Claude d’Annebault est le dernier « grand favori » de François 1er. Il guerroie sans cesse, en Italie, en Roussillon et en Picardie, sur terre et sur mer, contre les Anglais et contre les Impériaux.
Son père, Jean VI d’Annebault, était capitaine des toiles de chasse de François 1er. Claude d’Annebault fait l’apprentissage des armes et se distingue à la défense de Mézières en septembre 1521.
Il est fait prisonnier à la bataille de Pavie [1], puis assume pour la première fois le commandement d’armées à la campagne milanaise de 1528-1529.
À son retour, le roi le couvre d’honneurs. Il reçoit bientôt sa propre compagnie, et devient le lieutenant “résident” du gouverneur de Normandie, l’amiral Philippe Chabot en 1531. À la mort de son père en 1534, il lui succède comme maître des toiles de chasse et devint un personnage éminent de la cour.
En mars 1536, il est l’un des principaux chefs de l’armée qui conquiert le Piémont. Durant cette campagne, il conserve Turin malgré un siège de plusieurs mois.
On le retrouve ensuite sur la frontière picarde. Après avoir pris la place de Saint-Pol [2], il sauve Thérouanne [3] en la ravitaillant par deux fois. Il s’y révèle un ingénieux stratège, mais il est capturé au retour du deuxième trajet. Le montant de sa rançon est très élevé, mais François 1er offre immédiatement de la payer. Toutefois, la reine de Hongrie ne libère pas Claude d’Annebault avant la conclusion de la paix, qu’elle prépare avec le concours de son prisonnier. Une fois libre, il est récompensé de ses bons services : il est fait maréchal de France le jour où Montmorency devient connétable de France le 10 février 1538.
Nommé gouverneur du Piémont le 28 septembre 1539 après la mort de son prédécesseur René de Montjean il occupe ce poste jusqu’à la fin de l’année 1543. Claude d’Annebault doit faire oublier dans cette récente conquête les maladresses de son prédécesseur, René de Montjean. En quelques semaines, le nouveau gouverneur gagne la confiance des Piémontais et prend les mesures nécessaires à la reconstruction du pays.
En novembre 1540, d’Annebault entre au conseil étroit et devient l’un des principaux favoris du roi. Lors de la reprise de la guerre en 1543, Claude d’Annebault commande la plupart des opérations en Hainaut contre l’alliance de l’empereur et du roi d’Angleterre. Il participe en même temps au gouvernement, grâce à la proximité du roi, qui suit les armées, en retrait, avec ses autres conseillers. Il prend lors de cette campagne les villes de Landrecies [4] et de Luxembourg [5].
Le prestige de d’Annebault est à son sommet lorsque le roi le nomme amiral de France, puis gouverneur de Normandie, il succède à Montmorency comme favori du roi. En 1544, Claude d’Annebault négocie une paix peu avantageuse avec l’empereur en septembre 1544, mais cette paix séparée permet à la France de lutter contre le seul roi d’Angleterre.
De 1544 à 1547, le roi lui confia la responsabilité et la direction de toutes les affaires de l’État. L’amiral fut donc le plus grand personnage du royaume après son prince.
À l’hiver 1545, Claude d’Annebault constitue une flotte capable de vaincre celle de Henri VIII et de porter la guerre sur le sol anglais. L’amiral prend personnellement le commandement de cette armée. Malgré un départ peu encourageant en juillet 1545, la flotte française connaît quelques succès notables sur l’île de Wight et les côtes anglaises. Mais ils sont sans lendemain, d’Annebault ne parvient ni à prendre Portsmouth [6], ni à délivrer Boulogne.
En mai 1546, l’amiral d’Annebault rencontre son homologue anglais près d’Ardres [7]. Les difficultés se résolvent peu à peu et d’Annebault obtient des conditions plus heureuses que prévu dans ses instructions.
Dans les affaires du royaume, il s’emploie à restaurer l’ordre tant à la cour que dans les provinces, tout en consolidant les frontières. La remise en ordre s’étend aux finances de la couronne, si bien qu’en peu de temps, les coffres de la monarchie sont de nouveau pleins.
Diplomate et politique autant que militaire, il songe à une alliance anglaise contre Charles Quint, voire à une rupture commune des deux royaumes avec Rome. La mort du roi, en 1547 met fin à ces audacieux projets. Lors des funérailles de François 1er, il porte le coffret de son cœur, puis mène le cortège jusqu’à Saint-Denis.
En 1547, à l’avènement de Henri II, il est disgracié, et Montmorency rappelé.
Cependant, sa charge d’amiral lui permet de continuer à servir le roi. Au printemps 1551, Henri II déclare la guerre à l’empereur. D’Annebault relance la guerre de course, renforce les ports et sollicite à nouveau le commandement d’une flotte. Il est rappelé dès février 1552 pour assister au lit de justice qui proclame et organise la régence, puis entre à nouveau au conseil étroit.
Il commande également “l’armée de la reine”, sorte d’armée de réserve. Début juin, il reprend Stenay [8] aux troupes de la reine de Hongrie, puis rejoint Henri II au siège de Damvillers [9], où il prouve la valeur de son expérience au roi, qui l’envoie ensuite défendre la Picardie.
Fiévreux, l’amiral s’enferme à La Fère-sur-Oise [10], qu’il a le temps de mettre en défense avant de céder à la maladie. Par ces derniers services rendus au roi, il transmet à son fils unique, Jean , une faveur retrouvée.