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L’histoire pour le plaisir

Françoise de Rohan

dimanche 21 juin 2015, par lucien jallamion

Françoise de Rohan (vers 1540-1591)

Dame de La Garnache-Duchesse de Loudun

Château de la Groulais à BlainDescendante des ducs de Bretagne, elle épouse en 1557, sur parole, le duc Jacques de Savoie , mais se retrouve déshonorée par l’abandon de celui-ci et n’a de cesse, pendant plus de vingt ans, d’obtenir la reconnaissance de son mariage. Blanchie de tout soupçon de fornication, puis élevée au titre de duchesse du Loudunois par le roi Henri III, Françoise de Rohan est une de ces femmes dont le sort est évoqué, sans la nommer, dans La Princesse de Clèves.

Cousine de Jeanne d’Albret et du roi Henri IV, qui la nomme communément sa tante, Françoise de Rohan trouve refuge chez ses amis protestants tandis que le parti Lorrain, épousant la cause de Nemours, ne veut plus la nommer que la demoiselle ou la dame de La Garnache du nom d’un de ses fiefs. Tandis que, pour les huguenots, elle demeure la duchesse de Nemours, elle intente contre le duc un procès, qui dure jusqu’en 1580.

Voulant obtenir que son amant infidèle reconnaisse le fruit de leur union, elle mobilise à cet effet trois rois, deux papes et plusieurs séances du parlement de Paris. Son procès, qui défraie la chronique judiciaire, se trouve ballotté par les aléas des guerres de religion, et ne connaît de fin qu’avec la réconciliation d’Henri III et Henri IV, lors de la paix du Fleix [1].

Fille du vicomte René 1er de Rohan et de Isabeau d’Albret , petite-fille du roi de Navarre Jean d’Albret , Françoise de Rohan est la sœur de Henri 1er , de Jean Frontenay et de René II de Rohan , qui portent successivement le titre de vicomte de Rohan, et s’illustrent brillamment et brièvement lors de la seconde guerre de Religion. Elle a pour amies les dames de Soubise, Antoinette d’Aubeterre et Catherine de Parthenay , qui se trouvent, de leur côté, emportées dans un procès en empêchement dirimant. Elle leur ravit leur ami avocat et mathématicien François Viète, qui loge souvent chez elle et protège ses propriétés au plus sombre des années de guerre. Il lui offre, peu de temps avant qu’elle disparaisse, la dédicace de son œuvre principale, cet “Isagoge in Artem Analyticem” par lequel il fonde l’analyse spécieuse, ou nouvelle algèbre.

Par ailleurs, le poète André de Rivaudeau loge non loin de son château de Beauvoir, et lui dédie plusieurs poèmes.

Son père, René 1er de Rohan, est apparenté aux ducs de Bretagne et à la couronne de France par sa grand-mère, Anne de Bretagne, fille de François II de Bretagne. Il conserve quelques titres au duché, ce qui fait de lui le chef du parti le plus considérable de Bretagne.

Sa mère Isabeau d’Albret est apparentée aux rois et reines de Navarre. La grand-mère de Françoise de Rohan est la reine Catherine de Navarre , son oncle maternel le roi de Navarre Henri II, ce qui en fait la cousine de Jeanne d’Albret et la tante à la mode de Bretagne du futur roi de France et de Navarre, son petit cousin, Henri IV.

La sœur aînée du roi de France François 1er, la reine de Navarre et poétesse Marguerite d’Angoulème, donne Françoise de Rohan comme enfant de compagnie à sa fille, Jeanne d’Albret. L’enfance de Françoise de Rohan se passe alors à Plessis-lez-Tours [2], où elle subit le mauvais caractère de sa cousine.

Mort au combat devant Nancy sous la direction du duc d’Aumale en 1552, son père est également prince de Léon [3], comte de Porhoët [4], seigneur de Beauvoir et de La Garnache [5], chevalier de l’ordre du Roi et capitaine d’une compagnie des ordonnances. Après la mort de son père, que le comte de Vaudémont Nicolas de Mercœur enterre dans la cathédrale de Nancy, sa mère se rapproche de l’amiral de Coligny. À cette époque, Françoise retourne en Bretagne puis, revient à la cour de France, comme fille d’honneur de Catherine de Médicis.

En 1553, la couronne de France lui donne pour dame de compagnie et gouvernante, Gabrielle Binel dite la Dame de Coué, ainsi que des servantes attachées à son service.

Séduite par la beauté du duc de Nemours , elle subit pendant les années 1554-1556 les assiduités de ce duc réputé pour sa grande élégance.

L’histoire de leur amour est longue. Elle débute un jour où Diane de Poitiers invite toute la cour à Anet. Avant de partir pour l’Italie, le duc de Nemours promet à mademoiselle de Rohan de ne pas avoir d’autre épouse qu’elle. Pendant son séjour en Italie, il lui fait envoyer des cadeaux, un miroir et une bague.

Jalouse de ses succès auprès des femmes de la cour du Piémont, elle ne lit pas ses lettres mais, au retour de son séjour en Italie, ce prince fait habiller sa maison des couleurs des Rohan [6].

Face à ces marques publiques d’attachement, Françoise reçoit les conseils et les avertissements de sa mère et de la reine Catherine de Médicis. Mais au soir du 22 avril 1556, Nemours, qu’elle autorise à demeurer dans sa « ruelle », lui dit selon Hector de La Ferrière, Je vous prends pour femme, dites que vous me prenez pour mari.

Ces serments, faits devant témoins, ont alors valeur juridique. Ils ont pour gages Gabrielle Binel et les autres serviteurs de Françoise. Cependant, le concile de Trente [7] s’oppose à ces promesses faites sans le consentement des parents ni office religieux, promesses qui peuvent se voir casser juridiquement. Les rois de France, eux-mêmes, tentent d’en limiter la portée. Les synodes protestants tendent également, vers la même époque, à rejeter ces échanges de fois jurées.

