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Sahak 1er Parthev ou Isaac 1er dit le Grand

dimanche 8 mars 2015, par lucien jallamion

Sahak 1er Parthev ou Isaac 1er dit le Grand (338-439)

Patriarche de l’Église arménienne

Sahak 1er Parthev ou Isaac d'Arménie, par Stepanos Nersissian (Cathédrale d'Etchmiadzine)Il appartient à une véritable dynastie sacerdotale qui a occupé en quasi permanence le siège d’Arménie depuis sa création, puisqu’il est le fils de Nersès 1er le Grand et de Sandoukht, une fille de Vardan Mamikonian 1er , le chef du partie pro perse à la cour d’Arménie sous le règne de Arsace II.

À la mort du catholicos [1] Aspourakès de Manazkert ou Manazkertsi , Sahak est intronisé comme catholicos en 387 par le roi Khosrov IV qui a remarqué ses vertus.

En effet, Sahak vit avec soixante disciples dans un grand monastère. Cette communauté vouée à la vie religieuse et à laquelle appartient le futur Mesrop pratique une vie austère. Après la destitution en 392 de Khosrov IV et son remplacement par son frère Vram Châhpouh , Sahak est maintenu sur son siège.

Sahak, qui a été marié, n’a pas de descendant mâle, mais sa fille unique Sahakanouch a épousé Hamazasp Mamikonian . À la mort de Sahak 1er Bagratouni , aspet [2], le patriarche demande à ce que son gendre obtienne la dignité de sparapet [3].

Le nouveau roi, Vram Châhpouh, qui est bien conscient de sa condition de vassal, refuse de le faire sans l’autorisation du roi des rois sassanide Vahram IV . Sahak se rend à Ctésiphon [4], la capitale perse, où il est reçu avec grand honneur en raison de la noble origine de sa famille. Vahram IV lui donne satisfaction et il ordonne d’élever la famille de Hamazasp, les Mamikonian, et de la classer au cinquième rang des dynastes d’Arménie.

Après la mort de Vahram IV en 399, ces dispositions sont confirmées par son successeur Yazdgard 1er , qui garde la même amitié au patriarche et au roi Vram Châhpouh. Pendant la période trouble qui suit les disparitions successives de Vram Châhpouh et de Khosrov IV et le règne de Châhpûhr de Perse, Sahak se retire dans les régions occidentales de l’Arménie et il envoie son disciple Mesrop et son propre petit-fils Vardan Mamikonian comme émissaires à l’empereur byzantin Théodose II.

En Arménie, en l’absence d’un roi, et l’anarchie étant à son comble parmi les nakharark [5], Sahak, après avoir convoqué une assemblée de toutes les familles dynastiques, envoie à la cour de Perse Smbat III Bagratouni et son petit-fils Vardan réclamer un nouveau roi en la personne d’Artachès IV, le jeune fils de Vram Châhpouh. Le roi Vahram V accepte, change le nom du prince d’Artachès en Ardachir et lui confie l’Arménie où il règne pendant six ans. Mais les nakharark, mécontents du jeune roi qui sombre dans la débauche, interviennent auprès de Sahak et lui demandent d’obtenir un nouveau souverain perse.

Sahak, bien que conscient des vices du roi, tente de dissuader les nobles d’intervenir auprès du Chah de Perse en leur expliquant qu’il est souhaitable d’attendre et de trouver une autre solution avec l’empereur Théodose II. Les nobles se rendent alors auprès de Vahram V avec un prêtre ambitieux, Artskêat, pour dénoncer leur roi et Sahak comme des partisans des Grecs.

Sahak et Artachès/Ardachir sont convoqués au palais royal d’Arménie par le Chah. Le patriarche y refuse d’accabler son roi, malgré l’entremise d’un ministre perse de la famille des Sourên Phalav qui lui laisse entrevoir la possibilité d’établir son propre petit-fils Vardan avec une dignité et un rang équivalent à celui de roi.

En 428, Vahram V excédé décide de déposer le roi Artachès/Ardachir et d’abolir la monarchie arménienne. Il confisque également pour la couronne le domaine catholicossal et remplace Sahak par un prêtre dénommé Sourmak .

Un an après, Sourmak entre lui aussi en conflit avec les nakharark qui obtiennent du Chah de Perse un autre vicaire en la personne d’un Syrien, Berkicho . La vie débauchée et les confiscations réalisées par ce dernier incitent les nakharark à se tourner de nouveau vers Vahram V qui accepte de libérer Sahak et de lui restituer quelques domaines. Il le renvoie en Arménie accompagné d’un vicaire lui aussi syriaque nommé Samuel dit le Syrien , qui est chargé de la direction effective de l’Église.

Pendant ce temps, Sahak s’est retiré près de son disciple Mesrop qu’il a installé dans la cathédrale de Vagharchapat [6], et il assure la direction spirituelle du pays.

