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Grégoire IV

mercredi 16 décembre 2015, par lucien jallamion

Grégoire IV

101ème Pape de l’Église catholique d’octobre 827 au 24 janvier 844

Grégoire IV 101ème Pape de l'Église catholiqueNé à Rome, son pontificat est marqué par les tentatives de la papauté à intervenir dans les querelles entre l’empereur Louis le Pieux et ses fils. Il règne également durant l’éclatement de l’Empire carolingien, en l’an 843.

Fils d’un patricien romain appelé Jean. Grégoire est apparemment, un ecclésiastique énergique, mais doux, réputé pour son apprentissage. Il est consacré prêtre sous le pontificat du pape Pascal 1er, au moment de la mort du pape Valentin en 827. Il est fait cardinal prêtre [1] de la basilique de Saint-Marc à Rome [2].

Comme son prédécesseur, Grégoire est nommé, à son insu, à l’unanimité par les électeurs de la noblesse, qui conviennent qu’il est le plus digne à devenir l’ Évêque de Rome. Ils le trouvent à la basilique des Saints Côme et Damien [3], d’où, malgré ses protestations, il est emmené et installé au Palais du Latran.

L’élévation de Grégoire au Saint-siège est censée représenter une poursuite des tentatives pour contrôler la situation politique locale, à Rome, qui avait commencé au cours du pontificat d’ Eugène II .

Sa consécration est cependant retardée, jusqu’au 29 mars 828, date à laquelle il reçoit l’avis d’approbation de l’empereur Louis le Pieux concernant son élection. Ce délai est imposé par les envoyés impériaux, qui ont insisté pour que la Constitution de 824 interdise expressément la consécration de tout pape élu jusqu’à ce que l’empereur soit lui-même convaincu de la validité de l’élection.

Il est rapporté que l’empereur a réprimandé Grégoire IV pour avoir tenté de se faire consacrer, avant de recevoir l’approbation de l’empereur. Grégoire IV se conforme alors aux exigences de la suprématie impériale. En 828 et 829, le pape envoie des ambassades à Louis le Pieux pour des discussions non dévoilées.

En janvier 829, Grégoire est impliqué dans un différend, avec l’Abbaye de Farfa [4] au Latium en Italie, relatif à la propriété des terres monastiques locales par l’église romaine. Dans un tribunal dirigé par un évêque, un représentant de l’empereur et en présence de Grégoire IV, Ingoald, l’abbé de Farfa, affirme que les empereurs francs leur ont accordé des terres et que les papes Adrien 1er et Léon III ont pris possession illégalement des terres. Le représentant impérial rend une décision en faveur de l’abbaye et ordonne que les terres soient restituées au monastère. Bien que Grégoire IV refuse d’accepter la décision, il n’existe aucune preuve qu’il ait réussi à obtenir le changement de la décision.

Au fil du temps, toutefois, la dépendance du pape au Saint Empereur Romain est assouplie en raison des querelles de Louis le Pieux et de ses fils, le futur empereur Lothaire 1er, Pépin 1er d’Aquitaine et Louis le Germanique. La décision de Louis le Pieux, d’écarter totalement l’accord de 817 [5] en ce qui concerne la division de l’empire par l’attribution d’un royaume à son fils cadet, Charles II le Chauve, en 829 est critiquée par Grégoire IV dans une lettre aux évêques Francs. L’année suivante en octobre 830, après une brève rébellion suivie de la réconciliation entre Louis et ses fils, Grégoire déclare que Judith, la seconde épouse de Louis, doit être libérée du couvent où elle a été forcée de prendre le voile et doit retourner auprès de Louis.

Lorsque la guerre reprend entre le père et ses fils, à Pâques de l’an 833, Grégoire IV est approché par Lothaire qui lui demande d’intervenir pour parvenir à la réconciliation avec son père. Il le convainc de quitter Rome et de faire le voyage pour rejoindre Lothaire, dans l’espoir que son intervention serait à même de ramener la paix. En pratique cette action contrarie les évêques francs qui ont suivi Louis mais qui pensaient que Grégoire IV allait activement soutenir Lothaire. Soupçonnant les intentions de Grégoire, ils refusent d’obéir au Pape et le menacent d’excommunication au risque d’être eux-mêmes excommuniés par le pape. Agacé par leurs actions, la réponse de Grégoire IV est d’insister sur la primauté du successeur de Saint-Pierre, la papauté étant supérieure à l’Empereur.