Au début de l’été 1556, la cour étant de nouveau à Blois, Françoise de Rohan se donne enfin au duc de Nemours. Sa servante, mademoiselle de Coué, est témoin de ce rapprochement. Leur manège se prolonge quelque temps ; à Fontainebleau, à Châtillon sur Loing [8], chez Coligny où elle demeure tandis que Nemours, au lieu d’honorer sa promesse rejoint Paris, en lui recommandant de garder leur aventure secrète.

Or, au grand dépit du duc de Nemours, la demoiselle de Léon est enceinte et elle ne parvient pas à dissimuler son état. À la fin de l’été 1556, Henri II commande à Nemours d’accompagner le duc François de Guise en Italie.

Jacques de Savoie s’en va, promettant à nouveau de se marier, mais, en dépit des serments, il part sans revoir son épouse. Les envois de bagues et de lettres, ne parvenant pas à calmer sa douleur. Elle envisage dès lors l’idée de s’être fait berner. Elle décide de dissimuler sa grossesse mais apprend que Nemours compte lui dire à son retour qu’il ne veut plus l’épouser.

Concomitamment, le père du duc de Nemours conçoit le projet de lui faire épouser Lucrèce d’Este, fille cadette de Hercule II d’Este et de Renée de France, dont la sœur aînée, Anne d’Este, a épousé le duc François de Guise. Le 6 janvier 1557, jour de la fête des rois, Henri II danse deux branles avec Françoise de Rohan. Il jure au sortir de ces danses que ceux qui ont prétendu qu’elle est enceinte ont menti. Mais, à table, il remarque l’anxiété visible de la demoiselle de Léon. Le lendemain matin, il demande à la reine, Catherine de Médicis et à sa première maîtresse, Diane de Poitiers de vérifier ses intuitions.

La révélation de la grossesse de la jeune Françoise de Rohan irrite terriblement le roi. Il n’aime pas les mariages clandestins. Françoise de Rohan, après avoir reçu ses violentes réprimandes, tente de lui expliquer les origines de son affaire. Entendue par le conseil royal, elle produit alors, devant la reine, Diane de Poitiers et d’autres témoins dont Ambroise Paré, Madeleine de Savoie et La duchesse de Montpensier Jacqueline de Longwy , les lettres dans lesquelles le duc Nemours l’assure de ses amours et découvre sa hâte de voir leur enfant.

En dépit de ses proclamations, elle doit affronter la sévérité du jugement de la cour. Elle y répond avec sérénité tandis que le roi écrit à son favori, toujours en Italie, afin de le sonder sur ses intentions. Mais Nemours, d’Italie, répond habilement à Henri II, et laisse entendre, de façon dilatoire, que toute l’affaire sera éclaircie à son retour.

Exilée à Vendôme, Françoise de Rohan y reçoit la visite du roi de Navarre, Antoine de Bourbon , qui la défend auprès de Jeanne d’Albret, courroucée, et soutient son honneur.

Il ne chasse pas ses suivantes de peur des médisants, et la fait conduire dans son royaume, à Pau, où elle accouche d’un fils le 24 mars 1557, fils qu’elle prénomme Henri en présence de Jeanne d’Albret. Navarre, de son côté, remonte sur Paris plaider sa cause auprès d’Henri II tandis que Nemours continue à batifoler en Italie. La mère de Françoise de Rohan se convertit officiellement au protestantisme en 1558.

Pendant près de deux ans, l’affaire en reste là. La France est au plus mal, les troupes de Charles Quint sont aux portes de Paris et Françoise de Rohan hésite à faire comparaître son suborneur. Elle ne s’y résout qu’à la fin de 1558. Le 24 janvier 1559, elle se porte plaignante, pour promesse de présents et mariage consommé. Son procès devant Eustache du Bellay , Johan Picot et Étienne Dugué commence. Une citation à comparaître, exige de Nemours qu’il se présente au tribunal le 13 février.

Les témoignages de ce procès laissent entendre que Françoise de Rohan est dans son droit. Mais le procès traîne en longueur jusqu’au mois de mai. Au mois de juin, Henri II est blessé en tournoi, l’œil transpercé par la lance de Montgomery . Le roi de France meurt 10 jours plus tard, cédant la régence à la reine de Médicis, qui ne peut s’opposer à la montée du parti Lorrain des Guises, dont Nemours est un des protégés.

À compter de la mort d’Henri II, la vie de Françoise de Rohan et le sort de son procès, ne dépend plus de la justice mais des aléas de la politique et son procès subit tous les contrecoups des guerres de religion.

En 1560, ne se décourageant pas, Françoise de Rohan fait de nouveau assigner le duc de Nemours. La cour demeure à Blois puis à Amboise. C’est l’époque de la conjuration d’Amboise [9]. Le 15 mars, le duc Jacques de Savoie s’empare du château de Noizay [10], où se sont rassemblés quelques conjurés. Pendant les mois qui suivent, il est au faîte de sa gloire. La reine d’Angleterre désire le connaître alors que la duchesse Anne de Guise n’a plus d’yeux que pour lui.

En septembre 1560, Catherine de Médicis se rapproche encore plus étroitement des princes lorrains et peu après, Louis de Condé , bien que chef du parti protestant, est attiré à Orléans et fait prisonnier. Son exécution est demandée par les Guises, qui l’accusent de comploter. Elle est ajournée par le chancelier Michel de l’Hospital . Ces heures sont parmi les plus sombres pour Françoise de Rohan, mais le 5 décembre 1560, la donne change de nouveau, avec la mort de François II.

En 1561, les trois frères de Françoise de Rohan se retrouvent à Paris. Henri, René, dit Pontivy, et Jean, dit Frontenay, sont décidés à en découdre avec Nemours. Le roi Charles IX n’est encore qu’un enfant. Catherine de Médicis et le Roi de Navarre sont devenus les seuls arbitres du pouvoir royal. Ils arrachent aux trois Rohan la promesse de renoncer à la voie des armes. Après la paix de Saint-Germain, les Guises écartés du pouvoir se retirent un temps sur leur terre. Nemours conçoit le projet de faire enlever le frère du roi, François d’Alençon , afin de servir la cause catholique. Il s’attire immédiatement l’hostilité de la reine et part quelque temps après se réfugier en Savoie.