En 437, à la mort de Chamvêl, après cinq ans d’exercice, les nakharark repentant vont trouver Sahak et le supplient de reprendre son siège en l’assurant qu’ils obtiendraient du roi de Perse la même dignité pour ses petits-fils à titre héréditaire. Le vieux Sahak refuse et leur déclare que c’est par ordre divin que la succession sacerdotale s’est éteinte dans sa famille. Le parti perse réinstalle alors sur le siège patriarcal le prélat Sourmak. Toutefois, jusqu’à sa mort, Sahak continue d’exercer les fonctions purement spirituelles du patriarcat.

Sahak est ensuite atteint d’une maladie mortelle et meurt le 5 septembre 439, dans la seconde année du règne du roi Yazdgard II, près du village de Blour dans le Bagrévand [7], après plus de cinquante ans de prélature. Il est inhumé par son petit-fils Vardan Mamikonian et l’épouse de ce dernier, nommée Destrik, dans leur village d’Archtichat dans le canton de Taron [8].

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Cyrille Toumanoff, Les dynasties de la Caucasie chrétienne de l’Antiquité jusqu’au xixe siècle : Tables généalogiques et chronologiques, Rome,‎ 1990.

Notes

[1] patriarche de l’Église arménienne

[2] maître de la cavalerie

[3] commandant en chef

[4] Ctésiphon est une ancienne ville parthe, située face à Séleucie du Tigre, sur la rive gauche du Tigre, à 30 km au sud-est de la ville actuelle de Bagdad, en Irak. La ville s’étendait sur 30 km².

[5] Le nakharar est un satrape héréditaire en Arménie. Ce titre est de premier ordre au sein de la noblesse arménienne antique et médiévale. Durant cette période, l’Arménie est divisée en larges domaines, propriétés d’une famille noble et gouvernés par l’un de ses membres, auquel les titres nahapet (chef de famille) ou tanuter (maître de maison) sont donnés. Les autres membres d’une famille de nakharar gouvernent à leur tour des portions plus petites du domaine familial. Les ’nakharark’ jouissant d’une grande autorité sont reconnus comme ishkhans (princes). Ce système a souvent été qualifié de féodal pour des raisons pratiques ; cependant, il est différent du système féodal qui apparaît ultérieurement en Europe occidentale. Le domaine dans son entièreté est en fait gouverné par une seule personne mais est toutefois considéré comme étant la propriété de l’ensemble de sa famille élargie, de telle sorte que, si le dirigeant vient à mourir sans laisser d’héritier, un membre d’une autre branche de la famille lui succède. En outre, l’aliénation d’une partie du domaine familial n’est permise qu’en faveur d’un autre membre de la famille ou avec l’autorisation de la famille. Ceci peut également expliquer pourquoi les familles de l’Arménie médiévale sont normalement endogamiques, afin de ne pas disperser des parties du domaine, comme cela aurait été le cas si elles avaient dû en céder des parties en dot1. Cette structure subsiste inchangée pendant de nombreux siècles jusqu’aux invasions mongoles au 13ème siècle.

[6] Etchmiadzin ou Vagharchapat, est une ville d’Arménie située à une vingtaine de kilomètres d’Erevan. C’est à Etchmiadzin que se trouve le siège de l’Église apostolique arménienne. Etchmiadzin, dont le nom d’origine est Vagharchapat, a été fondée entre 570 et 560 avant jc. La ville, s’appelant à cette époque Varguésavan, est rebaptisée par le roi Vagharch 1er vers 117-140 de la dynastie arsacide, qui la nommera Vagharchapat. Il fortifie aussi la ville qui devient une ville-résidence. L’armée romaine fait une incursion dans la région en 163, et un nom grec lui est donné , Kainepolis, « nouvelle ville ». À cette époque, Vagharchapat devient la capitale de l’Arménie au détriment d’Artachat, qui perd ce statut. Vagharchapat obtient une place importante grâce à l’installation du siège de l’Église apostolique arménienne fondée par Grégoire 1er l’Illuminateur, consacrée par la construction de la cathédrale Sourp Etchmiadzin.

[7] Bagrévand est une ancienne province de l’Arménie historique, aujourd’hui située en Turquie orientale. Longtemps dirigée par les Mamikonian, elle passe sous l’autorité des Bagratides après la bataille de Bagrévand.

[8] Le Taron est une région du centre de l’Arménie historique, possédée initialement par les Mamikonian. À la mort de Chmouel Mamikonian, tué à la bataille de Bagrévand le 15 avril 775, son neveu Achot s’empare du Taron. En 968, les deux frères cèdent le Taron à Byzance, en échange de domaines et de charges byzantines. Leurs descendants prennent le nom de Taronitès. Le Taron est à présent compris dans la province de Muş, en Turquie orientale.