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L’histoire pour le plaisir

Cyrus le Jeune

mardi 16 septembre 2014, par lucien jallamion

Cyrus le Jeune (424-401 av.jc)

Prince perse et général

La perse dans l'antiquitéFils de Darius II et de Parysatis , il naît peu après l’accession au trône de son père.

Cyrus aimait les hommes et les femmes. Il entretenait de nombreuses courtisanes et avaient des relations adultérines avec des femmes de rois comme celle du roi de Cilicie [1]. Il aima aussi une grecques appelée Miltos, issue de Phocée fille d’Hermotimos, qu’il fit surnommer Aspasie en l’honneur de la célèbre femme de Périclès.

En 408, il reçoit les satrapies de Lydie [2], de Phrygie [3] et de Cappadoce [4], ainsi que le commandement des armées perses d’Asie Mineure. Il mène une politique pro spartiate, au détriment d’Athènes.

Préféré par sa mère à son frère, le futur Artaxerxès II, il envisage très tôt de revendiquer le trône pour lui-même à la mort de son père. À cette fin, il compte s’appuyer sur Sparte. Séduit par le personnage de Lysandre , nommé navarque [5] au début de 407, il lui apporte son appui dans la guerre du Péloponnèse, augmentant l’aide de 500 talents offerts de la part de Darius II.

Cette somme, portant la solde des matelots spartiates de 3 à 4 oboles, permet de débaucher les équipages ennemis, payés plus chichement. Quand Lysandre est remplacé en 406 par Callicratidas , Cyrus manifeste son mécontentement et refuse de financer l’armée spartiate dans un premier temps. Après la défaite des îles Arginuses [6] où Callicratidas trouve la mort, Cyrus fait revenir Lysandre qui remporte la victoire navale d’Aigos Potamos [7] en 405.

En 404, Darius II tombe malade et meurt. Artaxerxès II monte sur le trône. Tissapherne satrape de Carie [8], dénonce alors les plans de Cyrus contre son frère, mais grâce à l’intercession de sa mère Parysatis, il est pardonné. Il ne s’arrête pas à cette tentative avortée. Il rassemble des troupes sous couvert d’une querelle avec Tissapherne, et d’une expédition contre une tribu montagnarde du Taurus. Malgré la chute de Lysandre en 403, il est soutenu en sous-main par Sparte. Cléarque , partisan de Lysandre, condamné à mort pour des atrocités commises pendant son gouvernorat de Byzance, gagne la Chersonèse de Thrace et rassemble une armée de mercenaires. De son côté, Ménon de Pharsale fait de même en Thessalie [9].

Au printemps 401, Cyrus réunit ses armées et quitte Sardes. Prévenu au dernier moment par Tissapherne, Artaxerxès II rassemble lui aussi ses troupes, et devant Babylone, en octobre, a lieu la bataille de Counaxa [10]. Cyrus aligne 10 400 hoplites et 2 500 peltastes, plus ses troupes asiatiques, évaluées par Xénophon à 100 000, chiffre bien exagéré. On peut plutôt estimer à 30 000 hommes pour Cyrus, et 40 000 pour Artaxerxès. Cyrus est tué dans la bataille et les troupes perses entraînent les Grecs dans un piège en les amenant au centre du pays, au-delà du Tigre. Cléarque est capturé et tué, laissant l’expédition grecque sans chefs, au beau milieu d’un pays ennemi. Ils réussissent néanmoins, en élisant de nouveau chefs, à regagner le Pont-Euxin. C’est la célèbre retraite des Dix Mille, racontée par Xénophon, l’un des chefs, dans son Anabase.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Edmond Lévy, La Grèce au ve siècle de Clisthène à Socrate, Paris, Seuil, coll. « Points Histoire / Nouvelle histoire de l’Antiquité »,‎ 1995

Notes

[1] La Cilicie est une ancienne province romaine située dans la moitié orientale du sud de l’Asie Mineure en Turquie. Elle était bordée au nord par la Cappadoce et la Lycaonie, à l’est par la Pisidie et la Pamphylie, au sud par la Méditerranée et au sud-est par la Syrie. Elle correspond approximativement aujourd’hui à la province d’Adana : région comprise entre les monts Taurus, les monts Amanos et la Méditerranée. Vers 27, sous l’empereur Tibère, la Cilicie est rattachée à la province de Syrie. Certaines parties de la région restent néanmoins dirigée par des souverains locaux jusqu’à l’annexion complète par Vespasien en 74. La province est suffisamment importante pour qu’un proconsul y soit nommé.

[2] La Lydie est un ancien pays d’Asie Mineure, situé sur la mer Égée et dont la capitale était Sardes. Elle était connue par Homère sous le nom de Méonie. La Lydie est évoquée dans les légendes d’Héraclès et Omphale, ou de Tantale et Pélops. La Lydie était une région occidentale de l’Asie Mineure, bordée au nord par la Mysie, au sud par la Carie et à l’est par la Phrygie. Comprenant les vallées de l’Hermos et du Méandre, la Lydie était située sur le parcours des grandes routes commerciales, et disposait de nombreuses ressources minières propres.