En mars 1562, le massacre de Wassy [11], œuvre du duc François de Guise, ouvre une nouvelle période de troubles. La guerre recommence et les protestants s’emparent de la ville d’Orléans. Le 13, lors d’une transaction avec ses parents, Françoise de Rohan est toujours réputée duchesse de Nemours. En avril, elle obtient un jugement d’astreinte qui ordonne au duc de Nemours de se présenter sous un mois à Paris.

Quelques semaines s’écoulent et le duc fait porter à Françoise de Rohan une lettre lui adjoignant de se trouver seule, le 15 septembre à Langeais [12]. Il annonce abdiquer. Françoise n’est pas dupe, cette mesure n’est qu’un leurre, qui donne au duc le temps de rentrer dans les grâces de la reine.

Les Guises ont repris le pouvoir. Nemours revient en cour le 4 juillet 1562, alors que la ville de Bourges est investie par les troupes de Navarre. La guerre, une fois encore, rythme le procès de Françoise de Rohan. Toutefois, Navarre est blessé à Rouen et meurt des suites de sa blessure en novembre 1562.

Nemours part combattre les troupes de Condé commandées par Jean de Parthenay lors d’un siège qui s’éternise devant la ville de Lyon. Contre toute attente, les armées de Soubise résistent jusqu’en 1563.

Le 4 février 1563, le duc de Nemours est déclaré forclos. Les espoirs de Françoise de Rohan renaissent.

Le 18 février 1563, le duc François de Guise reçoit un coup de pistolet, tiré par un des lieutenants de Soubise, Poltrot de Méré, ce dont il meurt une semaine plus tard, privant le duc de Nemours d’un de ses meilleurs soutiens.

Contrairement à toute attente, si la mort du duc de Guise affaiblit considérablement le parti lorrain, elle libère la duchesse, Anne d’Este, qui dès lors, brûlant de convoler avec Nemours, n’a de cesse de hâter la fin du procès qui l’oppose à Françoise de Rohan. Fort de ce soutien, le 20 juin 1563, le duc de Nemours accuse de nouveau les témoins de Françoise de Rohan de vénalité. Mais son accusation demeure sans effet.

Après un an, tandis que la ville du Havre est reprise sur l’Angleterre, Nemours affronte Condé en tournoi. Il est nommé peu après par la reine Catherine de Médicis au gouvernement de la ville de Lyon, ville qu’il n’a pu reprendre par les armes aux protestants menés par Soubise.

Après la paix signée à Troyes, le 14 avril 1564, la reine se rend à Bar-le-Duc, en Bourgogne, puis à Lyon. La duchesse Anne de Guise déclare à Nemours qu’elle veut bien consentir à l’épouser si son procès prend fin. Nemours demande alors à la reine de faire transférer son procès de Paris à Lyon, sous sa juridiction, et d’agir auprès de Pie IV pour qu’on en donne la direction à l’archevêque de Lyon.

Pie IV cède à cette attente. Le 20 mai 1564, Françoise de Rohan refuse de comparaître dans la ville que tient Jacques de Nemours et fait défaut. Le parlement de Paris, réuni en haute cour, lui donne raison du fait que la peste sévit à Lyon, d’où elle chasse d’ailleurs Catherine de Médicis. Quand la reine revient à Paris, le parlement de Paris renouvelle son avis, le 20 juin 1564.

Un an plus tard, le 28 juin 1565 à Bayonne, Nemours obtient, avec l’aide de la duchesse de Guise, que le jeune roi Charles IX écrive une première lettre destinée au Pape, qu’il appuie par une seconde lettre le 25 octobre. Charles IX en écrit une troisième, interdisant au parlement de Paris de se mêler à nouveau de son procès.

Le 6 novembre 1565, l’archevêque de Lyon aidé de dix assesseurs, repousse la plainte de Françoise de Rohan.

À partir de 1565, le procès de Françoise de Rohan entre dans une nouvelle phase. Les parlements se déclarent en sa faveur et les sympathies qu’elle attire dépassent les rangs des protestants. Pour autant, la dame de la Garnache n’est pas au bout de ses peines. Les guerres de religion se succèdent sans qu’un camp ne parvienne réellement à l’emporter et son procès dure encore quinze ans avant de parvenir à trouver une issue favorable.

Le 4 décembre 1565, le parlement se déclare pour Françoise de Rohan. Mais, sous la pression des Guises et de Nemours, Charles IX interdit au parlement de n’en plus rien connaître, le 20 janvier 1566.

Le 28 avril 1566, Françoise de Rohan est citée à comparaître devant le conseil privé. Le jugement de l’archevêque de Lyon lui est confirmé, toutefois, le conseil lui laisse la liberté d’en appeler au Pape. Le seul recours qui lui est laissé est à double tranchant : chacun connaît les sentiments religieux des Rohan, qui se sont déclarés pour la nouvelle religion. Faire appel au Pape, c’est aussi reconnaître son autorité. Le lendemain de cet avis, est signé le contrat de mariage liant le duc de Nemours et la duchesse de Guise. Catherine de Médicis bénit cette union et Charles IX offre cent mille livres aux époux.

Le 5 mai 1566, Françoise de Rohan envoie un huissier de justice, du nom de Vincent Petit, interrompre la cérémonie de mariage du duc Jacques de Savoie et de la duchesse Anne de Guise dans l’abbaye jouxtant le château de Saint-Maur-des-Fossés [13] que vient de racheter la reine. L’huissier est emprisonné et la cérémonie se poursuit sous la houlette du Cardinal de Lorraine. Cette interruption intempestive, et contraire aux règles de la bienséance, déclenche des passions et déchire la noce. Renée d’Este, la belle-mère de Jacques de Nemours et Jeanne d’Albret, qui sont amies, se fâchent et échangent des mots. Mais d’un même mouvement, l’acharnement de Françoise lui attache les sympathies de son parti, et au-delà. Jeanne d’Albret confie l’éducation du fils de Françoise de Rohan à Théodore de Bèze.