Indépendamment de cette revendication, la grande majorité des évêques francs soutient que le pape n’a pas à interférer dans les affaires intérieures du royaume, ou à attendre du clergé franc de suivre son exemple en la matière. Leur position est claire, à savoir que l’égalité de tous les évêques surpasse la direction du pape.

Les armées de Louis et deux de ses fils se réunissent à Rotfeld, près de Colmar le 24 juin 833. Les fils persuadent Grégoire d’aller au camp de Louis pour négocier. Initialement, Louis refuse de traiter Grégoire avec les honneurs. Cependant, Grégoire réussi à convaincre Louis de sa bonne foi et revient vers Lothaire pour organiser la paix. Toutefois, Grégoire apprend vite qu’il a été trompé par Lothaire. Grégoire est empêché de retourner vers l’empereur, alors que Louis est abandonné de ses partisans et est contraint de capituler sans condition. Louis est destitué et humilié au Mendacii Campus [6]. Lothaire est alors proclamé empereur.

À la suite de ces événements, Grégoire revient à Rome, tandis que Louis est, plus tard, restauré en 834. L’empereur envoie une délégation pour voir Grégoire, dirigé par Saint Anschar, l’archevêque de Hambourg et de Brême [7]. Il interroge le pape sur les événements qui ont conduit à la destitution du trône, de Louis par Lothaire. Grégoire prête serment que ses intentions étaient honorables et qu’il avait toujours cherché à parvenir à une solution pacifique au conflit entre Louis et ses fils. L’envoyé accepte les paroles de Grégoire et retourne auprès de Louis. Après cet échec, en se mêlant de la politique impériale, Grégoire reporte son attention pour le reste de son pontificat, en traitant de questions religieuses internes.

En 836, Lothaire, dans son rôle de roi des Lombards commence à dépouiller les biens de l’église romaine. Après appel à Louis, l’empereur envoie un émissaire impérial enquêter sur l’affaire. Bien que Grégoire soit malade, il parvient à conseiller l’envoyé concernant la situation et lui demande de porter une lettre à l’empereur décrivant les attaques de Lothaire contre l’Église. En l’an 840, avec la mort de Louis et l’accession de Lothaire comme empereur, la guerre éclate de nouveau entre les fils de Louis. Grégoire fait des tentatives de médiations infructueuses dans le conflit qui s’ensuit entre les deux frères et envoie George, l’archevêque de Ravenne, en tant que représentant.

Par la suite le Traité de Verdun en 843, entraîne la chute de l’empire de Charlemagne. Lothaire conserve le titre impérial et le contrôle de l’Italie.

Grégoire IV a également contribué à l’évolution architecturale de Rome. En 833, Grégoire fait reconstruire complètement la basilique Saint-Marc à Rome, faisant orner les murs avec des mosaïques de style Byzantin, ainsi qu’un certain nombre d’autres églises qu’il fait réparer ou reconstruire. Il reconstruit l’atrium de la basilique de Constantin [8] ainsi que l’intérieur de la chapelle, nouvellement décorée dans la basilique. Il fait transférer le corps de Grégoire 1er et déménage des catacombes de Rome, Saint-Sébastien, Saint Tiburce et Saint Gorgon . Il fait surélever l’autel dans la basilique de Santa Maria in Trastevere [9] et fonde un monastère près de l’église.

Il fait également réparer l’Aqueduc de l’Aqua Trajana [10] endommagé pendant le pontificat de Léon III. Peu après l’an 841, Grégoire IV fait reconstruire et fortifier le port d’Ostie pour le protéger des attaques de Sarrasins et le renomme Gregoriopolis. Vers la même époque, il rétablit la colonie de Galeria, le long de la Via Portuensis, tout en établissant une nouvelle colonie, appelée Draco, le long de la rive gauche de la rivière du Tibre et le long de la Via Ostiensis à Rome. Ce fut le premier exemple de l’aménagement du territoire entrepris par un pape au sein de son propre territoire.

