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Eudocie ou Eudoxie

jeudi 26 mars 2015, par lucien jallamion

Eudocie ou Eudoxie (vers 400-460)

Impératrice d’Orient et femme de lettres

Icône du 10ème siècle représentant Eudocie ou Eudoxie Impératrice d'Orient et femme de lettresFille du rhéteur [1] athénien nommé Léontias, elle devient impératrice d’Orient par son mariage avec l’empereur Théodose II le 7 juin 421. Elle est la protégée de sa sœur, Pulchérie. Son nom véritable est Athénaïs, mais elle prend celui de Aelia Licinia Eudocia ou Eudocie lors de sa conversion au christianisme. Elle reçoit en 423 le titre d’Augusta.

Elle est la mère de Licinia Eudoxia , épouse de l’empereur romain d’Occident Valentinien III en 437. Dès son mariage impérial, elle prend l’ascendant sur son époux au détriment de la sœur de celui-ci, Pulchérie.

Elle aurait peut-être inspiré la loi de 425 sur l’Université de Constantinople [2]. Dans la querelle du nestorianisme [3], elle prend partie avec son mari pour le patriarche Cyrille d’Alexandrie qui peut faire condamner Nestorius au concile d’Ephèse en 431 [4]. Depuis 435, elle aide Flavius Taurus Seleucus Cyrus, Égyptien originaire de Panopolis [5], à devenir préfet de Constantinople puis à cumuler la préfecture de la Ville et celle du prétoire à partir de 439.

En 438, elle fait un pèlerinage en Terre Sainte au cours duquel elle prononce un discours à Antioche [6] qui eut un grand succès devant le peuple et le sénat, elle offre de nombreux cadeaux aux églises d’une valeur de plus de 20 000 livres d’or et les remplit de reliques.

En 439, de retour d’un pèlerinage à Jérusalem à l’invitation de Mélanie la Jeune , fondatrice de l’Apostoleion [7], elle est faussement accusée d’infidélité à la suite de la jalousie croissante de Pulchérie.

Privée par Théodose II de ses attributions d’Augusta, elle se retire à Jérusalem en 443 et consacre la fin de sa vie à la méditation religieuse et à des œuvres de piété, sans renoncer à son amour des lettres.

Témoignage touchant de sa venue en Terre sainte, une inscription dédicatoire comportant un poème en vers homériques a été récemment découverte à Hamat Gader [8], au sud du lac de Tibériade [9].

Elle est favorable aux monastères de Palestine qui, s’opposant au concile de Chalcédoine, deviennent suspects de monophysisme [10]. Doutant du chemin à suivre, elle envoie des émissaires à Antioche, auprès de saint Siméon le Stylite .

C’est saint Euthyme le Grand qui la remet dans le chemin de l’orthodoxie chalcédonienne. Elle meurt en 460 et est canonisée par l’Église orthodoxe.

Ses restes sont ensevelis dans la crypte de la basilique Saint-Étienne [11] et sont dispersés lors de l’invasion perse de 614.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia Eudocie ou Eudoxie/ Portail du monde byzantin/ Impératrice byzantine

Notes

[1] La rhétorique est à la fois la science et l’art de l’action du discours sur les esprits.

[2] Il y eut un enseignement supérieur à Constantinople dès le 4ème siècle, même si à l’époque les centres principaux étaient plutôt Alexandrie, Antioche et Athènes, et Beyrouth pour le droit : Constantin avait fondé dans sa nouvelle capitale une bibliothèque publique, qui avait 120 000 volumes au 5ème siècle, et Julien en ajouta une autre. Dès le règne de Constance II, des enseignants importants, patronnés par l’empereur, exerçaient dans la capitale : Libanios, Thémistios, Euanthius, Charisius... Par une Constitution du 27 février 425, l’empereur Théodose II organisa un corps de 31 professeurs qu’il installa dans le « Capitole », un temple construit au 4ème siècle sur le modèle de celui de Jupiter capitolin à Rome, mais qui était christianisé, et qui se trouvait au bord du Philadelphion, la bifurcation de la Mésè, artère principale de la ville. Les professeurs de cet « Auditorium » détenaient le monopole de l’enseignement en public dans la ville et devaient s’abstenir eux-mêmes de tout enseignement privé ; leur nomination appartenait au sénat ; sur les 31, il y avait 10 grammairiens de langue grecque, 10 de langue latine, 5 rhéteurs grecs, 3 latins, 1 philosophe grec et 2 juristes latins. Cet « Auditorium » du Capitole fonctionnait encore au milieu du 6ème siècle, sous Justinien ; il n’en est plus question ensuite dans les textes.

