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André de Montfort-Laval dit André de Lohéac

lundi 21 mars 2016

André de Montfort-Laval dit André de Lohéac (1408-1486)

Seigneur de Lohéac et de Montjean-Baron de Retz

André de Lohéac, maréchal de France. Seigneur de Lohéac et de Montjean-Baron de RetzNé au Château de Montsûrs [1],fils de Jean de Montfort dit Guy XIII de Laval et d’ Anne de Montmorency-Laval . Il était par sa mère petit-fils par alliance du connétable Bertrand du Guesclin.

Le 9 mars 1428, la ville de Laval ayant été prise de nuit par escalade, la garnison et le jeune André de Lohéac, alors âgé de 17 ans, se retirèrent dans le château de Laval et s’y défendirent pendant 6 jours. Ils se rendirent enfin aux Anglais et n’emportèrent que leurs épées et leurs habits. Prisonnier de John Talbot, comte de Shrewsbury [2], il est libéré moyennant une rançon de 24 000 écus. Cette rançon est payée par Anne de Laval, sa mère, Guy XVI de Laval , son frère, Jeanne de Laval-Tinténiac , sa grand-mère et plusieurs de ses compagnons pour 8 000 écus. Il fut nommé lieutenant d’Arthur de Richemont, connétable de France [3] et gouverneur du Maine pour le roi.

Il rejoint le 8 juin 1429, à Selles-en-Berry [4], l’armée royale que réunit Jeanne d’Arc et Jean II duc d’Alençon, pour poursuivre la libération du Val de Loire après la levée du siège d’Orléans. Il se distingue, parmi d’autres, à Jargeau, Beaugency, et surtout à Patay où il combat à l’avant-garde.

Avec son frère Guy XIV de Laval, il suit le souverain à Reims pour assister au sacre de Charles VII.

En 1430, André de Lohéac est chargé de défendre Laval, qui avait été repris sur les Anglais le 25 septembre 1429.

En 1433, le roi Charles VII fait de Lohéac le gouverneur du comté de Laval [5], avec pouvoir d’assiéger les places anglaises de Normandie et d’y établir des gouverneurs. Avec Ambroise de Loré, il harcele l’ennemi du coté normand à Venables [6], capitaine anglais, de l’abbaye de Saint-Gilles en Cotentin où il s’est retiré, fait aux alentours des excursions désastreuses pour les habitants.

Il assiste au Siège de Paris. En 1439, il revint de nouveau à l’armée du roi qui, par suite de ses bons services, le nomma maréchal de France [7] en remplacement de Pierre de Rieux , décédé.

En 1441, il continua à combattre les Anglais autour de Paris ; il commandait l’armée au siège de Pontoise, sous le roi et le dauphin, lors de l’assaut qui emporta la ville ; il commandait la troisième attaque au boulevard du Pont, à la tête de la plus forte partie de l’armée ; au bout de deux heures et demie la ville fut prise.

Plus tard il se distingua contre la garnison anglaise de Mantes, qui fit une sortie jusqu’aux portes de Paris : il la défit entièrement et revint dans la capitale avec un grand nombre de prisonniers. L’année suivante, en 1442, il se trouva au siège de Beauvais. En 1443, le maréchal de Lohéac alla avec le dauphin faire lever le siège de Dieppe. Il ramèna à l’obéissance le comte d’Armagnac Jean V d’Armagnac , qui tenait en prison la comtesse de Comminges, son épouse, dont il n’avait pas d’enfant, afin de la contraindre à lui faire donation de ses terres.

En 1445, André de Lohéac participe au tournoi organisé lors du mariage de Marguerite d’Anjou , mariée par procuration, en la collégiale Saint-Georges de Nancy [8], à Henri VI, roi d’Angleterre.

En 1446, il participe au tournoi organisé par René d’Anjou à Saumur, et connu sous le nom d’Emprise du château de Joyeuse-Garde [9].

Il se marie en 1451 avec Marie de Montmorency-Laval dite Marie de Rais , dame de Retz, fille unique de Gilles de Rais et veuve de Prigent VII de Coëtivy . Par ce mariage, il devient le nouveau baron de Retz et, entre autres, seigneur de Machecoul, de Champtocé-sur-Loire, etc.

En 1451, il se trouva à la reddition de toute la Guyenne, aux sièges de Blaye, Bourbourg-Fronsac, à la prise de Bordeaux le 24 juin, et enfin au siège de Bayonne qui se rendit à lui le 20 août10.

