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Nectanébo 1er

vendredi 1er avril 2016, par lucien jallamion

Nectanébo 1er

Pharaon d’Égypte de 380 à 362 av.jc

Tête d'une statue en granite de Nectanébo 1er - (Musée du Louvre). Source : wiki/Nectanébo Ier/ domaine publicIl fut un grand constructeur ou reconstructeur des principaux temples d’une Égypte réunifiée pour la dernière fois par des souverains d’origine locale.

Il intervint à Héliopolis [1] en embellissant le sanctuaire du dieu Rê.

Fils de Djedhor, le Tachos des historiens grecs, prince de Sebennytos [2], soutenu par le clergé de Saïs, Nectanébo prend le pouvoir à Mendès [3] en écartant Néphéritès II , dernier représentant de la XXIXème dynastie.

La succession de Néphéritès le premier du nom avait déjà été l’objet d’une situation complexe de revendication du pouvoir révélant les rivalités des différents partis qui gouvernaient alors les intérêts du pays. Le clergé restait encore le principal instigateur de cette lutte à son profit, face aux velléités de plus en plus marquées des grandes cités qui faisaient alors grand commerce avec les comptoirs grecs de la Méditerranée orientale et visaient d’autres intérêts.

Si Achôris réussit à stabiliser ces tendances à son profit lors de son règne et sut maintenir en échec les troupes perses, son successeur Néphéritès II est rapidement débordé par ces antagonismes et ne peut résister bien longtemps aux ambitions du nouveau prince de Sebennytos.

À la mort d’Achôris, Nectanébo se revendique comme héritier légitime de la lignée de Néphéritès 1er et en 380 parvient à monter sur le trône d’Égypte.

Soutenu par l’armée et le parti anti-perse grec très présent et allié traditionnel de l’Égypte, la menace d’une nouvelle invasion massive du pays par les troupes d’Artaxerxès II, précipitent alors les événements.

L’affrontement inévitable se produit en 373, et après une première défaite dans le delta, les troupes de Nectanébo parviennent à reprendre l’initiative à l’occasion d’une dissension entre les Perses et leurs alliés grecs. Lors de cette bataille les Perses étaient alors soutenus par une flotte constituée de troupes grecques dirigées par Iphicrate un stratège athénien qui perça les lignes de défense égyptienne offrant aux envahisseurs une unique occasion de l’emporter.

Mais le peu de confiance que s’accordèrent les généraux grecs et perses retarda l’issue fatale et Nectanébo, profitant de l’arrivée de la crue du Nil au début de l’été de la même année, contre-attaque et décime les troupes perses isolant les deux alliés.

Devant le désastre, la flotte grecque fait défection et le reste de l’armée du Grand Roi est chassée du delta du Nil devenu un piège. La défaite perse est mal acceptée par les différentes provinces de l’empire qui se soulèvent une nouvelle fois les unes après les autres obligeant le Grand Roi à différer ses ambitions de reconquête des Deux-Terres.

Cette victoire offre un répit d’une trentaine d’année à l’Égypte, et parvenant à repousser la menace extérieure, le règne de Nectanébo fut le départ d’un ultime renouveau de l’art et de la puissance de l’Égypte qui pour encore quelques décennies maintient son indépendance face à la Perse.

En effet, il ouvre une nouvelle période de prospérité pour le pays, de reprise du commerce avec le levant et la Grèce avec laquelle la confiance se restaure à la suite de la victoire contre l’envahisseur perse. En Égypte, il se montre très actif, restaurant les temples ruinés dans tout le pays. On lui doit également la reconstruction des grandes enceintes des sanctuaires principaux de Tanis [4], Héliopolis et peut être Memphis [5] même.

Il restaure les lois et en édicte de nouvelles au travers de grands décrets inscrits sur des stèles en granit placées dans chacune des grandes cités d’Égypte. Le fameux décret de Naucratis [6] fixe ainsi les taxes que chaque marchand étranger, notamment grec, empruntant le delta devait verser au temple de Neith à Saïs. Plus à l’ouest, il fait construire à Hibis dans l’oasis de Khargeh [7] un temple consacré à Amon qui est continuellement embelli par ses successeurs à l’instar d’autres temples égyptiens bien connus.

Il fonde un temple à Abydos. C’est de son règne également que date le premier mammisi [8] de Denderah [9], dont l’architecture inaugure un type de monument qui connaît un développement systématique dans les grands sanctuaires du pays à la période lagide.

Il développe le site de Karnak en commençant l’édification du premier pylône du temple, mais également en le protégeant par une enceinte monumentale en briques crues. Il fait de même pour Louxor et réaménage le grand dromos qui précède le temple d’Amon-Min dont les sphinx portent tous sa titulature.

C’est de son règne que date le premier état du sanctuaire d’Isis au temple de Philæ [10] près d’Assouan [11], ainsi que le kiosque qui accueille toujours les visiteurs de l’île sacrée.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Jacques Pirenne, Histoire de la civilisation de l’Égypte ancienne, vol. 3, Neuchâtel, Éd. de la Baconnière,‎ 1963

Notes

[1] Héliopolis (la « ville du Soleil », aujourd’hui arabe Aîn-ech-Chams) est le nom donné par les Grecs à la ville antique de Onou (ou Iounou) dans le delta du Nil. Elle était la capitale du treizième nome de Basse Égypte. Les premières constructions datent du 27ème siècle avant notre ère.