[3] Doctrine hérétique de Nestorius qui reconnaissait les deux natures du Christ, humaine et divine, mais en niait la consubstantialité ; de ce fait même, l’hérésie niait que la Vierge puisse être appelée « Mère de Dieu ». Malgré sa condamnation par le concile d’Éphèse (431), le nestorianisme gagna la Perse, puis l’Asie, jusqu’à l’Inde et la Chine. Au 12ème siècle époque de son apogée, l’Église nestorienne comptait quelque 10 millions de fidèles. Aujourd’hui, seuls subsistent quelques dizaines de milliers de fidèles, principalement en Iraq et aux États-Unis, la majorité des nestoriens ayant rallié l’Église catholique à partir du 18ème siècle

[4] Le concile d’Éphèse, troisième concile œcuménique de l’histoire du christianisme, est convoqué en 430 par l’empereur romain de Constantinople Théodose II. Le concile condamne le 22 juin 431 le nestorianisme comme hérésie, et anathématise et dépose Nestorius comme « hérésiarque ».

[5] Akhmîm est une ville de Haute Égypte, située sur la rive droite du Nil en face de Sohag, à environ 130 kilomètres au sud d’Assiout. À l’époque gréco-romaine, son appellation était Panopolis, la cité de Pan, car on y vénérait le dieu ithyphallique Min, que les Grecs assimilaient à leur dieu Pan. Avec Coptos, Akhmîm était l’un des points de départ des expéditions minières vers le désert oriental.

[6] Antioche est une ville de Turquie proche de la frontière syrienne, chef-lieu de la province de Hatay.

[7] L’église, appelée aussi Basilique du Pater Noster est l’une des trois basiliques bâties par Constantin le Grand en Palestine sur des grottes. Bethléem, le Golgotha et celle-ci. Elle est appelée aussi « Éléona », du mot grec aramaïsé signifiant « oliviers », puisqu’elle se trouve sur le Mont des Oliviers où elle était probablement la plus vaste église de Jérusalem jusqu’à la construction de la Néa. C’est un endroit de station habituel dans les grandes processions annuelles, ainsi que pour des commémorations d’évêques de Jérusalem. Le mot Apostoleion, qui est traduit en géorgien, fait allusion aux apôtres, non pas parce qu’il s’y trouvait des reliques d’apôtres mais parce que c’est là que Jésus enseigna aux apôtres ses ultimes paroles, et aussi parce qu’on enterrait les évêques de Jérusalem, successeurs des apôtres, à cet endroit.

[8] Hamat Gader est un site de la vallée du Yarmouk, près du lac de Tibériade en Israël. Son nom signifie « source thermale de Gadara », du nom de la ville antique proche, aujourd’hui en Jordanie.

[9] Le lac de Tibériade, mer de Galilée ou lac de Genézareth est un lac d’eau douce d’une superficie de 160 km² situé au nord-est d’Israël. La revendication syrienne sur une partie de sa rive orientale a pu faire achopper les dernières négociations pour la conclusion d’un accord de paix entre Israël et la Syrie, sous l’égide des États-Unis.

[10] Le monophysisme est une doctrine christologique apparue au 5ème siècle dans les écoles théologiques de l’empire byzantin. Cette doctrine tente de résoudre les contradictions de la foi nicéenne concernant la nature du Christ. La doctrine chrétienne s’est construite à l’origine autour du symbole de Nicée, c’est-à-dire la reconnaissance de la consubstantialité du Père et du Fils, tout comme de la nature humaine du Christ. Les monophysites, en revanche, affirment que le Fils n’a qu une seule nature et qu’elle est divine, cette dernière ayant absorbé sa nature humaine. Ils rejettent la nature humaine du Christ. En cela le monophysisme s’oppose au nestorianisme. Cette doctrine a été condamnée comme hérétique lors du concile de Chalcédoine en 451, tout comme la doctrine opposée. Malgré cela, sous l impulsion de personnages tels que Sévère d’Antioche, le monophysisme continue de se développer dans les provinces byzantines de Syrie et d’Égypte auprès des populations coptes tout au long du 6ème siècle, jusqu aux invasions perses puis arabes au tout début du 7ème siècle. Il fut également responsable du premier schisme entre Rome et Constantinople en 484. Le monophysisme est encore professé aujourd’hui, dans sa variante miaphysite. Ce sont les Églises préchalcédoniennes, arménienne, syro jacobite, copte, etc.

[11] La basilique Saint-Étienne de Jérusalem est une église catholique située sur la route de Naplouse, à l’extérieur des murs de la vieille ville de Jérusalem. Elle est contiguë au couvent Saint-Étienne qui abrite l’École biblique et archéologique française, et en est l’église conventuelle.