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Håkon IV ou Håkonsson l’Ancien

samedi 6 juin 2015

Håkon IV ou Håkonsson l’Ancien (1204-1263)

Roi de Norvège de 1217 à 1263

Sceau du roi Haakon IV Haakonsson de Norvège, daté de 1247/1248, Oslo. (Dessin de Hakon Thorsen)Né à Fölkinsborg dans l’actuel commune d’Eidsberg [1] dans le plus grand secret car sa mère était la concubine du roi Hakon III . La naissance d’un fils de roi ne pouvait néanmoins rester longtemps secrète et Inga décide de finalement confier le sort de son enfant à l’homme qui lui paraissait le moins dangereux, le roi Inge II Bárdarson .

Elle fit bien car ils furent poursuivis en route par les émissaires de l’évêque Nicolas d’Oslo qui, on ne sait comment, avait été informé... Inge II Bárdarson reçut fort bien le jeune Håkon et le fit élever à sa cour avec son propre fils le bâtard Guttorm que lui avait donné sa concubine Gyrith.

En 1217, à la disparition du roi Inge II de Norvège, son fils illégitime est écarté du trône ainsi que son demi-frère consanguin Skúli Bárdarson qui ne descendait pas même en ligne féminine de la famille royale.

La Hird [2] profitant de l’absence de l’archevêque exige que l’on procède sans tarder à l’élection d’un nouveau roi.

Par attachement à la famille et aussi sans doute à la politique de Sverre , Håkon Haakonarsson est élu par les Birkebeiner [3] conduits par l’influent Vegard de Veradal. Toutefois, l’archevêque Guttorm et les évêques refusent de reconnaître Haakon s’il ne fournit pas les preuves de sa légitimité...

À cette époque Skúli Bárdarson émet en effet pour la première fois des doutes sur la légitimité de la naissance d’Håkon et Inga de Varteig doit commencer le jeûne préparatoire à l’épreuve du fer rouge mais le chapitre de la cathédrale s’arrange pour qu’elle n’ait pas lieu. Skúli Bárdarson ne peut finalement empêcher l’élection du jeune prétendant et doit se contenter du titre de jarl [4] et devient régent de facto de 1217 à 1223 avec un tiers des revenus du royaume.

En 1218 Inga subit finalement à Bergen devant l’archevêque et les évêques avec succès l’épreuve du fer rouge.

Cette même année une nouvelle bande de rebelles les Slitungs se rassemblent dans la région frontalière de Marker autour d’un prétendant Bene ou Benedickt qui se proclame être pour une nouvelle et dernière fois un fils illégitime de Magnus Erlingsson  ! Ce mouvement est rapidement dispersé par les forces désormais unies des Bagler [5] et des Birkebeiner.

Pendant ce temps les opposants irréductibles organisent un soulèvement et proclament roi Sigurd Ribbung fils de l’ancien roi des Bagler Erling Steinvegg . Ce nouveau parti prend le nom des Ribbunger [6] il troublera l’ordre jusqu’à la capture du prétendant en 1223.

Les fiançailles officielles de Håkon IV et de Margareta la fille aînée de Skúli Bárdarson âgée de 10 ans sont célébrées en 1219 à Bergen [7]. Chacun veut y voir le symbole de l’union étroite entre le jeune roi et l’ambitieux jarl.

Une grande assemblée est convoquée à Bergen le 29 juillet 1223. Elle comprend les principaux notables civils et religieux dont l’archevêque et les évêques norvégiens, le jarl Jon et l’évêque Bjarni des Orcades [8], l’évêque Sörkve des îles Féroé [9] et l’archidiacre Nicolas des Shetland [10] ainsi que les Lendermönd, les Lagmönd et les Sysselmönd de l’ensemble du royaume dont l’influent Gregorius Kik époux de Cecilia la fille du roi Sverre.

