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Félix Lope de Vega y Carpio

mercredi 7 mai 2014

Félix Lope de Vega y Carpio (1562-1635)

Dramaturge et poète espagnol

Félix Lope de Vega y Carpio Dramaturge et poète espagnol (portrait 1605)

Il est considéré comme l’un des écrivains majeurs du Siècle d’or espagnol. Surnommé par Miguel de Cervantesle Phénix, le monstre de la nature”, il est le fondateur de la Comedia nueva1 ou tragi-comédie à l’espagnole à un moment où le théâtre devenait un phénomène culturel de masse.

Il fut un auteur extrêmement prolifique. Il aurait écrit environ 3 000 sonnets, 9 épopées, des romans, 1 800 pièces profanes, 400 drames religieux, de nombreux intermèdes. Il a cultivé tous les tons et abordé tous les thèmes.

Ami de Quevedo et de Juan Ruiz de Alarcón , ennemi de Luis de Góngora et envié par Cervantes, sa vie a été aussi extrême que son œuvre, il était chevalier de Malte de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem.

Il est issu d’une famille humble originaire de Valle de Carriedo [1]. Fils de Félix de Vega, brodeur, et de Francisca Fernández Flórez. Si nous ne savons rien de sa mère, en revanche nous savons que son père s’installe à Madrid en 1561, après un bref séjour à Valladolid [2].

Lope de Vega affirmera par la suite que son père est venu à Madrid pour suivre une conquête amoureuse que sa future mère fera rompre. Lope sera le fruit de la réconciliation de ses parents et devra son existence à la jalousie qu’il saura si bien décrire dans son œuvre dramatique.

Enfant précoce, il sait lire le latin et le castillan dès l’âge de 5 ans. C’est à cet âge qu’il compose ses premiers vers. Il révèle lui-même que c’est à 12 ans qu’il écrit des comedias, “Yo las componía de once y doce años , de a cuatro actos y de a cuatro pliegos, porque cada acto un pliego contenía.” Son talent lui ouvre les portes de l’école madrilène du poète et musicien Vicente Espinel qu’il citera toujours avec vénération. Il continue sa formation à la Compagnie de Jésus qui deviendra plus tard le Colegio Imperial en 1574.

Il poursuit ensuite des études à l’université d’Alcalá de Henares [3] pendant quatre ans de 1577 à 1581 mais n’obtient aucun diplôme. Sa vie amoureuse dissolue l’éloigne du sacerdoce et le prive des bourses d’études de ses protecteurs. Il vit d’expédients, gagne sa vie comme secrétaire de secrétaire d’aristocrates, gagne un peu d’argent en écrivant des comedias et piezas de circunstancias.

En 1583, il s’engage dans la marine et livre bataille contre les Portugais à l’Isla Terceira [4], sous les ordres de son futur ami, Álvaro de Bazán , marquis de Santa Cruz de Mudela.

Étudiant alors la grammaire aux Teatinos et les mathématiques à l’Academia Real, il sert de secrétaire au marquis de las Navas, mais il est distrait de toutes ses activités par ses nombreuses relations amoureuses.

De son premier grand amour naît l’exil. Elena Osorio, femme mariée à l’acteur Cristobal Calderón, et fille du metteur en scène Jerónimo Velázquez, devient son premier grand amour. Séparée de son premier mari, elle se remarie, obligée par son père, qui forcera la rupture avec Lope, au noble Francisco Perrenot. Lope, par vengeance, insulte la famille de ce dernier via des libelles. Il dénonce la situation dans “sa comedia Belardo furioso” et dans une série de sonnets. Il est alors traduit en justice et la sentence est sévère. 5 ans d’interdiction de séjour à Madrid et 2 ans d’exil du royaume de Castille, le tout, sous peine de mort.

Lope se souviendra de cet amour dans son roman “La Dorotea”. Mais il est déjà de nouveau amoureux d’Isabel de Alderete y Urbina, avec qui il se marie en 1588 après l’avoir enlevée. Cette même année, Lope s’engage dans l’Invincible Armada sur le galion San Juan.

