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L’affaire du collier de la Reine

jeudi 25 juillet 2013, par lucien jallamion

L’affaire du collier de la Reine

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Le Collier de la Reine, reconstitution en zircon, Château de Breteuil, France

Le 5 septembre 1785 à lieu le procès du cardinal de Rohan suite à l’affaire du Collier. La fille de l’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche, est arrivée à Versailles à 14 ans et s’est composée un personnage frivole, entouré de jeunes aristocrates insouciants. On s’accorde à la trouver élégante et les soupirants ne lui manquent pas. Le prince Louis de Rohan est de ceux-là. Issu d’une illustre et richissime famille, il part à Vienne comme ambassadeur en 1772, à 38 ans.

Il en est chassé 2 ans plus tard par l’impératrice, que scandalisent ses dévergondages. Il n’en est pas moins nommé grand aumônier de France puis cardinal et enfin évêque de Strasbourg. Imbu de lui-même, il a des ambitions politiques et attribue à la défaveur de la reine l’échec de ses projets.

C’est alors qu’il rencontre une jeune femme délurée qui descend d’un bâtard du roi Henri II et se gratifie du titre fantaisiste de comtesse de La Motte Valois. Elle possède des accointances avec un escroc italien du nom de Giuseppe Balsamo, qui se présente lui-même comme le comte de Cagliostro. La comtesse fait grand cas d’une prétendue intimité avec Marie-Antoinette au point de convaincre le cardinal de pouvoir gagner les grâces de la reine. Le naïf prélat confie à la comtesse quelques cadeaux destinés à Marie-Antoinette et obtient en retour des billets de remerciements qu’il croit venir de la reine.

Le 11 mars 1784, une entrevue discrète est organisée dans le Bosquet de Vénus au voisinage du Petit Trianon, où la reine passe l’essentiel de son temps. Il est minuit, le cardinal attend le cœur battant. La reine paraît et lui remet une rose et un billet en faisant signe de se taire. En réalité, une modiste parisienne dénommée Nicole Legay d’Oliva a joué le rôle de sosie de la reine pour abuser le cardinal. Désormais, ce dernier ne met plus de limites à ses générosités. En janvier 1785, la comtesse de La Motte Valois lui apprend que la reine, ne pouvant acheter un joyau précieux au grand jour, le charge de s’entremettre pour l’acquérir en son nom.

Le cardinal, sur les instances de Cagliostro, s’exécute aussitôt. C’est ainsi que le 21 janvier 1785, la comtesse annonce radieuse aux joailliers Böhmer et Bassenge que la reine s’est déterminée à acheter une superbe rivière de diamants.

Le 25 janvier 1785, le prince cardinal de Rohan reçoit une somptueuse rivière de diamants qu’il destine à la reine Marie-Antoinette. Celui-ci avait été réalisé vers 1773 par les joailliers parisiens Böhmer et Bassenge avec 647 joyaux d’un poids total de 2.300 carats.

D’abord destiné à la comtesse du Barry, mais la mort inopinée du vieux roi en 1774 porta un coup à leur projet. L’idée vient aux joailliers que la nouvelle reine, Marie-Antoinette, que l’on sait fort coquette, pourrait l’acquérir à son tour. Ils parviennent à présenter leur merveille aux souverains en 1778 puis en 1781. Le jeune roi Louis XVI ne se laisse pas fléchir et recule devant l’énormité du prix. Elle va jusqu’à rappeler que c’est là le prix de 2 vaisseaux de ligne dont le royaume a bien plus besoin. Le collier est remis au cardinal qui le confie à un prétendu officier de la reine... Il s’agit en fait d’un amant de la comtesse, laquelle se hâte de défaire le collier et de le vendre au détail à Londres.

Lorsque, quelques mois plus tard, le cardinal se trouve dans l’impossibilité de régler une échéance, les joailliers se présentent à la reine pour faire valoir leur traite.

