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L’histoire pour le plaisir

Jean-Joseph Mouret

jeudi 11 août 2022, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 7 décembre 2014).

Jean-Joseph Mouret (1682-1738)

Musicien et compositeur français-Chef d’orchestre

Le Triomphe des sens. (Musique de Jean-Joseph Mouret Musicien et compositeur français et Chef d'orchestre)Né à Avignon [1], où il passa son enfance. Chef d’orchestre de l’Opéra puis du Théâtre-Italien, directeur du Concert Spirituel [2], il est parmi les premiers à s’illustrer dans ces divertissements et tente une synthèse entre goûts italiens et français.

Fils d’un marchand de soie Jean-Bertrand Mouret qui lui fait donner une bonne éducation et, constatant ses dons précoces pour la musique, favorise ce choix et de Madeleine Menotte. Il reçoit probablement ses premières leçons de musique à la maîtrise de l’église Notre Dame des Doms en Avignon [3].

Il chante avec talent, commence à composer avec réussite et dès 20 ans, ses compositions et son talent de chanteur firent sa réputation dans la région. Vers l’âge de 25 ans, il vient s’établir à Paris. Il est, selon les frères Parfaict, maître de musique au service du maréchal de Noailles à partir de 1704

Ses compositions, des parodies d’opéras et autres œuvres, sa conversation spirituelle et plaisante, son accent méridional, son caractère agréable sont autant d’atouts qui le font vite remarqué.

Il ne tarde pas à se faire connaître et parvient à entrer en contact en 1708 avec Anne-Louise Bénédicte de Bourbon-Condé , duchesse du Maine, aidé en cela par son caractère agréable. Sa carrière s’amorce sous ces auspices favorables et il devient Surintendant de la musique à la cour de Sceaux de 1709 à 1736, participant aux salons littéraires et aux fêtes des Grandes Nuits de Sceaux [4], qu’elle donne dans son château de Sceaux [5], entourée de ses Chevaliers de la Mouche à Miel [6]. Il deviendra le principal animateur des Grandes Nuits de Sceaux de 1714 à 1715

En 1711, peu de temps après sont arrivée à Paris, il épouse la fille de l’argentier du duc du Maine, la Demoiselle Prompt de Saint Mars, dont il aura une fille unique. Ils habitent place du Palais royal [7], à côté du café « La Régence », au coin de la rue Saint-Thomas. Il est alors ordinaire de la musique du duc du Maine, le fils de Louis XIV, à Sceaux, où il devient surintendant de la musique, poste qu’il perd à la mort du duc en 1736.

Le 19 août 1714, il crée son premier opéra à l’Académie royale de musique [8], Les fêtes, ou Le triomphe de Thalie. Il collabore à l’Académie royale de Musique ou il sera chef d’orchestre (Opéra, de 1714 à 1718), ainsi qu’à la Comédie Italienne [9] ou il devient compositeur en titre et directeur de la musique de 1716 à 1737, puis assume le poste de directeur artistique et directeur de la musique au Concert Spirituel des Tuileries de 1728 à 1734 où il succède à Anne Philidor , ce qui lui procure l’aisance. Il compose en 1716 les divertissements pour les comédies de Dancourt à la Comédie Française [10].

En 1718, il obtient le privilège d’imprimer sa propre musique et le 20 février 1720, il devient chantre à la Chambre du roi.

Cependant, la fin de sa vie est assombrie par des déboires. A partir de 1734, la chance qui avait sourit jusque là à Jean-Joseph Mouret, commence à l’abandonner. Il perd successivement les fonctions qu’il occupait en tant que directeur artistique et directeur de la musique au Concert spirituel des Tuileries, de compositeur en titre de la Comédie-Italienne ainsi que sa charge de surintendant de la musique de la duchesse du Maine. Il perd ainsi une grande partie de ses revenus, le contraignant à réduire son train de vie et compromettant ses projets pour établir avantageusement sa fille.

Sans emploi dans les dernières années de sa vie, il vit de la générosité de mécènes, comme le duc de Carignan Victor-Amédée 1er de Savoie qui lui octroie une rente de 1000 livres.

Atteint de démence, il est interné le 14 avril 1738 à l’hôpital des Frères de la Charité de Charenton [11] où il s’éteint le 22 décembre de la même année à l’âge de 56 ans.

Cette carrière éminemment brillante a fortement marqué la musique française de son époque. Mouret a traité tous les genres : musique symphonique, musique de chambre, musique d’église, musique de théâtre, musique de ballet, divertissements.

Il faut retenir, entre autres compositions, les deux suites de symphonies. La première s’intitule Fanfares pour des trompettes, timbales, violons et hautbois et est dédiée au fils de la duchesse du Maine, le prince des Dombes. Elle est exécutée au Concert Spirituel dont Jean-Joseph Mouret est alors directeur. La deuxième pour violons, hautbois et cors de chasse est exécutée à l’Hôtel de ville de Paris en présence du roi Louis XV .

Le 7 novembre 1741, son divertissement “Le temple de Gnide” est créé à l’Académie royale de musique. Sa veuve habite alors la rue vis-à-vis Sainte-Croix de la Bretonnerie [12].

