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Sextus Julius Africanus dit Jules l’Africain

mardi 15 septembre 2015, par lucien jallamion

Sextus Julius Africanus dit Jules l’Africain (vers 160/180-vers240)

Écrivain chrétien

empire romain au 2ème siècleIssu d’une famille originaire de la province d’Afrique d’après son surnom, mais apparemment né en Palestine ou même à Jérusalem, il est un écrivain chrétien de langue grecque, auteur de la première chronique universelle conçue dans une optique chrétienne, chronologie de l’histoire du monde depuis la Création biblique jusqu’à son époque.

Sa vie est très mal connue. Il devait être nettement plus âgé qu’Origène né vers 185, puisqu’il l’appelle « mon fils » dans la lettre qu’il lui adresse. D’un milieu sûrement très riche, et homme très cultivé, il écrivait en grec, mais connaissait aussi parfaitement le latin, et sans doute l’hébreu.

Il fut officier dans l’armée et séjourna à Édesse [1] et à la cour du roi Abgar IX ou il y a connu Bardesane .

Selon la notice de saint Jérôme dans son “De viris illustribus”, il dirigea une ambassade des citoyens d’Emmaüs Nicopolis [2] en Palestine auprès de l’empereur Héliogabale. D’après Eusèbe de Césarée, la ville fut restaurée et nommée Nicopolis en 222 sous la direction de Julius Africanus, l’auteur de la Chronique. D’autres sources, notamment syriaques, l’appellent évêque de cette ville, mais c’est douteux.

Selon Eusèbe de Césarée, il disait dans sa Chronographie s’être rendu à Alexandrie attiré par la réputation d’Héraclas évêque de la ville. Les Cestes selon Georges le Syncelle furent dédiés à l’empereur Sévère Alexandre. Sous le règne de cet empereur, l’auteur fonda une bibliothèque publique dans le Panthéon de Rome. Julius Africanus ne semble jamais avoir été inquiété pour son christianisme.

Ses Chronographies chrétiennes en cinq livres n’ont pas été conservées comme telles, mais elles ont été historiquement la première source et le modèle de toute la tradition chrétienne des Chroniques universelles, et donc particulièrement de celle d’Eusèbe de Césarée. Le texte se reconstitue surtout à partir d’Eusèbe. La Chronique de ce dernier, sûrement inspirée de Julius Africanus mais sans qu’on puisse forcément isoler ce qui appartient à celui-ci nous a été directement transmise dans des versions syriaques et arméniennes, et le canon chronologique l’accompagnant a été traduit en latin par saint Jérôme.

Ces Chronographies établissaient la chronologie de l’histoire du monde depuis la Création en 5499 av. jc selon ses calculs jusqu’en 221 sous le règne d’Héliogabale.

Il se référait aux chronologies des Égyptiens et des Babyloniens. Pour l’histoire grecque, avant la première olympiade, l’auteur récapitulait simplement les légendes de la mythologie. Pour l’histoire juive, il se fondait notamment sur Juste de Tibériade .

Les Cestes (on trouve aussi le titre Paradoxa) étaient une sorte d’encyclopédie des sciences et des arts en 24 livres (magie, médecine, art militaire, agriculture, poésie...), touchant un peu tous les domaines et illustrée de nombreuses anecdotes, dédiée à l’empereur Sévère Alexandre. Il nous en reste d’assez nombreux fragments, portant surtout sur l’agriculture et la guerre.

Julius Africanus traduisit également en grec “l’Apologétique” de Tertullien.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Ch. Guignard, La lettre de Julius Africanus à Aristide sur la généalogie du Christ. Analyse de la tradition textuelle, édition, traduction et étude critique, Texte und Untersuchungen zur Geschichte der altchristlichen Literatur Bd 167, Walter de Gruyter, Berlin 2011.

Notes

[1] Şanlıurfa (souvent appelée simplement Urfa) est une ville du sud-est de la Turquie. Elle fut d’abord nommée Urhai, puis Édesse (ou Édessa), puis Urfa et aujourd’hui Şanlıurfa ou Riha en kurde. Le nom antique d’Édesse est Osroé, qui provient peut-être du nom du satrape Osroès qui gouverna la région. Selon la légende, Adam et Ève séjournèrent dans la cité, qui serait la ville natale d’Abraham et qui abriterait la tombe de sa femme Sarah.

[2] Emmaüs (encore appelée Nicopolis) est un site archéologique de Israël situé à environ 30 km à l’ouest de Jérusalem à la frontière entre les monts de Judée et la vallée d’Ayalon, près de l’endroit où la route menant de Jaffa à Jérusalem, se divise en deux : la voie du nord (par Beït-Horon) et celle du sud (par Kiryat-Yéarim). L’importance de la localité a varié au cours des siècles ; du 3ème au 7ème siècle c’était une ville.