Le pontificat de Grégoire témoigne de la fin de l’iconoclasme [11] controversé dans l’Empire byzantin tandis que Grégoire lui-même célèbre la fête de Tous les Saints dans le royaume franc des deux côtés du Rhin. Il est également connu pour la nomination d’Ansgar comme archevêque de Hambourg et de Brême en 832, mais aussi en tant que légat apostolique des régions septentrionales et orientales de l’Europe. Le 31 mars 837 Grégoire IV envoie le Pallium à l’archevêque de Salzbourg. Il en envoie également un à Venerius, le patriarche de Grado [12], en 828, à l’appui de ses prétentions à avoir compétence sur les évêques de l’Istrie [13].

Quand un synode attribue la compétence à Maxence. Venerius, le patriarche d’Aquilée [14], fait appel à Grégoire, qui l’a soutenu. Pendant ce temps, le roi lombard Lothaire soutenu par Maxence, force les évêques de l’Istrie à lui obéir tout en ignorant, dans un même temps, les ordres de cesser de la part de Grégoire. Grégoire IV soutient également la candidature de Jean IV en tant qu’évêque de Naples.

Grégoire IV arbitre, lors de son voyage en France, en 833, l’affaire contre l’évêque Aldric du Mans qui est forcé de quitter son siège par les partisans de Lothaire. Le 8 juillet 833, Grégoire écrit aux évêques de la Gaule, en Europe et en Allemagne déclarant qu’Aldric avait parfaitement le droit de faire appel au pape et que, jusqu’à ce que le pape ait rendu un jugement dans un sens ou dans l’autre, personne ne pouvait prononcer une sentence contre lui. En outre, il déclare que ce mandat devait être respecté afin de rester en communion avec l’Église romaine. La lettre ainsi que la restauration de Louis le Pieux permettent à Aldric de conserver son siège, encore pendant un certain temps.

Grégoire IV a également été sollicité par le représentant de l’empereur Louis, Amalaire de Metz afin de fournir un antiphonaireAmalaire de Metz pour les services religieux à Metz. Ce à quoi Grégoire IV est forcé d’admettre qu’il n’en avait pas attribué à l’empereur, alors qu’il en avait déjà donné un certain nombre à Wala de Corbie qu’il avait déjà prise en France.

Le 25 janvier 844, Grégoire IV meurt et est enterré dans la basilique de Constantin. Il est remplacé par le pape Serge II.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Pope Grégoire IV »

Notes

[1] Les cardinaux prêtres, titulaires des paroisses ou titres de la ville de Rome

[2] La basilique San Marco Evangelista al Campidoglio (en français Basilique Saint-Marc-Évangéliste-à-Campidoglio) est une basilique de Rome se situant sur la piazza Venezia, en face du palais de Venise, dans le rione de Pigna. C’est l’église nationale des Vénitiens résidents à Rome.

[3] La basilique Santi Cosma e Damiano (en français : Basilique Saints-Côme-et-Damien) est une église romaine située dans le rione de Campitelli dans le forum de Vespasien englobant une partie du temple de Romulus. Elle est dédiée à Côme et Damien. Son entrée se trouve sur la via dei Fori Imperiali.

[4] L’abbaye Sainte-Marie de Farfa est un monastère bénédictin se trouvant à Fara in Sabina, Latium (Italie), à quelque 50 km de Rome. Très ancienne (fondée au 6ème siècle) l’abbaye eut une grande importance politique - et territoriale - au temps de Charlemagne (abbaye impériale) et un prestige intellectuel considérable tout au long de son histoire. Elle appartient à la fédération bénédictine du Mont-Cassin.