Le 17 mai 1566, Catherine de Médicis écrit au Pape afin qu’il veille au suivi de l’affaire. Son fils Charles écrit à son tour le lendemain. Leurs lettres, en apparence, ne marquent aucune animosité contre Françoise de Rohan, mais plutôt de la compassion dans l’urgence de voir son sort définitivement établi. En vérité, elles plaident pour que leur cousine Anne de Guise soit au plus tôt confortée dans son droit.

Un espoir apparaît pour la dame de la Garnache à la mort de Pie IV. Son successeur, Pie V semble plus compréhensif, mais contrairement aux espoirs que Jeanne d’Albret met en lui, le nouveau pape confie l’affaire à Jules Oradin, doyen des auditeurs de la Rote [14]. Ces espoirs sont vite déçus et, en 1567, éclate la seconde guerre civile.

Bien qu’elle soit soutenue par Jeanne d’Albret, et que ses biens soient protégés par le duc Louis de Gonzague de Nevers, les domaines de la Garnache et de Beauvoir-sur-Mer, les deux fiefs de Françoise de Rohan en Bas Poitou [15], sont saccagées par les troupes catholiques. Ses papiers sont dispersés et elle-même est choquée. Elle se lie vers cette époque avec la veuve de Soubise, la dame de Mouchamps, Antoinette Bouchard d’Aubeterre et sa fille, Catherine de Parthenay , dont elle devient l’amie. Dans un premier temps, la troisième guerre de religion est particulièrement désastreuse pour les protestants. Condé est tué par traîtrise à Jarnac [16], et face aux troupes d’Henri d’Anjou seules résistent les armées de Coligny et des Rohan.

En novembre décembre 1569, Charles IX demande qu’on se saisisse des papiers que Françoise de Rohan a déposé chez son procureur, Maître Mocet. Pendant les deux années qui suivent, Françoise, comme bon nombre de chefs protestants, vit en grande partie à La Rochelle où se réunit la cour de la reine de Navarre.

Elle y rencontre le mathématicien François Viète, attaché aux Parthenay, ainsi que le poète André de Rivaudeau , qui délaisse Antoinette d’Aubeterre pour s’attacher à Françoise de Rohan. Son frère cadet, le jeune René II de Rohan , s’illustre particulièrement à la bataille de Moncontour [17]. Il n’a que dix-neuf ans et se nomme alors Pontivy, étant encore cadet. Il parvient à conserver à sa sœur Françoise son château de Beauvoir-sur-Mer douze jours en face des troupes catholiques, auxquelles il doit le remettre, mais dans des conditions honorables.

En 1570, Pontivy, retiré à La Rochelle, y retrouve sa sœur et les amies de celles-ci, la dame de Soubise, sa fille de quinze ans, mais aussi l’époux de celle-ci, le baron Charles de Quellenec qui est parvenu à s’échapper de la déroute de Jarnac et vient combattre sous ses ordres. Après avoir chassé les armées catholiques de Marans [18], Pontivy est nommé chef de toutes les troupes de l’Angoumois par Jeanne d’Albret. Il prend Tonnay-Charente [19], puis tout le littoral de la Saintonge, et enfin, avec l’aide de Quellenec, la ville de Saintes.

Cette nouvelle guerre de Religion prend fin avec la victoire des armées de l’Amiral Coligny et la paix de Saint-Germain-en-Laye [20]. Cette paix ne modifie en rien le sort fait à Françoise de Rohan et, le 5 mars 1571, le jugement de Lyon est confirmé par Jules Oradin. Françoise de Rohan en appelle de nouveau au parlement de Paris et, pour en finir avec cet épisode, le parlement de Paris se déclare incompétent.

En 1572, la reine de Navarre meurt, et la reine régente, Catherine de Médicis, organise les noces du nouveau roi de Navarre, Henri dit le vert galant, et de sa fille, la reine Margot. Ces noces, destinées à fêter la réconciliation du pays, sont l’occasion pour les ultras de voir se réunir à Paris la plupart des princes protestants et de les assassiner au matin de la Saint-Barthélemy. La dame de la Garnache écrit le 12 juillet précédant que le roi la mande à la cour ; elle indique dans la même lettre la tristesse qu’elle a éprouvée à la mort de Jeanne d’Albret. Si ses frères Jean et René de Rohan parviennent à sortir indemnes de ce piège, il n’en va pas de même pour Charles de Quellenec et nombre de nobles bretons.

Après la Saint-Barthélemy, son avocat, Pierre de Lannes, obtient un délai de deux mois pour tenter de plaider, pièces en mains mais celles-ci ont été dérobées à Françoise lors du sac de ses châteaux ; mais le 17 octobre 1573 le conseil privé repousse de nouveau l’appel et confirme les jugements de la Rote. Françoise décide alors d’en appeler directement à Rome. La mort de Charles IX intervient presque aussitôt, bouleversant une fois encore la donne.

Le 24 octobre 1573, l’avocat des Parthenay, et désormais des Rohan, est nommé par Charles IX conseiller au parlement de Rennes. Cette charge est parmi les moins rémunératrices et cette protection est insuffisante pour assurer à Françoise de Rohan l’avancement de sa cause. De 1573 à 1575, le procès semble entièrement perdu. Par ailleurs, les préoccupations de la dame de la Garnache sont entièrement tournées vers la succession de ses parents. Son frère aîné, Henri 1er de Rohan, dit Henri le goutteux, meurt le 16 mai 1575, en leur château de Blain [21] ; la fille de ce dernier, ultime héritière des Rohan selon les coutumes de Bretagne, meurt quelques jours après son père, à peine âgée de douze ans. Comme leur autre frère, Jean est mort sans descendance mâle et, par conséquent, René de Rohan devient vicomte à son tour. Françoise, quoique l’aînée, se voit privée de la succession des Rohan en vertu du partage effectué dès 1571. Son frère René peut alors prétendre à la main de l’héritière des Parthenay, mariage qui a lieu le 15 août 1575.

