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L’histoire pour le plaisir

Borrell II

mercredi 27 mai 2015, par lucien jallamion

Borrell II (mort en 992)

Comte de Barcelone

Fils de Sunyer 1er de Barcelone et de Richilde de Rouergue. Sous son règne, la Catalogne est devenue un État indépendant et a connu une renaissance qui préfigure la Renaissance ottonienne [1].

Il commence par gouverner les comtés de Barcelone [2] et d’Urgell [3] avec son frère Miron . En 966, la mort de son frère le laisse seul maître du comté de Barcelone.

À cette date, le comté de Barcelone est culturellement le plus avancé du monde occidental. En effet, la péninsule Ibérique a déjà donné de grands savants comme Isidore de Séville, et les bibliothèques antiques héritées du royaume wisigothique [4] ont été conservées et peut-être encore enrichies par les connaissances orientales des chrétiens mozarabes [5] fuyant les persécutions d’ Al-Mansur .

En 967, Borell II se rend dans le Rouergue pour épouser Luitgarde de Toulouse la fille de Raymond III de Toulouse, comte de Toulouse [6] qui se trouve aussi être marquis de Gothie [7].

Il fait étape à Aurillac pour voir l’Illustre abbaye bénédictine [8] et vénérer les reliques de Saint Géraud dont les possessions s’étendent dans toute l’Aquitaine.

Borell ayant loué l’excellence des monastères catalans, l’abbé le convainc d’emmener avec lui Gerbert, un moine particulièrement brillant, afin d’y poursuivre son instruction.

C’est ainsi que le jeune Gerbert se retrouve en 967 dans les abbayes catalanes de Vich et de Ripoll [9], où il sera pris en charge par le savant évêque Hatton de Barcelone.

Étonné par les qualités intellectuelles de Gerbert d’Aurillac, le Comte lui demande de l’accompagner en 970 à Rome où il le présente au pape Jean XIII et à l’empereurOthon 1er. Gerbert poursuit son ascension et deviendra précepteur du futur roi Hugues Capet et du futur empereur Othon II, avant de devenir pape en 998 sous le nom de Sylvestre II.

Les Maures commandés par Al-Mansur firent le sac de Barcelone en 985. Borell dut traiter avec lui, puis entreprit de reconstruire les fortifications de Barcelone.

Le califat de Cordoue, miné par des guerres internes, a besoin de mercenaires et les catalans s’enrôlent massivement dans les armées d’Al-Mansour. En contrepartie, l’or musulman fait la fortune de la cité comtale, lui permettant enfin d’être la capitale de cette Catalogne naissante et, dès l’effondrement du califat, de dicter sa loi aux rois maures voisins de Tortose [10] ou Lérida [11].

Ces dissensions entraînent une période de stabilité propice à la Catalogne, qui connaît un important développement technique, démographique et culturel. Cette poussée culturelle se propage à l’Europe via les réseaux monastiques et les voies de pèlerinage comme Saint-Jacques-de-Compostelle et commerciales, Barcelone étant un port ouvert sur la méditerranée.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia Borrell II/ Portail de la Catalogne/ Comte de Barcelone

Notes

[1] La renaissance ottonienne, également qualifiée de renaissance ou renouveau du 10ème siècle ou de l’an mille, est une période médiévale de renouveau culturel de l’Occident chrétien, qui s’étend du début du 10ème siècle aux environs de l’an 1030. Cette période est caractérisée par une indéniable vitalité culturelle, en particulier grâce à l’activité des écoles en Germanie et, de manière plus hétérogène, sur l’ensemble du continent européen. Dominée par les deux figures intellectuelles majeures que sont Abbon de Fleury et Gerbert d’Aurillac, elle livre également un héritage artistique (livres enluminés) et architectural notable. Plus limité que la renaissance carolingienne qui le précède, et indissociable de cette dernière, le renouveau ottonien conclut également le long essor de l’enseignement au Moyen Âge, du 6ème siècle au 11ème siècle, avant l’épanouissement culturel de la Renaissance du 12ème siècle.

