Il accrut considérablement le prestige et la renommée des Laval, par son combat auprès de Jeanne d’Arc, son mariage avec une fille du duc de Bretagne, sa qualité d’intermédiaire entre le duc de Bretagne et le roi de France, et par sa présence fréquente dans l’entourage du souverain.
Guy XIV de Laval, et son frère André de Lohéac avaient la particularité d’être vassaux du duché de Bretagne en même temps que de la Couronne de France.
Il est le fils de Jean de Montfort dit Guy XIII de Laval et d’ Anne de Laval . Il était par sa mère petit-fils de Guy XII de Laval et de Jeanne de Laval, deuxième épouse du connétable Bertrand Du Guesclin.
Il est élevé à la cour de Jean V de Bretagne, duc de Bretagne. Il est fiancé, en 1419, à Marguerite, une des filles du duc, et au vu du jeune âge des deux époux, ils sont séparés en attendant que le mariage soit accompli. Suivant l’usage du temps, Guy demeurait auprès de Jean, son beau-père, pendant que sa fiancée était confiée aux soins d’Anne de Laval. Anne se rendit à Vannes pour y recevoir des mains du duc la comtesse, âgée de 9 ans elle décédera en 1427.
En 1420, Guy XIV, tout juste âgé de quatorze ans, est la seconde personne qui appose sa signature à la pétition envoyée au roi d’Angleterre pour lui demander la délivrance d’Arthur, comte de Richemont [1], prisonnier depuis la bataille d’Azincourt [2]. Le comte de Richemont est libéré en septembre de la même année. Il ne participa pas, contrairement à son frère André, à la bataille de la Brossinière [3].
En 1424, il accompagne Arthur de Richemont, futur connétable, à la brillante réception que lui avait préparée la reine Yolande d’Aragon dans son château d’Angers. Il s’agissait alors de détacher le capitaine breton du parti des Anglais et de ménager un rapprochement entre la Bretagne et la France.
Il rejoint le 8 juin 1429, à Selles-en-Berry [4], l’armée royale que réunit Jeanne d’Arc et le duc d’Alençon pour poursuivre la libération du Val de Loire après la levée du siège d’Orléans. Il a laissé, dans une lettre à sa mère, un vivant portrait de Jeanne d’Arc dont il est devenu un fervent admirateur.
Ils se distinguent à Jargeau [5], Beaugency [6], et surtout à Patay [7] où il combat à l’avant-garde. Avec son frère André de Lohéac , il suivit le souverain à Reims et assiste au sacre de Charles VII, remplaçant le comte de Flandre [8].
Le jour même de cette cérémonie le 17 juillet 1429, Charles VII, dans un conseil nombreux qu’il tint, érigea la baronnie de Laval en comté de Laval.
De Reims, Guy accompagna le roi jusqu’au mois de septembre 1430, qu’il prit congé de lui pour retourner dans ses terres. André de Lohéac, ne revint de long-temps chez lui, et fut bientôt élevé à la dignité d’amiral, puis honoré du bâton de maréchal.
De retour à Laval, Guy alla saluer, au mois d’octobre 1430, le duc de Bretagne Jean V de Bretagne, qui lui fit épouser Isabelle , sa fille unique le 1er octobre 1430 à Redon.
Suite à un différent datant de 1396 lors du mariage de Marie de Bretagne, fille de Jean IV de Bretagne, avec Jean 1er , comte d’Alençon. Devant l’échec des discussions, Jean V leva des troupes à Rennes et dans ses environs. Il en remit le commandement à son gendre, Guy XIV de Laval, et leur donna l’ordre d’assiéger en 1432 Pouancé [9] où se trouvait le duc d’Alençon, sa mère et sa femme, et où était emprisonné Jean de Malestroit. Il se rendit à Châteaubriant [10] pour pouvoir suivre plus facilement l’évolution de l’opération.
Isabelle de Bretagne, sa femme décéde à Auray [11], le 14 janvier 1443, etsera inhumée à l’église des Frères-Prêcheurs de Nantes.
L’alliance de Guy XIV avec la maison de Bretagne n’empêcha pas un différend avec le duc François 1er de Bretagne, son beau-frère, à l’occasion de certaine levée que celui-ci voulait faire dans la baronnie de Vitré. Guy XIV s’y opposa soutenant qu’elle ne pouvait se faire sans son consentement, et gagna sa cause au parlement, par arrêt du 28 juillet 1447.
