Bienvenue sur mon site historique. Bon surf

L’histoire pour le plaisir

Accueil du site > Histoire du 15ème siècle > Guy XIV de Laval ou François de Laval-Montfort

Guy XIV de Laval ou François de Laval-Montfort

jeudi 15 octobre 2015

Guy XIV de Laval ou François de Laval-Montfort (1406-1486)

1er comte de Laval-Baron de Vitré et de La Roche-Bernard-Vicomte de Rennes-Seigneur de Châtillon, d’Acquigny, d’Aubigné, de Courbeveille, de Montfort, de Gaël de Tinténiac, de Bécherel et de Romillé, de Lohéac, et de La Roche-en-Nort-Châtelain de La Brétesche

Batailles et opérations majeures en France pendant la guerre de 100 ans, entre 1415 et 1453. D'apres les cartes publiées dans la revue L'Histoire, n° 210, mai 1997, et dans l'ouvrage de Boris Bove, Le temps de la guerre de Cent ans : 1328-1453, Belin, 2009, ISBN 978-2-7011-8918-5)Il accrut considérablement le prestige et la renommée des Laval, par son combat auprès de Jeanne d’Arc, son mariage avec une fille du duc de Bretagne, sa qualité d’intermédiaire entre le duc de Bretagne et le roi de France, et par sa présence fréquente dans l’entourage du souverain.

Guy XIV de Laval, et son frère André de Lohéac avaient la particularité d’être vassaux du duché de Bretagne en même temps que de la Couronne de France.

Il est le fils de Jean de Montfort dit Guy XIII de Laval et d’ Anne de Laval . Il était par sa mère petit-fils de Guy XII de Laval et de Jeanne de Laval, deuxième épouse du connétable Bertrand Du Guesclin.

Il est élevé à la cour de Jean V de Bretagne, duc de Bretagne. Il est fiancé, en 1419, à Marguerite, une des filles du duc, et au vu du jeune âge des deux époux, ils sont séparés en attendant que le mariage soit accompli. Suivant l’usage du temps, Guy demeurait auprès de Jean, son beau-père, pendant que sa fiancée était confiée aux soins d’Anne de Laval. Anne se rendit à Vannes pour y recevoir des mains du duc la comtesse, âgée de 9 ans elle décédera en 1427.

En 1420, Guy XIV, tout juste âgé de quatorze ans, est la seconde personne qui appose sa signature à la pétition envoyée au roi d’Angleterre pour lui demander la délivrance d’Arthur, comte de Richemont [1], prisonnier depuis la bataille d’Azincourt [2]. Le comte de Richemont est libéré en septembre de la même année. Il ne participa pas, contrairement à son frère André, à la bataille de la Brossinière [3].

En 1424, il accompagne Arthur de Richemont, futur connétable, à la brillante réception que lui avait préparée la reine Yolande d’Aragon dans son château d’Angers. Il s’agissait alors de détacher le capitaine breton du parti des Anglais et de ménager un rapprochement entre la Bretagne et la France.

Il rejoint le 8 juin 1429, à Selles-en-Berry [4], l’armée royale que réunit Jeanne d’Arc et le duc d’Alençon pour poursuivre la libération du Val de Loire après la levée du siège d’Orléans. Il a laissé, dans une lettre à sa mère, un vivant portrait de Jeanne d’Arc dont il est devenu un fervent admirateur.

Ils se distinguent à Jargeau [5], Beaugency [6], et surtout à Patay [7] où il combat à l’avant-garde. Avec son frère André de Lohéac , il suivit le souverain à Reims et assiste au sacre de Charles VII, remplaçant le comte de Flandre [8].

Le jour même de cette cérémonie le 17 juillet 1429, Charles VII, dans un conseil nombreux qu’il tint, érigea la baronnie de Laval en comté de Laval.

De Reims, Guy accompagna le roi jusqu’au mois de septembre 1430, qu’il prit congé de lui pour retourner dans ses terres. André de Lohéac, ne revint de long-temps chez lui, et fut bientôt élevé à la dignité d’amiral, puis honoré du bâton de maréchal.

De retour à Laval, Guy alla saluer, au mois d’octobre 1430, le duc de Bretagne Jean V de Bretagne, qui lui fit épouser Isabelle , sa fille unique le 1er octobre 1430 à Redon.