L’assemblée doit choisir un roi parmi cinq candidats au trône. Skúli Bárdarson doit accepter qu’elle confirme définitivement le droit héréditaire au trône d’Håkon. Le jarl conserve toutefois le tiers du royaume qu’il administrait mais il s’agit des districts du Nord traditionnellement les plus favorables à la famille de Sverre

En 1226, lors de la mort de Sigurd Ribbung son parti tente de relancer la lutte en choisissant comme second roi des Ribbungers, Knut Håkonsson qui était le fils de l’ancien régent le jarl Håkon Galin et le neveu du roi Inge Baardson.

Le roi Håkon désamorce rapidement la crise et se fait un ami fidèle de Knut qui se soumet et disperse sa troupe. L’année suivante Knut épouse Ingerid seconde fille de Skúli Bárdarson et sœur de la reine Margareta, ce qui scelle son accord avec le roi.

En 1229, lors du départ du noble Anders Skjalderband pour un pèlerinage à Jérusalem, sa femme Ingeborg conduit son fils Peter auprès de Skúli Bárdarson et proclame officiellement que l’enfant est de lui. La présence de cet héritier mâle ravive les ambitions royales du jarl qui reprend ses intrigues.

En 1233, Skúli Bárdarson est convoqué à Bergen devant une assemblée pour répondre de ses nombreuses machinations. Le roi exige des membres de la Hird du jarl le serment de fidélité. En 1234, Inga de Varteig, la mère du roi disparaît.

L’année suivante une première révolte ouverte de Skúli Bárdarson éclate, un compromis est trouvé dès 1237 et Skúli est fait Hertug [11], titre utilisé à cette occasion pour la première fois en Norvège. Malgré cela Skúli décide d’usurper le pouvoir et se fait proclamer roi à Trondheim [12] le 6 novembre 1239.

le 6 mars 1240, les premières troupes envoyées par Håkon pour le combattre et qui sont commandées par Knut Håkonsson sont battues à Laaka. Cependant le 22 avril Skúli Bárdarson est surpris par le roi à Oslo et il est obligé de s’enfuir à Nidaros par voie de terre mais la ville est déjà tombée entre les mains des troupes royales et son fils Peter est tué le 22 mai. L’usurpateur traqué est tué à son tour dans sa fuite à Elgesäter près de Trondheim le 24 du même mois.

La disparition de Skule met fin définitivement aux guerres civiles qui ensanglantaient la Norvège depuis plus d’un siècle. Le triomphe d’Håkon Hakonsson qui rétablit une monarchie forte est concrétisé par sa reconnaissance officielle par le Pape Innocent IV et son couronnement en présence de l’archevêque Sigurd Tafsi Eindridasson par le Légat pontifical Guillaume de Sabine à Bergen le 29 juillet 1247.

Après les troubles liés à son avènement, le long règne d’Håkon Haakonarsson ouvre une période calme en Norvège. Le roi s’impose d’abord en Scandinavie, complète l’empire atlantique de la Norvège, et noue des relations cordiales avec plusieurs nations d’Europe occidentale et méridionale. À l’intérieur, il remet de l’ordre dans les finances, rétablit le calme, puis cherche à apaiser la discorde entre l’État et la papauté. Il installe sa capitale à Bergen.

Les îles occidentales étaient depuis 1156 divisées entre deux entités, le royaume de Man [13] et des Hébrides extérieures [14] et celui des Hébrides intérieures [15] partagées entre des clans celto-nordiques issus de Somerled d’Argyll mort en 1164.

Håkon IV estimait qu’il était temps de reprendre en mains ces territoires. Dès 1230, le roi Håkon avait envoyé une flotte aux Hébrides sous le commandement d’Ospakr, un petit-fils de Somerled et de Olaf Svarti, roi de l’île de Man et des Hébrides extérieures de 1226 à 1237.

Le premier avec reçu le titre de roi des Hébrides intérieures et le second des forces destinées à décourager une éventuelle invasion de son royaume par le comte écossais Alan de Galloway. Ospak est tué dès 1231 par un jet de pierre lors d’un combat sur l’île de Bute [16] mais Olaf reste roi de Man jusqu’à sa mort le 21 mai 1237. À cette époque le roi Alexandre II d’Écosse entreprend des démarches auprès de la Norvège afin d’obtenir le rattachement des îles à son royaume. Håkon refuse fermement de lui vendre Man et les deux archipels.

