saint Jean-Baptiste et ce qui reste de l’abbaye est occupé par la mairie de Lézat-sur-Lèze.

[4] La réforme grégorienne est une politique menée durant le Moyen Âge sous l’impulsion de la papauté. Si les historiens admettent que le pape Léon IX a commencé le redressement de l’Église, c’est pourtant le pape Grégoire VII qui a laissé son nom à la réforme. De plus, les efforts pour sortir l’Église catholique d’une crise généralisée depuis le 10ème siècle se poursuivent bien après le pontificat de Grégoire VII. Ainsi l’expression « réforme grégorienne » peut paraître impropre puisqu’elle ne s’est pas limitée à quelques années mais concerne au total près de trois siècles.

[5] Le pèlerinage sur le tombeau supposé de Jacques de Zébédée était un des plus importants de la Chrétienté au Moyen Âge, avec ceux de Jérusalem et de Rome. Pratiquement disparu au 19ème siècle, il connaît un regain de ferveur depuis la fin du xxe siècle, promu notamment par les institutions européennes.

[6] La Francie occidentale est le royaume que reçut le carolingien Charles le Chauve lors du partage de Verdun, en 843. Il s’agit des anciennes régions de Neustrie et d’Aquitaine, avec la partie ouest de l’Austrasie et le nord de la Bourgogne, autrement dit, la France des quatre fleuves.

[7] Aurillac, est une ville du centre-sud de la France, préfecture du département du Cantal. Aurillac est située au pied des monts du Cantal dans un petit bassin sédimentaire. La ville est construite sur les rives de la Jordanne, affluent de la Cère qui coule à proximité.

[8] Vic est une municipalité espagnole, capitale de la comarque catalane d’Osona dans la province de Barcelone. Le nom de cette commune s’écrivait auparavant Vich en catalan. La ville est située au milieu d’une plaine à qui elle donne son nom, la Plana de Vic, à équidistance de la frontière franco-espagnole et de Barcelone. Son territoire s’étend sur 31 km². Durant les 8ème et 9ème siècles, Vic était située sur les Marches qui divisaient les royaumes francs d’Al-Andalus. La cité fut détruite en 788 lors d’une incursion musulmane. Postérieurement, cependant un des faubourgs (Vicus, barri en latin) a été reconstruit, sous le nom de Vicus Ausonensis. C’est de là qu’est dérivé le nom de Vic quand Guifred le Velu a repeuplé la partie haute de la cité en 878, cédant le contrôle de la partie basse à l’évêque pour qu’il y construise l’église. À partir de ce moment, la cité sera gouvernée conjointement par le comte de Barcelone et l’évêque de Vic qui y établissent une abbaye qui possédait de nombreux manuscrits d’œuvres antiques et où Gerbert d’Aurillac vint séjourner pour parfaire sa formation.

[9] Le terme quadrivium désigne l’ensemble des quatre sciences mathématiques dans la théorie antique : arithmétique, musique, géométrie, astronomie.

[10] Le diocèse de Perpignan-Elne est une église particulière de l’Église catholique en France. Érigé au 6ème siècle, le diocèse d’Elne est le diocèse historique du Roussillon. Supprimé en 1801, il est rétabli dès 1822 et couvre, depuis, le département des Pyrénées-Orientales.

[11] Gérone est une ville située dans le nord-est de l’Espagne en Catalogne. Elle est la capitale de la province de Gérone ainsi que de la comarque du Gironès.

[12] Le diocèse d’Urgell est une église particulière de l’Église catholique en Espagne et en Andorre, situé dans l’ouest de la Catalogne, ayant son siège à la cathédrale Sainte-Marie de La Seu d’Urgell. Érigé au 4ème siècle, le diocèse d’Urgell est un diocèse historique des Pays catalans. À la fin de l’Ancien Régime, il couvrait le pays d’Urgell et la Cerdagne ainsi que la principauté d’Andorre dont l’évêque d’Urgell est le coprince depuis 1278. Suffragant de l’archidiocèse métropolitain de Tarragone, le diocèse d’Urgell relève de la province ecclésiastique de Tarragone.

[13] Érigé au 3ème siècle, le diocèse de Toulouse est élevé au rang d’archidiocèse métropolitain en 1317. Depuis 1822, il couvre le département de la Haute-Garonne.

[14] Le siège de l’évêque était situé à Saint-Lizier. L’évêché fut supprimé le 29 novembre 1801, et le territoire du diocèse fut réuni à celui de l’archidiocèse de Toulouse, puis à celui de Pamiers le 6 octobre 1822.

[15] Le diocèse de Carcassonne et Narbonne est un diocèse de l’Église catholique en France. Le diocèse couvre le département de l’Aude ainsi que le canton de Quérigut du département de l’Ariège. Le diocèse de Carcassonne est érigé en 533. Il devient suffragant de l’archidiocèse de Narbonne.

[16] L’abbaye de Saint-Hilaire est une abbaye bénédictine située à Saint-Hilaire dans le département de l’Aude entre Limoux et Carcassonne. L’abbaye fortifiée date du 8ème siècle et son église du 12ème siècle.

[17] L’abbaye Saint Michel de la Cluse est une abbaye catholique située à seulement 10 km à l’ouest de Turin, sur le mont Pirchiriano (962 m), à l’entrée du val de Suse, sur les communes de Sant’Ambrogio di Torino et de Chiusa di San Michele. Elle se trouve sur l’un des itinéraires historiques de la via Francigena. Son indépendance territoriale, protégée par les papes successifs, de 987 à 1379, lui a permis d’avoir un très grand rayonnement culturel, très proche de la dynamique de la réforme bénédictine Clunisienne. Elle entretint donc tout ce temps des relations subtiles avec ce territoire. L’ensemble architectural, très remarquable, est resté deux cents ans inoccupé, avant que le pape Grégoire XVI, sur proposition du roi Charles-Albert de Savoie, nomme en 1836 les Rosminiens administrateurs de la Sacra.

[18] Abbaye bénédictine existant sûrement à la fin du 10ème siècle. Ce ne fut au début qu’un domaine ou « manse » transformé en agglomération dans le courant du 12ème siècle et doté de coutumes en 1166. La première église fut celle de l’abbaye ; elle était dédiée à saint Pierre aux Liens, et pendant longtemps les moines n’en voulurent pas d’autre. Il y eut cependant dans le monastère un oratoire dédié à saint Jacques et destiné plus spécialement aux fidèles.

[19] L’abbaye bénédictine Notre-dame d’Alet est située sur la commune d’Alet-les-Bains, construite vers 813. Elle a été élevée au rang de cathédrale entre 1318 et 1801, sièges de l’évêché d’Alet, d’abord sous le vocable de cathédrale Notre-dame, puis à la destruction de l’abbatiale lors des guerres de religion sous celui de cathédrale Saint-Benoît.

[20] Le Razès désigne historiquement un ancien pagus ou comté carolingien portant le nom de sa capitale historique : l’oppidum ou cité de Redae (l’actuelle Rennes-le-Château au sud-ouest du département de l’Aude). Le comté du Razès fut absorbé par la province du Languedoc en 1240,