Suite à un différent datant de 1396 lors du mariage de Marie de Bretagne, fille de Jean IV de Bretagne, avec Jean 1er , comte d’Alençon. Devant l’échec des discussions, Jean V leva des troupes à Rennes et dans ses environs. Il en remit le commandement à son gendre, Guy XIV de Laval, et leur donna l’ordre d’assiéger en 1432 Pouancé [9] où se trouvait le duc d’Alençon, sa mère et sa femme, et où était emprisonné Jean de Malestroit. Il se rendit à Châteaubriant [10] pour pouvoir suivre plus facilement l’évolution de l’opération.

Isabelle de Bretagne, sa femme décéde à Auray [11], le 14 janvier 1443, etsera inhumée à l’église des Frères-Prêcheurs de Nantes.

L’alliance de Guy XIV avec la maison de Bretagne n’empêcha pas un différend avec le duc François 1er de Bretagne, son beau-frère, à l’occasion de certaine levée que celui-ci voulait faire dans la baronnie de Vitré. Guy XIV s’y opposa soutenant qu’elle ne pouvait se faire sans son consentement, et gagna sa cause au parlement, par arrêt du 28 juillet 1447.

Guy XIV et André de Lohéac prirent part à l’expédition rapide, par laquelle la Normandie fut enlevée aux Anglais. On les voit à la prise de Saint-Jacques-de-Beuvron, de Mortain, de Coutances, de Saint-Lô, de Carentan, de Valognes ; puis au siège de Fougères, enlevé à l’ennemi pendant la trève et qui fut remis à Pierre de Bretagne, frère du duc François ; enfin à la bataille de Formigny [12], dans laquelle périrent 4700 Anglais. Lohéac, après la soumission de Bayeux, reçut celle de Saint-Sauveur-le-Vicomte. II se trouva aux sièges de Caen et de Falaise, et à celui de Cherbourg, la dernière place qui restât à l’ennemi dans cette province

On sait qu’après avoir, moyennant finances, laissé rompre en faveur de Gilles de Bretagne les fiançailles de son fils Guy XV avec Françoise de Dinan , fille unique de Jacques de Dinan , en 1440. Guy XIV abusa de nouveau du jeune âge de ce même fils, pour lui enlever une seconde fois sous l’influence de Françoise d’Amboise , sa fiancée, alors veuve de Gilles de Bretagne, et l’épouser à 45 ans en février 1451 à Vitré [13], Françoise de Dinan baronne de Châteaubriant.

Ce mariage apporta au comte de Laval, entre autres terres, l’importante baronnie de Châteaubriant, celle de Montafilant, et celle de Beaumanoir. À partir de ce second mariage, les sires de Montfort, du nom de Laval, abandonnèrent le séjour de Montfort pour les résidences de Laval, Vitré et Chateaubriant

En 1463, Louis XI, que Guy XIV avait accompagné précédemment dans un pèlerinage à Saint Sauveur de Redon et dont il a su conserver les bonnes grâces, malgré l’éloignement que marquait Louis XI pour tous les anciens serviteurs de Charles VII, son père, établit une Chambre des comptes [14] à Laval en 1463. Elle était composée d’un président, qui est à présent le juge ordinaire, de quatre auditeurs et d’un greffier. Ce privilège est une preuve de la grandeur de la maison de Laval. Tous les receveurs, procureurs ou fermiers du comté y rendaient leurs comptes.

La guerre de la Ligue du Bien public [15] qui se déroule à partir d’avril 1465 entre la France et la Bretagne va être un test pour la stratégie de la famille de Laval.

En Bretagne, le conflit interagissait avec la question du contrôle des évêchés bretons, un sujet majeur et d’importance concernant l’indépendance du duché. Guy XIV de Laval choisit la neutralité.

Anne de Laval, mère du comte, vivait toujours et continuait d’exercer avec son fils, dans ses terres, l’autorité seigneuriale, partageant même avec lui la dignité comtale. Elle décède le 24 janvier 1466.

Au début du 15ème siècle, le château de Comper [16] devient le fief des Laval. Afin de mieux asseoir sa préséance sur le vicomte de Rohan aux États de Bretagne, Guy XIV de Laval, seigneur de Brecilien, prétendait, comme son parent, descendre des anciens rois d’Armorique, Conan Meriadec et Ponthus.

Guy XIV est lieutenant général du duché de Bretagne en 1472. La guerre ne tarda pas à se renouveler entre Louis XI et François II de Bretagne, duc de Bretagne. En profitant d’une trêve jusqu’au 10 juin, Charles le Téméraire proposait secrètement à François II de Bretagne d’attaquer le royaume de France. En effet, sous prétexte d’un empoisonnement, le duc de Bretagne avait fait prisonnier le confesseur et l’écuyer de cuisine du duc de Guyenne.