Le jeune Harald de Man fils et successeur d’Olaf II de Man va en Norvège en 1239 et le roi lui confirme son héritage. Pour éviter un rapprochement avec le roi d’Angleterre qui avait fait Harald chevalier en 1246 le roi Håkon le convoque de nouveau à Bergen et lui fait épouser sa fille illégitime la princesse Cécila. Le jeune couple périt malheureusement en mer au large des Shetland en retournant dans son royaume.

En 1248, deux féodaux des Hébrides sollicitent de nouveau le roi ; Håkon il s’agit de Jón Dungaðarson et Dugáll Ruðrason tous deux également descendants de Somerled pour obtenir le titre de roi des îles Hébrides intérieures. Haakon accorde le titre à Jon qui passe l’hiver à Bergen avant de prendre possession de son royaume où il régnera jusqu’en 1263.

En 1256, une campagne navale est menée contre la province danoise du Halland [17]. Les forces du roi Håkon menacent un moment Copenhague. En 1261 la communauté norvégienne du Groenland accepte la suzeraineté norvégienne.

Mettant à profit les luttes sanglantes qui déchirent les clans de l’oligarchie Islandaise et qui coûtent à la vie à Snorri Sturluson en 1241, le roi Håkon obtient également en 1263 la soumission de l’Islande où les paysans acceptent de payer l’impôt.

En 1262, les habitants des Hébrides avaient adressé des messages alarmants au roi Håkon. Le comte écossais de Ross organise des incursions de pillages répétées dans les îles et le roi Jon était près à se reconnaître vassal du roi Alexandre III d’Écosse .

Haakon rassemble alors une formidable flotte dont il prend personnellement le commandement. Le 8 juillet 1263 la flotte cingle vers les Shetland où le roi fait une escale de 15 jours, elle se rend ensuite aux Orcades où elle reçoit des renforts mais pas la participation du jarl Magnus II Gibbonsson. C’est le début de la guerre écosso-norvégienne.

D’autres navires conduits par Magnus Olafson le nouveau roi de l’Ile de Man la rejoignent dans le détroit de Skye [18]. L’armada compte alors 200 bateaux. Les différents chefs des Hébrides Intérieures et de la côte d’Argyll dont Jón Dungaðarson se soumettent. Le roi Håkon adresse alors à Alexandre III d’Écosse des propositions de paix qui restent sans suite. Pendant ce temps les équipages de cinq navires échoués sur la côte sont massacrés le 2 octobre à la bataille de Largs [19] par les Écossais qui considèrent qu’ils ont remporté la victoire.

Le roi Håkon donne alors la royauté des Hébrides intérieures à Dugáll Ruðrason roi de 1263 à 1266 et repart vers les Orcades où il arrive le 29 octobre. Fatigué et malade il décide de passer l’hiver à Kirkwal [20] dans le palais de l’évêque Heinrkr où il meurt le 15 décembre 1263. Son corps est provisoirement déposé dans la cathédrale Saint-Magnus [21] et au printemps il est transféré à Bergen où il est inhumé dans la cathédrale.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Jean Renaud Les Vikings et les Celtes, Éditions Ouest-France, (1992)

Notes

[1] Eidsberg est une kommune de Norvège. Elle est située dans le comté d’Østfold.

[2] Armée de la maison royale

[3] Le Parti Birkebein ou Birkebeinar était le nom d’un parti rebelle de Norvège , formé en 1174 autour du prétendant au trône de Norvège, Eystein Meyla

[4] Le jarl est en langue scandinave l’équivalent de comte ou de duc

[5] Les Bagler constituent une faction politique norvégienne médiévale proche de l’Église et de la haute aristocratie.

[6] En français : Ribauds

[7] Bergen est une ville du Sud-ouest de la Norvège, capitale du comté de Hordaland. Bergen est la deuxième ville du pays. C’est également une ville portuaire, une ville universitaire, et un évêché.

[8] Les Orcades, sont un archipel situé au nord de l’Écosse à 16 km de la côte de Caithness. Cet archipel compte 67 îles légèrement vallonnées, dont 16 seulement sont habitées.