Guy XIV et André de Lohéac prirent part à l’expédition rapide, par laquelle la Normandie fut enlevée aux Anglais. On les voit à la prise de Saint-Jacques-de-Beuvron, de Mortain, de Coutances, de Saint-Lô, de Carentan, de Valognes ; puis au siège de Fougères, enlevé à l’ennemi pendant la trève et qui fut remis à Pierre de Bretagne, frère du duc François ; enfin à la bataille de Formigny [12], dans laquelle périrent 4700 Anglais. Lohéac, après la soumission de Bayeux, reçut celle de Saint-Sauveur-le-Vicomte. II se trouva aux sièges de Caen et de Falaise, et à celui de Cherbourg, la dernière place qui restât à l’ennemi dans cette province
On sait qu’après avoir, moyennant finances, laissé rompre en faveur de Gilles de Bretagne les fiançailles de son fils Guy XV avec Françoise de Dinan , fille unique de Jacques de Dinan , en 1440. Guy XIV abusa de nouveau du jeune âge de ce même fils, pour lui enlever une seconde fois sous l’influence de Françoise d’Amboise , sa fiancée, alors veuve de Gilles de Bretagne, et l’épouser à 45 ans en février 1451 à Vitré [13], Françoise de Dinan baronne de Châteaubriant.
Ce mariage apporta au comte de Laval, entre autres terres, l’importante baronnie de Châteaubriant, celle de Montafilant, et celle de Beaumanoir. À partir de ce second mariage, les sires de Montfort, du nom de Laval, abandonnèrent le séjour de Montfort pour les résidences de Laval, Vitré et Chateaubriant
En 1463, Louis XI, que Guy XIV avait accompagné précédemment dans un pèlerinage à Saint Sauveur de Redon et dont il a su conserver les bonnes grâces, malgré l’éloignement que marquait Louis XI pour tous les anciens serviteurs de Charles VII, son père, établit une Chambre des comptes [14] à Laval en 1463. Elle était composée d’un président, qui est à présent le juge ordinaire, de quatre auditeurs et d’un greffier. Ce privilège est une preuve de la grandeur de la maison de Laval. Tous les receveurs, procureurs ou fermiers du comté y rendaient leurs comptes.
La guerre de la Ligue du Bien public [15] qui se déroule à partir d’avril 1465 entre la France et la Bretagne va être un test pour la stratégie de la famille de Laval.
En Bretagne, le conflit interagissait avec la question du contrôle des évêchés bretons, un sujet majeur et d’importance concernant l’indépendance du duché. Guy XIV de Laval choisit la neutralité.
Anne de Laval, mère du comte, vivait toujours et continuait d’exercer avec son fils, dans ses terres, l’autorité seigneuriale, partageant même avec lui la dignité comtale. Elle décède le 24 janvier 1466.
Au début du 15ème siècle, le château de Comper [16] devient le fief des Laval. Afin de mieux asseoir sa préséance sur le vicomte de Rohan aux États de Bretagne, Guy XIV de Laval, seigneur de Brecilien, prétendait, comme son parent, descendre des anciens rois d’Armorique, Conan Meriadec et Ponthus.
Guy XIV est lieutenant général du duché de Bretagne en 1472. La guerre ne tarda pas à se renouveler entre Louis XI et François II de Bretagne, duc de Bretagne. En profitant d’une trêve jusqu’au 10 juin, Charles le Téméraire proposait secrètement à François II de Bretagne d’attaquer le royaume de France. En effet, sous prétexte d’un empoisonnement, le duc de Bretagne avait fait prisonnier le confesseur et l’écuyer de cuisine du duc de Guyenne.
Avec son armée puissante, Louis XI en conflit avec Jean II de Valois, passa par Laval ; mais il ne s’y arrêta pas et il ne lui fut pas fait de réception solennelle. Le comte Guy XIV de Laval était alors à Chateaubriand.
Le roi, en quittant Laval, se réfugia à l’Abbaye de la Roë [17] au mois de septembre 1472 pendant que son armée était devant la Guerche [18]. Il occupa Ancenis [19] le 7 juillet, puis le 21 juillet Pouancé à la frontière. Ensuite, le roi retourna aux Pont-de-Cé [20] pour contrôler le passage de la Loire. Enfin, le 15 octobre, une trêve pour un an fut conclue.
Guy XIV survécut près de vingt et un ans à sa mère. Atteint depuis longtemps de paralysie, il meurt le 2 septembre 1486 dans son château de Châteaubriant où il passe les dernières années de sa vie. Il est transporté à la Collégiale Saint-Tugal de Laval [21], pour y être inhumé. Il y est enterré par le cardinal Philippe de Luxembourg , Évêque du Mans, assisté d’un grand nombre de prélats, d’abbés, de chevaliers et d’écuyers.