[2] Le comté de Barcelone est à l’origine une subdivision du royaume wisigoth en Hispanie. Conquis par les Maures à la fin du 8ème siècle, reconquis par Charlemagne en 801, il est intégré à la marche d’Espagne, province frontière face aux musulmans d’Al-Andalus. Des comtes nommés par les souverains carolingiens se succèdent à la tête de ce comté, considéré comme le plus important de la marche.

[3] Le comté d’Urgell est un ancien comté catalan de la marche hispanique du royaume franc carolingien, qui se forme entre 785 et 790 pour lutter contre les musulmans qui avaient conquis l’Espagne et les Pyrénées. La région est alors rattachée au comté de Toulouse. Le comté d’Urgell fut créé, à l’époque carolingienne, au sein du Royaume franc. Sa capitale était initialement Castellciutat puis, à compter de 1105, Balaguer. Le noyau de ce comté était La Seu d’Urgell. Les comtes d’Urgell sont mentionnés pour la première fois en 981.

[4] Le royaume wisigoth a existé de 418 à 711, à la suite des Grandes invasions, pour persister durant le Haut Moyen Âge. Il a d’abord Toulouse comme capitale (il englobe la partie de la France actuelle située entre la Loire et les Pyrénées). Lorsque Clovis bat les Wisigoths à la bataille de Vouillé en 507, ces derniers conservent uniquement la Septimanie (correspondant au Languedoc) et une partie de la Provence avec l’aide des Ostrogoths installés en Italie. Après la perte de Toulouse, les Wisigoths installent leur capitale à Tolède. En 575 ils conquièrent le royaume des Suèves (situé dans le nord du Portugal et la Galice). En 711 le royaume est conquis par les musulmans.

[5] Mozarabe est le nom donné aux chrétiens vivant sur le territoire espagnol conquis à partir de l’an 711 par les armées musulmanes et connu à l’époque comme Al-Andalus (l’Andalousie actuelle), sur le sud de la péninsule ibérique. Les mozarabes avaient dans la société arabe le statut de dhimmi, statut d’infériorité inscrit dans la loi. Ils partageaient ce statut avec les juifs, en tant que non-croyants à l’Islam. C’est seulement dans la pratique, et non dans la loi, que leur culture, leur organisation politique et leur pratique religieuse étaient tolérées. Elles étaient assorties d’une certaine protection légale et donc un contrôle strict. Les mozarabes versaient, en outre, un impôt de capitation, la djizya, sur la zakat, cette aumône aux pauvres obligatoire qui est, en tant que telle, un des piliers de l’Islam.

[6] Le comté de Toulouse est un ancien comté du sud de la France, dont le titulaire était l’un des six pairs laïcs primitifs. Le comté de Toulouse est créé en 778 par Charlemagne, au lendemain de la défaite de Roncevaux, afin de coordonner la défense et la lutte contre les Vascons et intégré dans le royaume d’Aquitaine, lorsque celui-ci est créé trois ans plus tard.

[7] Partie de l’ancien royaume wisigoth de Toulouse, le marquisat appelé Gothie (« Pays des Goths »), installé par les Francs après 759, occupait au moins le territoire correspondant actuellement aux départements de l’Aude, de l’Hérault et du Gard.

[8] L’abbaye Saint-Géraud d’Aurillac est une des plus anciennes abbayes bénédictines et a influencé la fondation de Cluny. Elle a été fondée vers 894 en Auvergne (actuel département du Cantal) par le comte Géraud d’Aurillac. L’abbaye fut un centre intellectuel de premier plan au Moyen Âge, ayant par exemple formé Gerbert d’Aurillac, tandis que la ville est une des premières sauvetés(Une sauveté est, dans le sud de la France au Moyen Âge, une zone d’extraterritorialité, protégées par l’Église catholique et dans laquelle la loi de l’homme ne s’applique plus.)

[9] Le monastère de Santa Maria de Ripoll est un monastère bénédictin situé à Ripoll, dans la province de Gérone en Catalogne (Espagne). Il s’agit de l’un des principaux complexes roman de la région.

[10] Tortosa ou Tortose en français est une ville dans le nord-est de l’Espagne, en Catalogne. Elle est la capitale de la comarque de Baix Ebre dans la province de Tarragone.

[11] Lleida ou Lérida, est une ville située dans le nord-est de l’Espagne, dans la communauté autonome de Catalogne. Elle est la capitale de la province du même nom.