[9] Les îles Féroé sont un archipel subarctique situé entre la mer de Norvège et l’océan Atlantique nord, à peu près à mi-chemin entre l’Écosse et l’Islande. Les îles Féroé forment un pays constitutif du royaume du Danemark, avec le Danemark et le Groenland.

[10] Les Shetland, sont des îles britanniques situées en Écosse. Elles forment un archipel subarctique, au nord des Orcades, au sud-est des îles Féroé et à l’ouest de la Norvège. L’archipel constitue une limite conventionnelle et naturelle entre l’océan Atlantique à l’ouest et la mer du Nord à l’est.

[11] duc

[12] Trondheim, l’ancienne Nidaros est une ville norvégienne située dans le comté du Sør-Trøndelag, dont elle constitue le centre administratif.

[13] Le royaume de Man et des Îles était un royaume norrois qui exista dans les îles Britanniques entre 1079 et 1266. Ce royaume se divisait en deux parties : une constituée des îles du sud (les Hébrides et l’île de Man), nommée Sodor, et une autre des îles du nord (les Orcades et les Shetland), nommée Norðr. Les souverains portaient le nom latin de Rex Manniae et Insularum (« roi de Man et des Îles »). En 1164, il est divisé en deux royaumes : le royaume des Hébrides et le royaume de Man. Aujourd’hui encore, l’évêque de l’île de Man porte le titre d’« évêque de Sodor et Man ».

[14] Les Hébrides extérieures, parfois appelées Western Isles mais officiellement connues sous le nom écossais de Na h-Eileanan Siar, sont un archipel situé au large de la côte ouest de l’Écosse et appartenant à l’archipel des Hébrides.

[15] Les Hébrides intérieures sont un groupe d’îles situées à l’ouest de l’Écosse et appartenant à l’archipel des Hébrides.

[16] L’île de Bute, est une île du Royaume-Uni située en Écosse et baignée par le Firth of Clyde.

[17] Le Halland est une province historique du sud de la Suède, sur sa côte ouest. Elle est située au bord du Cattégat, entre le Västergötland, le Småland et la Scanie.

[18] Skye est l’île la plus vaste et la plus au nord de l’archipel des Hébrides intérieures en Écosse. Skye se situe dans la mer des Hébrides et fait partie du Council area de Highland.

[19] La bataille de Largs est une bataille qui eut lieu le 2 octobre 1263 près de Largs (North Ayrshire) entre la Norvège et l’Écosse. Les équipages de cinq navires norvégiens débarqués sur la côte furent massacrés par les Écossais. Ce fut le plus important engagement militaire de la guerre écosso-norvégienne (1262-1266). Les forces norvégiennes étaient dirigées par le roi Håkon IV, et les forces écossaises par le roi Alexandre III. Le résultat fut mitigé, mais à long terme favorable à l’Écosse.

[20] Kirkwall est la ville principale et la capitale, depuis l’époque des Vikings, de l’archipel des Orcades, au nord de l’Écosse.

[21] La cathédrale Saint-Magnus est une cathédrale dans la ville de Kirkwall dans les Orcades en Écosse. Connue sous le nom de « Lumière du Nord », cette cathédrale consacrée saint Magnus est la cathédrale la plus au nord des îles britanniques. Cet exemple d’architecture normande, construite pour les évêques d’Orkney quand les îles étaient gouvernées par les comtes norvégiens d’Orkney, abrite les dépouilles mortelles de saints. C’est la seule cathédrale écossaise entièrement médiévale, et l’un des édifices les mieux préservés de l’époque dans la Grande-Bretagne. La cathédrale Saint-Magnus est détenue non pas par l’église, mais par le bourg de Kirkwall à la suite d’un acte du roi Jacques III après l’annexion des Orcades par la Couronne écossaise en 1468. Le premier évêque fut William Senex, pour lequel fut construit le palais épiscopal, à proximité. Le diocèse dépendait de l’archidiocèse de Nidaros en Norvège. Avant la Réforme, la cathédrale dépendait de d’évêque d’Orkney, dont le siège était à Kirkwall. Aujourd’hui, c’est une église paroissiale de l’Église d’Écosse.