Celle-ci, incrédule, porte l’affaire devant le roi qui comprend tout. Atterré, il choisit, non sans maladresse, de révéler l’affaire au grand jour pour manifester l’innocence de la reine. Le 15 août 1785, jour de l’Assomption, il y a grande fête à Versailles, où se presse la noblesse du royaume. Le grand aumônier de France doit célébrer un office solennel dans la chapelle du palais. Il a déjà revêtu son habit pontifical lorsqu’il est sommé de se présenter incontinent dans le cabinet du roi. Louis XVI le reçoit en présence de la reine, du garde des sceaux et du ministre de la maison du roi, le baron de Breteuil. On lui présente la traite signée au profit de Böhmer et Bassenge, et le malheureux cardinal en reste sans voix. Décontenancé, il signe des aveux complets sous la dictée du roi et sort sous les quolibets des courtisans.

Le lendemain, Jeanne de la Motte est arrêtée à son tour. Ses complices sont en fuite. Dans son souci de faire la lumière, le roi confie au Parlement le procès du cardinal.

L’instruction traîne, les prévenus font des dépositions contradictoires, les grands noms de France Rohan, Condé, Soubise prennent fait et cause pour le cardinal tandis que le haut clergé s’insurge contre l’affront fait à l’un des siens, victime d’escrocs et seulement coupable de naïveté. Quant à l’infortunée reine, elle est accablée par les insinuations les plus malveillantes et les quolibets les plus orduriers.

Le 22 mai 1786, le procès s’ouvre devant une cour de 64 magistrats de la Grand-chambre et de la Tournelle. 10 jours plus tard, le procureur général Joly de Fleury prononce un réquisitoire accablant pour le cardinal. Le jury délibère cependant qu’une partie de la cour s’insurge et qu’une foule de plusieurs milliers de manifestants proclame bruyamment son appui au cardinal.

Sur la foi des délibérations du jury, le cardinal est relaxé mais le roi le dépouille de toutes ses charges et l’exile à l’abbaye de la Chaise-Dieu. La comtesse de la Motte est condamnée à être fouettée en public, marquée au fer rouge et détenue à perpétuité à la Salpêtrière d’où elle s’évadera peu après. Les principaux complices, mari et amant de l’intrigante, sont condamnés par contumace cependant que Cagliostro est banni du royaume. L’opinion accueille le verdict comme un désaveu implicite pour la reine et croit y trouver une confirmation de toutes les calomnies qui traînent sur son compte.

Rohan s’en sort mieux. Traité en martyr, il est élu aux états généraux en 1789 par le clergé de Tonnerre avant d’émigrer en Allemagne où il meurt en 1803.

En 1786 à lieu la première ascension du mont Blanc par Jacques Balmat et Michel Paccard.

Le 26 septembre 1786, l’Angleterre signe avec la France un traité de commerce et de navigation. C’est Charles de Vergennes, ministre de Louis XVI, qui en négocie les clauses. Mais ce traité de libre-échange mécontente les industriels français.

En Avril 1787 Après le renvoi de Calonne, Loménie de Brienne devient le ministre principal de Louis XVI.

Le 1er mai 1788, un lit de justice qui se tient à Versailles enregistre, à la demande du roi Louis XVI, un édit qui abolit, en matière pénale, la question préalable, autrement dit les tortures qui étaient infligées aux suspects. Le 7 juin a lieu la journée des Tuiles à Grenoble. Le 8 août 1788, la possible banqueroute qui menace les finances du royaume de France ne laisse plus au roi d’autre choix. Il convoque les Etats généraux. Necker espère qu’ils voteront de nouveaux impôts et de nouveaux emprunts, pour venir à bout des 240 millions de la dette publique. Celle-ci a triplé depuis que le roi a commencé à régner, 15 ans plus tôt. Le 25 août Necker remplace Loménie de Brienne. Le 27 décembre Necker a fini par convaincre Louis XVI. Le tiers état sera doublé lors des prochains Etats généraux. La noblesse s’inquiète. Le 29 décembre, pendant le temps de la préparation des Etats généraux convoqués par Louis XVI, à l’ouverture des Etats de Bretagne, à Rennes, les 54 délégués du tiers annoncent qu’ils refusent de délibérer avec les 2 ordres que sont la noblesse et le clergé tant que l’on n’aura pas entendu leurs propres revendications. Le tiers état commence à découvrir la force qui peut être la sienne.

P.-S.

Source : Monique Hermite Historia mensuel - 01/01/2006 - N° 709, Hérodote, Dictionnaire le Petit mourre, encyclopédie Imago Mundi, Wikipédia, Louis XV de François Bluche....