René de Rohan est devenu, après les massacres de la Saint Barthélemy et la soumission de Condé et d’Henri IV, de 1574 à 1576, l’un des principaux chefs protestants. Le 2 décembre 1575, le roi Henri III interdit à sa sœur de porter le nom de Nemours.

La guerre des malcontents [22], déclenchée par François d’Alençon, à laquelle se joignent Condé puis Henri IV, s’achève par les concessions de l’édit de Beaulieu [23], qui met fin, le 6 mai 1576, et de façon avantageuse aux protestants, à la cinquième guerre de religion. Le mathématicien François Viète, ami de Françoise et de sa belle-sœur est nommé peu après cette victoire maître des requêtes auprès du roi Henri III.

Cette nomination semble avoir été décisive car elle permet à Françoise d’obtenir enfin une solution avantageuse à son procès. Les relations de Françoise et du mathématicien sont d’ailleurs des plus resserrées.

Un événement impromptu accélère le dénouement du procès de Françoise de Rohan : le premier juin 1577, le fils que Françoise a eu avec le duc de Nemours, revient d’Allemagne. Il est presque aussitôt capturé par le duc de Montpensier. Il échappe à la potence, par l’action du Roi, et sans doute de François Viète ; mais le duc refuse de le rendre, même contre rançon.

Après un an de captivité, le fils de la dame de la Garnache, qui ne veut rien devoir à sa mère, écrit à son père, de le faire libérer de la prison où le tient désormais le beau frère de ce dernier, le duc de Mayenne.

Le 12 juin 1579, le duc de Nemours, dont le fils légitime avec Anne de Guise porte le prénom d’Henri, et lui aussi le titre de duc de Genevois, affirme par lettre solennelle qu’il ne se connaît que deux enfants, vivant auprès de lui avec la duchesse Anne.

Lassée de subir le ressentiment des Rohan et du duc de Genevois, la fille de Renée d’Este écrit à Henri III et réclame qu’on mette fin à cette affaire. Le couple des Nemours tente à plusieurs reprises d’apaiser la colère de Françoise de Rohan, mais il se heurte au moins une fois à l’opposition de la nouvelle génération des princes lorrains.

Le 28 février 1579, le traité de Nérac [24] ouvre une nouvelle période de paix mais il faut attendre la paix de Fleix pour que soit assurée la tranquillité du royaume. Entre ces deux traités a lieu la septième guerre de religion. À l’occasion des négociations qui jalonnent la « guerre des amoureux », les efforts du duc François d’Alençon, d’Anne d’Este, l’épouse du duc de Nemours, et du maître de requête François Viète aboutissent enfin au règlement du procès de Françoise de Rohan. Les lettres royales instituant l’habile solution qui permet à toutes les parties de conserver la face datent du 16 novembre 1579. Elles sont confirmées le 20 janvier de l’année suivante, puis le 9 février. Elles mettent la dame de la Garnache sous la protection du roi Henri III.

Par ce jeu de mot, qui annule de fait son premier mariage avec le duc de Nemours, Françoise de Rohan peut s’estimer lavée de tout soupçon de légèreté. Parallèlement, le roi obtient la libération de son fils et un don de 20 000 écus est fait à celui-ci pour le dédommager de son sort, et lui interdire de prétendre désormais au titre de duc de Genevois.

Dans le même temps, le roi l’élève au rang de duchesse, sa terre de Loudun devient duché non héréditaire, il lui fournit de plus l’assurance de toucher 50 000 écus de ce duché, à la charge du royaume de pourvoir à la différence si besoin est. Ainsi, ce compromis permet de mettre un terme avantageux, pour la dame de la Garnache, au procès qui l’a opposé pendant plus de vingt ans à son ancien amant. La conclusion de cette affaire, très favorable à Françoise de Rohan, vaut à Viète la rancune tenace du parti ligueur. Ces lettres patentes ne sont cependant contresignées par le parlement de Paris et la cour des comptes qu’en 1582.

En échange de la reconnaissance de sa bonne foi, la nouvelle duchesse de Loudun promet de rendre à Jacques de Savoie les documents restés en sa possession et démontrant sa paternité, car en dépit des pillages de ses châteaux, Françoise détient encore à cette date des preuves de la légitimité de la naissance de son fils.

En 1581, le mathématicien maître des requêtes épaule à nouveau son amie devenue duchesse dans deux affaires qui montrent la fragilité de la position de Françoise de Rohan. La première l’oppose au poète policier Nicolas Rapin , alors responsable de la prévôté de Fontenay-le-Comte. Ligueur convaincu à cette époque, le poète la menace parce qu’elle protège la religion réformée. L’autre affaire concerne le fils qu’elle a eu avec le duc de Nemours. Henri, qui continue de se faire appeler le duc de Genevoix, se plaint de ne rien avoir touché des écus qu’on a dû lui donner. À peine revenu à Paris, il a une rixe avec un bijoutier auquel il a emprunté de l’argent, et le tue. Il échappe à nouveau à la potence mais sa résistance aux soldats venus l’arrêter lui vaut néanmoins plusieurs années de prison.

Le roi de Navarre intervient encore en sa faveur en 1582 pour obtenir la grâce du duc de Genevois.

À la fin de l’année 1584, le pouvoir des ligues s’affirme et les princes lorrains se rapprochent à nouveau du pouvoir. Le fils de la Garnache étant prisonnier à Paris, sa vie semble menacée par l’arrivée au pouvoir du nouveau duc de Guise. Le roi Henri III le fait libérer en janvier 1585. Peu après, François Viète est suspendu de ses fonctions. Françoise de Rohan, le duc René de Rohan s’entremettent en sa faveur ainsi qu’Henri de Navarre, en vain. Le mathématicien décide de s’installer pour deux ou trois ans chez Françoise de Rohan ; c’est dans les murs de son château de Beauvoir qu’il compose probablement les premières lignes de “son Isagoge” [25].