Après la débâcle de l’Invincible Armada, dont il survit miraculeusement au naufrage, Lope revient à Valence en décembre 1588 avec Isabel de Urbina. Le théâtre est alors en pleine effervescence, Lope perfectionne sa mise en scène, assiste à de nombreuses représentations dont celles de “l’Academia de los nocturnos”. Il y remarque le refus de l’unité d’action, l’imbroglio italien.

En 1590, Lope s’installe de nouveau à Tolède et se met au service de don Francisco de Ribera Barroso et du duc d’Alba, don Antonio de Toledo y Beamonte, en s’introduisant comme gentilhomme de chambre à la cour ducale d’Alba de Tormes, où il vécut de 1592 à 1595. Il y découvre le théâtre de Juan del Encina, et en reprendra le personnage du gracioso [5] en perfectionnant son aspect dramatique.

Isabel de Urbina meurt en 1594. C’est à ce moment qu’il écrit son roman pastoral “La Arcadia”.

En 1595, passés les 8 années d’exil, il revient à Madrid. L’année suivante, il subit un nouveau procès pour cause de concubinage avec l’actrice Antonia Trillo. En 1598, il se marie avec Juana de Guardo, fille d’un riche commerçant de viande de la cour, ce qui lui attire l’ironie et la moquerie de plusieurs des grands esprits de l’époque dont Luis de Góngora. Juana était apparemment vulgaire, au sang douteux, et le mariage semblait plus dicté par l’argent que par l’amour. Lope eut pourtant avec Juana son fils préféré, Carlos Félix, ainsi que 3 filles.

Il vit jusqu’en 1603 à Séville en tant que secrétaire du futur comte de Lemos, et entretient une relation sérieuse avec Micaela de Luján à qui il dédie nombre de ses vers. Femme mariée, actrice, il eut 5 enfants avec elle, dont ses préférés, Marcela et Lope Félix. C’est une des relations amoureuses importantes de Lope, et il semble que cette dernière se termine en 1608. Vivant entre plusieurs foyers familiaux et un grand nombre de maîtresses, Lope se voit dans l’obligation d’assurer un train de vie onéreux et de soutenir plusieurs relations et enfants légitimes ou non. Il y arrive grâce à un travail acharné, écrivant sans relâche poésies et comedias, parfois imprimées sans relecture. Ce n’est qu’à 38 ans que Lope peut enfin corriger et éditer une partie de son œuvre. En tant qu’écrivain professionnel, il demande l’obtention de droits d’auteur sur ceux qui imprimaient ses comedias sans sa permission et, à défaut, le droit de correction de ses propres œuvres.

En 1605 Lope entre au service de Luis Fernandez de Cordoba y de Aragon, duc de Sessa. Leur amitié dure jusque la mort de Lope de Vega.

En 1609, il présente son Arte “nuevo de hacer comedias”, œuvre théorique capitale. Il entre à la confrérie “d’esclavos del Santísimo Sacramento” à laquelle appartenaient alors les grands écrivains, dont Francisco de Quevedo, ami personnel de Lope, et Cervantes, avec qui il a entretenu des relations tendues suite aux allusions contre lui que donne Don Quichotte.

En 1612, la mort de son fils préféré, puis celle de sa femme Juana, l’année suivante, marque un tournant dans sa vie.

Le 24 mai 1614, Lope de Vega est ordonné prêtre. Sa vie désordonnée, ses amours coupables et la mort de ses proches ont sans doute provoqué une crise existentielle chez lui, qui se traduit par une inspiration plus spirituelle et religieuse. C’est à ce moment qu’il écrit “les Rimas sacras” et de nombreuses œuvres pieuses, et ses vers se teintent d’inspirations philosophiques.

