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L’histoire pour le plaisir

Joseph Isaac Berruyer

lundi 11 octobre 2021, par ljallamion (Date de rédaction antérieure : 12 avril 2014).

Joseph Isaac Berruyer (1681-1758)

Jésuite-Historien

Livre de Joseph Isaac Berruyer Jésuite-Historien

Fils de Jean de Berruyer, seigneur de Bernesault et de Marguerite de Thiboutot d’Alvimont. La grande œuvre de Berruyer, entré dans la Compagnie de Jésus [1] en 1697, est son “Histoire du Peuple de Dieu”, publié en 3 parties qui provoqua les condamnations des évêques de Montpellier [2] et de Soissons [3], de l’assemblée du clergé à Conflans, de la Sorbonne, des Papes Benoît XIV et Clément XIII , ce qui entraîna sa mise à l’Index en 1734.

La première partie de l’Histoire est intitulée Histoire du peuple de Dieu depuis son origine jusqu’à la venue du Messie. Une édition révisée et augmentée vit le jour à Paris en 1733. Suivit un supplément en 1734, contenant une continuation des prophéties de l’Ancien Testament, l’histoire de Job, les cartes nécessaires à la compréhension de l’histoire sacrée, etc. En 1736, 7 éditions de cette œuvre avait paru et elle avait été traduite en allemand, italien, espagnol et polonais.

La deuxième partie de l’Histoire parut à Paris, en 1753 Histoire du peuple de Dieu depuis la naissance du Messie jusqu’à la fin de la Synagogue. En 1754 une édition plus exacte parut à Anvers et une autre édition en 1755, à Paris.

La troisième partie de l’œuvre s’intitulait : “Histoire du peuple de Dieu, ou paraphrase des Epîtres des Apôtres”. La parution des diverses parties de cette œuvre suscita un tollé et une polémique aiguë. La liberté avec laquelle Berruyer décrivait certains faits était considérée comme inconvenante. L’auteur fut trouvé en faute grave pour avoir donné un air de roman plutôt que d’histoire sobre à des portions de l’histoire sacrée.

Certaines des propositions qu’il y formulait furent interprétées comme favorisant le nestorianisme [4]. Mais par dessus tout Berruyer fut blâmé pour avoir suivi les avis du jésuite Jean Hardouin qui contestait l’authenticité de la plus grande partie des littératures grecque et latine, classiques ou chrétiennes.

Pour ces raisons, son travail fut condamné par de nombreux évêques de France en particulier par Colbert, évêque de Montpellier, janséniste notoire et par l’archevêque de Paris, Christophe de Beaumont , par ses supérieurs jésuites, par la Sorbonne [5] et par le Parlement de Paris [6].

Il enseigna longtemps les humanités et vécut dans la maison professe de Paris, où il mourut le 18 février 1758.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Augustin De Backer, Aloys De Backer, Bibliothèque des écrivains de la Compagnie de Jésus, Liège, L. Grandmont-Donders, 1856, p. 144-5.

Notes

[1] La Compagnie de Jésus est un ordre religieux catholique masculin dont les membres sont des clercs réguliers appelés « jésuites ». La Compagnie est fondée par Ignace de Loyola et les premiers compagnons en 1539 et approuvée en 1540 par le pape Paul III.

[2] L’archidiocèse de Montpellier est un archidiocèse métropolitain de l’Église catholique en France. Jusqu’à la fin de l’Ancien Régime, Montpellier était le siège du diocèse civil de Montpellier qui députait aux états de Languedoc, les états généraux de la province.

[3] Le diocèse de Soissons est un diocèse de l’Église catholique romaine française couvrant le département de l’Aisne, correspondant à la province ecclésiastique de Reims. Le siège épiscopal est localisé à Soissons. Il a été érigé dès le 3ème siècle. L’évêché de Soissons est fondé suivant une tradition consignée par la Société des Bollandistes par les saints Sixte et Sinice. Ils ont fait eux-mêmes l’invention des corps des premiers martyrs soissonnais en 314 : les saints Crépin et Crépinien. Le diocèse de Soissons recouvrait le sud du département de l’Aisne sauf quelques paroisses appartenant soit au diocèse de Meaux soit à l’archidiocèse de Reims. Elle comprenait aussi une partie dans le département de l’Oise avec la région de Compiègne. Le diocèse de Soissons fut le lieu de plusieurs concile de Soissons. Ainsi, Pépin le Bref réunit un synode de 23 évêques de Neustrie. Il décide d’adopter les 10 canons précédemment adoptés par un synode en Austrasie. En 851, un concile se réunit à Soissons pour déposer Pépin II d’Aquitaine. En cas de vacance du siège de l’archevêque de Reims, l’évêque de Soissons reprend les charges de l’archevêque de Reims à la cérémonie du sacre des rois de France en tant que premier suffragant du siège métropolitain de l’archidiocèse de Reims.

[4] Doctrine hérétique de Nestorius qui reconnaissait les deux natures du Christ, humaine et divine, mais en niait la consubstantialité ; de ce fait même, l’hérésie niait que la Vierge puisse être appelée « Mère de Dieu ». Malgré sa condamnation par le concile d’Éphèse (431), le nestorianisme gagna la Perse, puis l’Asie, jusqu’à l’Inde et la Chine. Au 12ème siècle époque de son apogée, l’Église nestorienne comptait quelque 10 millions de fidèles. Aujourd’hui, seuls subsistent quelques dizaines de milliers de fidèles, principalement en Iraq et aux États-Unis, la majorité des nestoriens ayant rallié l’Église catholique à partir du 18ème siècle

[5] La Sorbonne est un bâtiment du Quartier latin dans le 5e arrondissement, c’est une propriété de la ville de Paris. Il tire son nom du théologien et chapelain de Saint Louis, du 13ème siècle, Robert de Sorbon, le fondateur du collège de Sorbonne de l’Université de Paris, collège consacré à la théologie dont il définit ainsi le projet : « Vivre en bonne société, collégialement, moralement et studieusement ». Ce terme de Sorbonne est aussi utilisé par métonymie pour désigner l’ancienne Université de Paris, sous l’Ancien Régime de 1200 à 1793, puis de 1896 à 1971, ainsi que les anciennes facultés des sciences (1811) et des lettres de Paris (1808) au cours du 19ème siècle.

[6] Le parlement de Paris est une institution française de l’Ancien Régime. Il fait partie des cours souveraines, rebaptisées cours supérieures à partir de 1661 (début du règne personnel de Louis XIV). Issu de la Curia regis médiévale, le parlement apparaît au milieu du xiiie siècle et prend progressivement son autonomie pour juger le contentieux sous forme d’un organe spécialisé aux sessions régulières, la curia in parlamento, que saint Louis établit dans l’île de la Cité, à côté du palais de la Cité, et qui reçoit sa première réglementation générale avec une ordonnance de Philippe III le Hardi en 1278. À partir du 15ème siècle, treize autres parlements furent érigés à partir d’institutions locales parfois beaucoup plus prestigieuses, comme l’échiquier de Normandie, ou beaucoup plus anciennes, comme les États de Provence, ou mêmes créés ex nihilo ; néanmoins, celui de Paris, cour de justice du Roi, ultime suzerain, et donc d’ultime recours, devint ainsi prééminent. On le mentionnait souvent simplement comme « le Parlement ».