En août 1585, Françoise de Rohan agit auprès d’Henri III afin qu’il protège Dom Antonio des entreprises du duc de Mercœur. Elle offre au roi déchu des chevaux, de l’argent et un refuge sûr avant qu’il ne parte pour la Rochelle.

Au début de l’automne 1585, les troubles religieux reprennent de plus belle et un dernier bras de fer oppose aux combattants protestants et aux mignons d’Henri III conjoints les troupes des Guises. Elle coûte la mort au frère de la duchesse de Loudun, René de Rohan, qui décède d’épuisement à La Rochelle à la fin de l’automne 1585. Goutteux et atteint de rhumatisme, le duc de Nemours est mort la même année, le 19 juin 1585, à Annecy.

Peu de temps après, les châteaux du Poitou sont dévastés par les troupes de Mercœur, et notamment Mouchamps [26] ainsi que la Garnache. Le comble de la violence est atteint entre 1587 et 1588, quand le roi Henri III est au sommet de sa faiblesse.

Tant que le duc de Nemours est en vie, Françoise de Rohan ne se croit pas déliée de son mariage fictif avec lui. Après un an de deuil, elle contracte une promesse de mariage avec François Le Felle , seigneur de Guébriant, chef de guerre au service du duc de Mercœur pour le Poitou et la Bretagne, qui vient assiéger son château. Il est difficile de croire à la fable d’un coup de foudre, et il est probable que Françoise de Rohan joue de ses charmes une dernière fois avec le seigneur de Guébriant à seules fins que son château soit épargné des pillards de Mercœur. Cette nouvelle promesse de mariage est annulée moins de six après par Henri III car elle constitue à ses yeux une étrange mésalliance.

Après cet échec sentimental ou politique, le seigneur de Guébriant rejoint les troupes de Mercœur. Il se retrouve sous les remparts du château de Blain, à combattre contre le chevalier Jean de Montauban , seigneur de Goust [27], qui tient provisoirement le château en l’absence des Rohan réfugiés à Mouchamps puis à La Rochelle.

Vers 1587, le mathématicien François Viète retourne vivre à Fontenay-le-Comte, sa ville natale. Il laisse néanmoins auprès de la duchesse de Loudun un de ses cousins. Ce dernier recueille pour Françoise de Rohan les impôts théoriquement dus au roi. Catherine de Médicis se plaint de ces mauvaises pratiques par lettre adressée à la duchesse du Loudunois. La même année, reparaît aux portes de la Garnache, Henri de Genevois, le fils que Françoise de Rohan a eu avec le duc de Nemours. Dans la foulée, il s’empare de son château et elle se retire à Beauvoir-sur-mer. Son fils l’y poursuit alors que son intendant, François Viette, cousin homonyme du mathématicien, est fait prisonnier et emprisonné par les troupes catholiques de Mercœur.

Le fils de la duchesse de Loudun tient son château de la Garnache au nom du roi. Il se dit désormais catholique sans prévoir les renversements d’alliance de l’année 1588. À la Noël, Henri III fait assassiner le balafré, l’aîné des fils que la duchesse Anne de Nemours a eu de son premier mariage avec le duc François de Guise, puis le lendemain, son second fils, le cardinal de Lorraine Louis II de Lorraine .

Tandis que François Viète rejoint Henri III à Blois, ne tenant à son roi aucune rancune de la façon dont il l’a congédié cinq ans plus tôt, Henri de Genevois est fait prisonnier à Beauvoir par les troupes d’Henri de Navarre lors de sa remontée vers Blois pendant l’année 1589. Le roi de Navarre l’oblige à rendre les deux fiefs de sa mère en rançon.

Après la mort du roi Henri III, assassiné à son tour par le moine Clément, Henri de Navarre reçoit la couronne de France et, conformément à ses vœux, il confirme sa chère tante dans son duché, le 10 avril 1591.

Le mathématicien François Viète qui, depuis 1589, sert les deux rois comme déchiffreur, publie la même année les travaux d’algèbre qu’il a composés à Beauvoir et qui le rendent célèbre encore aujourd’hui comme le premier fondateur de l’algèbre littérale. Il dédicace son livre à ses deux grandes amies, Françoise et Catherine, sa belle-sœur.

Françoise de Rohan, ayant reconquis son honneur, ses châteaux et un duché, ainsi qu’une parcelle de gloire, s’éteint en décembre 1591 dans son manoir de Beauvoir. Son fils meurt peu après, en 1596 ; il laisse au monde un fils naturel, sans titre et sans fortune, nommé Samuel de Villemare.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Nicole Dufournaud, Rôles et pouvoirs des femmes au XVIe dans la France de l’Ouest, thèse de l’EHESS sous la direction d’André Burguière, 2007,

Notes

[1] La Paix du Fleix, connue aussi sous le nom de convention ou conférence du Fleix, ou de paix des amoureux, qui fut signée le 26 novembre 1580, a mis fin à la septième guerre de religion. Le nom lui vient du village du Fleix en Périgord où le traité fut signé dans le château du marquis de Trans, Germain Gaston de Foix (cousin du roi de Navarre), en présence notamment du frère du roi de France, François, duc d’Alençon, représentant les intérêts de son frère le roi Henri III, et de Henri roi de Navarre (futur Henri IV) représentant ceux du parti des huguenots.

[2] Le château de Plessis-lèz-Tours (autrefois connu sous le nom de Montils-lèz-Tours) est une ancienne résidence royale située sur la commune de La Riche en Indre-et-Loire, près de Tours. Il a été la demeure préférée du roi Louis XI qui y est décédé le 30 août 1483. Détruit aux trois quarts, il n’en reste aujourd’hui que l’aile est.

