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Luitfrid 1er d’Alsace

mercredi 29 avril 2015, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 27 juillet 2014).

Luitfrid 1er d’Alsace (vers 700-vers 767)

Duc d’Alsace

Armoiries d'AlsaceEn tant que fils aîné, il succède à son père Adalbert d’Alsace en 722. Il est le petit-fils de Etichon-Adalric d’Alsace, le neveu de sainte Odile et le frère de Eugénie d’Alsace .

Adalbert, son père, a construit la résidence royale de Koenigshoffen [1] et les abbayes de Honau et de Saint-Étienne de Strasbourg [2], mais aussi le monastère de Wissembourg [3].

Il est peut-être né en la résidence royale de Koenigshoffen, où il passe une bonne partie de son enfance. L’Alsace est un duché très puissant au sein de l’Austrasie en 722, quand il succède à son père. Il est très jeune.

Le territoire que tient Luitfrid Ier ne semble pas avoir été amputé ou agrandi par rapport au duché de son père. Il est situé à l’est des crêtes des Vosges, de l’abbaye saint Arbogast de Surbourg [4], au sud de la rivière Sauer, jusqu’au sud de l’abbaye de Moutier-Grandval [5]. Selon un diplôme de l’empereur Lothaire 1er datant de 849, située dans le nord du Jura. Il inclut le Brisgau [6] et une partie de la plaine rhénane de l’autre côté du Rhin.

Au début des années 720, il fait son jeune frère Eberhard comte du Sundgau [7]. Mais, malgré les affirmations de 2 historiens, Eberhard n’a jamais été duc.

Nous savons quand il devient duc, c’est après la signature d’une charte de la donation faite en 722 à l’abbaye de Honau. Dans un brevet accordé vers l’an 725 à ce monastère, Thierry IV, roi des Francs, lui donne le même titre “Luitfrido duci.” Ce prince lui adresse aussi en l’an 724, au “viro illustri Luthfrido”, le privilège de confirmation de l’abbaye de Marmoutier, en Alsace, dans lequel il le qualifie d’homme illustre. Il signe comme duc.

Il se marie 2 fois, probablement avec des alsaciennes : Hiltrudis ou Hiltrude et Theutila.

Il continue la politique de ses ancêtres et développe les monastères de Honau, de Wissembourg, et de l’abbaye de Mourbach [8]. Il a installé sa cour à Strasbourg, où il patronne le monastère de Wissembourg dans 7 dons entre 734 et sa mort. Il dote considérablement les couvents fondés par sa famille.

Luitfrid est en bons termes avec l’évêque Heddo de Strasbourg, un partisan de Charles Martel.

Luitfrid a probablement été un partisan de Charles Martel, dans ses guerres dans les pays situés à l’est du Rhin vers 719/746) qu’il reconquiert ou défend contre les incursions ennemies dans le royaume des Francs et de leurs alliés. Luitfrid gouverne tranquillement l’Alsace.

Il disparaît dans les dossiers en 742, avec son fils Hildfrid, pour leur dernière charte qui est datée de la première année du règne de Carloman, fils de Charles Martel. Vraisemblablement, ils sont morts en luttant contre les Carolingiens qui veulent s’emparer du duché d’Alsace. Il est possible que Luitfrid perde sa dignité ducale dès 730, ou tout au moins de son vivant.

Luitfrid Ier possède des terres dans la vallée de Sainte-Croix-aux-Mines, au Petit Rombach, qui passent ensuite à son fils Luitfrid II. Mais à la mort de Luitfrid 1er d’Alsace, Pépin le Bref disgracie les membres des Étichonides et divise l’Alsace en deux comtés, le Nordgau [9] et le Sundgau.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Guy Perny, Adalric, duc d’Alsace, ascendants et descendants, J.Do Bentzinger, 2004

Notes

[1] Koenigshoffen est un quartier de Strasbourg datant du temps des Romains.

[2] L’église Saint-Étienne se situe dans l’enceinte du collège épiscopal Saint-Étienne à Strasbourg, dans le département du Bas-Rhin.

[3] L’abbatiale Saint Pierre et Saint Paul de Wissembourg est fondée vers 660 par des nobles austrasiens sur une île de la Lauter. Une charte apocryphe attribue cette fondation au roi Dagobert. L’abbaye a été richement pourvue et a donc été considérée comme une des abbayes les plus riches du Saint Empire romain germanique.

[4] Vers 570, Saint Arbogast, le premier évêque de Strasbourg, implante à Surbourg une abbaye, le premier couvent d’Alsace. Le couvent fut placé sous le patronage de Sainte Marie et de Saint Martin ; plus tard on y ajoutera Saint Arbogast. L’église était dédiée à Saint Jean-Baptiste, que l’on retrouve sur le blason du village, habillé d’un manteau en poils de chameau, tenant de la main droite une croix haute et de la main gauche un agneau couché sur un livre. L’abbaye de Surbourg possédait des biens étendus, à Surbourg et dans plusieurs villages voisins, offerts par plusieurs rois mérovingiens. L’influence de Surbourg s’étendait à l’origine jusqu’à Niederbronn et Wissembourg.

[5] Vers l’an 640, le supérieur de Luxeuil y envoie saint Germain de Trêves. L’abbaye de Moutier Grandval est née. Au fil du temps, nobles et grands seigneurs font donation de terres ou accordent des privilèges à l’abbaye. Carloman, roi de Bourgogne, confirme en 769 l’immunité concédée par ses prédécesseurs et donne au monastère la faveur royale. L’empereur Lothaire prend Moutier Grandval sous sa protection en 849. Lothaire II, en 866, lui garantit ses possessions. Le 20 septembre 884, l’empereur Charles le Gros confirme les biens, droits, revenus et dîmes de l’abbaye, qui s’étendent jusqu’en Alsace.

[6] Le Brisgau est une région d’Allemagne, située entre le Rhin et la forêt Noire, dans le sud-ouest du land de Bade-Wurtemberg. Sa principale ville est Fribourg-en-Brisgau.

[7] Le Sundgau est un territoire situé dans le sud de la région Alsace. Sa capitale est Altkirch. Les principales communes de ce territoire sont Dannemarie, Hirsingue et Ferrette, toutes trois chefs-lieux de canton.

[8] L’abbaye de Murbach est située en Alsace, au fond de la vallée vosgienne de Guebwiller après la commune de Buhl, où une bifurcation mène vers le vallon de Murbach. L’abbaye comptait parmi les plus riches et les plus influentes du Saint Empire romain germanique.

[9] Le Nordgau était un ancien comté de l’Alsace. Le comté de Nordgau était constitué de trois canton principaux : le pays de Kircheim ou de Troningue, le pays d’Haguenau et le Vasgau ou Wasgovia