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Succession du roi d’Espagne

mercredi 18 octobre 2023, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 9 juillet 2013).

Succession du roi d’Espagne

Habsbourg-1700

Le roi d’Espagne Charles II de Habsbourg, par son testament du 2 octobre 1700, avait désigné le petit-fils du roi de France, le duc Philippe d’Anjou alors âgé de 17 ans pour lui succéder, bien que le jeune Bourbon fut issu d’une dynastie hostile depuis 2 siècles aux Habsbourg [1].

Mais son choix, tout à l’honneur de la France, avait irrité l’empereur d’Allemagne, Léopold 1er de Habsbourg, qui aurait préféré que la couronne échût à son second fils, l’archiduc Charles.

Les droits de l’Autrichien étaient de même nature que ceux du roi de France. Léopold 1er et Louis XIV étaient tous deux beaux-frères de Charles II et petits-fils de Philippe III d’Espagne.

Louis XIV, âgé de 62 ans, craint à juste titre que l’accession de son petit-fils sur le trône d’Espagne ne bouleverse l’équilibre européen et ne ligue les autres pays contre la France.

Il cherche des garanties tandis que l’ambassadeur d’Espagne, Castel dos Rios, fait antichambre 3 jours durant pour connaître sa décision.

Le 16 novembre 1700, Louis XIV prend la décision que toute l’Europe attend. Il entérine le testament du roi d’Espagne Charles II de Habsbourg, mort le 1er novembre sans héritier et accepte la succession de son petit-fils qui règnera sur l’Espagne, les Bourbons y remplacent les Habsbourgs.

S’ensuit un petit dialogue entre le roi et l’ambassadeur espagnol Castel dos Rios sur la date du départ du nouveau souverain Philippe V, prévu le 1er décembre et effectif le 4, et sur la météo pyrénéenne.

A l’exception de l’archiduc d’Autriche, Léopold 1er, tous les souverains reconnaissent le nouveau roi d’Espagne, Philippe V.

Celui-ci est bien accueilli par ses sujets. Mais les désillusions arrivent très bientôt.

Aussitôt l’Europe se coalise en la Grande Alliance de La Haye : Autriche, Angleterre, Provinces Unies, Danemark, Savoie, Portugal et la plupart des princes allemands.

Le 13 mai 1702, une Grande Alliance européenne déclare la guerre à la France et à l’Espagne. C’est le début de la guerre de Succession d’Espagne. Cette guerre de 10 ans est la plus pénible de toutes celles qu’aura soutenues le roi Louis XIV. On peut y voir une préfiguration des guerres générales qui ensanglanteront le continent 1 et 2 siècles plus tard.

Elle trouve son origine 2 ans plus tôt, dans la désignation du duc d’Anjou, petit-fils du roi de France, comme nouveau roi d’Espagne. Cette entrée de la puissante dynastie des Bourbons en Espagne est au premier abord bien acceptée par les autres puissances européennes. Mais Louis XIV semble prendre plaisir à multiplier les provocations. Malgré une clause du testament de l’ancien roi d’Espagne, il conserve au duc d’Anjou ses droits au trône de France au cas où la branche aînée viendrait à s’éteindre. Il soutient par ailleurs l’ancien roi d’Angleterre Jacques II Stuart dans sa prétention à retrouver la couronne.

Enfin, il fait occuper les Pays-Bas espagnols [2] par ses troupes. Bientôt, l’irruption de la flotte française dans le domaine colonial espagnol achève de convaincre l’Angleterre et les Provinces-Unies [3] de la nécessité de contrecarrer les ambitions françaises. Le 6 avril 1701 est signé le traité de Turin [4] entre la France et la Savoie et le 16 septembre 1701 Louis XIV reconnaît Jacques François Stuart , fils de Jacques II comme roi d’Angleterre ce qui provoque la rupture diplomatique avec Guillaume III, roi d’Angleterre.

Le roi d’Angleterre, Guillaume III de Nassau Orange, également stathouder [5] des Provinces-Unies [6], suscite à La Haye [7] une Grande Alliance contre Louis XIV.

Elle réunit l’Angleterre, les Provinces-Unies, la Prusse et l’Autriche. Plus tard s’y associent le Danemark puis le Portugal et la Savoie. Au total plus de 250.000 hommes et 300 vaisseaux.

La France et l’Espagne conservent en Europe l’alliance des électeurs de Bavière et de Cologne. Au total 200.000 hommes et une centaine de vaisseaux seulement. A peine la coalition est-elle constituée que l’énergique Guillaume III meurt d’une chute de cheval le 8 mars 1702.

Lui succède Anne Stuart âgée de 37 ans, sa belle-sœur, seconde fille du roi Jacques II. Cette protestante austère a mis au monde 17 enfants qui tous moururent en bas âge !

