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L’histoire pour le plaisir

Arnoul de Lisieux

vendredi 13 mars 2015, par lucien jallamion

Arnoul de Lisieux (1105/1109-1184)

Évêque de Lisieux de 1141 à 1181

Sceau d'Arnoul de Lisieux Évêque de Lisieux de 1141 à 1181Le roi d’Angleterre et duc de Normandie, Henri II Plantagenêt, en fit un de ses conseillers. Il démissionna de son évêché en 1181, et se retira dans l’abbaye Saint-Victor de Paris [1] où il mourut.

Arnoul appartenait à une famille d’ecclésiastiques qui favorisèrent son ascension. Son frère aîné Jean de Neuville était évêque de Sées [2], tandis que son oncle Jean est son prédécesseur au siège épiscopal de Lisieux.

Arnoul rédige au début de sa carrière un Traité sur le Schisme, qui le fait remarquer de saint Bernard et de Pierre le Vénérable. Les sermons qu’il prononce au concile de Tours [3] en 1163 et sa correspondance attestent de son intellectuel brillant.

Archidiacre [4] de Sées, il part à Rome pour étudier. En 1141, les chanoines de Lisieux l’élisent pour succéder à son oncle Jean à la tête de l’évêché de Lisieux et consacré par Hugues III d’Amiens, archevêque de Rouen.

Il se révèle un ardent prélat réformateur, à la fois soucieux de corriger les mœurs dissolues d’une partie du clergé et d’écarter les laïcs des charges religieuses. Sa réforme s’appuie notamment sur les chanoines réguliers.

Arnoul entreprend la reconstruction de la cathédrale de Lisieux suivant le nouveau mouvement stylistique, bien avant la conquête de la Normandie par le roi de France Philippe Auguste. Cette précocité s’explique par le fait qu’Arnoul, commanditaire de l’ouvrage, fait sûrement appel à un maître d’œuvre de cette région.

Il devait être au fait des nouveautés architecturales par sa familiarité avec Suger, abbé de Saint-Denis, et sa présence le 11 juin 1144 à la consécration de l’abbaye Saint-Denis. Toutefois, il n’a pas pu la reconstruire avant 1149 puisqu’il accompagne Louis VII à la deuxième croisade de 1147 à 1149, suivant la recommandation du pape.

Les débuts des travaux commencent probablement entre 1170 et 1172, suivant un texte cité dans “Les miracles de Saint Thomas de Cantorbéry”, où on apprend le nom d’un ouvrier, Roger, qui travaille sur les fondations de la cathédrale, victime d’un éboulement et qui ne dû sa vie qu’à sa promesse d’un pèlerinage.

Le roi d’Angleterre et duc de Normandie Henri II Plantagenêt le remarquent. Le souverain lui confie des charges laïques dont celle importante de justicier [5]. Ces nouvelles fonctions posent à Arnoul un dilemme.

Un dilemme semblable à celui que connaît son contemporain Thomas Becket, archevêque de Cantorbéry. En tant qu’évêque réformateur, il doit défendre les droits de l’église face à l’appétit des laïcs tandis qu’en tant que serviteur du roi d’Angleterre, il doit le soutenir dans l’affirmation du pouvoir royal. Cette position inconciliable, renforcée par l’assassinat de Thomas Becket, cause une dégradation des rapports entre Arnoul et Henri II. À partir de 1173, ces rapports tournent en querelle quand l’évêque de Lisieux choisit de soutenir la révolte du fils du roi, Henri le Jeune, contre son père.

Outre ce problème, la fin de l’épiscopat est gâchée par un conflit avec les chanoines qui l’accusent de dilapider les biens de l’Église. Le faste dans lequel vit Arnoul éveille les critiques des religieux mais selon lui, la grandeur de la dignité épiscopale va de pair avec richesse et magnificence. Finalement, Arnoul obtient du pape et d’Henri II de se retirer dans l’abbaye Saint-Victor de Paris. Il meurt en 1181.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia Arnoul de Lisieux/ Portail de la Normandie/ Évêque de Lisieux

Notes

[1] Saint-Victor est une ancienne abbaye de chanoines réguliers (augustins), fondée au 12ème siècle par Guillaume de Champeaux, archidiacre et directeur (écolâtre) de l’école cathédrale de Notre-dame de Paris. En quelques dizaines d’années Saint-Victor était devenue l’un des centres les plus importants de la vie intellectuelle de l’Occident médiéval, surtout dans le domaine de la théologie et de la philosophie1. Son rayonnement perça au travers de maîtres aussi illustres que Hugues, Adam, André, Richard ou Thomas Gallus, explorant de nombreux champs de la connaissance. Supprimée en 1790, l’abbaye fut détruite en 1811.

[2] Le siège épiscopal de Sées est rétabli après plus d’un demi-siècle de vacance, à la suite de la destruction de la cathédrale carolingienne et l’esclavage par les Vikings de son évêque Adelin. Ce rétablissement est lié à la normalisation ecclésiastique entreprise par le duc de Normandie Richard 1er. Le Diocèse de Séez correspond depuis 1789 au département de l’Orne. Avant cette date, il comprenait aussi tout le sud du Calvados, y compris Falaise, la ville natale de Guillaume le Conquérant. L’évêché est situé à Sées.

[3] Le Concile de Tours de 1163 est le 6ème concile de Tours. Ce concile s’ouvre le 19 mai sous la présidence du pape en exil Alexandre III, qui le réunit à la suite du schisme provoqué en 1159 par l’empereur Frédéric Barberousse, en ouverture duquel Arnoul de Lisieux prononça son sermon le plus important. Il institue une procédure éliminant l’injustice et l’arbitraire de la répression et autorise les princes toulousains et gascons, dans le cadre de la lutte contre les hérétiques, à recourir à la procédure inquisitoire. Ce concile proclame Ecclesia abhorret a sanguine (L’Église abhorre le sang) : la dissection des cadavres est strictement interdite et la chirurgie est déclarée comme étant un acte de barbarie.

[4] Un archidiacre est un vicaire épiscopal à qui l’évêque confie certaines fonctions administratives pour un groupe de paroisses.

[5] Historiquement, un justicier était instruit des pouvoirs de la justice. Il avait alors le pouvoir de juger toutes les affaires, qu’elles soient civiles ou pénales, et pouvait condamner à la peine capitale. On distinguait alors la basse, moyenne et haute justice, la haute justice étant réservée aux seigneurs.