Proche ami et conseiller militaire de Trajan puis d’Hadrien, préfet du prétoire [1] sur une grande partie du règne de ce dernier.
Il est natif d’Épidaure [2], en Dalmatie [3]. Il semble avoir été centurion [4] à Aquincum [5], vraisemblablement à dater des années 104-107.
Selon une inscription qui lui est attribuée, entre 105 et 113, il serait une première fois primipile [6], peut-être à Aquincum, puis préfet des véhicules, et tribun successivement d’une cohorte de vigile [7], des “equites Singulares Augusti” [8] puis peut-être d’une cohorte prétorienne, avant d’être à nouveau primipile. Il serait ensuite procurateur du ludus Magnus [9].
Durant sa carrière, sous Trajan, il reçoit les dona militaria. La première référence à Turbo date de 114, à la fin du règne de Trajan. Il est alors préfet dans la “Classis Misenensis”, la plus importante flotte prétorienne de la marine romaine basée à Misène [10], et sous contrôle direct de l’empereur. Il est alors l’amiral de la flotte impériale et, ce serait sous son commandement qu’en 113, la flotte impériale navigue vers l’est pour débuter les campagnes contre l’Empire parthe [11]. Il garde probablement ce commandement jusqu’en 116-117.
Il est peut-être, au début des campagnes parthiques, procurateur chargé du cens d’une province puis probablement procurateur de Judée entre 115 et 116.
Alors que la capitale parthe est tombée aux mains de Trajan, une grave insurrection judéo parthe éclate un peu partout à travers le pays, coupant le ravitaillement et la retraite à l’armée romaine, piégée loin de ses bases. De grandes révoltes des Juifs éclatent aussi dans l’Empire, en Judée, en Égypte, en Cyrénaïque et à Chypre, et ont abouti à la mise à sac de villes et au massacre de citoyens romains. L’approvisionnement en céréales provenant de l’Égypte est menacé et les autorités locales sont dans l’incapacité de mater la rébellion.
En l’an 116, Trajan envoie alors Marcius Turbo en Égypte pour faire face à la situation, tandis qu’il confie à Lusius Quietus de combattre le soulèvement en Mésopotamie [12] et de permettre à l’armée impériale de battre retraite. Turbo est alors probablement toujours à la tête de la flotte, et c’est en tant que général, commandant des troupes terrestres et navales, que Turbo réduit la révolte juive et reprend le contrôle de l’Égypte, de la Cyrénaïque et peut-être de Chypre, à la suite d’une répression longue et sanglante de part et d’autres.
En août 117, Trajan décède au retour de ses campagnes orientales et Hadrien est proclamé empereur. Turbo est alors l’un de ses plus proches amis, aussi conseiller militaire et confident du nouvel empereur.
À la suite de la mise à mort de Lusius Quietus, alors gouverneur de Judée et l’un des meilleurs généraux et proche de Trajan, et qui est d’origine maure, les provinces de Maurétanie [13] se soulèvent. Cette exécution se place dans la purge de début de règne de l’empereur Hadrien, où trois autres sénateurs influents et proches de Trajan sont éliminés.
Turbo s’embarque pour la Maurétanie et prend le commandement de l’armée sur place avant la fin de l’année 117. Une fois la rébellion matée, fin 117 ou début 118, Turbo est procurateur au nom de l’empereur en Maurétanie Césarienne [14].
À la demande d’Hadrien, dès les premiers mois de l’an 118, il rejoint l’empereur en tant que préfet de l’armée impériale du Danube. Il est général de l’armée de Pannonie [15] et de Dacie [16]. Cela fait peut-être suite à la mort de Caius Iulius Quadratus Bassus , qui a été envoyé à la fin du règne de Trajan pour faire face au soulèvement provoqué par les attaques répétées des Sarmates [17] Roxolans [18] et Iazyges [19] ainsi que des Daces libres, et qui est mort au combat fin 117 ou début 118. Turbo combat le soulèvement et reprend le contrôle de la province.
L’empereur retourna à Rome, laissant à Turbo la gouvernance de la Dacie inférieure [20], en tant que préfet. Pour augmenter son autorité, l’empereur lui octroie le titre de préfet d’Égypte. Il s’agit là d’une faveur de l’empereur, permettant à Turbo d’être l’un des chevaliers ayant le plus de pouvoirs de l’Empire. La Dacie est, semble-t-il dès cette époque, divisée en deux pour faciliter son contrôle.
En 119, il retourne peut-être en Maurétanie, cette fois en tant que procurator pro legato [21] des deux Maurétanie, la Césarienne et la Tingitane [22], où l’agitation a du reprendre et s’être amplifiée. Il n’y reste que peu de temps et ne semble pas avoir pu complètement rétabli l’ordre, vu que de nouvelles interventions seront nécessaires dans ces provinces pour rétablir l’ordre sous le règne d’Hadrien.
Turbo retourne à Rome à la demande d’Hadrien pour y devenir préfet du prétoire.
Hadrien, qui voyage beaucoup au sein de l’Empire, a besoin d’un représentant de confiance à Rome. La préfecture du prétoire est aux mains du très puissant Publius Acilius Attianus , qui a joué un grand rôle dans l’avènement d’Hadrien à l’Empire et la consolidation de son pouvoir. Mais il porte ombrage à l’empereur et est suspecté d’avoir ordonné la purge du début du règne, ce qui entache la popularité de l’empereur. Ainsi, il force Attianus à se démettre de son poste en le nommant sénateur et il nomme Turbo ainsi que Caius Septicius Clarus en tant que nouveaux préfets du prétoire.
Son collègue, Septicius Clarus est démis de son poste au bout d’environ trois années, à cause d’un manquement à l’étiquette de la cour vis-à-vis de l’impératrice Sabine. Turbo disparaît quant à lui des sources.