En 1453, les Anglais étant rentrés par trahison dans plusieurs villes de la Guyenne, le roi envoya pour les chasser le maréchal de Lohéac ; il mit le siège devant Castillon le 13 juillet ; les Anglais vinrent en grand nombre sous la conduite de John Talbot, pour faire lever le siège ; ils attaquèrent les Français, mais ils furent battus ; Talbot et son fils, furent tués ; dès le lendemain, 19 juillet, Castillon se rendit ; Fronsac, Libourne, Langon, Cadillac, se rendirent également. Bordeaux restait à prendre, on en forma le blocus ; après plusieurs assauts l’ennemi qui manquait de vivres fut obligé de capituler le 14 octobre, et les Anglais furent entièrement chassés de France ; le roi fit alors bâtir près de Bordeaux les forts Trompette et du Ham.

Après la soumission de la Guyenne, il revient à Laval où il possède l’hôtel de Loué et au château de Montjean [10], qu’il fait relever. Il reste dans ce château pendant presque toute l’année 1454. Après le mariage de sa nièce Jeanne de Laval avec René d’Anjou, il reçoit l’ordre du roi de France de marcher contre Jean V d’Armagnac.

Avec Jean Poton de Xaintrailles et le comte de Clermont, il entre sur les terres du comte à la tête des troupes de Guienne et se rend maître en peu de temps de 17 villes ou places fortes. Lectoure [11], malgré son château parfaitement fortifié, ne peut l’arrêter que quelques jours et doit à son tour faire sa soumission.

André de Lohéac quitte la cour et habite tantôt à Laval, tantôt à Nantes jusqu’en 1465.

Le duc de Bretagne, désirant maintenir le nombre de neuf grandes baronnies du duché, diminué par la réunion de plusieurs des baronnies anciennes sur une même tête, rétablit la baronnie de Lanvaux et la donne à André de Lohéac.

Il fait partie de l’opposition au roi Louis XI, et fait partie de la Ligue du bien public. Il suit la révolte des princes et conduit 500 hommes d’armes.

Victorieuse à Montlhéry, l’armée quitte Étampes pour aller devant Paris ; André de Lohéac et Odet d’Aydie commandent l’avant-garde. Ce sont eux qui, arrivés au pont de Charenton, prennent, au moyen de l’artillerie, la tour et les fortifications qui en défendaient le passage.

Ils logent à Conflans ; le reste de l’armée s’établit à Saint-Maur. Louis XI parvint, par son adresse, à désunir tous les seigneurs qui s’étaient ligués et il fit la paix avec eux par le traité de Saint-Maur [12] en date du 29 octobre1465, dont l’une des conditions était qu’André de Lohéac serait premier maréchal de France.

Louis XI lui rendit donc sa charge de maréchal de France en 1465. En 1466, il fut nommé amiral de France, place qu’il cumula avec celle de maréchal jusqu’en 1476. En 1468, Louis XI le nomma lieutenant général du gouvernement de Paris.

Après la fin de la guerre de la Ligue du Bien public, les Laval et Louis XI entretinrent de bonnes relations. La famille est restée en partie loyale au roi, et celui-ci en retour appréciait son soutien. En 1467, il marque sa gratitude en nommant les Laval au rang de membres éminents du royaume.

Le retour en faveur d’André auprès du roi est aussi marqué lors de la création de l’Ordre de Saint-Michel. Le fait d’être nommé dans les 15 premiers chevaliers de l’ordre est un honneur royal, mais aussi un moyen pour le roi de s’offrir allégeance des nobles principaux de son royaume. Le fait qu’André de Lohéac et Louis de Laval-Châtillon soient choisis parmi les 15 premiers chevaliers marquent l’importance de la famille de Laval à l’époque. Le maréchal de Lohéac fut le quatrième chevalier promu.

André de Lohéac fut nommé, en 1471, gouverneur de la Picardie. En 1472, il résiste avec succès aux attaques de Charles le Téméraire à Beauvais, bien défendue par ses habitants à la tête desquels s’illustre Jeanne Hachette.

Louis XI vint au mois d’août 1472 demander l’hospitalité au maréchal derrière des épais murs du château de Montjean. En 1481, le roi lui donna la seigneurie de la ville de Pontoise.

II passa dans son hôtel de Laval les dernières années de sa vie. André de Lohéac meurt le 29 décembre 1486 à Laval sans postérité.

Il fut enterré dans le chœur de la collégiale Saint-Tugal de Laval [13] par Philippe de Luxembourg , évêque du Mans.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Malcolm Walsby, The Counts of Laval : Culture, Patronage and Religion in Fifteenth and Sixteenth-Century France, Aldershot, Ashgate,‎ 2007.

