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Les apothicaires et les Epiciers au 16ème siècle

dimanche 17 février 2013

Les apothicaires et les Epiciers au 16ème siècle

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Conformément à un arrêt du Parlement du 1er août 1556, les médecins, chirurgiens, apothicaires, devaient, à Paris, “s’assembler aux quatre termes de l’an, à chacun terme trois jours, à sçavoir les mercredy, vendredy et samedy consécutivement, ès écoles de médecine, et aviser entre eux à ce qui sera bon et salutaire pour le peuple, à ce que les pauvres puissent être aidez et secourus en leurs maladies, à prix et frais modérés, leur ordonnant et baillant médecines salubres et profitables, s’enquérant diligemment si les apothicaires, épiciers et herboristes sont fournis suffisamment de ce qui appartient pour les fournitures de la ville”.

La même assemblée devait aussi “aviser du temps et des maladies courantes pour l’année, pour, selon la disposition d’icelle, aviser et arbitrer en commun des remèdes propres et convenables à la guérison desdites maladies”.

Lorsqu’un apothicaire venait à mourir, sa veuve pouvait continuer son commerce, mais sous la réserve expresse que les serviteurs employés dans la boutique de l’apothicaire défunt seraient examinés par les délégués de la Faculté, médecins et gardes apothicaires.

Les apothicaires de Paris étaient considérés comme ayant sur ceux de la province une véritable supériorité, encore bien qu’il y eût certaines villes, telles que Lyon, Montpellier, Poitiers, qui étaient, au point de vue de la médecine et de l’apothicairerie, tout particulièrement renommées.

Les examens pour exercer la profession d’apothicaire en dehors de Paris étaient moins sévères et moins solennels que les examens exigés des aspirants qui avaient l’intention d’exercer à Paris. Le plus souvent, pour ces examens en quelque sorte inférieurs, les députés de la Faculté s’en remettaient aux jurés apothicaires, qui, pour les lieux où il n’y avait pas de jurande, devaient examiner gratuitement les candidats, à peine de cinq cents livres d’amende. Plus on avança, plus cette réglementation devint stricte et minutieuse, on pourrait dire excessive. A tout instant de nouveaux arrêts, réclamés par les médecins contre les apothicaires, aggravaient pour ceux-ci l’état de dépendance et de sujétion dans lequel leurs bons maîtres entendaient les maintenir. Sans cesse la Faculté avait recours au Parlement. Celui-ci statuait en souverain juge sur des questions où il semblerait que sa compétence put être quelque peu discutée.

Toute cette réglementation n’empêchait ni les apothicaires d’être charlatans, ni le charlatanisme de se donner carrière. Les remèdes, conformément à une division indiquée par Hippocrate, étaient distingués par les mots “altérants, incisifs, relâchants, purgatifs, rafraîchissants”. En même temps on divisait les substances d’après l’action spéciale qui leur était attribuée. Il y avait “les céphaliques, les hépatiques, les stomachiques, les diurétiques” et autres.

En Allemagne, on pourrait signaler plusieurs documents curieux. Dans un édit du duché de Wurtemberg, rédigé par Gaspard Bauhin, on lit les sages dispositions qui suivent “Le médecin en choses externes, nonobstant qu’il entende la chirurgie et la pharmacie, se servira des chirurgiens et apothicaires comme compagnons et amis, n’usurpant leurs états si ce n’est par grande nécessité. Quand le médecin sera aux champs, il prendra les drogues dont il aura besoin chez les apothicaires, sans acheter drogues particulières à soi, ou en faire son profit et trafic, laissant au reste à tous malades, tant des champs que de la ville, leur franche volonté de se servir de tel apothicaire ou chirurgien qu’il leur plaira. Il doit porter secours aux malades en danger. Il ne doit être ni charlatan, ni cupide, ni buveur, ni dissolu ”.

Un arrêt du Parlement de Paris, de 1536, s’exprime ainsi au sujet du métier d’apothicaire “Le fait et estat d’apoticairerie est de plus grande conséquence que tous les autres estats qu’ils soient. La plus grande partie dudit estat consiste en poudres, drogues, confitures, sucres et autres compositions qui se débitent et distribuent pour les corps humains et pour le recouvrement de la santé des malades. Il est donc très nécessaire que ceux qui s’entremettent dudit estat soient personnages sages, sçavants, fidèles, experimentez de longtemps, et connoissant bien avant la marchandise dont ils dont lesdites compositions”.