Avec son armée puissante, Louis XI en conflit avec Jean II de Valois, passa par Laval ; mais il ne s’y arrêta pas et il ne lui fut pas fait de réception solennelle. Le comte Guy XIV de Laval était alors à Chateaubriand.

Le roi, en quittant Laval, se réfugia à l’Abbaye de la Roë [17] au mois de septembre 1472 pendant que son armée était devant la Guerche [18]. Il occupa Ancenis [19] le 7 juillet, puis le 21 juillet Pouancé à la frontière. Ensuite, le roi retourna aux Pont-de-Cé [20] pour contrôler le passage de la Loire. Enfin, le 15 octobre, une trêve pour un an fut conclue.

Guy XIV survécut près de vingt et un ans à sa mère. Atteint depuis longtemps de paralysie, il meurt le 2 septembre 1486 dans son château de Châteaubriant où il passe les dernières années de sa vie. Il est transporté à la Collégiale Saint-Tugal de Laval [21], pour y être inhumé. Il y est enterré par le cardinal Philippe de Luxembourg , Évêque du Mans, assisté d’un grand nombre de prélats, d’abbés, de chevaliers et d’écuyers.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Jean Favier, Louis XI, Paris, Fayard,‎ 2001

Notes

[1] Le titre de comte de Richmond également écrit Richemont a été créé de nombreuses fois dans la pairie d’Angleterre.

[2] La bataille d’Azincourt (Artois) se déroule le vendredi 25 octobre 1415 pendant la guerre de Cent Ans. Les troupes françaises, fortes de quelque 18 000 hommes, tentent de barrer la route à l’armée du roi d’Angleterre Henri V, forte d’environ 6 000 hommes et qui tente de regagner Calais, devenue anglaise depuis 1347, et donc par là même l’Angleterre. Cette bataille, où la chevalerie française est mise en déroute par des soldats anglais inférieurs en nombre, est souvent considérée comme la fin de l’ère de la chevalerie et le début de la suprématie des armes à distance sur la mêlée, suprématie qui ne fait que se renforcer par la suite avec l’invention des armes à feu. Elle est, en réaction, une cause majeure de l’épopée de Jeanne d’Arc, puis de l’investissement dans l’artillerie qui deviendra une spécialité française.

[3] En 1423, la bataille dite la « besoigne » de la Brossinière (commune de Bourgon, Mayenne), dite parfois la bataille de la Gravelle, oppose les armées anglaise et française, alors que la guerre de Cent Ans a repris depuis peu. Le 26 septembre 1423, Suffolk, commandant les troupes anglaises qui avaient envahi la France, voyait son offensive brisée par les hobereaux faméliques du comte d’Aumale. Il s’agit de la bataille de la Brossinière.

[4] Selles-sur-Cher

[5] La bataille de Jargeau est un combat de la guerre de Cent Ans qui eut lieu dans l’ancienne province de l’Orléanais à Jargeau le 12 juin 1429 entre les armées française et anglaise. Cette bataille s’inscrit dans la campagne de la vallée de la Loire

[6] La bataille de Beaugency s’est déroulée les 16 et 17 juin 1429. Ce fut l’une des batailles de Jeanne d’Arc. Peu après que le siège d’Orléans a été levé, les forces françaises reprennent les zones voisines de la Loire. Cette campagne fut la première offensive française soutenue depuis une génération au cours de la guerre de Cent Ans.

[7] La bataille de Patay (non loin d’Orléans) est un événement majeur de la guerre de Cent Ans, qui s’est déroulé le 18 juin 1429 entre les armées française et anglaise. Bien que la victoire de Charles VII sur Henri VI d’Angleterre soit souvent mise au crédit de Jeanne d’Arc, l’essentiel du combat eut lieu à l’avant-garde de l’armée française

[8] qui était le duc de Bourgogne

[9] Pouancé est une commune française, située dans le département de Maine-et-Loire, dans la région des Pays de la Loire. Située à l’extrémité nord-ouest du département de Maine-et-Loire, Pouancé marque depuis le Moyen Âge une véritable frontière entre la Bretagne et l’Anjou. Cette position stratégique lui vaut la dénomination de « porte de l’Anjou aux Marches de Bretagne ». Étant l’une des 32 villes closes de l’Anjou, elle a conservé une partie de son patrimoine médiéval malgré les nombreux sièges de la guerre de Cent Ans et du conflit franco-breton.