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Mouret, le musicien des grâces (1682-1738) - Renée Viollier - Editions Minkoff - Réimpression de l’édition de Paris, 1950 - Genève, 1976

Notes

[1] Avignon est une ville du Sud de la France, située au confluent du Rhône et de la Durance. Surnommée la « cité des papes » en raison de la présence des papes de 1309 à 1423, elle est actuellement la plus grande ville et la préfecture du département de Vaucluse. C’est l’une des rares villes françaises à avoir conservé ses remparts et son centre historique, composé du palais des papes, de l’ensemble épiscopal, du rocher des Doms et du pont d’Avignon.

[2] Le Concert spirituel est le nom d’une organisation de concerts inaugurée à Paris le 17 mars 1725. L’institution perdura 66 ans, jusqu’en 1790, au début de la Révolution française et marqua le monde musical par ses innovations et la qualité de ses productions.

[3] La cathédrale Notre-Dame des Doms est une cathédrale catholique romaine située à Avignon dans le département français de Vaucluse, à côté du Palais des papes d’Avignon. De style roman provençal, elle date de 1150, puis fut agrandie aux 14ème et 17ème siècles par des chapelles latérales. Elle est le siège de l’archidiocèse d’Avignon.

[4] Les Grandes Nuits de Sceaux ensemble de fêtes et divertissements donnés par Louise Bénédicte de Bourbon (1676-1753) en son château de Sceaux entre 1705 et 1753.

[5] Au début du 17ème siècle, les Potier de Gesvres, seigneurs de Sceaux depuis 1597, font construire un château de style Henri IV ou Louis XIII. C’est une famille de bourgeois qui finiront par devenir ducs : ducs de Tresmes et ensuite ducs de Gesvres. Sceaux est érigée en châtellenie en 1612 et en baronnie en 1619-1624 pour le fils cadet de Louis, Antoine Potier de Sceaux, greffier des ordres du Roi. En 1670, Jean-Baptiste Colbert, contrôleur général des finances de Louis XIV, qui souhaite disposer d’un domaine près de Paris et non loin de Versailles, pour y établir sa maison de campagne, achète la terre de Sceaux aux trois héritiers de René Potier, marquis de Gesvres, duc de Tresmes.

[6] L’ordre de la Mouche à miel est un ordre de chevalerie créé en 1703 par Louise-Bénédicte de Bourbon, duchesse du Maine pour attacher à sa personne la cour qu’elle avait rassemblée au château de Sceaux.

[7] La place du Palais-Royal est une place située dans le 1er arrondissement de Paris. Avec la place André-Malraux et la place Colette, c’est une des trois places qui bordent les jardins du Palais-Royal et la Comédie-Française. Elle est délimitée au nord par la rue Saint-Honoré et le Palais-Royal ; au sud par la rue de Rivoli et le palais du Louvre.

[8] L’académie royale de musique désigne en France, l’académie royale de musique, ancêtre de l’Opéra de Paris.

[9] Comédie-Italienne ou Théâtre-Italien sont des noms qui ont été utilisés pour les pièces de théâtre de langue italienne lorsqu’ils ont été joués par nombreuses troupes en France, notamment à Paris. Les premières visites enregistrées par des acteurs italiens étaient des troupes de commedia dell’arte employées par la cour des reines Catherine de Médicis et Marie de Médicis. Ces troupes ont également donné des présentations publiques à Paris à l’Hôtel de Bourgogne, probablement le premier théâtre public construit en France. La première utilisation officielle du nom de Comédie-Italienne remonte à 1680, année où il fut attribué à la troupe pour la distinguer de la troupe de la Comédie-Française, fondée cette année-là, et de la même manière que le nom de "Théâtre-Français" était couramment appliqué à ce dernier, le Théâtre-Italien était utilisé pour les Italiens. Au fil du temps, des phrases, des chansons, des scènes entières et éventuellement des pièces de théâtre françaises ont été incorporées dans les présentations de la Comédie-Italienne. En 1762, la troupe fusionnera avec l’Opéra-Comique, mais les noms continuèrent d’être utilisés, même si le répertoire devint bientôt presque exclusivement opéras-comiques.

[10] La Comédie-Française ou Théâtre-Français est une institution culturelle française fondée en 1680 et résidant depuis 1799 salle Richelieu au cœur du Palais Royal dans le 1er arrondissement de Paris. Établissement public à caractère industriel et commercial depuis 1995, c’est le seul théâtre d’État en France disposant d’une troupe permanente de comédiens, la Troupe des Comédiens-Français. Bien que mort depuis sept ans quand la troupe a été créée, Molière est considéré comme le « patron » de l’institution, surnommée la « Maison de Molière ».

[11] Le 13 septembre 1641, grâce à la donation de Sébastien Leblanc, conseiller et contrôleur des guerres de Louis XIII, est fondée la Maison royale de Charenton, à l’origine par les Frères de la Charité, à Charenton-Saint-Maurice (actuel Saint-Maurice). Accueillant les insensés, elle reçoit également quelques pensionnaires envoyés par lettre de cachet (demandée par le roi ou, plus souvent, par la famille).

[12] C’est une des plus anciennes rues du quartier du Marais, puisqu’elle est ouverte dès le 13ème siècle, sous le nom de Lagny, ou de la Grande-Bretonnerie. L’origine de ce nom découle du fait que la rue se trouvait alors sur le fief de Saint-Pierre-de-Lagny et près d’un site dit du Champ-aux-Bretons, ainsi qu’on peut le lire dans le Dictionnaire historique de Paris