Mais les épiciers s’en prennent aux apothicaires. Ces derniers ayant fait quelque progrès dans leur art, comme ils appelaient leur métier, réclamaient hautement leur séparation d’avec les épiciers, qui n’avaient ni leurs goûts ni leur science. “Car, qui est espicier n’est pas apothicaire, et qui est apothicaire est espicier” assuraient-ils, avec une certaine apparence de logique. Le roi écouta favorablement cet argument péremptoire, et les “espiciers simples”, c’est-à-dire les marchands de “bougie de saulces et d’huile”, eurent une existence à part.

Dans la plupart des cas, l’épicier du 16ème siècle courait les rues, offrant de ses denrées aux passants et heurtant aux portes des ménagères. Le nombre des épiciers tenant ouvroir était relativement restreint. Et puis, cette situation précaire, qui les forçait à empiéter toujours sur les métiers voisins, les plongeait dans la déconsidération. En 1620, ils obtinrent de vendre du fer forgé, des clous, et même du charbon, mais non sans provoquer des récriminations et des colères.

Une ville au cœur de la renaissance

La ville de Saint-Dié dans les Vosges devint un centre de la Renaissance française et l’une des plus importantes plaques tournantes de l’humanisme en Europe. Située sur les routes reliant Paris aux villes de Strasbourg, Sélestat, Heidelberg et Fribourg, la petite ville de Saint Dié avait créé une école des Frères de la vie commune, le Gymnase vosgien, sous la protection du duc de Lorraine René II et du Vatican.

Cette école ecclésiastique relevait directement de Rome. Elle fut fondée en 1490 par Ludovic Vautrin, aumônier de René II et frère de l’ambassadeur de René auprès du Doge, et par le chanoine Jean Pèlerin Viator, alors secrétaire de René II et ancien secrétaire de Louis XI. On y trouvait des enseignants envoyés par l’école des Frères de la vie commune à Deventer, des élèves du courant humaniste alsacien associé à Geyser de Kayserberg, des amis de Lefèvre d’Étaples et des collaborateurs de Léonard de Vinci en Italie.

Outre son école latine se situant dans la tradition de la dévotion moderne, le Gymnase vosgien comportait une importante imprimerie pour la propagation des travaux scientifiques dans tous les domaines, allant de la géographie à la musique en passant par la géométrie. Sa première publication fut un traité de perspective, “De Artificiali Perspectiva” en 1505 de Jean Pèlerin Viator, publié en français et en latin. Ce traité, le premier à être publié en Europe sur ce sujet appliquait les principes nouveaux de la perspective à la construction de villes, avec le même souci que celui animant les derniers contemporains de Léonard de Vinci. Le Gymnase vosgien avait également produit la première carte mondiale publiée par Mathias Ringmann, qui identifie l’Amérique du Sud.

Après la première édition du livre de Viator, non moins de 5 éditions pirates furent imprimées, avec ou sans mention de son nom, en Allemagne entre 1508 et 1535, et 3 éditions en France entre 1505 et 1521. L’artiste allemand Albrecht Dürer reprit la construction de Viator dans sa gravure de saint Jérôme en 1514. A l’époque où Vignola écrivait son “Due Regule della Prospettiva Pratica”, le nom de Viator était si célèbre qu’il apparut même dans le titre du livre. Si l’auteur fut par la suite oublié, son idée par contre demeura

