Né à Bologne dans une illustre famille, fils de Marcello Lambertini et de Lucrezia Bulgarini.
Canoniste réputé, tout jeune il se passionne pour la littérature : Dante, le Tasse et l’ Arioste sont ses livres de chevet.
Après des études de droit et de théologie, pourvu d’une solide formation théologique et canonique, il mena de front une vie de fonctionnaire ecclésiastique, exerçant diverses charges au sein de l’administration pontificale, et une vie de recherche scientifique, qui le maintint en liaison avec les grands érudits de son temps.
Chanoine de Saint-Pierre en 1712, archevêque de Théodosie in partibus [1] en 1726. Il est promoteur de la Foi de la Congrégation des Rites [2] de 1712 à 1728, année où il est nommé évêque d’Ancône [3], puis archevêque de Bologne [4] en 1731, il fut élu pape le 17 août 1740 sous le nom de Benoît XIV comme successeur de Clément XII , après 6 mois de conclave et 254 scrutins.
Sévère sur les mœurs du clergé. Il a marqué le 18ème siècle par son long pontificat et par son ouverture d’esprit au siècle des Lumières. Pape, Benoît XIV reste homme de science, participant personnellement aux travaux de sociétés savantes qu’il suscite ou encourage, prenant diverses mesures pour assurer une meilleure formation intellectuelle et spirituelle du clergé.
Judicieux dans le choix de ses collaborateurs, il mène une politique d’équilibre et de conciliation, dont on peut suivre en détail certaines péripéties à travers son abondante correspondance avec le cardinal Pierre de Tencin, archevêque de Lyon. En littérature, il favorise la traduction en italien des principaux ouvrages anglais et français.
Il fonda à Rome des chaires de physique, de chimie et de mathématiques et rétablit l’académie de Bologne [5]. Il encourage le commerce, dont il protège la liberté, et l’agriculture, mais reste cependant très conservateur pour ce qui concerne les réformes liturgiques.
Il laissa un traité, devenu classique, sur la canonisation des saints. Il fut fidèle à la tradition et condamna les rites chinois et malabares par les bulles “Ex quo singularï” en 1742 et “Omnium sollicitudinum”en 1744.
En 1741, devant la preuve optique de la trajectoire orbitale de la Terre, il fit donner l’imprimatur à la première édition des œuvres complètes de Galilée par le Saint-Office. Ce geste constitua une révision implicite des sentences de 1616 et 1633.
En 1757, les ouvrages favorables à l’héliocentrisme [6] furent à nouveau autorisés, par un décret de la Congrégation de l’Index [7], qui retira ces ouvrages du catalogue des livres interdits.
Pontife, il écrivit de nombreux ouvrages de droit canonique et développa l’enseignement des sciences à Rome. L’encyclique Vix pervenit, adressée le 1er novembre 1745 par Benoît XIV aux évêques d’Italie est la dernière prise de position doctrinale du Magistère catholique au sujet du prêt à intérêt, une condamnation sans appel, qui n’a jamais été révoquée. À partir de 1746, il continua la réforme des comptes pontificaux lancée par son prédécesseur.
Au début de son règne, il ne se montra pas opposé aux Lumières et entretint des relations avec Frédéric II de Prusse par l’intermédiaire du savant Pierre Louis Moreau de Maupertuis . Voltaire lui dédia en 1745 sa “tragédie Mahomet”, qu’il accepta sur le conseil de son entourage.
Il tacha de calmer les querelles religieuses, de ramener l’église grecque et l’Église arménienne dans le giron de l’Église, et, tout en confirmant la bulle Unigenitus, adoucit les rigueurs que l’on exerçait sur les jansénistes [8]. Il publia le 20 décembre 1741, la lettre apostolique Immensa Pastorum, dans laquelle il déplore les mauvais traitements infligés aux Amérindiens [9]. Il réforma les Jésuites du Portugal. Il entame plusieurs réformes, particulièrement celle del’Inquisition. Il abolit l’inquisition en Toscane et réforme la congrégation de l’index en la rendant plus circonspecte dans ses condamnations, mais se heurte à la résistance de la Congrégation de la Sainte Inquisition qui le contredit et même intrigue contre lui.
Dans la seconde moitié de son règne, il se montra plus conservateur, en renouvelant les réserves pontificales à l’égard de la franc-maçonnerie, qu’il condamne en 1751 dans sa bulle Providas romanorum, et en encourageant la prédication de saint Léonard de Port-Maurice .
Il protégea les arts et l’industrie, ainsi que les lettres qu’il cultiva lui-même.
Il crée à Rome une faculté de chirurgie et un musée d’anatomie, encourageant la dissection.
D’esprit ouvert, il témoigne d’un intérêt pour les relations inter-religieuses en adressant une lettre au 7e dalaï-lama [10], Kelzang Gyatso qu’il remet au père capucin italien Francesco della Penna . Il admet notamment la validité du mariage entre catholiques et protestants.
Il a laissé un grand nombre d’ouvrages qui ont été publiées à Bassano en 1788, 15 volumes in-folio. Les principaux sont les traités de la Béatification, du Sacrifice de la Messe, des Synodes.
Il s’attacha à embellir Rome qui lui doit la superbe façade de la Basilique Sainte-Marie-Majeure et déclara le Colisée sanctuaire des martyrs, car il voulait mettre un terme à son démantèlement. Il fit également reconstruire l’église Saint-Apollinaire.
Il mourut le 3 mai 1758 à l’âge de 83 ans et Clément XIII lui succéda. Les Romains regrettèrent « il papa Lambertini » qui parcourait à pied les rues de Rome se mêlant à la foule comme le plus humble des pasteurs.