Elle poursuit la politique anti-française de son prédécesseur avec le concours de Anthonie Heinsius , Grand pensionnaire des Provinces-Unies [8].

Le 3 décembre 1702 Les armées françaises occupent Nancy [9] et le 16 mai 1703 Le Portugal rompt son alliance avec la France pour s’allier à l’Angleterre.

Notes

[1] La maison de Habsbourg ou maison d’Autriche est une importante Maison souveraine d’Europe connue entre autres pour avoir fourni tous les empereurs du Saint Empire romain germanique entre 1452 et 1740, ainsi qu’une importante lignée de souverains d’Espagne et de l’empire d’Autriche, puis de la double monarchie austro-hongroise. La dynastie a pris le nom de « Maison de Habsbourg-Lorraine » depuis 1780.

[2] Les Pays-Bas espagnols étaient les États du Saint Empire romain rattachés par union personnelle à la couronne espagnole sous le règne des Habsbourgs, entre 1556 et 1714. Cette région comprenait les actuels Pays-Bas, Belgique, Luxembourg, ainsi que des territoires situés en France et en Allemagne. La capitale était Bruxelles.

[3] La République des sept Provinces-Unies des Pays-Bas ou République des Provinces-Unies des Pays-Bas ou en abrégé Provinces-Unies, en néerlandais, Republiek der Zeven Verenigde Nederlanden ou plus souvent Republiek der Verenigde Nederlanden et en latin Belgica Foederata ou Belgium Foederatum, est le nom usuellement donné aux sept provinces du nord des Dix-sept Provinces ou Pays-Bas espagnols en 1581 jusqu’à la création par les Français de la République batave (1795) puis du Royaume de Hollande (1806)

[4] Traité franco-savoyard. Le duc de Savoie, Victor-Amédée II, doit verser d’importants subsides pour l’entretien des troupes et marier sa seconde fille à Philippe V d’Espagne.

[5] Le stathoudérat était une fonction politique et militaire médiévale dans les anciens Pays-Bas. Le stathouder connaît aux 16 et 17ème siècles une modification importante de son rôle avec le déclenchement de la guerre de Quatre-Vingts Ans, la sécession des Pays-Bas espagnols et l’accession à l’indépendance des Provinces-Unies. Dans l’histoire de la république néerlandaise, les fonctions et l’autorité du (ou des) stathouder continuèrent de fluctuer grandement selon les circonstances politiques internes et externes. On remarque cependant deux constantes dans l’attribution du stathoudérat durant cette dernière période : l’hérédité de fait en faveur de la Maison d’Orange-Nassau et la sujétion de cette attribution aux États généraux des Provinces-Unies.

[6] les Pays-Bas actuels

[7] La Haye a été fondée en 1248 par Guillaume II, comte de Hollande et roi d’Allemagne, puis du Saint Empire romain germanique. À cette date il a ordonné la construction d’un château dans une forêt près de la mer en Hollande, dans lequel il avait l’intention de s’installer après son couronnement. Guillaume II mourut dans une bataille avant celui-ci, stoppant ainsi la construction avant la fin. Aujourd’hui le château est appelé le « Ridderzaal » (littéralement : « salle des Chevaliers ») et est encore utilisé pour des événements politiques. Par la suite, La Haye a été le centre administratif des comtes de Hollande. De puissantes villes hollandaises comme Leyde, Delft et Dordrecht s’accordèrent pour choisir la petite et peu importante ville de La Haye comme leur centre administratif. Cette situation n’a jamais été remise en cause, ce qui fait aujourd’hui de La Haye le siège du gouvernement, mais pas la capitale officielle des Pays-Bas qui est Amsterdam.

[8] Le grand-pensionnaire était le titre officieux du pensionnaire des États de Hollande, c’est-à-dire du secrétaire de l’organe exécutif et législatif de la province de Hollande. Ce sont les Français qui, selon l’étiquette diplomatique de l’époque, ajoutèrent en préfixe le qualificatif grand au 17ème siècle afin de souligner la préséance de facto de la fonction hollandaise sur celles des autres provinces néerlandaises.

[9] Capitale du duché de Lorraine jusqu’au rattachement de celui-ci au Royaume de France en 1766, évêché depuis 1777, Nancy est le chef-lieu du département de la Meurthe de 1790 à 1871 puis de Meurthe-et-Moselle à partir de 1871. La naissance de Nancy est liée à l’édification d’un château féodal, au cours du 11ème siècle, par Gérard d’Alsace qui y fonde une petite cité qui deviendra la capitale du duché de Lorraine sous ses successeurs au 14ème siècle. En 1218, au cours de la Guerre de Succession de Champagne, sous le règne du duc Thiébaud 1er , la ville est totalement incendiée par l’empereur Frédéric II de Hohenstaufen. Elle sera reconstruite, agrandie et protégée par un nouveau château.