Développement de la Poste aux chevaux

En 1576, Henri III créa des messagers royaux, spécialisés dans le transport des sacs de procédure résultant de l’activité des tribunaux. Ces messages royaux, à ne pas confondre avec les messagers du roi attachés à son service personnel, acheminaient également les lettres des particuliers. Il existait aussi des piétons et messagers employés par les villes. Les règlements édictés par la monarchie limitaient les droits de chacun, tant messagers de l’université que royaux ou autres usagers de la route. Mais les conflits nés de la concurrence de ces entreprises entre elles demeuraient nombreux. L’apparition de la poste aux lettres au début du 17ème siècle ne fera qu’aviver les rivalités. On appelle "poste aux lettres" cette administration dirigée par le surintendant général des postes qui comprend les directeurs des bureaux de poste et les courriers qui acheminent les dépêches d’un bureau à l’autre. Les directeurs encaissent le prix de la lettre qu’ils réclament au destinataire. Les courriers utilisent les relais de la poste aux chevaux, organisation qu’avait ressuscitée Louis XI vers 1477. Seuls les courriers parcourent toute la ligne et changent de chevaux à chaque relais. Ils sont accompagnés d’un postillon chargé de les guider jusqu’au relais suivant et de ramener les chevaux "à vide" à leur relais d’origine. A l’époque de Louis XI, les relais de poste étaient distants de 7 lieues soit 28 Km, d’où les fameuses bottes de 7 lieues qui inspirèrent Charles Perrault. Ces lourdes bottes chaussées par le postillon frappaient la curiosité des voyageurs étrangers.

A partir du 15ème siècle, l’aisance grandit. La bourgeoisie commença à se déplacer pour les nécessités de son commerce d’argent. La mode débuta même d’aller aux eaux.

Louis XI comprenant ce besoin nouveau et désireux aussi de favoriser les bourgeois et de diminuer la distance qui les séparait des nobles, organisa les Postes par édit donné à Luxies le 19 juin 1464. On établit sur tous les grands chemins du royaume, de 4 lieues en 4 lieues, des dépôts de 4 ou 5 chevaux propres à la course et gouvernés par un maître des "chevaux-courants au service du Roy". Ces chevaux en principe devaient servir aux courriers officiels, mais les bourgeois eurent liberté de s’en servir moyennant 10 sols par poste de 4 lieues. Ce système ne paraît avoir subi aucune modification jusqu’en 1550, date à laquelle la Poste Royale put fournir aux voitures particulières les attelages nécessaires, moyennant 20 sols par cheval et par 4 lieues.

A ce moment apparut l’organisation qui devait tenir bon jusqu’à l’apparition du chemin de fer. Elle était d’ailleurs déplorable et subit tous les contrecoups des troubles politiques et religieux. Les écuries des relais étaient périodiquement razziées par les gens de guerre, les reîtres et les soldats mercenaires enrôlés par les chefs de guerre de tous les partis. La paix revenue, le désordre continua cependant à régner jusqu’aux déclarations du 30 juin 1681 et du 02 avril 1692 signées par Louis XIV.

Au début de l’institution, certaines routes sont dotées provisoirement de postes assises parce que le roi a besoin d’une liaison rapide avec un point géographique déterminé. Lorsque l’intérêt disparaît, la ligne est supprimée pour être reformée ailleurs.

Le roi Louis XI fut le premier roi à s’aviser de la rapidité accrue de l’information, grâce à un tel système. Il l’utilisa donc, sans lui donner une forme très précise, probablement dès 1477, époque à laquelle, aux dires de Commynes, il apprit la défaite de Charles le Téméraire à Morat. Comme un service plus élaboré demandait une surveillance accrue, en octobre 1479, Louis XI coiffa son double service d’un contrôleur desdits chevaucheurs pour avoir l’oeil sur eux et sur les voyages qui leur étaient ordonnées de faire. Les premières routes organisées partirent de Tours et fonctionnaient de jour comme de nuit.

L’Édit de Doullens en 1464 interdisait sous peine de mort aux "maîtres tenant chevaux pour le service du roi, de faire porter d’autres ordres que ceux du roi". Les mesures s’assouplissent en 1495. Des lettres patentes de 1506 établissent des chevaucheurs dans les principaux passages et villes du royaume et il est admis qu’ils peuvent tenir hôtellerie et relais.

La Poste aux chevaux naîtra de la séparation du corps des chevaucheurs du roi en 2 services distincts. D’une part, certains de ces officiers vont continuer à assurer le transport des missives royales comme par le passé, pendant que d’autres se fixeront le long des routes privilégiées, et se chargeront de fournir des chevaux à leurs collègues restés mobiles. Ce type d’installation qui donnera naissance aux relais s’appelle à l’origine "Postes assises". Le 8 mai 1597 est crée la Poste aux chevaux par Henri IV est défini comme telle. "Établissement des relais de chevaux de louage de poste en poste, sur les grands chemins traversés, le long des rivières, pour l’étendue de tout le royaume pour servir aux voyageurs, porte malles, hardes, bagages (...) pour chacune traite et journée, lesquelles journées seront limitées pour les moindres de 12 lieues et les autres de 14 à 15 lieues (...)"