Luis de Góngora provoque alors une révolution esthétique dans ses Soledades. Même si l’on sent chez Lope une nouvelle évolution dans l’écriture de ses vers, il tient à se distancier de cette nouvelle esthétique culturaniste et s’en moque même dès qu’il en a l’occasion. Ce à quoi Góngora réagit de son côté, notamment en écrivant des satires.

Lope doit essuyer d’autres critiques qui portent sur le non-respect des trois règles d’unité. Pedro Torres Rámila, auteur d’une Spongia en 1617, dénigre non seulement le théâtre de Lope de Vega, mais aussi toute son œuvre narrative, épique et lyrique. Ce à quoi ont répondu plusieurs amis humanistes du Phénix, Lopez de Aguilar à leur tête, dans un texte de 1618 « Expostulatio Spongiae a Petro Hurriano Ramila nuper evulgatae. Pro Lupo a Vega Carpio, Poetarum Hispaniae Principe », et qui contient leurs éloges.

C’est donc critiqué et attaqué, mais encouragé par le texte qui le défend, que Lope continue de s’essayer dans le genre épique, La Filomena, 1621, La Andrómeda, 1621, La Circe, 1624, La rosa blanca, 1624, La corona trágica, 1627, sur la vie et la mort de Marie Stuart.

Même si sa vocation est sincère, Lope ne peut maîtriser son tempérament sensuel et poursuit une vie amoureuse sans trouver le bonheur familial.

Il tombe amoureux d’une belle jeune femme, Marta de Nevares, un scandale à l’époque vue sa condition d’ecclésiastique. Cette relation est pourtant sérieuse jusqu’à la mort de Marta et a été source de rebondissements et de frustrations, à l’image de ses comedias. Lope cultive la poésie comique et philosophique en se dédoublant en Tomé de Burguillos, hétéronyme burlesque, et médite sereinement sur la vieillesse et sa jeunesse désordonnée.

Il reçoit les honneurs du roi puis, en 1624, Urbain VIII lui confère le titre de docteur en théologie, mais Lope devient de plus en plus seul. Tous ses parents et sa famille meurent, Marta devient aveugle en 1626 et meurt en 1628, Lope Félix se noie en 1634, Antonia Clara, fille naturelle préférée, secrétaire et confidente, est séquestrée par un hidalgo, etc., ne lui restant qu’une seule fille, Marcela, religieuse, qui sera la seule à lui survivre. Malgré les tourments de sa vie personnelle, Lope compose des œuvres de genre très différents et qui sont à compter au nombre des plus belles réussites littéraires de l’époque. Les comedias “El castigo sin venganza en 1631, La mayor virtud de un rey en 1631, en prose : La Dorotea et surtout les œuvres lyriques Rimas humanas y divinas qui incluent La Gatomaquia en 1631.”

Lope de Vega meurt le 27 août 1635. Le peuple de Madrid lui fait de véritables funérailles nationales.

Plus de 200 auteurs écrivent ses éloges publiées à Madrid et à Venise.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia Lope de Vega/ Portail de l’Espagne/ Dramaturge espagnol

Notes

[1] Santander est une commune et une ville portuaire espagnole, capitale de la communauté autonome et région historique de Cantabrie, située sur la côte Cantabrique, au nord du pays. Délimitée par les communes de Santa Cruz de Bezana et de Camargo, elle ferme, au nord, la baie qui porte son nom et qui fait partie du club des plus belles baies du monde.

[2] Valladolid est une ville du Nord de l’Espagne, capitale de la province de Valladolid et de la communauté autonome de Castille-et-León. Elle est située à la confluence du Pisuerga et de l’Esgueva

[3] L’université d’Alcalá de Henares, quelquefois désignée comme La Complutense, était une université située à Alcalá de Henares, fondée en 1499 par le cardinal Francisco Jiménez de Cisneros. Elle fut transférée à Madrid en 1836.

[4] L’île de Terceira fait partie de l’archipel des Açores situé dans l’océan Atlantique Nord à 1 400 km de Lisbonne. L’archipel est un territoire du Portugal à statut autonome depuis 1976.

[5] valet bouffon