[2] Sebennytos, aujourd’hui Semenoûd ou Samanoud, dans le gouvernorat de Gharbeya est une ville antique de Basse Égypte, située sur la branche sebennytique dite de Damiette dans le delta, près de Saïs. Sebennytos était la capitale du douzième nome (nome du Veau divin) de Basse Égypte. Elle fut le siège d’une chefferie vers 730 av.jc à la fin de la domination libyenne (XXVème dynastie) et compta parmi les cités importantes du delta septentrional.

[3] Mendès est une ancienne cité égyptienne du delta oriental sur une branche secondaire du Nil aujourd’hui ensablé, à proximité de l’actuel village d’El-Simbellawin, à environ 35 km d’El-Mansourah. Le site, qui porte le nom actuel de Tell el-Rob’a (ou Tall al-Rub), fut aussi connu dans l’Égypte ancienne sous le nom de Per-Banebdjedet (ou Perbanebdjedet), c’est-à-dire « Le domaine du Bâ du seigneur de Djedet ». Mendès sera la capitale du 16e nome de Basse Égypte, le nome « du dauphin » (HAt-mHyt) jusqu’à ce qu’elle soit remplacée dans cette fonction à la période romaine, par Anpet-Thmuis, aujourd’hui appelée Tell el-Timai. Les deux villes n’étaient séparées que de quelques centaines de mètres de distance. Mendès était la cité où vivait le dieu Banebdjedet, représenté sous la forme d’un bélier. On y vénérait également la déesse Hatméhyt.

[4] Tanis est le nom grec de l’antique Djanet, un important site archéologique au nord-est de l’Égypte sur la branche tanitique du Nil.

[5] Memphis était la capitale du premier nome de Basse Égypte, le nome de la Muraille blanche. Ses vestiges se situent près des villes de Mit-Rahineh et d’Helwan, au sud du Caire. La légende, rapportée par Manéthon, raconte que Memphis fut fondée par le roi Ménès vers 3000 av.jc. Capitale de l’Égypte durant tout l’Ancien Empire, elle est restée une cité importante tout au long de l’histoire égyptienne, placée sous la protection du dieu Ptah, le patron des artisans dont le temple était l’Hout-ka-Ptah (le « château du ka de Ptah »). C’est de ce terme, qualifiant la maison du dieu, que serait dérivé en grec le mot aegyptus prototype du nom du pays en latin. La ville occupe une place stratégique à l’entrée du delta du Nil et de ce fait regorge d’ateliers et de manufactures, notamment d’armes qui étaient conservées dans de grands arsenaux non loin du port principal de la ville, le Perou Nefer, dont les textes du Nouvel Empire vantent l’activité fébrile. Son histoire est étroitement liée à celle du pays et sa ruine est due, d’abord, à la perte de son rôle économique à la fin de l’Antiquité et la montée d’Alexandrie, puis à l’abandon de ses cultes à la suite de l’édit de Thessalonique.

[6] Naucratis, est une ville du delta sur la branche canopique du Nil, proche de Saïs, à 72 km au sud-est d’Alexandrie. Cette ancienne colonie commerciale portuaire grecque est identifiée aujourd’hui au site de Kôm Gaef (ou Kom Gieif ou El-Gaïef). Elle sera la principale cité du 4ème nome de Basse Égypte, le nome « inférieur de Neith » ou « la cible du Sud » (nt rsw).

[7] L’oasis d’al-Kharga est la plus méridionale des cinq grandes oasis du désert Occidental (ou désert Libyque), en Égypte. Située à environ 200 km de la vallée du Nil, elle s’étend sur 150 km mais sa largeur ne dépasse pas 30 km. Cette riche oasis comporte plusieurs sources et puits d’eau naturelle dont la température, qui atteint 43 °C, est réputée comme particulièrement efficace pour le traitement des rhumatismes et des allergies.

[8] Un mammisi est une petite chapelle construite près d’un temple majeur qui servait aux représentations des mystères de la naissance divine.

[9] Dendérah est une petite ville d’Égypte sur la rive ouest du Nil à environ 5 km au sud de l’actuelle Kenah (ou Qena) et 65 km au nord de Louxor. Elle est la capitale du 6ème nome de Haute Égypte, le nome "du crocodile" (msḥ). À l’origine, la cité s’appelait en égyptien Nitentore.

[10] Philæ, aussi orthographiée Philae, est une île d’Égypte submergée dans les années 1970 par la hausse du niveau du lac de retenue de l’ancien barrage d’Assouan à la suite de la construction du haut barrage. Les temples et monuments édifiés sur l’île aux époques pharaoniques et gréco-romaines ont été déplacés sur l’île voisine d’Aguilkia, aussi appelée Philæ par commodité, notamment auprès des touristes.

[11] Assouan ou Syène est une ville d’Égypte située à environ 843 km au sud du Caire, sur la rive droite du Nil, près de la première cataracte. Faisant naguère partie de la Haute Égypte, dans le premier nome, celui du « Pays de l’arc » (ou du « Pays de Nubie » - tA-sty), son nom en égyptien ancien était Souenet (ou Swenet ou Souentet) qui signifie « Commerce ».