Une plante nouvelle, le Tabac

Cette plante était déjà connu des peuples d’Amérique depuis près de 3000 ans. Ils l’utilisaient lors de rituels pour parler avec les esprits et était également utilisé pour apaiser les douleurs. Christophe Colomb découvre cette plante dans l’île de Cuba et la ramène en Espagne. Son nom, "tabacco", vient du langage des indiens Arawaks. Au début, son usage est principalement réservé aux marins et à ceux qui travaillent dans les ports. Cependant, un moine qui revient du Brésil, André Thévet, rapporte des graines d’une plante que l’on ne connaît pas en France. Il en offre à ses amis. Mais l’intérêt reste limité et plutôt d’un aspect scientifique.

C’est Jean Nicot qui fait entrer le tabac à la Cour de France. Il l’appelle "Herba Nicotiana". Catherine de Médicis en fait un remède contre ses migraines. Ainsi quand il voit Jean Nicot briller à la Cour en faisant la promotion de cette plante, il enrage quelque peu.

En effet, Jean Nicot reçoit des graines de tabac alors qu’il est en fonction comme ambassadeur à Lisbonne.

Il tente d’en cultiver dans l’ambassade car on lui dit que cette plante a des valeurs curatives. Il propose à son protecteur de l’utiliser par prise pour soulager les migraines de la reine. Catherine de Médicis essaye et cela marche ! Cela encourage la Cour à consommer cette plante. Cette mode du tabac gagne toute la France puis s’étend à l’Europe. En effet, il est cultivé en 1561 en Italie, en 1565 en Angleterre, en 1570 en Allemagne, en Turquie et en Russie dès 1580, en Inde et au Japon dès 1590, en Grèce dès 1600.

Cette plante sera connu sous le nom "d’herbe à nicot", "herbe de la reine", "d’herbe sainte". Le jus de tabac est utilisé pour cicatriser les blessures. Le tabac est également utilisé comme remède sur le jeune roi François II, mais en vain.

Mais cette nouvelle plante a aussi ses adversaires et après la Renaissance, en 1696, sa toxicité est mise en évidence.

Des ustensiles nouveaux pour la table

Les premières assiettes destinées à manger apparaissent au mariage de François 1er et de Claude de France. Elles viennent en premier lieu d’Italie, et plus précisément de Faenza. Au début, elles servent à plusieurs personnes. Elles vont devenir ensuite individuelles comme nous les connaissons aujourd’hui sous le règne de Henri III. On utilise le mot assiette dans différentes expressions au 16ème siècle. Dans les cabarets on parle de "vin à l’assiette" pour dire que les clients pouvaient s’asseoir.

De même parle-t-on de dîner à quatre assiettes pour dire que les plats sont posés sur la table.

L’utilisation de la fourchette va se généraliser à la Cour car les gentilshommes portent autour du cou une fraise. Cela est très difficile de l’enlever et l’on va essayer ainsi de ne pas la salir.

Cet ustensile vient sûrement d’Italie. Il y serait apparu au 11ème siècle et aurait servi à piquer les fruits. On retrouve en 1328 une fourchette chez la reine de Hongrie. De même l’inventaire de Charles V en 1379 fait mention de fourchettes en or. Mais elles ne servent pas en tant que couverts. Les anglais et les allemands s’en servent dès la seconde moitié du 16ème siècle mais uniquement pour piquer les mets.

Henri III, alors roi de Pologne, et avant de devenir roi de France aurait découvert l’usage de la fourchette à Venise. Les fourchettes n’avaient alors que 2 dents. Il faut attendre le 17ème siècle pour voir apparaître les fourchettes à 4 dents.

Henri III sera également à l’origine de l’usage de chaises à dossier ou de la serviette en France.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de histoire du 16ème siècle/ Le 16ème siècle en France (archives Ljallamion, petit mourre, encyclopédie imago mundi, l’histoire, ect....)