[10] Châteaubriant est une commune de l’Ouest de la France, située dans le département de la Loire-Atlantique. Elle fait partie de la Bretagne historique et du pays de la Mée. Entourée d’un paysage à dominante rurale, elle s’est développée autour de son château qui fut le théâtre de combats liés à l’affrontement entre la Bretagne et la France.

[11] Auray est une commune française située dans le département du Morbihan. La ville est encadrée par les communes de Crac’h au sud et à l’ouest, Brech au nord, et Pluneret à l’est. Elle est traversée par un petit fleuve côtier, la rivière d’Auray, qui débouche dans le golfe du Morbihan. La ville haute est sur la rive ouest de la rivière d’Auray sur le bord du plateau armoricain profondément entaillé par la rivière. Le port de Saint-Goustan est au fond de la vallée, à l’est de la rivière.

[12] La bataille de Formigny est une bataille de la guerre de Cent Ans qui s’est déroulée le 15 avril 1450 à Formigny en Normandie entre les Anglais, les Français et les Bretons.

[13] Vitré est une commune française située dans le département d’Ille-et-Vilaine. Dans l’histoire bretonne, Vitré fait partie du Pays rennais (Bro-Roazhon en breton) et du pays traditionnel culturel du Vendelais (Gwennel en breton).

[14] Les chambres des comptes étaient en France, sous l’Ancien Régime, des juridictions souveraines spécialisées dans les affaires de finances. La Chambre des comptes de Paris, la plus ancienne, est l’ancêtre de l’actuelle Cour des comptes.

[15] La ligue du Bien public est une révolte de princes, menés par Charles, comte de Charolais et d’autres grands seigneurs, contre l’accroissement des pouvoirs du roi de France Louis XI. Elle s’étend de mars à octobre 1465.

[16] Le château de Comper est situé à proximité de la forêt de Paimpont, à trois kilomètres à l’est du bourg de Concoret en Bretagne. À l’origine château fort médiéval profitant d’une position stratégique enviable grâce à la protection offerte par le vaste étang et la forêt qui l’entourent, il a connu diverses destructions et reconstructions au fil de son histoire. Il passe aux mains des barons de Gaël-Montfort, des Laval, des Rieux, des Coligny et des La Trémoille. Démantelé en 1598 sur ordre d’Henri IV, il est incendié durant la Révolution française.

[17] L’abbaye de la Roë est un établissement religieux augustinien de chanoines réguliers, situé dans le sud-ouest de la Mayenne, dite Mayenne angevine en raison de sa situation géographique plaçant ce lieu dans le Haut-Anjou. L’abbaye est à 33 kilomètres de Château-Gontier et de Laval, et à environ 60 kilomètres de Rennes et d’Angers.

[18] La Guerche-de-Bretagne est située en Bretagne historique (sur les Marches de Bretagne, zone frontière) et administrative, département d’Ille-et-Vilaine, à l’est du bassin de Rennes (à 35 km à l’ouest-nord-ouest), au sud du pays de Vitré (Vitré à 22 km au nord), entre les cours de la Seiche (au nord) et de l’Ardenne (au sud).

[19] Ancenis est une commune de l’Ouest de la France, dans le département de la Loire-Atlantique. Ancenis est situé à l’est du département de la Loire-Atlantique, en bordure de celui du Maine-et-Loire. La ville est à 35 km à l’est de Nantes, à 50 km à l’ouest d’Angers, à 50 km au nord de Cholet, et à 50 km au sud de Châteaubriant.

[20] Les Ponts-de-Cé est une commune française située dans le département de Maine-et-Loire. Au 15ème siècle, le roi Louis XI demeurait fréquemment aux Ponts-de-Cé, quoique ce lieu fût situé en Anjou. En effet, à cette époque, le duc François II de Bretagne, afin de conserver son indépendance, s’était allié aux ennemis du royaume de France, notamment le duc de Bourgogne Charles le Téméraire. Pour le roi, le château des Ponts-de-Cé était idéal à contrôler ceux qui y passaient vers et dès la Bretagne. Ainsi, il y arriva le 29 août 1472 pour cet objectif, après avoir occupé Ancenis le 7 juillet ainsi que Pouancé le 21 juillet, villes frontières, de sorte que François II renonce son intention d’attaquer le royaume.

[21] La collégiale Saint-Tugal de Laval était située à Laval en Mayenne. Elle était liée à la paroisse Saint-Tugal de Laval. La collégiale fut démolie en 1798.