[3] ] La Phrygie est un ancien pays d’Asie Mineure, situé entre la Lydie et la Cappadoce, sur la partie occidentale du plateau anatolien. Les Phrygiens sont un peuple indo-européen venu de Thrace ou de la région du Danube. Ils ont occupé vers 1200 av.jc la partie centrale et occidentale de l’Asie Mineure, profitant de l’effondrement de l’Empire hittite.

[4] La Cappadoce est une région historique d’Asie Mineure située dans l’actuelle Turquie. Elle se situe à l’est de la Turquie centrale, autour de la ville de Nevşehir. La notion de « Cappadoce » est à la fois historique et géographique. Les contours en sont donc flous et varient considérablement selon les époques et les points de vue.

[5] Le navarque est le titre militaire donné aux capitaines de vaisseaux de guerre dans la Grèce antique. À Sparte, c’est une magistrature importante donnant le commandement de la flotte. Mais on trouve également des navarques à Athènes. En Macédoine et dans les royaumes hellénistiques, chez les Séleucides comme chez les Lagides le navarque est l’amiral de la flotte. Ainsi Alexandre le Grand est navarque de la flotte macédonienne au siège de Tyr. À Rome, le navarque est le commandant d’un escadron de la flotte. Les Byzantins utilisent parfois ce terme pour désigner le capitaine d’un navire. Sans rapport avec ces fonctions militaires, le navarque est enfin également le responsable d’une liturgie spécifique à Érétrie et dans d’autres cités, dans le cadre de fêtes de la navigation en l’honneur d’Isis et d’autres divinités égyptiennes.

[6] La bataille navale des Arginuses est l’un des derniers grands épisodes de la Guerre du Péloponnèse, qui opposa Athènes à Sparte pendant près de trente ans. Elle eut lieu pendant l’été 406 av.jc, dans la mer Égée, au large de l’île de Lesbos, face aux petites îles Arginuses qui bordent à cet endroit la côte de l’actuelle Turquie. La flotte athénienne, commandée par huit stratèges, y défit la flotte lacédémonienne dirigée par Callicratidas.

[7] L’Aigos Potamos aujourd’hui Indjé-limen ou Galata, est un petit cours d’eau situé en Chersonèse de Thrace (Gallipoli), Turquie. Aigos Potamos était aussi une cité antique située à son embouchure, où la rivière se jetait dans l’Hellespont (Dardanelles), à quelques kilomètres au nord de la cité antique de Sestos. Le lieu est célèbre pour la bataille qui se déroula près de l’embouchure en 405 av.jc entre Sparte et Athènes. La flotte athénienne y fut alors détruite par les Spartiates commandés par Lysandre, ce qui mit un terme à la guerre du Péloponnèse.

[8] La Carie est une ancienne province du sud-ouest de l’Asie mineure, située entre la Lycie à l’Est, la Phrygie au Nord, la Lydie à l’Ouest et la mer Égée au Sud. À l’origine, c’est une colonie phénicienne, prise ensuite par les Doriens qui fondent les cités de Cnide et d’Halicarnasse. Sous la domination des Perses, elle devient une satrapie, rapidement gouvernée par des satrapes locaux qui se comportent comme des monarques autonomes, comme Mausole ou sa femme Artémise II. Sous l’Empire romain, la Carie devient une province romaine d’Asie.

[9] La Thessalie est une région historique et une périphérie du nord-est de la Grèce, au sud de la Macédoine. Durant l’antiquité cette région a, pour beaucoup de peuples, une importance stratégique, car elle est située sur la route de la Macédoine et de l’Hellespont. Elle possédait un important port à Pagases. Le blé et le bétail sont les principales richesses de la région et une ressource commerciale vitale. La Thessalie est aussi l’une des rares régions de Grèce où l’on peut pratiquer l’élevage des chevaux, d’où l’importante cavalerie dont disposaient les Thessaliens.

[10] Counaxa ou Cunaxa, était au 5ème siècle av. jc un village de Perse, situé sur la rive gauche de l’Euphrate à 60 ou 90 km au nord de Babylone. Il était dominé, selon Xénophon, par un tell. On n’en connaît pas l’emplacement précis, qu’il faut rechercher dans la banlieue ouest de Bagdad, au sud-est de Falloudja. En 401, elle fut le théâtre d’une bataille entre Artaxerxès II Mnèmon et son frère, Cyrus le Jeune, au cours de laquelle ce dernier fut vaincu et tué. Ses mercenaires grecs effectuèrent alors la fameuse retraite des Dix Mille, contée dans l’Anabase de Xénophon.