[3] La seigneurie de Léon puis principauté de Léon est un ancien fief breton situé dans le pays de Léon dans le nord-ouest de la Bretagne (sur le territoire de l’actuel département du Finistère). Cette seigneurie est un démembrement de l’ancien comté de Léon survenu à la fin du 12ème siècle. La seigneurie de Léon est un vaste fief qui comprenait une soixantaine de paroisses et de trêves. Les terres de la seigneurie sont situées autour de la vallée de l’Élorn, de Landerneau, son chef-lieu, et du château de La Roche-Maurice. À l’origine, la seigneurie est détenue par la branche cadette des vicomtes de Léon dont le fondateur fut Hervé Ier. À la suite de la mort sans héritier d’Hervé VIII de Léon, le fief passa dans les mains des vicomtes de Rohan. Au milieu du xvie siècle, le fief prit le nom de « principauté de Léon ». Landerneau, Landivisiau, Daoulas, Coat-Méal, Penzé et La Roche-Maurice furent les sièges des juridictions de cette vaste seigneurie bretonne.

[4] La vicomté puis comté de Porhöet a pour origine un fief constitué dans l’ouest du comté de Rennes par le vicomte Eudes ou Eudon cité en 987 qui vivait sous le règne de Conan 1er de Bretagne.

[5] La dynastie des seigneurs de La Garnache débute vers 1045, sous la dépendance du vicomte de Thouars et s’étend sur un vaste territoire (Beauvoir, Bois-de-Céné, îles d’Île d’Yeu et Noirmoutier, Sallertaine...). Jusqu’en 1214, six seigneurs édifièrent et fortifièrent le puissant château, avant que terres et bâtiments ne passent successivement aux familles de Belleville, de Clisson de Parthenay et de Rohan, puis de Rohan-Chabot. Au 15ème siècle la seigneurie de La Garnache était rattachée à la vicomté de Thouars qui appartenait à la famille d’Amboise.

[6] bleu et violet

[7] Le concile de Trente est le dix-neuvième concile œcuménique reconnu par l’Église catholique romaine. Convoqué par le pape Paul III le 22 mai1 1542, en réponse aux demandes formulées par Martin Luther dans le cadre de la Réforme protestante, il débute le 13 décembre 1545 et se termine le 4 décembre 1563. Étalées sur dix-huit ans, ses vingt-cinq sessions couvrent cinq pontificats (Paul III, Jules III, Marcel II, Paul IV et Pie IV) et se tiennent à Trente dans la cathédrale de San Vigilio, puis à Bologne et enfin à nouveau à Trente, dans l’église Sainte Marie Majeure.

[8] En 1437, Châtillon entre dans la maison de Coligny, originaire de la Bresse, par le mariage de Guillaume de Coligny avec l’héritière de Lourdin de Salligny, lui-même héritier des Braque. En 1464, Jean III de Coligny, fils aîné de Guillaume II, s’établit à Châtillon sur Loing et fait construire les grandes terrasses. Au cours du 16ème siècle un château Renaissance est accolé au château médiéval ; il ne reste de ces constructions détruites en 1799-1800 que l’orangerie et un puits. Au moment des guerres de religion Gaspard II, l’amiral, le fortifia à nouveau.

[9] La conjuration d’Amboise, également appelée tumulte d’Amboise (mars 1560) est la tentative d’enlèvement manquée, organisée par des gentilshommes protestants pour s’emparer de la personne du roi François II pour le soustraire de la tutelle des Guises, jugés trop proches de lui. Il s’agit d’un événement qui annonce les guerres de religion à venir (1562-1598).

[10] Le château de Noizay, édifice du 16ème siècle, fut reconstruit par Georges de Vercle et Andrée, dame de Noizay de 1514 à 1540 sur l’emplacement d’un château féodal connu dès le 12ème Siècle. Son histoire fut marquée pendant la guerre de religion entre les protestants et les catholiques durant laquelle il fut le théâtre des épisodes de la conjuration d’Amboise.

[11] Le massacre de Vassy est un événement survenu le 1er mars 1562 à Vassy (bourg de la principauté de Joinville dont le seigneur est le duc de Guise) au cours duquel une cinquantaine de protestants furent tués, et environ cent-cinquante blessés par les troupes du duc de Guise. Cette affaire ouvre l’ère des guerres de religion en France. Le massacre de Vassy intervient six semaines après la signature de l’édit de janvier 1562 par lequel le roi autorisait les protestants à se rassembler publiquement à l’extérieur des villes pour célébrer leur culte.

[12] Le château de Langeais, reconstruit par Louis XI en 1465, se dresse sur la commune éponyme dans le département d’Indre-et-Loire, en région Centre-Val de Loire. Il a remplacé un premier château fort édifié à la fin du 10ème siècle par Foulques Nerra.

[13] Commencé en 1541 par Philibert Delorme, le château constitue la première œuvre d’importance entreprise par cet architecte. Après sa mort en 1570, Jean Bullant aurait eu la charge de l’édifice. Il fut commandé par le cardinal Jean du Bellay, évêque de Paris et conseiller du roi. Construit sur un petit promontoire dominant la Marne, il était en surplomb de l’ancienne abbaye de Saint-Maur, dont l’abbé était le cardinal. Rabelais, un temps moine dans cette abbaye, séjourna dans le château et y a peut-être écrit. En 1547, après la mort du roi François 1er, du Bellay, compromis dans les intrigues du cardinal de Lorraine, tomba en disgrâce, perdit son rang et se retira à Rome. Le château comportait alors un corps de logis et une cour attenante.

[14] La Rote romaine est l’un des trois tribunaux de l’Église catholique romaine. Ses bureaux sont situés au palais de la Chancellerie apostolique, au Vatican.

[15] actuelle Vendée

[16] Jarnac est une commune du Sud-ouest de la France, située dans le département de la Charente en région Poitou-Charentes. Elle est située sur la rive droite du fleuve Charente, entre Angoulême et Cognac.

[17] Le 3 octobre 1569, les forces catholiques du roi Charles IX, sous le commandement du duc d’Anjou, battent à Moncontour dans le Poitou, les troupes huguenotes, commandées par l’amiral Gaspard de Coligny. Cette bataille a lieu durant la troisième guerre de religion.

[18] Marans est une commune située au nord-ouest du département de la Charente-Maritime, à proximité du département de la Vendée qui appartient à la région des Pays de la Loire ; elle est de fait la commune la plus septentrionale de Charente-Maritime.