[5] Ordinatio Imperii

[6] Champ du Mensonge (Campus mentitus, campus mendacii, Lügenfeld). Plaine historique de la haute Alsace primitivement appelée le Champ rouge (campus rubeus, Rothfeld), où Louis le Pieux, le 24 juin 833, fut trahi par son armée et livré à discrétion à ses fils. On admet généralement aujourd’hui que le Champ du Mensonge doit être cherché dans la plaine qui s’étend entre Colmar, Bennwihr, Sigolsheim et les Vosges. Les fils du malheureux monarque avaient leur camp au pied de la montagne de Sigolsheim (Sigwaldi mons, Sigolsmald). Pendant que leur père conférait avec le pape Grégoire IV, ils débauchèrent son armée. L’empereur trahi et abandonné dut se rendre à ses fils qui le firent conduire à Marlenheim. Il est impossible de déterminer d’une manière précise le terrain historique où cet acte de perfidie eut lieu.

[7] En 831, le pape Grégoire IV nomme comme premier archevêque de Hambourg le bénédictin Anschaire. Après la conquête de Hambourg par les Vikings en 845, l’archidiocèse est réuni in persona episcopi au diocèse de Brême, fondé depuis 787 comme diocèse suffragant de l’archidiocèse de Cologne.

[8] L’antique basilique vaticane, ou encore basilique de Constantin, était située à Rome presque à l’emplacement de l’actuelle basilique Saint-Pierre du Vatican.

[9] La basilique Sainte-Marie-du-Trastevere est l’une des plus anciennes églises de Rome, située dans le quartier du Trastevere. D’abord baptisée titulus Callixti car construite sous le pape Calixte 1er, avec l’accord de l’empereur Sévère Alexandre, elle fut probablement le premier lieu de culte chrétien officiellement ouvert au public. Elle est reconstruite sous Jules 1er puis sous le pontificat d’Innocent II où elle fut décorée des mosaïques actuelles.

[10] L’aqueduc de l’Aqua Trajana ou aqueduc de Trajan, dixième aqueduc de Rome, est inauguré en 109, sous le règne de Trajan. Comme c’est l’un des deux aqueducs construits après la publication du traité de Frontin, il nous reste peu d’information sur sa construction et son fonctionnement. Reconstruit au 17ème siècle, il est rebaptisé Acqua Paola. Il relie Rome aux sources proches du lac de Bracciano, 40 kilomètres au nord-ouest de la ville. Avant sa destruction, il permettait notamment le fonctionnement de moulins à eau construits parallèlement à son conduit sur le Janicule.

[11] destruction des images

[12] En 606, le patriarcat d’Aquilée se divise en deux, le patriarcat à Aquilée et celui de Grado : cette division est due essentiellement au morcellement politique de la zone : la terre frioulane, incluant Aquilée, entre sous domination lombarde, alors que le littoral adriatique de la Vénétie, avec Grado, reste territoire byzantin. Après l’abandon du schisme en 699, le patriarcat de Grado resta indépendant et fut reconnu comme un diocèse suffragant de la Vénétie maritime (c’est-à-dire la côte comprise entre la lagune de Venise et l’Istrie, alors sous domination byzantine). Pendant ce temps, en 774, le développement urbain de Venise a conduit à la fondation du diocèse d’Olivolo et, pour la même raison, le siège de Grado finit par être transféré, en 1105, et établit son siège en l’église San Silvestro à Venise.

[13] L’Istrie est une péninsule de l’Adriatique de forme triangulaire pointée vers le sud, attachée au continent par le nord-est. Sa superficie est de 2 820 km². Son littoral commence au nord-ouest avec le golfe de Trieste, suit une ligne rectiligne nord-ouest/sud-est longue de 242,5 km jusqu’au cap Kamenjak où il s’infléchit et suit une ligne sud-ouest/nord-est longue de 212,4 km jusqu’à la baie de Kvarner. Son territoire est principalement compris en Croatie.

[14] Aquilée, est une commune de la province d’Udine dans la région du Frioul-Vénétie julienne en Italie. Historiquement, la ville, fondée en 181 av. jc fut, à son apogée, une des villes les plus importantes de l’Empire romain. Aquilée a également été un grand foyer du christianisme, puisqu’elle a été entre le 4ème siècle et le 15ème siècle, le siège du patriarcat d’Aquilée.