Notes

[1] Le château de Montsûrs était un château situé à Montsûrs. Il reste deux tours du château où naquit André de Lohéac, compagnon de Jeanne d’Arc. Le château était situé sur des escarpements naturels renforcés par de profondes douves alimentées par la Jouanne et le Vesnard. La ville de Montsûrs êtait une des dix châtellenies du comté de Laval. On voit par les ruines qui existaient encore au 19ème siècle que ce château pouvait avoir de 12 à 1500 mètres de circuit. Il était flanqué de plusieurs tours avec bastions, et avait un pont-levis et des fossés larges et très profonds. En 1374, Bertrand du Guesclin se marie avec Jeanne de Laval. Le château de Montsûrs est dès lors sa demeure, et il y réside dans les périodes hors guerre. Il y traitera du mariage de sa nièce Marie d’Orange, avec Jean, vicomte de Vendôme.

[2] Shrewsbury est une ville britannique, située dans le Shropshire (Angleterre), aux abords du Pays de Galles. Elle portait le nom anglo-normand de Salopesberie

[3] Tirant son nom de son origine de “comte de l’étable”, le connétable a, au Moyen Âge, la charge de l’écurie et de l’organisation des voyages du roi. Au 14ème siècle, sa fonction évolue vers le commandement de l’armée en temps de guerre et le conseil militaire du roi en temps de paix. Du Guesclin, Clisson, Bourbon… font partie des grands connétables de France. Supprimée en 1627, la charge de connétable est rétablie par Napoléon 1er en 1804 pour son frère Louis.

[4] Selles-sur-Cher

[5] Le comté de Laval était composé de douze châtellenies importantes1 et contenait 112 paroisses. Il constituait un gouvernement distinct du Comté du Maine et du Perche. Il a été créé en 1429 en suite de la baronnie de Laval, indépendamment du comté du Maine, par le roi Charles VII, avec une dépendance directe au royaume de France. En 1790, il a donné naissance en partie au département de la Mayenne. Sa capitale en était la ville de Laval.

[6] Venables est une commune française située dans le département de l’Eure

[7] À son origine, le maréchal de France n’a qu’un rôle d’intendance sur les chevaux du roi. Son office devient militaire au début du 13ème siècle, tout en étant subordonné au connétable. Le premier à porter le titre de maréchal du roi de France avec une fonction militaire était Albéric Clément, seigneur de Mez, désigné par Philippe Auguste, en 1185.

[8] Construite en 1339, elle reçoit le statut de nécropole dynastique des ducs de Lorraine. Charles le Téméraire y est inhumé après la bataille de Nancy dans un tombeau commandé à Jean Crocq (sculpteur) : son corps y reste jusqu’en 1550 avant d’être transféré à l’église Notre-Dame de Bruges à la demande Marie de Habsbourg, gouvernante des Pays-Bas.

[9] Le tournoi d’Emprise du château de Joyeuse-Garde ou encore Emprise du Dragon est un tournoi s’étant déroulé en 1446 à Saumur, sous le règne de René d’Anjou. Une nombreuse et brillante noblesse se rassemble à Saumur. On y trouve ainsi Guy XIV de Laval, André de Lohéac, Guy II de Laval-Loué, leur parent. Les fêtes durèrent 40 jours. Elles furent données dans un château bâti exprès dans la plaine et qui reçut le nom de Château de Joyeuse Garde

[10] Le château de Montjean est un château fort en ruine situé près d’un étang à Montjean dans le département de la Mayenne. Il est situé à 2,5 kilomètres à l’est du bourg. Le château de Montjean était au 16ème siècle une place importante qui défendait le Comté de Laval royaliste contre les bandes de Mercœur et les ligueurs de l’Anjou. Situé à quatre lieues de Laval, sur les confins de la Bretagne, il avait été reconstruit par André de Lohéac, après la Campagne de Bretagne et de Normandie en 1448-1449.

[11] Lectoure est une commune française située dans le département du Gers. Capitale du comté d’Armagnac, elle connaît plusieurs sièges, notamment celui de 1473 qui voit la capitulation et la mort de Jean V d’Armagnac, et une destruction presque totale. Réunie à la couronne de France, Lectoure renaît de ses cendres.

[12] Le traité de Saint-Maur est un traité, signé le 29 octobre 1465 à l’abbaye de Saint-Maur, actuellement à Saint-Maur-des-Fossés, et achève de régler la guerre de la Ligue du Bien public avec le traité de Conflans conclu le 5 octobre 1465.

[13] La collégiale Saint-Tugal de Laval était située à Laval en Mayenne. Elle était liée à la paroisse Saint-Tugal de Laval. La collégiale fut démolie en 1798. Lors du rétablissement du culte en 1800, il ne pouvait être aucunement question ni du rétablissement du chapitre ni de celui de la paroisse de Saint-Tugal qui se trouva réuni tout naturellement à celle de la Trinité