[19] Tonnay-Charente est une commune du sud-ouest de la France située dans le département de la Charente-Maritime (région Poitou-Charentes). Entièrement située sur la rive droite de la Charente, elle doit en grande partie à son fleuve sa riche histoire et sa prospérité dont elle a partagé le destin commun avec sa grande voisine, Rochefort, à partir du 17ème siècle.

[20] Le traité de paix de Saint-Germain-en-Laye le 8 août 1570 met fin à la troisième des guerres de religion. Après une troisième guerre entre catholiques et protestants de 1568 à 1570, qui voit la défaite des protestants à Jarnac, l’assassinat de leur chef, le prince de Condé, en 1569 et la nomination d’Henri de Navarre (futur Henri IV) comme chef des protestants, la paix de Saint-Germain, signée entre le roi Charles IX et l’amiral Gaspard de Coligny accorde aux protestants une liberté limitée de pratiquer leur culte dans les lieux où ils le pratiquaient auparavant ainsi que dans les faubourgs de 24 villes (2 par gouvernement). Il octroie aux protestants quatre places fortes de sûreté La Rochelle, Cognac, Montauban et La Charité pour deux ans aux mains des protestants. À l’issue de ces deux ans, elles doivent être rendues mais le culte de la religion réformée continue d’y être autorisé. Le culte est par ailleurs interdit à Paris. L’édit appelle à la tolérance en indiquant qu’aucune différence ne peut être faite pour cause de religion. De plus, les protestants sont admis aux fonctions publiques et Catherine de Médicis, mère de Charles IX, donne en mariage sa fille Marguerite de Valois à Henri de Navarre. Le traité de paix est signé le 8 août 1570 au château royal de Saint-Germain-en-Laye et enregistré au Parlement le 11 août 1570. Ce traité servira de modèle pour tous les traités suivants jusqu’à l’édit de Nantes.

[21] Le château de Blain (ou château de la Groulais), est une forteresse médiévale implantée sur la commune de Blain, en Loire-Atlantique. Construit au 13ème siècle et fortement remanié au 16ème siècle, il faisait partie des défenses de la frontière bretonne avec les châteaux de Vitré, Fougères, Châteaubriant, Ancenis et Clisson.

[22] Les malcontents désignent deux partis dans les guerres de religion du 16ème siècle en France et dans les Flandres. Ils se caractérisent par une déception (« malcontentement ») face à la politique du souverain. Tous deux réclament une remise à plat du gouvernement royal, principalement marquée par une participation plus large des grands lignages au conseil du roi, sans pour autant se placer dans une attitude de révolte. Ils sont modérés sur le plan religieux.

[23] L’édit de Beaulieu également connu sous le nom de paix de Loches est signé à Beaulieu-lès-Loches par Henri III de France ; il met fin à la cinquième guerre de religion, le 6 mai 1576, en reconnaissant le culte protestant et en lui accordant de nombreuses garanties. Il est aussi appelé paix de Monsieur, car le frère du roi (appelé Monsieur) en est le principal bénéficiaire, malgré sa trahison. D’un point de vue religieux, l’édit est le plus libéral de tous ceux signés jusqu’alors. Tout d’abord, il réhabilite les victimes de la Saint-Barthélemy ; de plus, leurs biens sont restitués aux familles, qui sont en outre exemptées d’impôts pendant six ans. L’édit accorde aux protestants une grande liberté de culte dans le royaume de France, et prévoit plusieurs mesures pour la rendre possible : cimetières particuliers dont à Paris le cimetière de la Trinité ; interdiction des fréquentes mesures vexatoires à leur égard, que ce soit dans les hôpitaux ou les collèges ; les mariages de prêtres défroqués ou de nonnes seront reconnus par l’état civil ; le culte catholique doit être rétabli partout, même dans les villes protestantes où il est abandonné depuis longtemps ; diverses mesures sont prises pour que les protestants respectent le culte catholique (fermeture les jours de fête, interdiction de vendre de la viande les jours de fête) ; la dîme sera payée partout et par tous. Le culte n’est interdit qu’à Paris et à la Cour.

[24] Le traité de Nérac, également appelé édit de Nérac, est signé le 28 février 1579 entre le roi Henri III et les religionnaires. Ce traité qui confirme de l’Édit de Poitiers donne 14 places de sûreté supplémentaires pour les protestants pour six mois. Six mois plus tard, les protestants refusent de rendre les places.

[25] L’algèbre nouvelle, logistique ou analyse spécieuse, est un projet de formalisation de l’écriture algébrique réalisé par François Viète et par ses successeurs. L’acte fondateur en est la parution chez Jamet Mettayer en 1591 de l’In artem analyticem isagoge.

[26] Situé sur la commune de Mouchamps, le parc Soubise fut la demeure principale de la famille des Parthenay-Larchevêque. Après le décès de Jean V de Parthenay, dit Soubise en 1566, il entre par sa fille, Catherine de Parthenay, dans la famille des Rohan en 1575. C’est dans ces lieux que le mathématicien François Viète, fondateur de L’algèbre nouvelle s’initia à cette science auprès de son élève. En 1623, sur ordre du roi Louis XIII, les défenses sont démantelées. À la mort d’Henri II de Rohan, fils de la précédente, le parc Soubise, entre par sa fille dans la famille des Chabot, qui relèvent le nom, le titre et les terres.

[27] La seigneurie du Goust entra, vers 1500, dans la maison de Montauban, issue de celle de Rohan, dont elle portait les armes, brisées d’un lambel d’argent à quatre pendants. Après Guillaume do Montauban, la seigneurie appartint à son fils Guillaume, deuxième du nom, qui épousa Orfraise de Sérent, dont il eut un fils nommé Esprit de Montauban qui servit le duc François II, sa fille Anne de Bretagne, et les rois Charles VIII et Louis XI. Ce dernier mourut vers 1512. Il eut un fils nommé Louis de Montauban ; celui-ci avait pour tuteur le chancelier Philippe de Montauban. La terre du Goust fut donnée en partage à Esprit de Montauban et passa ensuite à son fils et son petit-fils, Louis et François.